LA NECESSITE DE L’EVALUATION DIDACTIQUE

Définition théorique (quotidienne)

                 Etant un substantif dérivé du verbe évaluer, l’évaluation est un terme hautement polysémique utilisable dans le langage courant. En effet, nous évaluons en mesurant la quantité d’une chose. On peut également évaluer la grandeur ou la petitesse, la longueur ou l’épaisseur d’un objet physique, en regardant tout simplement. On peut aussi évaluer pour constater la qualité de quelque chose. Peu ou prou, dans la vie quotidienne, l’évaluation est une action de déterminer l’importance d’une chose. Dans le mot importance il y a l’idée d’une valeur. La détermination de la valeur ne peut pas se passer de l’utilisation d’un instrument de mesure approprié. Pour évaluer l’amertume d’un aloès on utilise la langue qui est un organe spécifique pour le goût. Un médecin qui veut prélever la température d’un patient doit utiliser un thermomètre. Ce qui veut dire qu’il mesure la chaleur d’un malade avec un « outil spécial » afin qu’il puisse se faire une idée concernant la décision qu’il va prendre pour traiter la maladie. Pour évaluer le degré de pureté d’un bracelet en or, on le teste en utilisant le carat métrique. En fait, seul, cet instrument peut préciser facilement et indiquer fièrement la quantité d’or fin contenu dans un alliage. Dans cet exemple, la qualité du bijou dépend de la quantité d’or qu’il contient. Ces illustrations montrent qu’évaluer c’est mesurer, quantifier ou qualifier. Si on essaie d’aller un peu plus loin, elle peut s’agir de noter, chercher le sens, c’est-à-dire expliquer l’état de situation pour diriger. Ce qui permet en quelque sorte de prendre une décision dans le but d’améliorer une action future. Dans ce sens, quantifier peut vouloir dire donner une note. C’est donc une évaluation chiffrée. Cela nous fait entamer la définition pratique de ce terme.

L’évaluation normative

                   L’évaluation normative consiste à classer individuellement les élèves selon un ordre de mérite. Dans l’idée de normative, il y a l’idée de norme. On effectue donc un classement dans le groupe constituant une norme. Ainsi, on compare la performance d’un élève à celle de ses camarades au sein d’un groupe. Alors, on classe l’individu par rang et par rapport à son groupe. Cela signifie qu’une évaluation est normative si les résultats obtenus de l’élève sont comparés à ceux de ses condisciples selon une norme en vue de classement. C’est une évaluation menée pour détecter les meilleurs élèves d’une classe ou d’une école ou d’un établissement. Au large, cette détection peut avoir comme champs d’application une province ou une nation toute entière etc. Tel est le cas d’un concours national voire international. Pour attribuer une place pour des élites on procède à l’axe de référence normative. Il en est de même, si on ne prend comme norme qu’une classe, la qualification d’élèves admissibles au niveau supérieur etc. Marc André Nadeau distingue l’utilisation possible de l’évaluation normative : Pour classer les étudiants dans les groupes distincts selon certaines caractéristiques tels l’intérêt, la personnalité, l’aptitude ou toute autre variable reconnue comme étant reliée à une stratégie particulière d’enseignement ou encore à un style d’apprentissage donné.6 La détermination des X meilleurs élèves se fait par l’identification et la sélection pour classer les élèves qui correspondent mieux aux caractéristiques souhaitées après les avoir confrontés à un ensemble de questions choisies pour discriminer.

L’évaluation formelle

                    Il y a de formalité qui doit être strictement suivie pour la bonne marche de l’éducation nationale. Le ministère élabore un calendrier scolaire qui prévoit les périodes de travail et les périodes de vacances. Avant que les élèves se vaquent, les établissements scolaires procèdent à des évaluations des acquis. Ces évaluations sont formelles dans la mesure où elles ne sont pas à l’initiative de quelques enseignants. Certes, quelque chef d’établissement peuvent collaborer pour examiner collectivement les connaissances de leurs élèves, mais cet examen devrait être en accord avec les évaluations prévues par le calendrier scolaire. Le moment où se déroulent ces évaluations est conventionnel. En effet, il est aussi prévu par le programme. Donc, il faut toujours se référer au programme et au calendrier avant de réaliser une évaluation. Dans ce cas, elle est formelle car il y a de conformité avec le règlement en vigueur. La plus grande partie de l’évaluation sommative sont comprise dans l’évaluation formelle. En outre, par cette occasion les parents se renseignent sur la façon de travailler des enfants à partir des résultats scolaires et celle de leurs enseignants. En d’autres termes, les résultats de l’évaluation formelle ne se bornent pas tout simplement dans la classe ou dans une école, mais et surtout ils peuvent aboutir aux parents par le biais d’un bulletin de note. Ainsi, l’évaluation formelle est un fil conducteur qui relie l’élève, l’enseignant et les parents.

Constat de prérequis et mesure de progrès didactique

                         Vu l’avancée de la science et de la technologie, surtout à notre millénaire, il ne faudrait pas considérer les élèves comme ignorants. Chacun a toujours ses expériences à partir de maintes circonstances qu’il a vécues. Les connaissances qu’il a pues tirer de ces expériences s’appellent le préacquis. Le test qui a pour but de mesurer la connaissance générale des élèves permet de le reconnaître. Parmi ces connaissances générales il y a celle qui est nécessaire pour l’assimilation d’un nouveau savoir. Elle s’appelle le prérequis. L’enseignant doit constater ce prérequis avant de commencer son enseignement dans la mesure où cela sert de base. C’est par l’évaluation prédictive qu’on peut constater la stabilité de la base sur laquelle va s’élever le contenu du savoir qu’on va enseigner. Cette évaluation permet donc d’adapter le contenu de l’enseignement en fonction de l’expérience des élèves. C’est en fonction du niveau de connaissance atteint que l’enseignant transformerait le savoir de référence (objets d’enseignement) en savoir à enseigner (objets effectivement effectués). Sans constater le prérequis d’élèves il est impossible d’arriver à faciliter la compréhension des informations à transmettre. Si le maître ignore le préacquis et le prérequis de ses élèves il ne sera pas capable de structurer les contenus qui seront traduits dans des formes susceptibles d’aiguiser l’intérêt et de susciter le développement d’habiletés chez les élèves. Autrement dit, et en bref, l’évaluation prédictive permet de savoir si l’élève est prêt à commencer un nouvel apprentissage. Par conséquent, elle permet de conceptualiser d’une manière anticipée les structures cognitives préexistantes des élèves. De ce fait, l’enseignant peut prendre une décision si l’élève peut accéder à un niveau d’enseignement qu’on va donner ultérieurement. Comme l’évaluation prédictive sert à constater les prérequis et à orienter l’apprentissage, elle a les fonctions suivantes :
• décider de l’orientation d’élève ou de son acceptation dans un établissement ;
• diagnostiquer les difficultés de l’élève à partir des compétences censées être acquises l’année précédente ;
• préparer aux nouveaux apprentissages.
L’avantage de cette évaluation est donc de permettre aux enseignants de connaître les aptitudes pouvant servir de base et de catégoriser les élèves en fonction de leur niveau pour pouvoir doser son enseignement en conséquence. On peut mesurer les aptitudes, les formes de raisonnement intervenant dans un apprentissage donné qui permettent à leur tour de différencier les apprenants. En revanche, quelques inconvénients de l’évaluation prédictive sont les suivants :
• les maîtres s’estiment satisfaits dès que leurs élèves atteignent le niveau minimum prévu ;
• les épreuves ne sont en rien explicatives d’une difficulté probable ;
• elles ne constituent qu’une sonnette d’alarme et doivent être suivies d’observations cliniques plus approfondies de « cas cliniques » 16
C’est de cet inconvénient de l’évaluation prédictive que pousse l’idée selon laquelle nos réflexions se consacrent sur la nécessité de l’évaluation didactique. Cette évaluation se manifeste en grande partie sous forme d’évaluation formative. En effet, au fur et à mesure de l’accès à chaque séquence, il faut vérifier si la leçon précédente a été bien acquise avant d’aborder la suivante. D’ailleurs, tout découpage, dès les parties en passant par les chapitres jusqu’aux sujets des leçons, il y a une succession cohérente et logique des contenus. S’il n’existe pas donc d’évaluation entre des leçons qui se mettent bout à bout, l’enseignant agit à l’aveuglette comme une voiture qui roule dans la nuit sans phare. Le cours donné sans évaluation didactique ou formative est comparable à une lettre envoyée sans réponse. L’expéditeur n’est pas sûr si cette lettre est arrivée à sa destination ou non. Une leçon transmise mais qui n’est pas acquise et que le professeur continue toujours sans s’assurer si les étudiants l’ont comprise, celui-ci est comparable à un constructeur d’une maison qui ne tient pas compte de la solidité de la fondation mais qui se tâche seulement et précipitamment de l’élévation des murs. En fait, il faut savoir doser le gravillon, le sable, le ciment pour que la fondation soit solide. Il en est de même, il faut rendre compatible la possibilité d’acquisition d’élève et le dosage des contenus de l’objet d’enseignement puis savoir mesurer le progrès d’apprentissage tout au long du parcours. Aussi faut-il s’assurer si son interlocuteur a bien entendu, bien compris et bien retenu ce qu’on lui a dit. D’où la nécessité des exercices de contrôle didactique à chaque moment opportun. Ceux-ci sont très importants dans la mesure où ils permettent de s’assurer si ce qu’on a donné est reçu ou pas. Cette évaluation peut se faire soit par oral (pour chaque séance) soit par écrit (pour une séquence ou un ensemble d’unités pédagogiques). Par les moyens d’entretien ou de conversation, une petite évaluation permet immédiatement de mesurer les connaissances acquises par l’apprenant au cours ou au terme de son apprentissage (savoir, savoir-faire ou savoir-être). Oralement, l’évaluation didactique est facile à réaliser car il n’y a pas trop de matériel à préparer et il n’y a pas beaucoup de temps perdus. Donc, elle permet d’avoir un résultat très rapide et une prise de décision tout de suite concernant la continuation d’une leçon comme prévue ou une interruption momentanée si nécessaire, selon la circonstance. Par l’évaluation écrite, le professeur peut mieux détecter le dysfonctionnement dans les productions de la classe, constater les lacunes importantes qui gênent la poursuite des apprentissages et repérer l’opportunité occasionnant l’autoévaluation lors de la correction des devoirs. En réalité, il est plus formateur de parvenir à s’évaluer soi-même. L’autoévaluation permet à l’apprenant de se situer par rapport aux différents savoirs, de se rattraper et d’adopter une nouvelle stratégie d’apprentissage le plus efficace possible étant donné que l’objectif doit être connu par celui ou celle-ci. Somme toute, l’évaluation didactique peut être conçue comme un point de départ (comme le test de pronostique) et elle s’applique aussi et surtout à des élèves ayant suivi le même programme en cours. Enfin, l’exercice de contrôle, en tant qu’évaluation est un miroir qui donne l’image de tout ce qu’on a transmis. Il permet de faire un relevé des erreurs et réfléchir sur leurs causes possibles afin d’élaborer les activités de remédiation d’une part et de régulation d’autre part. Cela nous conduit sur le deuxième rôle primordial de l’évaluation didactique.

