La multiplication des acteurs politiques

Le début du peuplement et le processus de formation des principales ethnies

                   Occupée par les marais des basses terres et par la forêt, caractérisée par un climat plus humide favorable à des différentes cultures. Quelques groupes d’immigrants, comme les Zafiraminia, les Onzatsy et les Zafirambo, ont abordé et choisi de s’installer dans la côte Sud-Est malgache. Les Zafiraminia qui ont donné naissance à deux « tribus » actuelles, les Antambahoaka autour de Mananjary et les Antanosy de Fort-Dauphin. Arrivés un peu plus tard, les Onzatsy qui s’installèrent sur la rivière Matitana en formant l’ethnie Antemoro. Et les Zafirambo en pays Tanala. Tous ces groupes plus ou moins islamisés, dont les descendants donnent aujourd’hui une certaine spécificité culturelle et politique à la région du Sud-Est de Madagascar, possédaient ou possèdent encore des manuscrits anciens, les Sorabe, écrits en langue malgache mais utilisant les caractères arabes et relatant des traditions, des légendes et des formules magiques. Ils forment actuellement les principales ethnies dans la région de Mananjary. Rappelons que l’administration malgache a retenu une classification en dix-huit ethnies à Madagascar, dont quatre peuvent trouver et constituer la région de Mananjary à savoir : Antambahoaka, Antemoro, Tanala et Betsimisaraka. Cette classification est sans doute trop brutale et grossière, mais l’avantage reste à servir de diverse référence. Comme l’a bien marqué le démographe, F. Gendreau, « la connaissance du groupe ethnique présente surtout l’avantage d’appréhender le phénomène des migrations, et c’est essentiellement de ce point de vue que la question l’intéresse » 43. Pour nous, par contre, la connaissance ou l’étude de l’ethnie, du groupe ethnique permet de mesurer et de mieux comprendre un certain nombre de l’évolution des réalités sociales, comme la nature, leur origine, leur comportement des acteurs politiques. C’est pourquoi donc nous nous assignons pour tâche de présenter, ne serait-ce partiellement44, ces ethnies. Leur importance dans notre étude tient, d’une part, au rôle majeur qu’il aurait joué dans l’évolution des acteurs politiques ; et d’autre part, aux discussions portant sur leur nature et leur comportement, et surtout leur multiplication.

La circoncision (Sambatra)

                     Parmi les cérémonies rituelles publiques, le sambatra, une fête célébrée à l’occasion d’une circoncision, est celle qui est le plus en honneur chez les habitants de district de Mananjary. La fête de la circoncision sera déroulée presque dans la saison fraîche : de Juillet pour certains clans, d’Octobre à Décembre. Les moments où l’on suit la cueillette du café, du girofle, et le récolte du riz dans la première saison de mois de Novembre – Décembre. Ce sont les mois où l’on profite donc de l’aisance passagère des habitants pour permettre aux parents des enfants de faire face aux dépenses, car il y en a trop. Le devin-guérisseur garantit et choisit simplement le jour favorable au commencement des cérémonies. Quant à la réalisation, on peut remarquer quelques différences. Chez les Antambahoaka, tout d’abord, le rite de la circoncision est collective qui aura lieu tous les Sept ans et qui dure un mois. Tandis que tout dépend de chaque tranobe et chaque parent des enfants, pour les Betsimisaraka, les Antemoro et les Tanala, qui choisissent la date butoir à l’intérieur de ce période cité ci-dessus. Ensuite, les Antambahoaka sont plus pointilleux quant au Manenatra et leur méthode comporte d’autres rites inconnus des Betsimisaraka. Le voatavo arivolahy, objet principal et sacré du Manenatra n’est pas utilisé par les Betsimisaraka. Il est porté sur la tête pendant toute la durée du parcours du Manenatra par un homme choisi dont le père et la mère sont encore vivants. L’homme doit avoir un nom de consonance symbolique comme par exemple : Todiaby (tous réussir), Velotody (Celui qui survit après un accident), Tsaravelona (celui qui vit bien), etc81. Tout ceci a pour but de souhaiter bonheur aux enfants, par symbolisme. Le porteur du Voatavo arivolahy est encadré par des hommes forts et ne doit en aucun cas tourner la tête ni regarder de côté pendant le parcours qui dure à peu près trois heures pour couvrir six kilomètres, haltes comprises. Par ailleurs, les Antambahoaka récitent des versets du coran en arabicomalgache à l’ouverture de la cérémonie, chose totalement ignorée par des Betsimisaraka, ainsi que l’utilisation du hazolahy (bois-mâle) à des danses Sadebaka82 à l’Est du Tranobe. Et enfin, le Jiro est, par contre, une spécialité inexistante chez les Antambahoaka et semble provenir des gens de la forêt, les Tanala de la région d’Antsenavolo, Kianjavato,…, ou des Betsimisaraka d’origine Betanimena, et les Antavaratra. Quoi qu’il en soit, l’idée principal de la circoncision est la même chez les Antambahoaka, chez les Antemoro, chez les Tanala ou chez les Betsimisaraka du Sud : C’est donc faire de l’enfant un homme : Mandahilahy rendre un garçon, un mâle, pour que ces enfants aient les droits d’un homme, qui fait notamment celui de pouvoir saigner une bête, d’égorger un bœuf à l’occasion d’un des multiples sacrifices dans la société Mananjaroise. En résumé, la circoncision est donc un catalyseur de l’unité lignagère et villageoise, et qui joue un rôle important pour la reconnaissance du statut social des enfants83. De même, chez les Antemoro, B. Chandon-Moet nous affirme, preuves à l’appui, que : « Si un garçon meurt avant d’avoir été circoncis, il sera enterré à part ou bien on pratiquera la circoncision sur le cadavre avant de le déposer au tombeau. La circoncision est donc une introduction dans la communauté du clan mais elle est aussi l’introduction dans la communauté plus restreinte de la tranobe ».

