La déficience intellectuelle
Définitions
L’intelligence
Plusieurs définitions se trouvent dans le Larousse parmi lesquelles (Larousse, s. d.) : « Ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle. » « Aptitude d’un être humain à s’adapter à une situation, à choisir des moyens d’action en fonction des circonstances. » Ces définitions nous précisent que l’intelligence ne concerne pas uniquement les apprentissages et les connaissances mais également l’adaptation au quotidien.
La déficience intellectuelle
Selon le DSM-5, pour poser un diagnostic de déficience intellectuelle, les trois critères suivants doivent être présents :
A. Déficit des fonctions intellectuelles comme le raisonnement, la résolution de problèmes, la planification, l’abstraction, le jugement, l’apprentissage scolaire et l’apprentissage par expérience, confirmés par l’évaluation clinique et les tests d’intelligence individuels standardisés.
B. Déficit des fonctions adaptatives qui se traduit par un échec dans l’accession aux normes habituelles de développement socioculturel permettant l’autonomie et la responsabilité sociale. Sans assistance au long cours, les déficits adaptatifs limitent le fonctionnement dans un ou plusieurs champs d’activité de la vie quotidienne comme la communication, la participation sociale, l’indépendance, dans des environnements variés tels que la maison, l’école, le travail, la collectivité.
C. Début du déficit intellectuel et adaptatif pendant la période du développement. (American Psychiatric Association, 2015) .
La notion de Quotient Intellectuel
Créé par Binet et Simon, le premier test d’intelligence avait pour but d’identifier les élèves qui avaient des difficultés scolaires imputables à des difficultés intellectuelles. Le retard de développement est caractérisé par la différence entre l’âge mental et l’âge chronologique. Aujourd’hui, le calcul du Quotient Intellectuel repose sur la comparaison entre le niveau de performance de la personne et celui des individus de la même classe d’âge. Un score de QI inférieur à 70, mesuré par un test d’intelligence individuel standardisé est évocateur d’une déficience intellectuelle.
Les manifestations de la déficience intellectuelle
Les manifestations de la déficience intellectuelle peuvent être nombreuses et diverses. Dans leur travaux respectif, Juhel ainsi que Büchel et Paour en citent quelques-unes fréquemment retrouvées (Juhel, 2012) (Büchel et al., 2005) :
Troubles de la mémoire à court terme et la mémoire de travail
La stratégie d’autorépétition interne est nécessaire pour le bon fonctionnement de la mémoire de travail. Or, les personnes avec déficience intellectuelle l’utiliseraient moins souvent et moins efficacement. Les stratégies de récupération seraient également impactées.
Troubles de l’attention
Cela peut se manifester sur les différents types d’attention (focalisée, partagée ou soutenue).
Déficit de traitement de l’information
Les difficultés concernent l’organisation séquentielle et le choix de la pertinence des informations. Par conséquent, les déductions paraissent plus compliquées. Tout cela, lié à un problème de décodage, implique également une durée de traitement plus longue.
Difficultés de généralisation
Sorte d’idéal du transfert, la capacité de réutiliser des stratégies acquises est déficitaire chez les personnes avec déficience intellectuelle.
Déficit de la reconnaissance et la fonction des symboles
Cette capacité est à « la base de l’autonomie ». Mettre en relation les formes et les symboles est nécessaire pour la compréhension du monde. En effet, nous rencontrons des symboles au quotidien : lettres (formées de symboles tels que des demi-cercles, des ronds, des barres), chiffres, flèches, symboles sur les différents appareils…
Les contraintes langagières
Les retards et déficits langagiers que l’on rencontre chez les personnes avec déficience intellectuelle constituent une contrainte. La compréhension des consignes se trouve impactée. De plus, le langage est « l’instrument privilégié de la prise de conscience des stratégies à mettre en œuvre. ».
Les possibilités d’évolution
L’approche développementale : la théorie du retard
La théorie du retard, développée par Zigler et ses collaborateurs et reprise par Courbois, précise que les développements cognitifs des personnes avec et sans déficience intellectuelle sont d’une grande similarité (Courbois, 2006) (Inserm, 2016). L’hypothèse de la séquence similaire, qui a bénéficié de vérifications expérimentales, précise que le développement cognitif des enfants avec ou sans déficience passe par les mêmes étapes et dans le même ordre. Lorsqu’il y a déficience intellectuelle, le développement est particulièrement lent et notamment les transitions d’un stade à l’autre. Le niveau d’achèvement n’est jamais atteint ; le retard ne pourra pas se rattraper complètement. Historiquement, le terme « retard mental » est en lien avec cette approche. Un des autres intérêts de l’approche développementale est de se focaliser sur la possibilité d’évolution et non sur les aspects déficitaires.
Au niveau prise en charge et adaptation du projet thérapeutique, la prise en compte de l’hypothèse de la séquence similaire semble être plus que nécessaire.
La plasticité cérébrale
La plasticité cérébrale correspond à l’ensemble des processus de modification et de remodelage du système nerveux à la suite des expériences. Elle est bien plus importante chez l’enfant chez qui la maturation intellectuelle est en cours. Néanmoins, il est important de préciser que le cerveau est encore remarquablement plastique tout au long de la vie. Par ailleurs, « les mécanismes impliqués dans les modifications de la construction cérébrale induite par l’expérience au cours du développement sont très similaires voire identiques à ceux de la plasticité cérébrale chez l’adulte. » (Schiffmann, 2001) .
Il a été montré chez certaines personnes déficientes intellectuelles que la communication neuronale pouvait être altérée. Cette dernière est réalisée grâce aux épines dendritiques qui sont très plastiques et qui peuvent se modifier morphologiquement et quantitativement grâce à la plasticité cérébrale. Une intervention cognitive ciblée stimulerait l’activité neuronale dans la zone défaillante, ce qui modifierait les épines dendritiques et engendrerait par conséquent une meilleure activité neuronale. (Harel et al., 2011) La doctrine déterministe apparaît par conséquent erronée. Le fait que la modification et le remodelage aient lieu en permanence selon les expériences indique que la plasticité se déroule tout au long de la vie : « l’expérience laisse une trace dans la matière vivante. » (Broca, 2013). C’est pourquoi chaque personne est unique et on ne pourrait prédire son devenir en se basant uniquement sur son bagage génétique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
1. La déficience intellectuelle
1.1 Définitions
1.1.1 L’intelligence
1.1.2 La déficience intellectuelle
1.2 La notion de Quotient Intellectuel
1.3 Les manifestations de la déficience intellectuelle
2. Les possibilités d’évolution
2.1 L’approche développementale : la théorie du retard
2.2 La plasticité cérébrale
2.3 Un potentiel sous-estimé
2.4 Effets des interventions
2.4.1 Exemples d’interventions
2.4.2 Les limites
2.5 Importance de la motivation
3. Intervention sur les structures logiques
3.1 Cadre théorique : l’intelligence et la logique selon J. Piaget
3.1.1 Définitions
3.1.2 Les stades du développement de l’intelligence
3.2 Les structures logiques
3.2.1 La classification
3.2.2 La sériation
3.2.3 Capacités permettant le développement des structures logiques
3.2.4 Liens avec le langage
3.2.5 Lien avec les fonctions exécutives
4. L’autonomie
4.1 Définition
4.2 Les moyens d’évaluation
4.3 L’autonomie, essentielle dans l’autodétermination
PROBLEMATIQUE
PARTIE PRATIQUE
1. Méthodes
1.1. Présentation de la population
1.1.1 L’établissement
1.1.2. Choix de la population
1.1.3 Présentation des jeunes
1.2. Moyens d’évaluation avant la mise en place des ateliers
1.2.1 B-LM cycle II
1.2.2 Les questionnaires
1.3. Les ateliers logiques
1.3.1 Fréquence et durée
1.3.2 Contenu
2. Résultats
2.1. Précisions concernant les moyens d’évaluation
2.1.1 B-LM
2.1.2 Les questionnaires
2.2. Présentation des résultats
DISCUSSION
1.Re-contextualisation
2. Résultats
2.1 Analyse synthétique des résultats pour chaque jeune
2.2 Mise en lien avec la théorie et validation des hypothèses
3.Limites et perspectives
3.1. Partie critique
3.2. Des perspectives
3.3. Evaluation de l’impact pour le métier d’orthophoniste
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES