La neutralisation des armes à feu portatives

Les armes portatives

Les premiers bâtons à feu font leur apparition en Europe centrale entre 1420 et 1434. Ce sont de petits canons en bronze coulé fixés au bout d’un arbrier en bois ou en métal. Ils sont suivis un siècle plus tard par l’hacquebute et la couleuvrine à main. L’affût de bois ou de métal devient plus long et plus enveloppant, mais se porte encore sur l’épaule. Les projectiles sont en pierre ou en fonte et commencent à concurrencer l’arc et l’arbalète, bien que leur cadence de tir soit encore très lente. Le système de mise à feu est rudimentaire : un serpentin à ressort vient appuyer une mèche lente, d’abord sur la lumière, ensuite dans un petit récipient, appelé bassinet. De nouvelles armes apparaissent aux 15ème et 16ème siècles :

L’arquebuse (1378-1449)
Fusil lourd (17 kg) que le tireur posait sur une fourquine, relativement peu précis, l’arquebuse était peu maniable et faisait plus de bruit et de fumée que de dégâts. Au combat, les piquiers étaient bien plus efficaces et les arquebusiers étaient souvent intégrés aux compagnies de piquiers.

Le canon de l’arquebuse était coulé ou forgé selon qu’il était en bronze ou en fer. Il n’avait qu’un cran de mire et un guidon, la visée étant quasi impossible en raison de la fumée de la mèche et du fort recul.

Le pétrinal (1449)
Sur le pétrinal, on découvre un premier essai de modification de la crosse. Pour amortir le recul, le soldat fait reposer la crosse sur la poitrine. La cuirasse peut ainsi amortir le choc. Cette arme est parfois appelée aussi « poitrinal »

Le mousquet (1521)
Plus léger que l’arquebuse, le mousquet est plus maniable. Son canon est en fer forgé. La crosse est raccourcie et s’incline vers le bas. Le calibre se réduisant aussi (16 à la livre), la vitesse initiale de la balle est de 340 mètres seconde et elle parcourt la distance de 300 mètres. Le mousquetaire peut tenir son arme sans fourquine. A cette époque l’arbalète disparaît complètement des armes françaises. Le mousquet fut remplacé à la fin du 17ème siècle par le fusil.

L’escopette (1550)
L’escopette est une arme plus courte, dont le canon est évasé en forme de tromblon. Cette arme est destinée aux cavaliers. Elle est plus maniable et le chargement est facilité par l’ouverture évasée du canon. On le comprend aisément en imaginant le cavalier vider de la poudre dans le canon alors que le cheval trotte sur un terrain accidenté. Contrairement à l’idée que l’on peut se faire en raison de la forme du canon, les projectiles forment une gerbe très concentrée : il n’y a pas de dispersion.

La pistole (1550)
La pistole est un mousquet très court dont la crosse tient juste dans la main. C’est l’ancêtre du pistolet. Le cavalier en possède généralement deux, un de chaque côté de l’encolure du cheval.

Le mousqueton (1559)
Le mousqueton est une arme longue destinée à la cavalerie et qui complète les deux pistoles. Le mousqueton utilisera toujours le même calibre que celui de l’infanterie.

Aux origines de la neutralisation

La neutralisation officielle ne date que de la fin du 20ème siècle. Etant donné que la neutralisation a pour but de rendre l’arme inapte au tir, des témoins nous apportent la preuve qu’elle a été pratiquée au cours de l’Histoire.

Les troupes qui voyaient la défaite arriver avaient déjà prit l’habitude, avant leur retraite, de neutraliser leurs canons en enclouant la lumière167 avec un clou en métal, afin que l’ennemi ne puisse plus les utiliser.  Ensuite, la neutralisation définitive consiste en la destruction totale des armes à feu.

Enfin, il faut distinguer la neutralisation de la démilitarisation et de la neutralisation temporaire : la démilitarisation consiste en la suppression des caractères spécifiquement militaires d’une arme.

Par exemple : le remplacement d’une crosse militaire par une crosse de chasse ou encore, la suppression d’un tenon de baïonnette, la neutralisation temporaire est régulièrement utilisée pour le transport ou le stockage des armes : en milieu militaire, elle consiste à retirer certaines pièces essentielles, telles que le percuteur ou la culasse, rendant l’arme inapte au tir de façon momentanée, en milieu civil, les tireurs de certains pays sont contraints de neutraliser leur arme durant le transport, soit par un démontage des pièces essentielles soit par la pose d’un verrou de pontet, les professionnels doivent exposer leurs armes avec un câble passé dans le pontet des fusils ou une pièce essentielle démontée.

Le parcours d’une collection d’armes à feu

Au cours des stages que nous avons effectué cette année dans les musées militaires suisses et des visites au magasin d’armes de notre mentor Jean-Jacques Buigné et dans les musées d’armes de France et de Belgique, nous avons souvent eu l’occasion de discuter des mouvements des collections. Il résulte de ces discussions que les collections privées d’armes ont une périodicité d’environ quarante ans.
En effet, une collection d’armes est assez onéreuse pour un collectionneur privé et ce dernier commence souvent à la constituer vers l’âge de quarante ans. L’espérance de vie étant en moyenne de quatre-vingt ans, les héritiers, pour des raisons diverses, continuent rarement la collection. Ces armes retournent alors sur le marché par la voie des donations ou des ventes aux enchères. Elles sont acquises alors par d’autres collectionneurs privés ou par des musées.

Quoi qu’il en soit, tôt ou tard, ces collections d’armes aboutissent dans les musées. Il est à relever que les ventes aux enchères voient souvent des enchérisseurs étrangers. Ainsi, avant d’arriver dans la collection d’un musée, une arme ancienne peut avoir séjourné dans plusieurs pays différents. Les normes de neutralisation n’étant pas encore harmonisées ni reconnues de manière interétatique, il n’est pas rare de trouver des armes portant la trace de plusieurs neutralisations successives.

Conséquences de la neutralisation

La compatibilité des matériaux

Comme nous avons pu le voir au 3ème chapitre, les matériaux ajoutés lors du procédé de neutralisation sont de deux sortes.

Premièrement, les bouchons, billes et goupilles sont en acier trempé. Les canons et carcasses étant, en règle générale en acier plus doux, afin de résister aux dilatations engendrées par les violents écarts de température lors du fonctionnement des armes à feu, l’ajout de ces matériaux ne devrait pas provoquer une augmentation du risque de corrosion. Dans le cas où la carcasse est en aluminium, le risque de corrosion galvanique pourrait survenir. Il appartient alors au conservateur-restaurateur d’établir très précisément, à l’attention des responsables de collections muséales, des recommandations précises de conservation. Dans ce cas, un taux d’humidité relative inférieur à 40% est souhaitable.

Deuxièmement, la composition des points de soudure n’est pas parfaitement connue. En règle générale, la soudure est soit en acier inoxydable, soit un alliage comportant une part de métaux ferreux et une part de métaux non-ferreux.

L’impossibilité du démontage complet

Le but recherché par le législateur est d’empêcher irréversiblement le démontage de l’arme à feu. On le comprend aisément, certaines pièces essentielles pourraient être réutilisées afin de reconstituer d’autres armes aptes au tir.

Cependant, cette impossibilité de démontage provoque des conséquences défavorables au travail du conservateur-restaurateur.

Lors de nos deux stages en musées militaires, nous avons perfectionné et appliqué des traitements de conservation-restauration à une trentaine d’armes à feu anciennes et modernes. Toutes ces armes à feu avaient été utilisées au tir. Les différences violentes de température et les résidus de poudre, surtout la poudre noire, créent des dépôts extrêmement corrosifs. Si nous n’avions pas pu démonter intégralement ces objets, le nettoyage de ces dépôts corrosifs n’aurait pas pu être complet.

En outre, la neutralisation des armes à feu rend irréversiblement indémontables ces armes et, de fait, crée des zones parfaitement inaccessibles. Il importe donc que le conservateur-restaurateur d’armes à feu aie conscience de ces impossibilités et adapte son travail en conséquence. Nous proposons d’appliquer un nettoyage par bains successifs, un séchage complet en autoclave et enfin, la pose d’une ou de deux couches de protection par injection sous vide.

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Table des matières

Introduction
1. Approche historique
1.1. Introduction 
1.2. Préhistoire et Antiquité
1.2.1. Les âges de la pierre
1.2.2. Les âges du bronze et du fer
1.3. Du Moyen Age à la fin de l’Ancien Régime 
1.3.1. L’armement portatif et les machines de guerre
1.3.2. La poudre à canon
1.3.3. Les armes portatives
1.3.4. La mécanisation du système de mise à feu
1.3.5. L’émergence du fusil
1.3.6. La production de masse et l’interchangeabilité des pièces
1.4. Le 19ème siècle
1.4.1. La percussion
1.4.2. Le revolver
1.4.3. Le chargement par la culasse
1.4.4. La cartouche métallique
1.4.5. La poudre sans fumée
1.4.6. La répétition
1.4.7. Le pistolet automatique
1.5. Le 20ème siècle
1.5.1. Les armes semi-automatiques
1.5.2. Les armes « full-auto », les pistolets-mitrailleurs et les fusils d’assaut
1.5.3. Les poinçons et marquages
1.6. Conclusion 
2. Approche législative : Les règlementations 
2.1. Introduction
2.2. Les documents internationaux 
2.2.1. Les accords de Schengen de 1985
2.2.2. La directive européenne 91/477/CEE
2.2.3. Le document de l’OSCE du 24 novembre 2000
2.2.4. Le protocole de Vienne de l’ONU du 8 juin 2001
2.3. Les règlementations des pays de l’Union Européenne
2.3.1. L’Allemagne
2.3.2. La Belgique
2.3.3. La France
2.3.4. L’Italie
2.3.5. Le Luxembourg
2.3.6. Les Pays-Bas
2.3.7. Le Danemark
2.3.8. L’Irlande
2.3.9. Le Royaume-Uni
2.3.10. L’Espagne
2.3.11. Le Portugal
2.3.12. L’Autriche
2.3.13. La Finlande
2.3.14. La Suède
2.3.15. La Hongrie
2.3.16. La Lituanie
2.3.17. Malte
2.3.18. La Pologne
2.3.19. La République Tchèque
2.3.20. La Bulgarie
2.4. Les règlementations des pays hors Union Européenne 
2.4.1. La Suisse
2.4.2. La Norvège
2.4.3. La Russie
2.4.4. Le Canada
2.4.5. Les Etats-Unis
2.5. Tableau récapitulatif : Définition de l’arme à feu antique
3. Approche technique de la neutralisation 
3.1. Introduction
3.1.1. Aux origines de la neutralisation
3.1.2. Terminologie
3.2. Les documents internationaux 
3.2.1. Les accords de Schengen de 1985
3.2.2. La directive européenne 91/477/CEE
3.2.3. Le document de l’OSCE du 24 novembre 2000
3.2.4. Le protocole de Vienne de l’ONU du 8 juin 2001
3.3. L’Union Européenne
3.3.1. L’Allemagne
3.3.2. La Belgique
3.3.3. La France
3.3.4. L’Italie
3.3.5. Les Pays-Bas
3.3.6. Le Royaume-Uni
3.3.7. L’Espagne
3.3.8. L’Autriche
3.3.9. La Finlande
3.3.10. La Lituanie
3.4. En dehors de l’Union Européenne
3.4.1. La Suisse
3.4.2. La Norvège
3.4.3. Le Canada
4. Approche déontologique et pratique
4.1. Introduction
4.2. Les armes à feu en tant que biens culturels 
4.2.1. Définition des biens culturels
4.2.2. Le parcours d’une collection d’armes à feu
4.3. Codes de déontologie
4.3.1. Code de déontologie de l’ICOM pour les musées
4.3.2. Code d’éthique et de formation de l’ECCO
4.3.3. Code d’éthique professionnelle de la SCR
4.4. Conséquences de la neutralisation
4.4.1. La compatibilité des matériaux
4.4.2. L’impossibilité du démontage complet
4.5. Conséquences de la non-fonctionnalité 
4.5.1. But éducatif
4.5.2. Propositions
4.6. Alternatives à la neutralisation 
4.6.1. La neutralisation temporaire
4.6.2. Une neutralisation non destructive ?
4.6.3. Le système « Armatix »
Synthèse
Conclusion

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