Hiérarchies sociales et pouvoir politique

                     Le système politique et le fondement de toute organisation dans la société Antambahoaka, Antemoro, Tanala et même Betsimisaraka du Sud restent le principe hiérarchique qui fait donc l’unité entre les différentes catégories des lignages existants. Dans la logique hiérarchique de la vie traditionnelle malgache, surtout les malgaches du Sud-Est, ce sont les Ampanjaka et les Tangalamena, juste après le Dieu et les ancêtres, qui sont à la tête de la hiérarchie sociale ; et enfin les individus. Ils sont les maîtres du lignage, des terres et les détenteurs du patrimoine hérité par leurs ancêtres. Ce rang est représenté, selon Maurice Bloch99, comme une hiérarchie échelonnée régulièrement, et divisée en une multitude infinie de petits groupes, dans un ordre minutieux de préséance. La tranobe est une maison commune à un groupe d’habitants ; elle est habitée par l’Ampanjaka. En tant qu’habitation, la tranobe sert à la fois de lieu de réunion, de maison d’hébergement et de lieu de culte ; le chef qui habite n’en est que le gardien. Pour transmettre une nouvelle, débattre d’une question, prononcer un jugement ou prendre une décision concernant le groupe entier ou seulement un de ses membres, le chef renvoie un appel aux membres de la tranobe pour qu’ils viennent s’y réunir100.

