La noblesse de normandie au xixeme siecle

La noblesse de Normandie au XIXème siècle 

Du comportement socio-politique des membres de l’ancien Ordre et de son intégration au sein de la Nation 

Toutes les civilisations européennes ont construit une noblesse représentant une garantie de la stabilité de l’État. « Elle a fait la grandeur de Rome, et quand les Césars eurent réussi à l’abolir (…), le Bas-Empire étala ses hontes et ses désastres. » . D’après Jean Kerhervé, « dans l’imaginaire collectif, l’idée de noblesse est, dès le Moyen Age, associée à celle d’un certain cadre de vie » . La réalité est évidement tout autre, des études montrent bien ces variations de conditions, mais l’impression demeure vivace . Une frange non négligeable de la noblesse française est en crise à la fin de l’Ancien Régime . La réaction du pouvoir central est remarquable. De Louis XIV à Louis XVI, de nombreuses familles d’anciennes extractions, se qualifiant souvent d’écuyer ou de chevalier en souvenir de faits d’armes anciens , perdent leurs droits. Au moment de la monarchie absolue, le pouvoir n’a plus besoin des traces de la féodalité, le roi de France ne se soucie plus de ces petites familles dont la principale activité était la défense du royaume et le service du roi. La contestation de la noblesse provient aussi de la fermeture de celle-ci au reste de la population, et peut-être d’une perte de ses valeurs morales . Les auteurs des XVIIIème et XIXème siècles critiquent fermement le libertinage et les excès que l’on rencontre à la Cour à la fin de l’Ancien Régime. Cette vision est nuancée par Wolfgang Mager en accordant à la noblesse d’Ancien Régime des velléités de renouveau. Il estime ainsi qu’en améliorant sa formation, la noblesse a fait sienne les volontés de mérite individuel propre alors à la bourgeoisie et que ce mérite était antinomique à la fois avec la monarchie absolue et la noblesse elle-même. Le duc de Lévis réduisant cette idée dans l’expression « noblesse oblige » , signifiait que lignage doit se compléter de l’indicateur éminemment bourgeois qu’est la réussite personnelle. Rejoignant Marx, Mager fait de la noblesse française une curiosité historique vide de sens à partir de 1789 et qu’il faut assigner à la catégorie des notabilités ou des élites .

Nous insistons ici sur la dénomination de notre corpus qui semble ne plus exister par lui-même composant les notabilités plutôt que la noblesse. Pourtant, nous considérons dans notre étude la noblesse en tant que classe sociale et donc groupe humain antérieurement encadré par les règles de l’Ancien Régime et non une qualité humaine de grandeur d’âme ou d’actions. Cet intitulé « noblesse » choque parfois certains de ses membres qui lui préfèrent « aristocratie » alors même que l’aristocratie sous-entend une domination économique. Cette assimilation se retrouve aussi, notamment, chez Suzanne Fiette ou Adeline Daumard . Pourtant cette notion est réductrice de ce qu’est la noblesse en tant qu’ordre d’Ancien Régime et par la suite en tant que groupe social aux contours dressés par André-Jean Tudesq et dont le colloque de Bordeaux de 2001 a tenté de percevoir les évolutions tout en limitant son hypothèse à 1789 . De plus, par son expression « d’aristocratie moderne » Adeline Daumard sanctifie ce que la bourgeoisie veut imposer comme image d’elle-même, c’est-à-dire qu’elle est la nouvelle noblesse remplaçant l’ancienne.

L’historiographie de la noblesse s’est accrue ces dernières années, notamment sous l’impulsion de Guy Chaussinand-Nogaret ou Louis Bergeron . Elle en remplace une devenue, par la force de ses auteurs, essentiellement hagiographique comme le signale David Higgs, « quand les nobles eux-mêmes ont écrit l’histoire, ils se sont généralement employés à souligner leur caractère unique». Cette historiographie, en Normandie, nous la devions notamment à des personnages tels que le ministre François Guizot, l’archiviste Robillard de Beaurepaire et Arcisse de Caumont, fortement influencés par le légitimisme. Dans ces conditions, l’historiographie de la noblesse n’a plus été distinguée du reste des élites. La vision de Karl Marx et de Jean Jaurès s’impose et les nobles sont « des fossiles sociaux, restes moribonds du féodalisme balayé en 1789 par le triomphe de la bourgeoisie capitaliste. Pittoresque anachronisme, la noblesse du XIXème siècle ne méritait d’étude minutieuse, sauf peut-être de la part des antiquaires et autres amateurs de curiosités désuètes ». A priori dans ce discours, « les nobles ne jouaient plus de rôle décisif dans le destin de la Nation ». C’est donc une remise en question de cette vision que propose David Higgs à la suite du colloque international de Rome sur les noblesses européennes du XIXème siècle . La multiplication des synthèses nationales a pour répercussion l’apparition de synthèses locales, comme celles de Claude-Isabelle Brelot, dont le titre, La noblesse réinventée, montre que son regard est encore généraliste et généralisant, c’est-à-dire que son étude tend à définir une référence nationale sur la question. Nous avons aussi celle de Jean-Marie Wiscart, La noblesse de la Somme au dix neuvième siècle, qui est quant à elle une étude uniquement locale. De plus, si Jean Kerhervé précise qu’il s’agit très certainement d’une « fascination pour un temps et un type de relations humaines révolues », c’est oublier que la noblesse est un acteur essentiel du paysage politique du XIXème siècle, au point que l’on s’accorde à lui attribuer la construction du paysage politique normand du XXème siècle .

De la perte des repères à la reconquête politique (de la Révolution de 1789 à la fin de la Restauration en 1830) 

La noblesse cesse de se comprendre comme un ordre privilégié. Elle n’est plus protégée par un statut particulier qui faisait autant sa force que ses faiblesses. La Révolution en mettant un terme à l’endogamie qui conduisait à l’appauvrissement de la majorité des hobereaux et la fortune des grandes familles, permet à la noblesse de continuer d’exister comme groupe humain spécifique. Mais, elle l’éloigne du centre politique en écartant la monarchie du pouvoir. La question se pose donc de savoir comment la noblesse parvient à se maintenir à la tête des structures électives et au sommet des institutions de l’Etat.

Le premier point à développer sera de comptabiliser la noblesse afin de savoir quelle proportion elle représente et si cette population est représentée à hauteur de son effectif. De nombreux chercheurs ont voulu connaître le nombre de nobles présents en France. Ce dénombrement n’a pas encore trouvé de résultat satisfaisant. Les estimations habituellement rencontrées varient de 110 000 à 400000 personnes pouvant se prétendre nobles à la veille de la Révolution. Guy Chaussinand-Nogaret nous propose une noblesse de 110 000 personnes, de loin l’estimation la plus faible. L’auteur, qui nous donne la plus importante des estimations, est Robert Dauvergne , avec 400 000 personnes. Les travaux d’Albert Mathiez le conduisent à nous proposer un dénombrement proche, autour de 350000 nobles.

Un article de Jean-Pierre Dedieu , sur la noblesse castillane au XVIIIème siècle montre que le pouvoir royal espagnol a ressenti le besoin de maîtriser par la loi un groupe social que la population espagnole reconnaissait mais dont le statut juridique restait vague. La politique de Louis XIV va, elle aussi, créer des tensions au sein de la noblesse. Certaines familles très anciennes, dite de noblesse d’épée, se sont considérablement appauvries depuis le XVème siècle. Les travaux de Michel Nassiet ou d’Hubert Méthivier , nous éclairent sur la situation financière des petites familles nobles rurales. Selon Hubert Méthivier, « la noblesse rurale s’endette, marie ses filles à des laboureurs ou de gros fermiers, impose à ses fils des métiers dérogeant pour sauver le patrimoine ». Ce sont essentiellement ces petites familles rurales qui perdent leur statut lors de ces enquêtes. Les recherches sur la noblesse française au XIXème siècle portent plus sur la richesse que sur la pauvreté de la noblesse. Certaines familles refuseront de présenter les pièces requises. La peur d’un nouvel impôt établi à partir de ce document explique ces refus.

