Lโaccumulation de PrPsc et la formation de substance amyloรฏde
Le rรดle physiologique de la PrPc
Alors que de nombreuses รฉtudes se sont penchรฉes sur le rรดle pathologique des PrPsc, le rรดle physiologique de la PrPc nโa pas รฉtรฉ clairement รฉtabli (Williams, et al. 2011). Un rรดle potentiel dans la neuroprotection et la survie cellulaire a souvent รฉtรฉ รฉvoquรฉ, de mรชme quโun rรดle dans la rรฉponse immunitaire. Cependant, la faรงon dont ces deux fonctions interviennent lors de rรฉponse autoโimmune demeure peu claire.
Dans lโรฉtude de Williams et al. (2011), un modรจle murin de nรฉvrite optique autoโimmune a รฉtรฉ utilisรฉ avec des souris knockโout (KO) invalidรฉes pour le gรจne Prnp qui nโexpriment pas de PrPc, des souris surexprimant la PrPc et des souris de phรฉnotype sauvage. Une exacerbation de la nรฉvrite optique, tant sur le plan clinique que lรฉsionnel, a รฉtรฉ observรฉe pour les souris PrPcโKO et celles surexprimant la PrPc. Toutefois, une protection significative des cellules ganglionaires de la rรฉtine a รฉtรฉ notรฉe pour les souris surexprimant PrPc. A lโinverse, les souris PrPcโK0 montrent plus de neurodรฉgรฉnรฉrescence que les sauvages. De telles observations suggรจrent une fonction neuroprotectrice de la PrPc indรฉpendante de sa rรฉgulation de la rรฉponse immunitaire.
Les rรฉfรฉrences de cette รฉtude rapportent un nombre important de processus cellulaires dans lesquels la PrPc serait impliquรฉe, tels que lโadhรฉsion neuronale ou la neuritogรฉnรจse, qui correspond ร la production de tout prolongement cellulaire dโun neurone. La PrPc serait aussi impliquรฉe dans la survie cellulaire en prรฉvenant lโapoptose; seules des expรฉriences rรฉalisรฉes in vitro ont cependant montrรฉ un tel effet. Elle serait รฉgalement le rรฉcepteur prรฉsumรฉ degrand nombre de ligands, tels que la laminine, lโhรฉparine ou des protรฉines synaptiques variรฉes. Elle serait รฉgalement nรฉcessaire au maintient ร long terme de la myรฉline. Enfin, la PrPc aurait un rรดle dans la rรฉgulation du sommeil et dans les rythmes circadiens (Huber, et al. 1999).
La notion de souches de prions
Pour une maladie donnรฉe, il nโexiste pas un mais des prions. Dรจs 1976, Dickinson observe que deux isolats de tremblante inoculรฉs ร deux chรจvres diffรฉrentes donnent lieu ร des signes cliniques extrรชmement diffรฉrents : soit un syndrome de somnolence, soit un syndrome prurigineux). Il pressent ainsi cette notion de souches. Celleโci est cependant relativement difficile ร expliquer รฉtant donnรฉ la nature exclusivement protรฉique de lโagent pathogรจne.
Les premiers รฉlรฉments soutenant lโhypothรจse selon laquelle la PrPsc pourrait servir de support ร la dรฉfinition de souches ont รฉtรฉ apportรฉs par lโรฉtude de deux isolats de prions issus du vison et propagรฉs sur hamsters. Les souches ยซ drowsy ยป (lรฉthargie) et ยซ hyper ยป (hyperexcitabilitรฉ) entraรฎnent chez le hamster lโaccumulation de deux types de PrPsc biochimiquement diffรฉrentes par leur solubilitรฉ, leur rรฉsistance ร la protรฉinase K et leur profil de migration (Bessen and Marsh, 1992 ; 1994).
Des rรฉsultats similaires ont รฉtรฉ obtenus avec diffรฉrentes souches de tremblante (Bruce, 2003). Diffรฉrents phรฉnotypes cliniques observรฉs lors de MCJ ont รฉtรฉ associรฉs ร des PrPsc biochimiquement diffรฉrenciables par le poids molรฉculaire des fragments et le ratio des trois glycoformes de la PrPsc aprรจs digestion par la protรฉinase K (Collinge et al. 1996). Il semble cohรฉrent que la PrPsc serve de matrice pour la conversion de PrPc en PrPsc, et soit ร lโorigine de la crรฉation et de la propagation des souches de prion, via une transmission conformationnelle.
