La nourriture industrielle, la restauration collective et les fast-foods
Le rapport au vivant
Il est difficile ou impossible de manger ce qui est vivant ou ce qui évoque la vie : genèse d’un dégoût cognitif Hormis le dégoût classique de l’aliment rebutant par son aspect, la notion de difficulté et de dégoût à manger ce qui est ou paraît vivant était donc relevée plusieurs fois. Trois exemples sont notamment cités : la cervelle, les tripes et les escargots.En 1985, on notait dans une étude que les deux premiers aliments les plus fréquemment et fortement rejetés étaient la peau du lait et la cervelle ce qui semblait aller dans le sens des résultats de cette étude [24]. Il était intéressant de noter que les données restaient proches plus de vingt-cinq ans après.
Ce type de dégoût est qualifié de « cognitif » dans la classification de P. ROZIN [42]. Le dégoût cognitif, qui s’oppose au dégoût sensoriel est « le rejet qui est fondé sur l’idée que le sujet se fait de la nourriture, de ce qu’elle est, d’où elle vient […] et comporte une forte composante affective » [24]. Au passage, il est à noter que la ressemblance avec l’animal vivant doit être réelle : le dégoût des lapins en chocolat n’est pas habituel !
Parallèlement à cela, un adolescent a exprimé le fait que la mise à mort de l’animal ne doit pas être imaginée car mal supportée. Il savait qu’elle était nécessaire mais il préférait ne pas y penser.
Dans les sociétés modernes, l’alimentation est essentiellement industrielle et met une distance entre le produit alimentaire et le consommateur. La viande en est un exemple frappant [24]. Ainsi, les animaux comme matière première par exemple, produits sur un mode taylorisé, sont chosifiés et désanimalisés [27]. Comme le signale N. VIALLES, on « euphémise » dans notre société la mise à mort des animaux dans les abattoirs : les animaux ne sont pas tués mais « abattus », l’organisation du travail dilue par ailleurs les responsabilités. On insensibilise par saignées avant le coup créant ainsi un doute sur la véritable cause de la mort : la saignée elle-même ou le coup final ? De même, on cache l’acte létal : les abattoirs sont souvent situés à l’écart des villes [43]. Ainsi, « un phénomène de « chosification-personnification » qui pourrait apparaître, à première vue, comme le prolongement du phénomène de refoulement de la corporalité et du spectacle de la chair morte, identifié par Norbert Elias (1939) comme le moteur du « processus de civilisation », est sans doute, plus fondamentalement, le signe d’une désacralisation de l’animal et de la difficulté à gérer le meurtre alimentaire » [27].
L’Homme peut éprouver des difficultés à faire la distinction animalité/humanité et ainsi ne plus pouvoir classer et identifier l’animal comme un être différent mais ne le voir que comme un soi (self) étranger qui lui ressemble. Ainsi, la consommation de la chair, notamment de la viande saignante, qui rapproche l’animal des caractéristiques humaines peut provoquer révulsion et dégoût. L’aliment à dévorer doit être pensé comme autrement qu’une « émanation d’un soi (self) étranger » [24].
Deux moyens sont utilisés pour y parvenir. Le premier est d’affirmer clairement une barrière claire et infranchissable entre humanité et animalité par le biais d’une hiérarchie des êtres vivants dont l’Homme serait le sommet. Le second est de dissimuler toutes les caractéristiques apparentes de l’animalité en chosifiant l’animal.
La deuxième solution est celle qui semble être adoptée dans la société occidentale moderne (chair consommée travaillée pour ne plus ressembler à l’animal vivant : poisson travaillé en filets et de moins en moins entiers, volailles prédécoupées plutôt que servies avec leurs plumes comme autrefois…) [24].
Le refus ou dégoût de l’acte de manger du vivant ou d’incorporer un aliment évoquant la vie serait donc lié notamment au fait que cela rappelle à l’Homme son statut d’omnivore et donc de carnivore. Il est donc réintroduit dans la chaîne alimentaire avec toute la violence liée au meurtre de l’animal chassé que cela peut évoquer, et qu’il ne voudrait pas voir ou accepter.
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Table des matières
I – Introduction
II – Matériels et Méthode
III – Résultats
1) Caractéristiques de la population et des entretiens
2) Place de l’alimentation dans les processus d’autonomisation et de socialisation à l’adolescence
3) Le « bio », la nourriture industrielle, la restauration collective et les fast-foods
4) Un difficile rapport au vivant
5) Importance de l’image corporelle
6) Alimentation et âge
7) Représentations sexuées des aliments
8) Sources et appropriations des messages nutritionnels
IV – Discussion
1) Discussion sur la méthode
2) Place de l’alimentation dans les processus d’autonomisation et de socialisation à l’adolescence
3) Le « bio », la nourriture industrielle, la restauration collective et les fast-foods
4) Un difficile rapport au vivant
5) Importance de l’image corporelle
6) Alimentation et âge
7) Représentations sexuées des aliments
8) Sources et appropriations des messages nutritionnels
V – Conclusion
VI – Bibliographie
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