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Table des matières

INTRODUCTION
LA NOBLESSE DE NORMANDIE AU XIXEME SIECLE
DU COMPORTEMENT SOCIO-POLITIQUE DES MEMBRES DE L’ANCIEN ORDRE ET DE SON INTEGRATION AU SEIN DE LA NATION
SOURCES D’ARCHIVES
ARCHIVES NATIONALES
ARCHIVES DEPARTEMENTALES : (CI-APRES : AD SUIVI DU NOM DE DEPARTEMENT)
Révolution Française
Chouanerie et Contre-Révolution
Emigration
Biens nationaux
Dénombrement de population
Empire
Restauration
Milliard des émigrés
Monarchie de Juillet
Deuxième République
Second Empire
Troisième République
Corpus Transversaux
Sociétés Diverses
Sociétés savantes
Sociétés agricoles (1854 à 1883)
Sociétés d’encouragements à l’agriculture (1812 à 1840)
Sociétés d’hygiène publique (1862-1932)
Sociétés diverses à Caen
Sociétés Horticoles (1854 à 1883)
Sociétés savantes, Congrès National (1861-1899)
Société d’agriculture et de commerce (1812-1879)
Cercles Saint Jean
Association normande pour le progrès de l’agriculture
Sociétés hippiques
Fonds Privés et Informations personnelles
Série E
Série F
Série J
BIBLIOGRAPHIE
1. OUVRAGES GENERAUX
1.1.1. Politique
1.1.2. Les Lieux de pouvoir
1.1.3. Economie
1.1.4. Culture
2. DICTIONNAIRES
2.1. Références nationales
2.2. Références normandes
3. OUVRAGES REGIONAUX
3.1. Normandie
3.1.1. Aspect socio-politiques
3.1.2. Economie
3.1.3. Marqueurs sociaux
3.1.4. Démographie
3.2. Diverses monographies normandes
3.3. Autres Régions
3.3.1. Aspects socio-politiques
3.3.2. Economie
3.3.3. Culture
QUANTIFICATION ET REPARTITION DE LA NOBLESSE EN NORMANDIE
D’APRES LE NOBILAIRE DE NORMANDIE DE M. DE SAINT-ALLAIS
SOURCE : M. DE SAINT ALLAIS, NOBILIAIRE DE NORMANDIE, CAEN, 1760, 160 PAGES
1. NOBILIAIRE DE NORMANDIE DE SAINT-ALLAIS
2. REPARTITION DE LA NOBLESSE EN NORMANDIE EN 1670-1789
2.1. Tableau de la présence noble par élections
2.2. Représentation graphique
2.3. Répartition entre ruralité et urbanité
2.4. Tableau de la présence noble par département
2.5. Représentation graphique
LA NOBLESSE DE NORMANDIE PRESENTE ET REPRESENTEE AUX REUNIONS PREPARATOIRES EN VUE DE LA TENUE DES ETATS GENERAUX DE 1789
LISTE DES NOMS PATRONYMIQUES PRESENTS EN 1670 ET ABSENTS EN 1789
LISTE DES NOMS PATRONYMIQUES ABSENTS EN 1670 ET PRESENTS EN 1789
LA NOBLESSE NORMANDE APRES 1789
1. LES ANOBLIS DU XIXEME SIECLE SELON WOELMONT DE BRUMAGNE
Répartition par périodes
2. LES ANOBLIS PAR LETTRE PATENTE DE 1814
LISTE DES NOBLES PLACES SOUS SURVEILLANCE DEPUIS 1793 ET QUE LE GOUVERNEMENT IMPERIAL A CONTINUE DE SURVEILLER APRES 1800
LES PERSONNALITES SURVEILLEES EN 1853
LISTE NOMINATIVE DES EXECUTES NORMANDS DE LA REVOLUTION
A. REPARTITION SOCIOPROFESSIONNELLE DES VICTIMES
B. PLACE DE LA NOBLESSE NORMANDE PARMI LES VICTIMES
LISTE DES PERSONNALITES EMPRISONNEES A AVRANCHES EN 1795
REPARTITION DES PATRONYMES DES EMPRISONNES
CONCLUSION

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