Le dรฉveloppement du milieu rural est lโune des prรฉoccupations majeures des pays en voie de dรฉveloppement, du fait que plus de la moitiรฉ de la population de ces nations y vivent en sโactivant principalement dans le secteur agricole. La grande majoritรฉ des personnes souffrant de la pauvretรฉ absolue dans ces pays proviennent de cette zone et il est nรฉcessaire de leur facilitรฉ lโaccรจs aux services financiers afin quโelles puissent espรฉrer sortir de cette misรจre. Atteindre des populations pauvres en ce milieu peut quand bien mรชme exiger des efforts spรฉcifiques pour pallier les difficultรฉs dues au faible niveau dโรฉducation et de qualification.
A Madagascar, 80% de la population sont des ruraux, soit environ 14 millions dโhabitants. Lโagriculture et lโรฉlevage constituent les activitรฉs รฉconomiques principales, et le plus souvent exclusives, de plus de deux millions de mรฉnages reprรฉsentant 62% des actifs. Produites par de petites exploitations familiales qui consomment lโessentiel de leur rรฉcolte, ces spรฉculations souffrent dโune faible productivitรฉ. Les cultures industrielles ou dโexportation tiennent une place รฉconomique significative mais concernent moins de 20% des familles agricoles. De plus, la zone rurale manque de financement pour toute initiative dโinvestissement.
Lโoffre de services financiers dans ce milieu a suivi le processus de monรฉtisation progressive et de commercialisation de lโรฉconomie agricole. Par ailleurs, trรจs peu implantรฉes, les banques classiques sont tout simplement inaccessibles pour les ruraux et le marchรฉ financier rural reste largement dominรฉ par le secteur informel usurier dont les taux vont de 100 ร 200% le mois pour des prรชts de soudure sur un ร trois mois. Depuis quelques dรฉcennies, lโapparition des onze Institutions de Micro Finance a cependant modifiรฉ le paysage. Si le principal dรฉfi demeure celui de lโaccessibilitรฉ du service par la densification des rรฉseaux, des progrรจs significatifs en termes de diversification dโadaptation des produits financiers sont dรฉsormais perceptibles. Alors quโร ses dรฉbuts, la microfinance ne proposait que des crรฉdits de campagne agricole et des fonds de roulement pour le petit commerce, la gamme sโest รฉlargie avec de nouveaux services financiers plus proches des besoins des bรฉnรฉficiaires.
La notion de Microfinance
Dรฉfinition et objectifs de la Microfinance
Dรฉfinition :
La Microfinance est un service financier de proximitรฉ convivial et facilement accessible. Elle sโadresse aux agents ruraux et urbains ร revenus modestes et sans activitรฉ salariรฉe rรฉguliรจre, qui nโont pas accรจs aux institutions financiรจres classiques ou formelles, comme les banques. Cโest une branche financiรจre qui sโouvre en particulier aux agriculteurs, artisans, micro et petites entreprises, commerรงants et salariรฉs,โฆ Elle leur octroi de crรฉdit, et รฉventuellement, collecte leur รฉpargne. Elle concerne ainsi la fourniture, ร titre habituel, dโun ensemble de produits financiers et non financiers ร la population active dans le secteur informel.
Objectifs :
La Microfinance a deux principaux objectifs :
– elle a pour but, dโune part, de favoriser l’accรจs des petits producteurs, exclus du circuit bancaire, ร des services financiers de proximitรฉ et adaptรฉs ร la taille de leurs activitรฉs (micro entreprises/micro crรฉdits),
– et dโautre part, elle vise ร rรฉaliser une meilleure collecte de lโรฉpargne des mรฉnages et des petits entrepreneurs pour la rรฉinjecter dans le circuit รฉconomique.
Les principaux modรจles de Microfinance
Dรฉfinition dโune Institution de Microfinance :
Les Institutions de Microfinance sont des organismes qui offrent des services financiers (crรฉdits, รฉpargne, transfert dโargent, assurances,โฆ). Elles diffรจrent de par leur niveau de classement et leur forme et statut juridiques.
Classement des Institutions de Microfinance :
Ces institutions peuvent รชtre groupรฉes suivant les deux grands modรจles de Microfinance ci-aprรจs :
– Les modรจles mutualistes : qui sont appliquรฉs par les ยซ Institutions de Microfinance Mutualistes ยป animรฉes par lโesprit dโentraide et de coopรฉration. Les actionnaires sont constituรฉs par les membres qui, lors des dรฉlibรฉrations, sont rรฉgis par le principe ยซ une personne, une voix ยป quelque soit le nombre de parts sociales dont ils sont dรฉtenteurs Ce sont des institutions qui rendent service ร leurs membres.
Elles sont en gรฉnรฉral organisรฉes en rรฉseaux de forme pyramidale : au sommet se trouve la structure faรฎtiรจre (Union) ร laquelle sont rattachรฉes les caisses de base ; les grandes dรฉcisions en matiรจre dโorientations politiques sont prises au niveau faรฎtier. Le conseil dโadministration est composรฉ des รฉlus issus des caisses de base. Certaines dโentre elles sont reprรฉsentรฉes dans les villages par des guichets ou des points de vente, qui sont des caisses primaires, rurales ou villageoises pratiquant la collecte de lโรฉpargne et lโoctroi des crรฉdits aux membres. Ces caisses de base sont gรฉrรฉes par les membres eux-mรชmes par la constitution des structures de gestion, que sont lโAssemblรฉe Gรฉnรฉrale et le Comitรฉ de Gestion. Les rรฉsultats des exercices des Institutions de base ne sont pas redistribuรฉs sous forme de dividendes mais rรฉincorporรฉs afin dโaugmenter les moyens dโautofinancement et de rendre pรฉrenne lโactivitรฉ financiรจre. Ces caisses de base se regroupent en Unions, puis en Fรฉdรฉration, voire mรชme en Rรฉseaux, dans le but dโaugmenter leur capacitรฉ financiรจre et leur envergure.
