La notion de handicap dans notre société
Choix de la thématique et motivations
Après un temps de réflexion sur les idées qui me venaient en tête pour ce travail de Bachelor, mon choix s’est porté sur la collaboration entre les éducatrices sociales et les enseignantes spécialisées au sein d’une classe spécialisée. Mon intérêt pour ce sujet m’est venu suite à ma première expérience professionnelle dans le travail social qui s’est déroulée au Centre Pédagogique Spécialisé (CPS) de Martigny. J’ai eu l’occasion d’accompagner treize élèves en situation de handicap de différentes classes et de différents niveaux. Durant cette année scolaire, j’ai pu découvrir le travail en réseau que l’intégration de ces enfants nécessitait. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de collaborer avec des éducatrices spécialisées car elles ne faisaient pas partie du réseau des écoles dites ordinaires en Valais. La posture de l’enseignante spécialisée et de l’éducatrice spécialisée m’interroge dans un contexte comme celui d’une classe spécialisée. Ont-elles plus de différences que de similitudes ? Font elles le même travail ? L’éducatrice se sent-elle toujours travailleuse sociale dans un contexte scolaire ? L’enseignante, a-t-elle toujours l’impression de travailler dans le domaine de la pédagogie lorsqu’elle accompagne uniquement des enfants en situation de handicap ? Je n’ai pas eu l’occasion de faire des recherches sur ces questions lors de mon stage probatoire mais le Travail de Bachelor (TB) m’offre l’opportunité de creuser cette problématique.
Lien avec le travail social
Mon travail de Bachelor traitera de l’éducation sociale et de l’enseignement spécialisé. Je serai alors amenée à traiter ces deux domaines et à les développer. Cette rédaction me permettra d’exposer les similitudes et les différences de ces deux professions dans le contexte particulier d’une classe spécialisée. Lorsqu’un élève arrive dans une école spécialisée, cela demande aux professionnels de la réflexion ainsi que de l’adaptation constante au vu des besoins spécifiques du jeune. La place de l’enseignante spécialisée se trouve dans la classe, elle bénéficie de l’aide d’une professionnelle supplémentaire telle qu’une éducatrice sociale ou une animatrice socioéducative. En plus d’être présentes lors des moments de classe, elles continuent l’accompagnement lors des pauses, des trajets ou encore lors des repas de midi afin d’améliorer et de garantir le cadre lors de ces instants. Dans certaines institutions, il y a une présence permanente d’éducatrices dans les classes.Cette collaboration entre les enseignantes spécialisées et les éducatrices permet de prendre en compte diverses dimensions : celle de la scolarité de l’élève, de ses compétences sociales et de son bien-être. À la Haute École Spécialisées (HES), les étudiantes sont formées à la collaboration comme le montre la compétence n°5 du plan d’étude cadre Bachelor 2006 :« collaborer entre professionnels et institutions ». Cette compétence me semble importante à prendre en considération lorsque les éducatrices collaborent avec les enseignantes spécialisées. Nous sommes formés pour collaborer avec tout type d’intervenant et cette compétence n’est pas anodine. Mes recherches se feront dans le milieu scolaire valaisan. Plus précisément dans les institutions qui permettent aux enfants et adolescents d’être scolarisés et non pas dans les centres pédagogiques spécialisés ou dans les écoles ordinaires.
La notion de handicap dans notre société
Pour débuter ce chapitre, je vais présenter une définition de Bloch-Lainé qui date de 1967 et qui est cité par Zribi (2011). Celle-ci présente les personnes en situation de handicap comme des personnes inadaptées à la société en raison de leurs difficultés, plus ou moins grandes, à agir comme les autres. Ces personnes présentent des faiblesses et servitudes particulières par rapport à la normale (Zribi & PoupéeFontaine, 2011). Cette ancienne définition expose que la condition de la personne en situation de handicap est stable et que leur état est dû à des difficultés à vivre comme les autres. Le handicap est clairement le résultat de la déficience de l’individu. Les interventions proposées à ces personnes sont principalement liées à la réadaptation et à la guérison afin qu’elles puissent s’adapter à la société. Avant, nous pensions le handicap en termes de faiblesse, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. J’ai utilisé cette définition de 1967 pour montrer l’évolution avec la définition d’aujourd’hui présentée par La Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF), cette dernière définit le handicap « comme un terme générique pour les déficiences, les limitations de l’activité et restriction à la participation. Le handicap est l’interaction entre des sujets présentant une affection médicale et des facteurs personnels et environnementaux » (OMS, 2018). La définition de la CIF montre que la personne est influencée par le milieu dans lequel elle évolue. La qualité de la participation sociale des personnes en situation de HES-SO Valais Bachelor of Arts in Travail Social handicap pourrait se voir augmenter si le milieu social et la société dans laquelle la personne vit le permettent. Ces définitions nous renvoient au concept du Processus de Production du Handicap (PPH) que je définirai plus tard. L’environnement joue un rôle essentiel dans la situation de ces personnes. En effet, plus les interactions du sujet avec le milieu environnemental seront ajustées, moins elles seront « handicapantes », nous explique Salbreux (2012). L’écart entre les capacités de la personne en situation de handicap et les attentes du milieu démontrent le handicap (Salbreux, 2012). La loi française du 11 février 2005 apporte une définition semblable à celle de l’OMS. Selon cette loi un handicap est constitué par « une limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant » (Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, 2005). Cette loi renonce à une approche strictement médicale du handicap. Elle tend à favoriser la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap et à faciliter le maintien en milieu ordinaire et non pas à se limiter à leurs difficultés. C’est ce dont je vais traiter dans ma recherche, le but est de comprendre comment les professionnelles collaborent pour permettre à un enfant d’avoir un suivi pédagogique même lorsque l’intégration dans un milieu ordinaire telle qu’une classe ne le lui permet pas. Ce suivi pédagogique et éducatif lui permettra par la suite une intégration facilitée dans un milieu ordinaire (travail, appartement).
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Choix de la thématique et motivations
1.2 Objectifs
1.2.1 Objectifs théoriques
1.2.2 Objectifs personnels
1.2.3 Objectifs méthodologiques
1.2.4 Objectifs professionnels
1.3 Lien avec le travail social
2 Question de recherche et hypothèses
3 Cadre théorique
3.1 Quelques éléments de définition
3.1.1 La notion de handicap dans notre société
3.1.2 MDH-PPH
3.1.3 Les différentes approches du handicap
3.2 Cadre légal
3.2.1 LHand – intégration scolaire
3.2.2 Loi sur l’enseignement spécialisé (LES) en Valais
3.2.3 Processus de scolarisation des enfants en situation de handicap en Valais (1H-8H)
3.3 Deux formes de scolarisation
3.3.1 L’intégration
3.3.2 L’inclusion à tout prix ?
3.4 Les enjeux : entre pédagogie et éducation
3.4.1 Comparaison des deux professions
3.4.2 Que signifie « éduquer » ? quelle différence avec « enseigner » ?
3.5 Collaboration ou coopération ?
3.5.1 Les formes de co-enseignement
3.5.2 Les freins à la collaboration
3.6 Synthèse du cadre théorique
4 Méthodologie
4.1 Terrains
4.2 Échantillonnage
4.3 Méthodes de récolte des données
4.4 Limites méthodologiques
4.5 Principes éthiques
5 Présentation des résultats
5.1 Les profils professionnels (hypothèse 1
5.1.1 Analyse des cahiers des charges
5.1.2 Des compétences pédagogiques et éducatives perçues comme clairement distinctes .
5.1.3 Des compétences qui se rejoignent
HES-SO Valais Bachelor of Arts in Travail Social
5.1.4 Fixer les objectifs : une étape qui renforce les différences dans certaines institutions
5.1.5 Des rôles perçus comme similaires en classe
5.1.6 Discussion
5.2 Le type de collaboration entre les professionnelles (hypothèse 2
5.2.1 Une collaboration efficace
5.2.2 Le type de co-enseignement
5.2.3 Les rencontre en équipe : éducatif ou scolaire
5.2.4 Discussion
5.3 Réponse à la question de recherche
6 Bilans
6.1.1 Synthèse des objectifs
6.1.2 Limites et difficultés rencontrées lors de l’écriture du travail de Bachelor
6.1.3 Réflexions et perspectives personnelles
7 Pistes d’action et nouveaux questionnements
8 Conclusion
9 Bibliographie
10 Annexes10.1 Grille d’entretien
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