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La naissance des premières agglomérations au néolithique chinois
La naissance des premiers villages en Chine
Une agglomération est «un groupe d’habitations, constituant un village ou une ville indépendamment des limites administratives.» Elle n’est pas quelque chose de naturel, mais due au travail de l’homme. En effet, l’homme l’a créée à un moment donné, une fois le développement de la sociétéparvenu àun certain niveau.
Durant la longue période paléolithique, l’homme vivait de la cueillette et de la chasse. Ces deux activités obligeaient les hommes àvivre une vie nomade.
La période néolithique est définie par l’historien et archéologue français Michel Brézillon comme «la phase du développement technique des sociétés humaines correspondant àleur accession àune économie productive »(extrait du dictionnaire encyclopédique Larousse, 1979, p. 969). Cette période peut, «par cet aspect socio-économique, être considérée comme révolutionnaire, bien plus que par l’emploi de la pierre polie, d’où elle tire son nom […]; l’élevage et surtout l’agriculture sont à l’origine de la sédentarisation de l’homme, de son établissement en communautés villageoises et, par là même, de l’architecture. Il semble que le néolithique se soit diffuséà partir de plusieurs foyers, dont les principaux sont situé en Amérique centrale, dans le Sud-Est asiatique, en Chine et au Proche-Orient, oùles premiers établissements remontent àenviron 8 000 avant J.-C. »(dictionnaire encyclopédique Larousse, 1979, p. 969), ainsi que le rappelle le dictionnaire encyclopédique Larousse.
Quelques siècles avant notre ère, Mozi5 (2008) a démontréque les peuples de la haute Antiquité s’installaient sur les coteaux et tertres. Les coteaux et les terrasses sur l’eau ainsi que les petits bassins entourés des montagnes constituent les principaux berceaux de l’agriculture chinoise. Il s’agit de lieux qui possèdent des terres cultivables, et permettent à l’homme de profiter dans la mesure du possible de l’eau en parant aux crues.
Cela s’est confirmé lors de la découverte de nombreux sites archéologiques néolithiques dispersé dans différentes régions chinoises. Parmi ces vestiges apparaissent les premières agglomérations chinoises, on peut citer :
– le site de Pengtoushan (7100-5800 av. J.-C., district de Lixian, province du Hunan), situésur une terrasse au bord de la rivière Li
– le site de Houli (6200-5800 av. J.-C., district de Linzi, province du Shandong), situésur le coteau est de la rivière Zi
– le site de Xinglongwa (6200-5400 av. J.-C., district de Aohan, Mongolie Intérieure), situésur le coteau ouest de la rivière Mangniu
– le site de Beigang au villaged’Egou (6000-5700 av. J.-C., district de Xinmi, province du Henan), situédans un bassin triangulaire entouréde montagnes, les rivières Shou et You y confluent en offrant une terre fertile
– le site de Dadiwan (5800-3000 av. J.-C., district de Qin’an, province du Gansu), situésur une terrasse au bord de la rivière Qingshui ;
– le site de Peiligang (5500-4900 av. J.-C., district de Xinzheng, province du Henan), situésur une terrasse contournée par la rivière Shuangji ;
– le site de Cishan (5400-5100 av. J.-C., district de Wu’an, province du Hebei), situésur une terrasse de 25 m en haut du lit de la rivière Ming ;
– le site de Yangshao (5000-4000 av. J.-C., district de Mianchi, province du Henan), situésur une terrasse en loess limitée par des montagnes calcaires au nord et deux petites rivières à l’est, à l’ouest et au sud ;
– le site de Daxi (4400-3300 av. J.-C., district de Wuxian, municipalité de Chongqing), situéprès de la sortie de la gorge Qutang (une des Trois Gorges du Yangtsé), sur une terrasse àla confluence du Yangtséet de la rivière Daxi ;
– le site de Yedian (4200-2700 av. J.-C., district de Zoucheng, province du Shandong), situésur une plate-forme limitée par la rivière du Dragonau sud et par la montagne Yi au sud-est ;
– le site de Majiayao (3100-2700 av. J.-C., district de Lintao, province du Gansu), situésur une terrasse de la rive ouest de la rivière Tao ;
– le site de Qujialing (3000-2600 av. J.-C., district de Jingshan, province du Hubei), situédans un bassin triangulaire oùconfluent deux petites rivières.
Se regroupant dans ces villages permanents, de petites communautés humaines y développent l’agriculture en complément de la chasse, de la pêche et de la cueillette, puis pratiquent l’élevage et enfin cultivent les arts du feu (notamment la poterie et la métallurgie du bronze), du jade et de la soie.
L’archéologue chinois SHI Nianhai (1981), après avoir étudié tous les sites néolithiques des bassins des deux principaux affluents du fleuve Jaune, la Wei et la Jing, a fait le bilan suivant :
– Aucun de ces sites ne s’éloigne de la rive au-delàde trois li6;
– Ces sites longent plutô les petites ou moyennes rivières que les grandes ;
– Les habitants de l’époque s’attachaient pendant très longtemps aux rives fertiles, tardant àgagner les plateaux plus élevés ;
– Le site est choisi selon la hauteur des crues et les hommes évitaient de construire leurs villages dans les endroits risquant les inondations.
L’archéologue cite l’exemple du bassin de la rivière Wei considéré comme le berceau de la civilisation chinoise. La Wei traverse la banlieue nord de Xi’an. Sur les rives de cette section il n’existe aucun site archéologique ayant l’air d’une agglomération. Dans la même région, on en trouve beaucoup le long des affluents de cette grande rivière tels que les rivières Feng, Chan, Yu, Ba et Lao. Dans le Bas-Wei, les sites longent quasiment tous les ruisseaux serpentant dans les vallées des Montagnes Qinling (ou Ts’in-ling) ; mais sur la Wei même, il n’y en a aucun.
Les villages chinois du néolithique inférieur
A partir des découvertes archéologiques, les chercheurs croient que les agglomérations chinoises du néolithique inférieur étaient réparties sous la forme de liane en considérant la rivière comme tige et les villages comme feuilles.
La distance entre deux sites voisins se situe entre un li et plus de trois li. La dimension d’une agglomération de l’époque était communément plus grande que celle d’un village de nos jours. Par exemple le site du village Yijia (district de Xianyang, province du Shaanxi) compte 1,31 km2 et celui du village Xiguan (district de Huayang, province du Shaanxi) 0,92 km2, tous les deux sont plus grands que les villages voisins contemporains. Cela s’explique par le fait qu’à l’époque, le rendement de la terre était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui, et par conséquence la main-d’oeuvre de l’époque devait cultiver plus de terre que ses descendants pratiquant l’agriculture intensive.
De plus, l’agglomération de l’époque disposait de plusieurs fonctions telles que celles d’habitation, de production et de protection, il est donc compréhensible qu’elle demanda une parcelle de terre plus grande.
Les cheng préhistoriques chinoises, sont-elles de véritables villes?
La réponse à cette question n’est pas évidente à donner. La difficulté de la définition de la ville tient àses propres caractéristiques : une taille, mais également des fonctions diverses et surtout une autonomie politique »et «on fait aussi souvent la distinction entre ville et village avec les activités dominantes, en tenant compte de la population : la ville n’a pas une activité essentiellement agricole ou artisanale, contrairement au village, elle a aussi une activité commerciale, politique, intellectuelle. Avec cette définition contemporaine, il est difficile d’affirmer que toutes les cheng préhistoriques chinoises citées ci-dessus étaient de véritables villes. D’une part, les traces des activités commerciales et politiques sont ordinairement plus difficiles àidentifier que celles des activités agricoles, artisanales et religieuses.
D’autre part, peut-on avoir assez d’arguments pour évaluer les proportions des différentes activités dans une telle ou telle cheng ?
Effectivement, les seuils de surface et de population permettent d’établir qu’un regroupement soit un hameau, un gros village, un bourg ou une ville sont relatifs, et la définition de la ville varie également dans l’histoire et selon les territoires. On ne peut pas affirmer que ces cheng préhistoriques chinoises étaient de véritables villes remplissant les fonctions urbaines contemporaines. La présence des équipements commerciaux tels que des traces de marchéidentifiées sur certains sites comme ceux de Taosi et de Lingjiatan18 montre qu’une espèce d’agglomération plus ou moins urbaine comme un bourg existait déjà au néolithique chinois. De nombreuses légendes chinoises telles que celle de Zhurong19 Zuo Shi (Zhurong créa le marché) le révèlent aussi.
Villages chinois : trois millénaires d’évolution
L’évolution de l’organisation administrative des milieux ruraux chinois de la première dynastie jusqu’à la dernière
La civilisation chinoise est la civilisation actuelle dont les origines directes sont les plus anciennes. Depuis 3 500 ans, les dynasties successives ont développéun système bureaucratique élaboré, qui donne aux paysans chinois un avantage important par rapport aux nomades et aux montagnards voisins.
Dans une sociétéfortement agricole dont les richesses étaient essentiellement créées par les communautés rurales, la stabilitéet la continuitédu pouvoir central reposaient certainement sur un contrôle efficace des campagnes. Cependant, si l’appareil d’Etat s’était implanté dans les innombrables villages répartis sur un territoire immense, cela aurait entraîné inévitablement un énorme coût dépassant sans doute la capacité de l’Etat et des conflits d’intérêts entre l’Etat et les forces locales. Par conséquent, en plus du système bureaucratique, ces dynasties ont développé diverses institutions comme des sous-circonscriptions rurales profitant d’un personnel local payé ou pas.
Remontons à la dynastie Shang. Précédée par la mythique dynastie Xia qui aurait régnédu 21e au 16e siècle avant J.-C., les Shang sont la première dynastie chinoise riche en vestiges archéologiques et en témoignages écrits. Les Shang avaient un système social, des croyances et traditions bien précis, tel qu’être enterré avec ces objets, esclaves et armes pour pouvoir revenir sur terre. Mais ils pensaient aussi que la terre était carrée et qu’ils régnaient au centre de celui-ci. Ils se désignaient comme Zhong Shang, oùzhong se traduit par «central ». Leur territoire était idéalement diviséen quatre parties, les «Quatre Pays »(si tu), orientés selon les quatre points cardinaux. La dynastie était divisée en lignées (zu), qui étaient des groupes d’ascendance patrilinéaire. Ces lignées fonctionnaient comme des entités politiques dont les membres étaient liés au roi par une hiérarchie de liens de parenté, de privilèges et d’obligations. Ils aidaient le roi lors des guerres ou des chasses et recevaient en échange une assistance militaire et religieuse. La lignée royale (wang zu), qui comprenait le souverain et ses fils, constituait le cœur de la dynastie. A la tête de leurs propres lignées, les princes adultes (zi) participaient aux sacrifices aux ancêtres royaux. Pourvus d’un fief, ils envoyaient au roi des hommes, des plastrons de tortue et un tribut.Les nobles habitaient dans des villes centrées autour de leurs palais. Ils se consacraient exclusivement aux activités religieuses, àla chasse et àla guerre. Les devins ou les artisans se regroupaient dans ces cités, qui étaient de petite taille. Les paysans vivaient dans des hameaux (yi) entourés de champs. Ils cultivaient principalement le millet (shu ou he) mais aussi le blé ou l’orge. Des exploitations agricoles étaient contrôlées par le roi, qui les confiait àdes paysans dirigés par des officiers.
C’est sous le règne des Zhou (1046-256 av. J.-C.) que l’organisation administrative connut un développement considérable. En inféodant le reste du territoire aux membres masculins de la grande famille royale et aux fidèles officiers du souverain, les Zhou ne dominaient que leur lieu d’origine de façon directe : la vallée de la Wei dans l’actuelle province du Shaanxi. Dans un rayon de 50 km à partir du palais royal, il s’agissait de la « capitale » (guo) et au-delà, c’était la «campagne »(ye).
A l’intérieur du guo, les cinq foyers (jia) constituaient un bi. Cinq bi faisaient un lü. Quatre lüfaisaient un zu. Cinq zu faisaient un dang. Cinq dang faisaient un zhou. Cinq zhou faisaient un xiang bases administratives d’un Etat centralisé et favorisa l’unité culturelle du territoire. Durant ses quinze années de domination, elle réorganisa l’Empire avec un système impérial de jun (préfectures) et de xian (districts) qui mit en place une base géographique et bureaucratique pour les dynasties suivantes. Divisé d’abord en 36 jun20 qui furent ensuite subdivisées chaque en nombreux xian21, l’immense territoire des Qin était administré par des représentants de l’empereur. Ces fonctionnaires n’étaient plus nommés héréditairement mais au mérite, cassant ainsi la tradition de la dynastie Zhou.
Succédant àla dynastie Qin, la dynastie Han régna sur la Chine de 202 avant J.-C. à220 après J.-C. avec une courte coupure par la dynastie Xin (9 – 23). Sous les Han occidentaux (202 av. J.-C. – 9), l’empire était diviséentre les jun (préfectures) sous administration directe du pouvoir central, et un certain nombre de royaumes semi-indépendants, mais qui furent dépouillés progressivement de leur autonomie. Sous les Han orientaux (25 – 220), les divisions administratives comprendront par ordre décroissant : zhou (province), jun (préfecture), xian (district). L’administration territoriale en trois échelons sera perpétuée pour toutes les dynasties suivantes sauf celle des Sui (581 – 618).
Pour compléter l’articulation administrative sous les districts afin de permettre d’étendre le pouvoir impérial jusqu’au peuple, les Qin et les Han développèrent des institutions et des sous-circonscriptions rurales échelonnées en deux niveaux : xiang (cantons) et li (communes). Sous les Han occidentaux, en règle général, un xiang s’établit sous un district peuplé de plus de 500 foyers, deux pour un district ayant plus de 3 000 foyers, trois pour plus de 5 000, quatre pour plus de 10 000. Le nombre de li sous un xiang pouvait varier entre une dizaine jusqu’à une centaine. Un li comptait entre une cinquantaine et une centaine de foyers. Le xiang et le li étaient tous les deux administré en commun par quelques fonctionnaires émanant des pouvoirs supérieurs et de l’élite locale. Par exemple les chefs de clan, âgés et vertueux jouaient un rôle important dans la vie communautaire. D’après certains historiens chinois, à cette époque, ni le xiang ni le li ne constituait un appareil d’Etat officiel et complet. Malgrédes modifications et des réformes, ce système sera globalement perpétué jusqu’en 589 où l’empereur Wendi de la dynastie Sui (581 –
618) le remplaç par un nouveau système dans lequel le pouvoir de xiang sera restreint avec l’annulation du pouvoir judiciaire local.
Une puissance importante du clan
Beaucoup de savants comme Liang Shuming (1949) ont remarquéle rôle important et fortement déterminant que jouait le système clanique dans la totalitéde la culture chinoise à l’époque impériale. Chen Guyuan (1934, p. 63)29 a également révélé: «Dans l’oganisation sociale, le clan est plus important que l’individu et il passe avant la nation. […] Une caractéristique de la société chinoise est d’être fondée sur le clan. »
Composé d’un certain nombre de familles (jia), le clan comprend tous les individus issus d’une même souche (zong). Il a un nom (xing) et se réclame d’un ancêtre illustre, héros historique ou légendaire. Le clan possède àtitre de copropriété divers biens parmi lesquels le temple des ancêtres (ci tang). On y conserve les registres généalogiques (zu pu) et les tablettes des défunts (lingwei pai ou shenwei pai). Le clan a un chef : c’est l’homme le plus ancien du nom. Il est consulté pour tout ce qui concerne la vie de la communauté. Il a l’assistance d’une sorte de conseil de famille des membres les plus âgés et il décide souverainement.