– Les modรจles non mutualistes : qui caractรฉrisent les ยซ Institutions de Microfinance Non Mutualistes ยป. Elles font appel ร des ยซ actionnaires ยป (nationaux ou internationaux) qui y investissent des fonds. Ces derniers visent ร la fois la promotion des services de la Microfinance et la gรฉnรฉration dโun rendement sur leur investissement. Ils participent dans les organes dรฉcisionnels de ces institutions, comme le Conseil dโAdministration. Le poids de leur pouvoir est proportionnel au nombre dโactions quโils dรฉtiennent. Ce sont des institutions qui rendent service ร leurs clients.
Elles peuvent รชtre classรฉes en deux groupes qui se distinguent par leurs objectifs :
–dโun cรดtรฉ, celles qui, formรฉes en association, sโassignent une mission dโordre social et distribuent des petits crรฉdits en fonction des fonds dont elles sont dotรฉes. Certains rรฉseaux comportent de nombreux guichets couvrant plusieurs rรฉgions du pays. En plus des activitรฉs bancaires, cette catรฉgorie dโinstitutions dispense des formations ร lโintention de la frange de la population la plus dรฉfavorisรฉe en vue de les aider ร la crรฉation de micro entreprises individuelles ;
–de lโautre, celles, constituรฉes en sociรฉtรฉs commerciales, qui opรจrent gรฉnรฉralement avec un but lucratif sur la base de capital assez consรฉquent. Ces derniรจres sont gรฉrรฉes dโune maniรจre plus professionnelle. La valeur des crรฉdits individuels quโelles distribuent est plus รฉlevรฉe que pour les IMF ร vocation sociale ; il en est de mรชme du volume de leur portefeuille. Avec lโadoption de la loi sur la microfinance, cette catรฉgorie est dรฉsormais autorisรฉe ร collecter des dรฉpรดts.
Entre autre, ces deux types dโinstitutions sont encore classรฉs selon les niveaux des opรฉrations qui leur sont autorisรฉes, leur structure de fonctionnement et de contrรดle, ainsi que les rรจgles de gestion et les normes de prudence exigรฉes. Ce classement se prรฉsente comme suit :
โย Institutions de niveau 1 :
Elles ne doivent octroyer que des crรฉdits ร court et moyen termes. Elles ont une structure de fonctionnement et de contrรดle simplifiรฉe. Il leur est interdit de collecter de lโรฉpargne. Nรฉanmoins, elles peuvent faire des prestations de conseil et de formation ร la clientรจle.
โย Institutions de niveau 2 :
Elles ne peuvent pas รฉgalement octroyer des crรฉdits ร long terme. Elles rรฉalisent toutes les opรฉrations de services connexes . Ces institutions sont dotรฉes dโun dispositif de contrรดle interne et externe. Les mutualistes de niveau 2 peuvent collecter de lโรฉpargne, mais uniquement auprรจs de leurs membres. Tandis que les non mutualistes de niveau 2, รฉtant dotรฉs du statut de sociรฉtรฉ anonyme ร capital fixe, peuvent collecter de lโรฉpargne publique.
โย Institutions de niveau 3 :
Elles octroient des crรฉdits ร court, moyen et long termes. Elles jouissent des mรชmes considรฉrations que les institutions de niveau 2 pour la collecte de lโรฉpargne. Ces institutions rรฉalisent toutes les opรฉrations de services connexes, et opรจrent avec une structure de fonctionnement et de contrรดle dรฉveloppรฉe.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PARTIE I LA MICROFINANCE DANS LE CONTEXTE MALGACHE
Chapitre.I : LE MICROFINANCEMENT A MADAGASCAR
SectionI : La notion de Microfinance
SectionII : LE CONTEXTE MALGACHE
Chapitre.II : LES RESEAUX Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (OTIV)
SectionI : Prรฉsentation
SectionII : Caractรฉristiques des rรฉseaux de lโOTIV
Chapitre.III : LES RESEAUX Caisses dโEpargne et de Crรฉdit Agricole Mutuels (CECAM)
SectionI : Prรฉsentation du Rรฉseau CECAM
SectionII : Les caractรฉristiques des rรฉseaux CECAM
PARTIE II ANALYSE COMPARATIVE DES DEUX PLUS GRANDES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE A MADAGASCAR
Chapitre.I : COMPARAISON DES MODES DโORGANISATION ET DES ACTIVITES DE LโOTIV ET DE LA CECAM
SectionI : Comparaison sur le plan structurel
SectionII : Analyse comparative des produits et services offerts
Chapitre.II : COMPARAISON SUR LES IMPACTS DES DEUX RESEAUX VIS-A-VIS DE LEURS BENEFICIAIRES
SectionI : Les apports positifs
SectionII : Les apports nรฉgatifs
Chapitre.III : PROPOSITIONS DE SOLUTIONS
SectionI : Solutions adressรฉes aux rรฉseaux OTIV
SectionII : Solutions adressรฉes aux rรฉseaux CECAM
SectionIII : Solutions similaires relatives aux deux grandes Institutions Financiรจres Mutualistes de Madagascar
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES