La notion de stéréotype

Nous avons toujours été entourés par les livres, que ce soit à l’école, à la maison, dans les bibliothèques ou dans les magasins. La littérature de jeunesse est très présente dans notre environnement et nous sommes constamment en contact avec elle. J’ai toujours aimé lire et cela depuis très jeune. J’ai pu constater que la littérature de jeunesse contenait de nombreux thèmes, touchant directement ou non l’univers du lectorat qu’elle cible. Lors de mon année de licence de sciences de l’éducation, j’ai pu effectuer le module « littérature de jeunesse », durant lequel j’ai pu étudier son impact. J’ai également étudié les réécritures de comptes et le but recherché en fonction du contexte sociétal durant lequel il a été réécrit. Je me suis alors demandé quel pouvait être l’impact de la littérature de jeunesse sur les enfants, mais également ce qu’elle pouvait leur apporter. Ayant effectué une licence de psychologie, j’ai également pu étudier le développement de l’identité sexué chez les enfants et de ce fait le développement de la représentation qu’ils se font du genre. Enfin, lors d’un stage en master 1, j’ai pu proposer une séance portant sur l’égalité fille – garçon et s’appuyant sur de la littérature de jeunesse. C’est donc tout naturellement que l’influence de la littérature de jeunesse dans la représentation du genre chez l’enfant m’a semblé être un thème intéressant à étudier.

La notion de stéréotype

Définitions importantes 

Pour pouvoir aborder la notion de stéréotype, il est important de préciser certaines notions. Tout d’abord, précisons la notion de sexe. Le sexe est ce qui différencie les hommes et les femmes de façon biologique. C’est un caractère physique permanent (organes génitaux). Une autre notion importante est celle du genre. Le genre, contrairement au sexe, n’est pas dû à des caractéristiques biologiques. Le genre d’un individu se construit socialement grâce aux différences autres que biologiques qu’il y a entre les femmes et les hommes, mais également aux valeurs attribuées socialement à chacun d’eux (les hommes sont courageux et les femmes sont sensibles). Le genre se construit donc socialement.

Le stéréotype

La notion de stéréotype est définie dans le dictionnaire par : « Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché. Caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine» .

La notion de stéréotype est souvent abordée de manière péjorative et entraîne des discriminations . Or, le stéréotype est essentiel à un individu pour effectuer des opérations de catégorisation ou de généralisation du monde qui l’entoure et de lui donner du sens. Ces opérations sont essentielles à l’individu pour simplifier le rapport à autrui et ainsi éviter une surcharge cognitive. Selon Walter Lippmann, le stéréotype est basé sur une construction de schèmes et de représentations que l’on construit socialement et qui nous permettent d’avoir notre propre vision du réel. Le stéréotype est donc essentiel dans la construction de l’identité sociale d’un individu et dans son rapport à autrui. Elle n’est donc pas forcément péjorative, car on peut avoir une représentation d’un groupe grâce à un stéréotype positif (les médecins sont tous très intelligents). Cette représentation est souvent partagée par les membres d’un groupe et elle est stable dans le temps. Néanmoins, la représentation faite peut être plus ou moins proche de la réalité. Car le stéréotype provoque la mise en œuvre d’un processus appelé : l’essentialisation. Ce processus permet à un individu d’attribuer à autrui une identité en se basant sur son groupe d’appartenance, des traits physiques, des opinions ou des attitudes. Ce processus exclut donc toute identité propre à autrui et exclut les différences entre individus appartenant à un même groupe.

C’est ce processus de pensée trop généralisant qu’il faut essayer de dépasser avec les élèves, pour éviter la création de stéréotypes menant à de la discrimination (tels que des stéréotypes sexistes). Maintenant que nous avons identifié ce que sont les stéréotypes, nous allons voir comment ils se construisent chez les enfants.

La construction des stéréotypes chez les enfants 

Le genre est la première catégorie sociale que l’enfant acquiert. Déjà dès la naissance, il sait faire des distinctions en fonction du genre de l’individu, même s’il ne peut pas mettre des mots dessus . Durant le développement de l’enfant, avant l’âge de 5/7 ans, les enfants se servent des comportements, des attitudes et des apparences physiques pour en déduire le genre d’un individu. On peut donc dire que les enfants perçoivent le genre d’un individu et non son sexe. Ce n’est qu’entre 5 et 7 ans que l’enfant comprend totalement que le sexe d’un individu est défini biologiquement . Cette catégorisation permet aux enfants de classer certaines caractéristiques (physiques, attitudes, comportements) appartenant à un individu, pour lui attribuer un genre en particulier. Elle leur permet également de s’identifier à l’un de ces genres. Cette catégorisation permettra autant à l’enfant de reconnaitre le genre d’autrui, que de s’approprier une conduite et des attitudes en fonction du genre auquel il s’identifie.

En 1966, Kohlber définit différents stades par lesquels passe l’enfant avant de comprendre pleinement le genre et d’acquérir la « constance de genre » :

– Stade 1, « identité de genre » : à 2 ans, l’enfant sait distinguer les individus en fonction de leurs comportements, apparences physiques, attitudes (celui qui a des cheveux longs est une femme, celui qui a des cheveux courts est un homme…). Il classe les individus dans la catégorie « homme » ou « femme » en fonction de leurs caractéristiques physiques.
– Stade 2, « stabilité de genre » : vers 3-4 ans, l’enfant comprend que le sexe d’un individu ne varie pas dans le temps, mais le genre peut encore changer en fonction de la situation dans laquelle se trouve autrui. Dafflon-Novel élabore un test pour évaluer si les enfants ont atteint le stade de « constance de genre ». Elle utilise les photographies d’un garçon et d’une fille représentés dans trois situations : nus, avec vêtements et accessoires de leurs sexes, avec vêtements et accessoires du sexe opposé. Elle leur pose des questions en insistant sur la distinction entre « être pour de vrai un garçon ou une fille » ou « ressembler à un garçon ou une fille ». Elle met en évidence le fait que les enfants qui ont entre trois et quatre ans n’ont pas atteint cette constante de genre. Si on présente la silhouette nue d’un personnage à un enfant qui a entre trois et quatre ans, il saura identifier, en fonction de l’appareil génital, si ce personnage est un garçon ou une fille. L’enfant est conscient que cet appareil génital n’est pas modifiable. Mais si on habille ce personnage avec une robe, l’enfant identifiera le personnage comme une fille.
– Stade 3, « constance de genre » : vers 5-7 ans, l’enfant comprend que le sexe d’un individu est défini en fonction de son appareil génital et biologiquement et que celui-ci reste stable et ne varie pas dans le temps, ni en fonction des situations. Cette phase est progressive :

o L’enfant va comprendre que s’il adopte le comportement d’un individu du sexe opposé, il conserve cependant son sexe.
o Puis, il va étendre cette connaissance aux membres de son entourage, ceux qu’il connait et fréquente.
o Enfin, ce stade n’est acquis que lorsque l’enfant l’étend aux individus qu’il ne connait pas.

Les enfants acquièrent rapidement les codes sexués, dès 2-3 ans, les enfants ont déjà adopté les activités, attributs, habits, comportements en fonction de leur sexe. Les jeunes enfants se servent donc des informations apportés par leur environnement social, grâce à l’observation, pour comprendre quelles caractéristiques sont associées à quel sexe. Les parents, l’école, les médias et les livres sont donc responsables de cette compréhension et des représentations stéréotypées faites par les enfants. Mais ils ne font pas qu’observer leur entourage, ils se forgent une représentation par la médiatisation : la télévision, les jeux, les dessins animés, la publicité, les jeux éducatifs sur ordinateurs, la littérature pour enfants, qui évoquent des stéréotypes sexués. Ils contiennent même plus de stéréotypes que la réalité actuelle, ce qui va brider les enfants dans leur développement et les conformer à une norme.

Dans la classe de manière générale, les enfants vont progressivement se faire une idée de la différence entre les filles et les garçons. Pour se faire une idée, les enfants vont donc se nourrir des stéréotypes de genre. Il est important pour les enseignants de faire le lien avec les élèves entre « l’apprentissage du schéma corporel » et les stéréotypes de genre qui existent . Ce qui signifie que, malgré des différences physiques dont les élèves sont conscients, l’enseignant doit relever les stéréotypes sexués exprimés par les élèves et les aider à les déconstruire. Par exemple, si une élève ne veut pas jouer à des « jeux de garçons », il faut lui demander d’expliquer les raisons pour lesquelles elle ne veut pas y jouer, et lui montrer que physiquement elle est comme les garçons et qu’elle a le droit de jouer à ce qu’elle veut. Ce lien a pour but de ne pas restreindre les enfants aux stéréotypes de genre qui leur est défini. Ce lien doit être effectué tôt dans le développement de l’enfant pour leur permettre de se développer librement (personnalité, choix de carrière, développement des compétences…). Psychologiquement, l’enfant se sentira capable de faire ce qu’il veut et ne se limitera pas aux stéréotypes qu’il entend (les filles ne font pas de la mécanique, les garçons ne font pas de danse).