Souci permanent de l’objectif attendu

                      Deux psychologues nous font remarquer que dans l’évaluation : L’objectif est donc d’obtenir une double rétroaction, rétroaction par l’élève pour lui indiquer les étapes qu’il a affranchies dans son apprentissage et les difficultés qu’il rencontre, rétroaction pour le maître pour lui indiquer comment se déroule son programme pédagogique et quels sont les obstacles auxquels il se heurte. 34 Les difficultés rencontrées par les élèves et les obstacles heurtés par le maître doivent être conçus primordialement en rapport avec les objectifs d’enseignement. Dans l’idée de primordiale il y a l’idée de premier et l’idée de base. Avant qu’on enseigne il faut avoir dans sa tête les objectifs à saisir. Donc, le souci premier de tout enseignant est d’atteindre ces objectifs ; puis, il faut que la base de tout enseignement tourne autour de l’objectif. L’évaluation didactique doit se soucier toujours de l’atteinte d’un objectif ciblé. Voilà pourquoi, le fait de constater que ce qu’on a transmis a été intégralement acquis ne suffit pas encore dans la mesure où une mal interprétation d’un l’objectif peut mener l’enseignant à suivre un faux itinéraire par lequel il va conduire sa leçon. En d’autres termes, la non correspondance de l’objectif avec le contenu de la leçon du jour n’entraîne pas à l’aboutissement à la fin visée. La raison pour laquelle, acquérir ce qu’on transmet n’est pas le seul critère de satisfaction d’un enseignant. L’évaluation en tant que contrôle didactique priorise avant tout toutes les priorités des objectifs attendus. Par conséquent l’esprit de toute évaluation doit appréhender les objectifs dans tous leurs aspects et dans toute leur complexité. Ces objectifs doivent être bien interprétés un à un d’une manière continuelle et progressive. Si une éventuelle situation d’évaluation ne permet pas de contrôler les aspects importants des objectifs il faut la modifier c’est-à-dire prévoir une situation d’évaluation complémentaire. Il faut donc savoir fixer le contenu de celle qui est étroitement liée au choix de l’objectif à évaluer. En outre, les enseignants se souciant toujours de l’objectif ciblé devraient prendre soin de leur façon de questionner. Mais une attention particulière devrait être portée à la formulation des questions car toute question mal comprise ou ambiguë amène des réponses pauvres ou hors du sujet.35 Ainsi, il faut décider du type d’items : question fermée, ouverte, cafeteria, à choix multiple, de type appariement, réarrangement, vrai ou faux, à réponse courte ; ainsi que leur nombre et leur forme. Sur le plan technique et didactique, le professeur devrait préférer les questions précises exigeant des réponses plutôt brèves tout en indiquant exactement ce que l’apprenant doit faire sans toutefois le faire pour lui. Ce qui veut dire qu’il faut donner des directives claires et complètes. Si nécessaire, fournir des instructions complémentaires ou des réponses types ; mais les réponses suggérées doivent être consistantes et appropriées. Il faut, en outre, réaliser l’évaluation d’une manière progressive (de plus simple au plus complexe) et d’une façon logique (la réponse à la première question déclencherait systématiquement celle de la suivante et ainsi de suite). Il faut savoir les arranger : identification, ordre de présentation et de disposition des items. Par la suite, nous proposons rigoureusement l’utilisation de la grille d’évaluation conceptualisée simultanément avec la grille de préparation des leçons. Ce procédé consiste à bien repartir les travaux tels, entre autres, que le nombre de séances en fonction d’un ou des objectif(s). Il faut préparer les grilles en utilisant de tableau synoptique avec au moins quatre colonnes : items, réponses, critère d’évaluation et seuil de réussite… Enfin, si c’est possible l’étude de la didactique des disciplines débuterait à partir du niveau B de l’Ecole Normale Supérieure pour mieux aider les stagiaires. Dès lors, il faut les avertir de l’importance de l’évaluation didactique et les sensibiliser de ne jamais la négliger lorsqu’ils seront en train de pratiquer leurs services.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE LES CARACTERISTIQUES GENERALES DE L’EVALUATION 
I.1.ESSAI DE DEFINITION 
I.1.1.Définition théorique (quotidienne)
I.1.2.Définition opérationnelle(pédagogique)
I.1.3. Le contrôle et l’évaluation
I.2.CLASSIFICATION DE L’EVALUATION
I.2.1.Les axes de référence
I.2.1.1. L’évaluation normative
I.2.1.2. L’évaluation critériée
I.2.2. Les types d’évaluation
I.2.2.1 L’évaluation prédictive
I.2.2.2 L’évaluation formative
I.2.2.3 L’évaluation sommative
I.2.3. Les formes d’évaluation
I.2.3.1 L’évaluation formelle
I.2.3.2 L’évaluation informelle
DEUXIEME PARTIE LA NECESSITE DE L’EVALUATION
II.1.LE POURQUOI DE L’EVALUATION 
II.1.1.Constat de prérequis et mesure de progrès didactique
II.1.2. Facteur de régulation et de remédiation
II.1.3. Vérification d’atteinte d’objectif par l’étude des conditions d’appropriations des savoirs
II.2.LE COMMENT DE L’EVALUATION
II.2.1.Les moments de l’évaluation
II.2.2 L’administration du questionnaire
II.2.2.1 Etape à suivre
II.2.2.2 Classement des types de questionnement
II.2.3 La cohérence tripartite : évaluation, contenu et objectif
TROISIEME PARTIE  PROBLEME ET PROJET DE SOLUTION
III.1 INVENTAIRE DES PROBLEMES 
III.1.1 Problème temporel
III.1.2. Problème méthodologique
III.1.3.Problème de finalité
III.2. PROPOSITION DE SOLUTION
III.2.1.Organisation des temps
II.2.2.Choix de méthodes et techniques
III.2.3.Souci permanent de l’objectif attendu
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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