De la protรฉine PrPsc ร la pathologie cellulaire
Il existe encore aujourdโhui de nombreuses incomprรฉhensions pour expliquer le lien entre le changement conformationnel de la PrPc en PrPsc et la mort neuronale finale. Nous ignorons en effet si les lรฉsions neuronales rรฉsultent de la perte de la fonction physiologique de la PrPc, si la PrPsc possรจde un rรฉel caractรจre toxique ou bien sโil existe dโautres facteurs ร dรฉcouvrir. En outre, il demeure incertain si ces mรฉcanismes de mort neuronale sont primaires ou consรฉcutifs ร dโautres atteintes tissulaires, telles que celle de la microglie ou la rรฉponse astrocytaire.
De faรงon gรฉnรฉrale, une bonne corrรฉlation anatomique et temporelle entre lโaccumulation de PrPsc et l’apparition de neuropathie est observรฉe, ce qui semble รชtre en faveur du caractรจre neurotoxique de la PrPsc (Unterberger et al. 2005).
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INTRODUCTION
I. GENERALITES SUR LES ENCEPHALOPATHIES SPONGIFORMES TRANSMISSIBLES
I.1. Historique
I.2. Les caractรฉristiques communes aux encรฉphalopathies spongiformes transmissibles humaines et animales
I.3. Les prions
I.3.1. Dรฉfinition
I.3.2. La PrPc
I.3.3. Les PrPsc
I.3.4. La conversion conformationnelle de PrPc en PrPsc
I.3.5. Lโaccumulation de PrPsc et la formation de substance amyloรฏde
I.3.6. la notion de souches de prions
I.3.7. la notion de barriรจre dโespรจce
I.4. La pathogรฉnie des maladies ร prions
I.4.1. La transmission des maladies ร prions
I.4.2. De la protรฉine PrPsc ร la pathologie cellulaire
I.4.3. La sensibilitรฉ de lโhรดte est influencรฉe par son gรฉnome
I.5. Les encรฉphalopathies spongiformes transmissibles animales
I.5.1. Les encรฉphalopathies spongiformes transmissibles animales spontanรฉe
I.5.2. Les encรฉphalopathies spongiformes transmissibles animales expรฉrimentales
I.6. Les encรฉphalopathies spongiformes transmissibles humaines
I.7. Perspectives thรฉrapeutiques des maladies ร prions
II. PREREQUIS NECESSAIRES A LโETUDE DE LโATTEINTE OCULAIRE DES MALADIES A PRIONS
II.1. La rรฉtine des mammifรจres
II.1.1. Un organe multicellulaire trรจs organisรฉ
II.1.2. Les diffรฉrentes couches rรฉtiniennes
II.1.3. Le concept de ยซ rรฉtine inversรฉe ยป
II.1.4. Les cellules de la neurorรฉtine
II.2. Mรฉthodes diagnostiques et techniques expรฉrimentales frรฉquemment utilisรฉes dans les รฉtudes concernรฉes
II.2.1. Le diagnostic lรฉsionnel histologique
II.2.2. Le bioโessa
II.2.3. La recherche de PrPsc
II.2.4. Lโรฉlectrorรฉtinographie
III. LES REPERCUSSIONS OCULAIRES DES MALADIES A PRIONS
III.1. Les premiรจres dรฉcouvertes
III.2. Les rรฉsultats de lโexamen ophtalmologique lors des maladies ร prions chez
lโanimal
III.2.1. Lโexamen de la fonction visuelle
III.2.2. Lโexamen des structures oculaires
III.3. La localisation des prions dans lโoeil
III.4. Aspects histologiques, immunohistochimiques et รฉlectrorรฉtinographiques des rรฉtinopathies lors de maladies ร prions chez lโanimal
III.4.1. Lors de tremblante
III.4.2. Lors dโencรฉphalopathie spongiforme bovine
III.4.3. Lors de maladie du dรฉpรฉrissement chronique des cervidรฉs..
III.4.4. Lors dโencรฉphalopathie transmissible du vison
III.4.5. Lors dโencรฉphalopathie spongiforme des fรฉlins
III.5. La spectroscopie de fluorescence : une mรฉthode diagnostique indirecte ?
III.6. La pathogรฉnie des maladies ร prions au niveau oculaire
III.6.1. La dissรฉmination des prions du cerveau ร la rรฉtine
III.6.2. Les hypothรจses concernant le rรดle pathogรจne des prions au sein de lโoeil
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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