Des contraintes de libertéindividuelle
Le confucianisme était l’idéologie politique dominante durant deux millénaires en Chine et constituait la base de l’autorité impériale. Certains sociologues comme Karine Gatelier (2005) 30 indiquent que «la pensé légiste ([ou légaliste]) aura également une grande influence sur les souverains chinois. Partant du postulat que l’homme est par nature égoïste et mauvais, il convient de l’encadrer par des lois. L’individu doit par conséquent se soumettre à la loi édictée par le souverain. Tout procède de l’Etat, appuyé par un puissant appareil coercitif. La liberté individuelle n’existe pas : «l’individu doit sacrifier à l’Etat sa pensée, son travail, et même sa vie si le souverain l’exige, sans considération de ses désirs personnels ou de son bonheur. »(H.G. Creel, [1955])31 Cette théorie sera mise à l’index au profit de la doctrine confucéenne, elle n’en a pas moins conservé une influence importante. »
En effet, comme ce que nous avons montré précédemment, différentes institutions de «contrôle » (c’est-à-dire de prévention et accessoirement de répression des désordres) ne manquaient àaucune dynastie chinoise. Citons celle de bao-jia, remplissant une fonction de police proprement dit, elle restreignait grandement la liberté individuelle : les paysans étaient chargés eux-mêmes de la délation des crimes et délits commis dans le groupe auquel ils appartenaient ou dans les groupes voisins. Toutes ces institutions reposaient sur un régime rigide d’enregistrement des foyers et une politique extrêmement restrictive en matière de migration populaire destiné essentiellement aux paysans.
D’ailleurs, il ne faut pas négliger d’autres contraintes dues surtout à la puissance de la morale confucéenne dans la société traditionnelle chinoise qui soulignait les devoirs de chaque individu envers la famille, le clan, la communauté et la nation plutô que la libertépersonnelle.
Par exemple, nul jeune n’avait le droit de choisir son propre époux ou épouse, son mariage étant conclu d’après un cérémonial très précis, pour lequel son consentement n’était pas requis. Une femme devait obéissance à son père, à son mari après le mariage, àson fils en cas de décès de son mari. Les fils ne pouvaient pas partir loin tant que les parents étaient vivants.
Une domination suprême de l’éthique confucéenne
L’idéologie confucéenne fut le noyau du système social hiérarchique de la Chine impériale. Selon cette idéologie, la famille et l’Etat se structurent de la même manière, c’est-à-dire, la famille est l’Etat en miniature, tandis que l’Etat est l’agrandissement de la famille. De même que chaque famille a un chef, chaque Etat en a un également. De même que les enfants ont leur père, les sujets ont leur souverain. La piété filiale d’un homme à ses parents correspond à sa loyauté envers son souverain.
Ce couplage des notions «famille – Etat »et «piétéfiliale – loyauté»fut ancré pendant très longtemps et profondément dans la mentalitéchinoise notamment avec la diffusion de la doctrine du néo-confunisme 32 . Accentuant l’obligation d’obéissance du sujet envers le souverain, de l’enfant envers les parents, de la femme envers le mari, des jeunes envers les aînés, cette idéologie puritaine fut jusqu’à la fin du XIXe siècle un facteur de stabilité sociale, mais aussi d’immobilisme institutionnel.
Liang Shuming (1949, p.p 17-18) a constaté qu’en Chine traditionnelle, « l’importance du coefficient moral est un trait distinctif de la culture chinoise. […] L’Etat y est amalgamé à la société définie comme substance morale ; le politique se mêle aux rites et aux coutumes, et àtout le processus civilisateur. Quant à la morale, si elle n’englobe toute la culture, elle n’est du moins la composante dominante : «le savoir éthique et le savoir politique constituent ensemble un seul et même savoir »exprime bien la conception confucéene. […] La nation ne repose pas sur la loi, mais sur la morale, les rites, l’éducation et sur les principes immuables qui règlent la conduite des hommes entre eux. » Basées sur le système clanique, les communautés rurales, étant communément des circonscriptions peu ouvertes se confinant dans la routine, représentaient des circonstances idéales de développement de cette réalité.