Il est donc essentiel de déconstruire les stéréotypes de genre auxquels les enfants vont être confrontés, notamment dans la littérature de jeunesse, dès le plus jeune âge. Déconstruire les stéréotypes sexistes pourrait avoir un effet sur la création de préjugés sexistes et donc sur les possibles actes de discrimination ou de violence qui en découleraient.

La littérature de jeunesse 

Les stéréotypes sexuels dans la littérature de jeunesse

Dans la littérature de jeunesse, notamment dans les albums, il est important de noter que les illustrations sont tout aussi importantes que le texte. Nous parlerons donc dans premier temps de la couverture des albums ou des livres. On remarque qu’il y a une prédominance de personnages masculins sur les couvertures . Les personnages féminins sont soit minoritaires, soit mis au second plan. Lorsque l’on s’intéresse aux illustrations dans l’ouvrage, on remarque également que les personnages en arrière-plan (lorsqu’ils sont identifiables) sont le plus souvent des personnages masculins.

De plus, les animaux anthropomorphiques (qui ont des réactions, caractéristiques humaines) sont énormément présents dans la littérature de jeunesse. Ils ont une réelle importance, ainsi qu’un grand l’impact sur la représentation du genre chez l’enfant . Cela est dû au fait que les personnages animaux sont plus attrayants pour les enfants, ils s’y identifient plus facilement qu’à des personnages humains. L’utilisation d’animaux anthropomorphiques dans la littérature de jeunesse crée de nombreux stéréotypes de genre : les animaux asexués sont assimilés à des personnages masculins par les enfants. Car dans la littérature de jeunesse, les personnages anthropomorphiques féminins sont presque toujours caractérisés par des stéréotypes physiques (longs cils, cheveux, maquillage, robe) et comportementaux (maternelle, douce, gentille, qui s’occupe de la maison). Contrairement aux personnages masculins qui sont reconnaissables par l’absence de ces caractéristiques stéréotypées. Par conséquent, un animal n’ayant aucune caractéristique physique ou comportementale sera considéré comme un personnage masculin. Enfin, certains types d’animaux sont souvent assimilés à un genre. En effet, les personnages masculin seront souvent assimilés à des animaux forts et robustes (ours, éléphants), alors que les personnages féminins seront assimilés à des animaux plus petits (souris, guêpes). On remarque également qu’il y a moins de mixité dans les livres avec des personnages anthropomorphiques que dans ceux contenant des humains. En effet, on retrouvera plus de personnages masculins et moins de personnages féminins.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
I. Cadre théorique
1. La notion de stéréotype
a. Définitions importantes
b. Le stéréotype
c. La construction des stéréotypes chez les enfants
2. La littérature de jeunesse
a. Les stéréotypes sexuels dans la littérature de jeunesse
b. Impact psychologique de la littérature de jeunesse
b.1. L’empathie suscitée à travers la littérature de jeunesse
b.2. L’impact de la littérature de jeunesse sur le développement de l’enfant
c. L’utilisation scolaire de la littérature de jeunesse
c.1. L’étayage nécessaire à un jeune lecteur
c.2. Le choix d’ouvrage contenant des stéréotypes de genre par les enseignants
c.3. Se forger un esprit critique sur le monde
3. Les remédiations pédagogiques possibles contre la création des stéréotypes sexuels
a. Les textes officiels
b. Remédiations utilisant l’empathie suscité par la littérature de jeunesse
c. Le dispositif didactique du « je » fictif
II. Cadre méthodologique
1. Justification de la méthodologie au regard de la problématique
a. Lien entre la question de recherche et les concepts du cadre théorique
b. Lien entre la méthodologie, la question de recherche et les concepts du cadre théorique
2. Présentation du dispositif d’enquête
a. Description du terrain d’enquête
b. Description du dispositif d’enquête
3. Présentation de la méthode de recueil de données
III. Les résultats
1. Présentation des résultats
a. Les résultats des questionnaires expérimentaux
b. Les résultats des questionnaires préopératoires et post-opératoires
c. Réponse aux hypothèses
2. Discussion des résultats
a. Les limites
b. Réponse à la problématique
c. Prolongements
Conclusion
Bibliographie
Annexes

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *