LA NATIONALISATION PROGRESSIVE DU COMMERCE EXTERIEUR (1962 – 1978)
Au lendemain de son indépendance, l‘Algérie était confrontée à une situation chaotique, caractérisée par une vulnérabilité extérieure et une tendance persistante au déséquilibre de commerce extérieur. Cette situation risquait de s‘aggraver avec l‘adoption d‘un modèle de développement autocentré basé sur les industries industrialisantes qui nécessitait un recours accru aux importations de biens d‘équipement et matières premières indispensables pour la réalisation des objectifs planifiés. L‘option du gouvernement algérien était alors de faire intervenir l‘Etat dont les moyens d‘action se résument en une politique d‘austérité, décidée afin de rationaliser les importations et par conséquent de réduire le déficit extérieur. Cette politique aboutira en 1978 à l‘instauration de monopole de l‘Etat sur le commerce extérieur. Ce chapitre sera consacré à l‘étude de la mise en place progressive du monopole de l‘Etat sur le commerce extérieur. En effet, après avoir rappeler l‘évolution de commerce extérieur durant la période coloniale, nous présenterons, dans un premier moment, la politique d‘austérité suivi juste après l‘indépendance puis, dans un second, nous citerons les organes de commerce extérieur tout en insistant sur les monopoles d‘Etat et l‘institution du programme général d‘importation. Enfin, nous tenterons une description chiffrée sur l‘évolution du commerce extérieur et des principaux partenaires.
Quelques caractéristiques de l’économie algérienne avant l’indépendance
Dés son débarquement en Algérie, la France a mis en place une administration coloniale qui, en expropriant les paysans algériens des terres les plus fertiles, localisées au nord et à proximité des principaux ports, se fixe comme objectif la défense et la sauvegarde des intérêts acquis par les coloniaux. La pratique inégalitaire de l‘administration coloniale et les différences, à la fois ethniques et religieuses, ont encouragé le décloisonnement des deux communautés et la juxtaposition de deux secteurs agricoles : d‘une part, un secteur traditionnel, réservé à la communauté musulmane (employait la quasi-totalité de la population active algérienne , soit environ 87,9%) et orienté vers l‘autoconsommation, d‘autre part, un secteur moderne (concentré en majeure partie sur la vigne), caractérisé par une forte productivité du travail et une utilisation massive des moyens industriels, réservé à la minorité coloniale et destiné à la satisfaction des besoins exogènes à l‘économie algérienne.
Le secteur agricole était la principale source d‘accumulation tandis que l‘industrie, du fait de quelques problèmes1, était embryonnaire et portait essentiellement sur les industries extractives (minerai de fer et de phosphates) et quelques industries de transformation dans les secteurs alimentaire, textile, céramique, constructions mécaniques, cuirs et peaux. A partir de la deuxième guerre mondiale on assiste à l‘émergence de quelques autres industries de transformation (chimiques et métalliques) et à un essor considérable les industries des métaux de construction. Néanmoins, malgré cette diversification de ses productions, le secteur industriel de l‘Algérie était faible et dépendait largement de l‘extérieur. En effet, l‘activité industrielle ne fournissait qu‘environ ¼ de la Production Intérieure Brute à la veille de l‘indépendance et ne couvre qu‘une partie de la consommation, le reste étant assuré par un recours permanent à la métropole. Pour permettre une plus grande intégration de l‘économie algérienne au sein de l‘économie française, les autorités coloniales ont dû mener une vaste politique d‘investissement. En effet, au cours de la période 1950 – 1961, période couverte par deux plan quadriennaux (1948 – 1956) et le plan de Constantine, les investissements ont représenté un taux variant entre 30,6% en 1951 et 25,3% en 1956 de la production intérieure brute (PIB), ceci pouvait paraître profitable au développement de l‘économie algérienne mais il n‘en était pas pour deux raisons :
Structure géographique des échanges extérieurs de l’Algérie
Jusqu‘à l‘indépendance l‘économie algérienne était extravertie. En effet, la France, qui en intégrant l‘économie algérienne dans la sienne, monopolisait environ 80% de son commerce extérieur. Le tableau N° 04 ci- dessus montre que la quasi-totalité des exportations algériennes sont orientées vers la métropole. En effet, sur un total de 68922 millions Francs de ventes durant la période 1906-1938, la métropole en a acquis prés de 78,5%, les colonies françaises un peu moins de 6% et l‘Angleterre, par ses importations d’alfa et de minerai de fer, un peu plus de 4%. Les autres clients traditionnels sont l‘ensemble des pays capitalistes : l’Alle-magne, l’Italie (où l’Algérie exporte des fruits et légumes, des orges, des minerais de fer et des phosphates), Pays-Bas, Espagne, l‘Union belgo-luxembourgeoise, Autriche-Hongrie et enfin les Etats-Unis d’Amérique (minerai de fer, liège, huile). A ceux-là s‘ajoutent le Brésil, l‘URSS, les colonies anglaises et le Maroc par lequel transitent des marchandises vers les pays d‘Europe et d‘Amérique pour des raisons tarifaires.