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Table des matières
RESUME
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
L’urbanisation de la Chine contemporaine
La raréfaction des vieux villages mais le développement du tourisme intérieur chinois
Les relations entre patrimoine et tourisme
Méthodologie et hypothèses
Plan de la thèse
PARTIE 1 L’EVOLUTION DES VILLAGES DANS L’HISTOIRE DE LA CHINE
CHAPITRE 1 LA DEFINITION DES « VIEUX VILLAGES ET BOURGS »
I. La complexité des concepts «village » et «bourg » en Chine
1. Les échelons des divisions territoriales en Chine actuelle
2. «Village naturel » (ziran cun) et «village administratif » (xingzheng cun)
3. Les différentes notions de «zhen » (bourg)
II. La définition des vieux villages et bourgs dans cette thèse
1. La définition de «village »
2. La définition de «bourg »
3. Les villages et bourgs ciblés
4. Les critères de «vieux »
CHAPITRE 2 LA NAISSANCE ET L’EVOLUTION DES VIEUX VILLAGES ET BOURGS EN CHINE
I. La naissance des premières agglomérations au néolithique chinois
1. La naissance des premiers villages en Chine
2. De la ruralité à l’urbanisme
II. Villages chinois : trois millénaires d’évolution
1. L’évolution de l’organisation administrative des milieux ruraux chinois de la première dynastie jusqu’à la dernière
2. Deux mille ans de migrations humaines : facteur déterminant du peuplement en Chine
CHAPITRE 3 QUELQUES CARACTERISTIQUES DANS LA SOCIETE RURALE EN CHINE TRADITIONNELLE
I. Un contrôle indirect par le pouvoir central
II. Une puissance importante du clan
III. Des contraintes de liberté individuelle
IV. Une domination suprême de l’éthique confucéenne
V. Une grande estime pour l’éducation
VI. Un culte polythéiste et omniprésent
VII. Une forte influence de Feng-Shui
CHAPITRE 4 LA DIVERSITE DES VIEUX VILLAGES CHINOIS
I. Une diversité au niveau architectural
1. Bassins centraux du Shanxi
2. Plateau de lœss autour du Fleuve Jaune
3. Préfecture historique de Huizhou
4. Pays au sud du Bas-Yangtsé (Jiangnan)
5. Pays des Hakkas dans le sud-ouest du Fujian
6. Zone historiquement défrichée par les troupes des Ming en garnison dans le Guizhou
II. Une diversité humaine
1. la question de la consanguinité des villageois
2. une diversité des métiers des villageois souvent négligée
PARTIE 2 LA PATRIMONIALISATION DES VIEUX VILLAGES EN CHINE
Introduction
CHAPITRE 5 L’EVOLUTION DE LA NOTION DU PATRIMOINE EN CHINE
I. Des termes qui désignent le patrimoine
II. Une notion de patrimoine très ancienne
III. Une notion de sauvegarde assez récente
CHAPITRE 6 D’UNE SAUVEGARDE FRAGMENTAIRE A UNE PROTECTION INTEGRALE
I. L’application du système de l’Unité de Sauvegarde du Patrimoine
II. Le classement des Villes célèbres d’histoire et de culture et des Secteurs historiques
II. L’introduction de notion du « Quartier historique » et la naissance de notion des «bourgs et villages célèbres d’histoire et de culture »
CHAPITRE 7 LE CLASSEMENT DES VIEUX VILLAGES EN CHINE
I. Le classement des Bourgs et Villages célèbres d’histoire et de culture
1. Les critères initiaux du classement national des Bourgs et Villages célèbres d’histoire et de culture
2. Le système des normes d’évaluation des Bourgs et Villages célèbres d’histoire et de culture
3. La procédure du classement et du déclassement des Bourgs/Villages célèbres d’histoire et de culture de Chine
4. Les six classements des Bourgs/Villages célèbres d’histoire et de culture de Chine
5. Les pratiques locales des classements des Bourgs et Villages célèbres d’histoire et de culture
II. D’autres classements des vieux villages
1. Villages de paysage de Chine
2. Villages traditionnels
3. Bourgs et Villages célèbres de paysage et de tourisme
III. Les contributions des universitaires à la patrimonialisation des vieux villages en Chine
CHAPITRE 8 PARADOXES CHINOIS SUR LA PROTECTION DES VIEUX VILLAGES
I. Qu’est-ce qu’un « vieux village »?
1. Le vieux village: corps des cultures synthétiques
2. Le vieux village: un système écologique culturel
II. Quatre paradoxes
1. «Protéger l’environnement » et «détruire l’environnement »
2. «Re-présenter les caractéristiques architecturales » et «dé-construire les caractéristiques architecturales »
3. «Découvrir l’état original » et « amollir l’état original »
4. «Aider les autochtones » ou «chasser les autochtones »
III. Les origines des paradoxes
CHAPITRE 9 LA VIE QUOTIDIENNE DES VIEUX VILLAGES ET VIEUX BOURGS AINSI QUE LE «MOEURS-ISME »
PARTIE 3 LA MISE EN TOURISME DES VIEUX VILLAGES EN CHINE : LE CAS DE XIDI
Introduction
I. Pourquoi Xidi ?
II. Description de Xidi
1. Description générale
2. Gestion et protection
III. Méthodologie
3. Enquêtes de terrain
4. Observation participative
5. Interview en profondeur
6. Matériaux écrits
CHAPITRE 10 MAIS POURQUOI LE TOURISME ?
I. Circonstances historiques et sociales de Xidi
1. Brève description historique
2. L’influence de la prospérité et de la décadence de la communauté marchande de Hui
3. Patrimoine historique de la psychologie sociale
II. Les secteurs agricole et industriel dans l’embarras
1. La rupture de l’agriculture traditionnelle
2. L’environnement défavorable de la production agricole
3. Les désavantages pour le développement industriel
CHAPITRE 11 LE DEBUT DE LA MISE EN TOURISME
I. Frappement et ouverture de la porte : la découverte du patrimoine
II. L’impulsion et le soutien : l’association du gouvernement et la population locale
III. Le pilotage des élites du village
Conclusion
CHAPITRE 12 LA REPARTITION DES REVENUS TOURISTIQUES A XIDI .201
I. La naissance d’un premier plan de répartition en deux fois
II. Le plan de répartition et le résultat de la répartition
1. La première répartition
2. La deuxième répartition
3. Le hukou et la répartition des revenus touristiques
CHAPITRE 13 LE RETOUR AU VILLAGE DE XIDI ET L’EPOQUE OÙ «TOUT LE MONDE EST COMMERÇANT »
I. Le retour au village de Xidi
II. «Tout le monde est commerçant »?
1. Typologie et répartition des commerces à Xidi
2. Mécanisme du développement des commerces à Xidi
3. Diversification des habitants
CHAPITRE 14 AMENAGEMENT COMMERCIALISE
I. Les mesures de management
1. L’établissement des étals permanents
2. Autres mesures
3. Inspection et sanctions
4. L’échec de la réorganisation commerciale
5. L’ouverture du nouveau quartier
II. Attitudes des différentes parties sur contrôler la commercialisation
1. Approbation du gouvernement
2. Cadres de village
3. Villageois
4. Touristes
5. Savants
6. Médias
CHAPITRE 15 CONFLITS, CRISES : «REFORME »?
1. Le système du pétitionnement en Chine
2. Le pétitionnement collectif des villageois de Xidi
3. Les différentes explications sur les raisons du pétitionnement
4. Après le pétitionnement
I. Élections du chef du comité des villageois
1. Les propos en ligne
2. Les informations de source officielle
II. Crises dans tous les aspects
1. Crise de gestion
2. Crise des secteurs
3. Crise de participation
4. Crise du patrimoine
III. La réforme
1. La douleur de Hongcun
2. La compétition entre deux modèles
3. La fin de l’entreprise de propriété villageoise
CONCLUSION GENERALE
BIOBLIOGRAPHIE
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