A partir de la deuxième guerre mondiale (période 1949-1955), la France conserve la première place, néanmoins sa part baisse de 7 point par rapport à la période précédente. Les parts de la Grande Bretagne et de la RFA se renforcent tandis que celle des Pays-Bas chute à la 9e position. Il est à noter enfin la percée de la Tunisie et des Démocraties populaires et l‘apparition de Japon qui a signé ses premiers contrats avec l‘Algérie en 1950. Quant à la liste des principaux fournisseurs, elle est identique à celle des principaux clients avec toutefois de légères modifications dans le classement. En effet, entre 1906 et 1938, les Etats-Unis classés au 8e rang des clients sont 4e fournisseur ; le brésil 14e client est 5e fournisseur ; l‘Espagne 10e client est 6e fournisseur. A partir de la deuxième guerre mondiale, en dehors de la zone franc, l‘Algérie trouvent dans les Etats-Unis le meilleur fournisseur par ses exportations de houille, de machines et tracteurs, suivis de la Grande-Bretagne qui a toujours occupé une place privilégiée dans les échanges commerciaux de l‘Algérie. Dans le tableau N° 05 ci-après est consignée la liste des 14 principaux fournisseurs de l‘Algérie
L‘intégration de l‘Algérie dans l‘espace douanier français l‘avait contraint à concentrer plus de 80% de ses échanges avec la France. En effet, jusqu‘à l‘indépendance, l‘Algérie exportait vers la métropole essentiellement des produits agricoles (agrumes, vins, tabac, primeurs), des produits bruts et des matières premières non traitées (minerais, cuirs, peaux, liége). La métropole, à son tour, assurait l‘approvisionnement de sa colonie par des produits finis destinés à la consommation, la part des produits d‘équipement étant inférieure à 20% de l‘ensemble les importations. La balance commerciale de l‘Algérie était la plupart du temps déficitaire et lorsqu‘on pense que la valeur des 80% des importations totales est sous estimée, on aperçoit que dans la réalité la situation est pire qu‘elle nous l‘avions montrée. Quant au plan de Constantine (1959 – 1962), son impact sur la balance commerciale a été néfaste dans la mesure où l‘implantation d‘investissements destinés à la lutte contre le chômage a conduit à un relèvement du niveau de vie d‘une large partie de la population qui, en l‘absence de mesures protectionnistes, a stimuler la demande, et par conséquent l‘importation de biens de consommation. En effet, entre la première et la deuxième année de l‘exécution du plan de Constantine, les importations des biens d‘équipement n‘ont augmenté que de 3.1%, tandis que celles en biens de consommation ont augmenté de 8.3%.
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Table des matières
Introduction générale
Première partie : Le commerce extérieur de l’Algérie durant la période du socialisme
Introduction de la première partie
Chapitre 01 : La nationalisation progressive du commerce extérieur (1962 – 1978
Introduction
1- Le commerce extérieur de l‘Algérie sous la domination française
2 – La politique protectionniste
3 – Les organes de commerce extérieur
4 – L‘institution du Programme Général d‘Importation (PGI)
5 – Le statut des exportations
6 – Aspect général de l‘évolution du commerce extérieur durant la période 1962–1978
Conclusion
Chapitre 02 :La confirmation du monopole de l’Etat sur le commerce extérieur(1978-1988).52
Introduction
1- La loi 78.02 du 11 février 1978
2-Les réformes de 1981 et 1982
3 – évolution du commerce extérieur
4 – l‘apparition des difficultés financières
5- L‘autonomie des entreprises publiques
Conclusion
Conclusion de la première partie
Deuxième partie : La libéralisation du commerce extérieur et ses impacts sur l’économie algérienne
Introduction de la deuxième partie
Chapitre 03 : La libéralisation du commerce extérieur
Introduction
1- Le libre échange
2- Régime de commerce extérieur depuis 1988
3- l‘Algérie sous les orientations du FMI
4- Le régime du commerce extérieur depuis 1994
5- L‘accord d‘association entre l‘Algérie et l‘union européenne
Conclusion
Chapitre 04 : Impacts de la libéralisation du commerce extérieur sur l’économie
Introduction
1- Evolution de commerce extérieur
2- Evolution du secteur industriel
3- Evolution de la situation de l‘emploi depuis 1990
4- La multiplication des intervenants dans le commerce d‘importation
5- L‘impact de la libéralisation de commerce extérieur sur les revenus de douane
6- L‘impact de la libéralisation de commerce extérieur sur l‘attraction des IDE
7- La nécessité d‘une protection pour l‘économie algérienne
Conclusion
Conclusion de la deuxième partie
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
Liste des tableaux
Liste des graphiques
Table des matières
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