Les conceptions du pouvoir politique à Madagascar

                    La première conception malgache du pouvoir politique dont nous allons voir toute suite est celle dans la période féodale. Rappelons que jusqu’à la moitié du XVIIe siècle, les habitants des différentes régions de Madagascar constituaient des clans indépendants ; chaque clan a eu son propre chef ou roi. Cette période est marquée par la tentative d’unification de ces clans. Voyons, dans la partie Sud-Est, les Antemoro recouvrirent une vaste région, contournant les plateaux par le Sud et le long de la côte Ouest de l’Île en utilisant les armes de fer fabriqué par l’une de leurs familles, les Antamby. Dans le pays Betsileo, par la suite, Andriamanalina, roi d’Isandra, avait pu à regrouper sous son autorité, de 1750 à 1790, les fiefs d’Imanga, du Lalangina, du Vohibato, de l’Homatrazo, du Tsienimparihy, de l’Analalindrano qui constituaient un immense royaume allant de la Mania au Nord jusqu’au Tsimandao et à l’Ihoasy au Sud, de la forêt orientale jusqu’à Midongy à l’Ouest. En fin, sur la côte Est, chez les Betsimisaraka, Ratsimilaho avait unifié en 1712, avec l’appui des pirateries européens, tous les habitants de la côte Est de Madagascar20. Mais, grâce à l’utilisation des fusils de commerçants Arabe, Andrianampoinimerina, le chef suprême de la royaume Merina, avait réussi enfin après la deuxième conquête de 1787 à 1810 à unifier tous les royaumes féodaux de Madagascar. Il va renforcer toute organisation. Cette organisation se caractérise tout d’abord dans un cadre spatio-géographique bien déterminé, c’est-à-dire le territoire. Andrianampoinimerina disait que : « ny ranomasina no valampaharihiko » en parlant de son frontière. Andrianampoinimerina dispose aussi de la force publique. Cette force n’est pas seulement d’hommes armés mais aussi d’annexes matérielles, de prisons et d’établissements pénitentiaires de toutes sortes. En fin qu’on puisse maintenir cette force publique, les citoyens doivent payer les impôts. L’existence de ces trois types d’organisation d’Andrianampoinimerina que Pierre Boiteau21, à travers le fondement théorie de l’État d’Engels, ait observé que le royaume féodal Merina avait possédé toutes les caractéristiques d’un État. C’est à partir de là que la conception du pouvoir politique est née à Madagascar. Six Rois ont été succédés après le roi Andrianampoinimerina dans le pouvoir monarchique malgache. La conception du pouvoir politique de cette époque consiste donc à en nier l’individu en tant qu’une seule personne et la domination. C’est-à-dire la loi du plus forte qui garantit donc la stabilité de la société féodale. La liberté dépende totalement de la force. Ensuite, des nouvelles conceptions du pouvoir politique apparaissent à Madagascar après l’Indépendance politique du pays. Primo, le pays se contentait et rêvait une indépendance totale. Les élites nationalistes malgaches ont cherché à obtenir des réformes démocratiques : la liberté de presse, la liberté de réunion, de parole et ainsi que de suffrage universel voire le régime républicain comme en France. Ils pensaient qu’ils devraient prendre la tête du pouvoir du pays. Secundo, la grande Île a emprunté en 1975 la voie du socialisme sous le régime du Président Didier Ratsiraka. Ce choix du socialisme n’était pas un fruit du hasard. Comme l’a bien souligné dans la charte de la révolution socialiste malgache que : « la révolution nationale malgache prend ses racines dans l’âme malgache, elle est conditionnée par son environnement historique (domination coloniale) et géographique (position stratégique) » 22. Dans le courant socialiste, d’après Paul Leroy23, les droits naturels de l’homme sont considérés comme une construction intellectuelle, métaphysique, dépourvue de rapport avec la réalité. Dans ce cas, l’homme grâce à sa liberté est le moteur de la transformation sociale. C’est la raison pour laquelle, relate la ROI, que : « la République démocratique nouvellement renommée de Madagascar tente d’établir une nouvelle société fondée selon des principes socialistes, et guidée par les actions des cinq piliers de la révolution : les paysans et les ouvriers, les jeunes intellectuels, les femmes et les forces armées populaires »24. Le pouvoir politique est donc considéré comme un instrument pour faire fonctionner la transformation des sociétés. Les acteurs politiques malgaches de cette époque, défendant toujours la classe de masse et interdisant la domination de la bourgeoisie, veulent alors que l’homme de la révolution prenne la tête du pouvoir politique. L’organisation des organes de l’État prévu dans la constitution devient pyramidale et est dotée d’un centre de commandement dans la capitale dont les décisions se répercutent à tous niveaux sans être contestées. Seize années du régime révolutionnaire, étant arrivé à un stade de quasi-faillite au début des années 198025, suffiront à entrainer sa chute en 31 octobre 1991. Tertio, l’échec du processus de la démocratisation en 1992 et la conception de la richesse comme prestige sociale dans la grande Île permettent à apparaître une nouvelle ère de la vie politique malgache que le courant capitaliste prend une considération dans le monde africain, particulier à Madagascar. Le courant capitaliste, en général, met l’importance de « capitale sociale » dans la société. Il faut que le pouvoir politique doive destiner pour les propriétaires des entreprises c’est-à-dire les opérateurs économiques. Ces pensées sont apparues juste après la troisième révolution dans l’histoire de l’humanité. C’est-à-dire la révolution industrielle. Pour le capitaliste, la direction de l’État est guidé comme celle dans l’entreprise « au minimum de dépense avec un maximum de profit » pour le développement du pays. Le régime du Président Marc Ravalomanana en est un bon exemple pour Madagascar. Ce dernier affirmait en 2002 que : « un pays se gère comme une entreprise »26. Cette dernière conception prend une considération dans la vie politique malgache actuelle surtout dans des différentes régions de Madagascar notamment Mananjary. Quoi qu’il en soit, pour terminer ce paragraphe, toute tentative de domination est considérée dans notre époque actuelle un pouvoir politique et surtout dans l’appareil de l’État, y compris au niveau national, régional et même local. Alors, nous allons voir par la suite la forme de domination économicopolitique qui favorise la formation des Acteurs politiques dans le district de Mananjary.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE RECHERCHE
I. Le district de Mananjary et l’état actuel de sa population
1. Situation géographique et caractéristique démographique
1.1. Localisation géographique
1.2. Voie d’accès
1.3. Caractère démographique
2. L’espace agraire et les activités de subsistance
2.1 Le paysage agraire
2.2 Les principales activités de production
2.3 La logique de la production villageoise
II. Contexte historique et l’origine du peuplement 
3- Contexte historique d’immigration
4- Le début du peuplement et le processus de formation des principales ethnies
4.1- Les Antambahoaka
4.2- Les Antemoro
4.3- Les Tanala
4.4- Les Betsimisaraka
III. Cadre de la vie traditionnelle des habitants de Mananjary
5- Les croyances et les rites
5.1. Les croyances
5.1.1. Dieu (Andriamanitra)
5.1.2. Zanahary (Dieu créateur)
5.1.3. Razana (les ancetres)
5.2. Quelques principaux rites
5.2.1. La circoncision (Sambatra)
5.2.2. Le fafy
6. Organisation sociale et pouvoir politique
6.1. Le système de parenté et les classes d’âge
6.1.1. La parenté
6.1.2. Les classes d’âge
6.2. Hiérarchies sociales et pouvoir politique
DEUXIEME PARTIE LA DOMINATION ÉCONOMIQUE ET LA FORMATION DES ACTEURS POLITIQUES DANS LE DISTRICT DE MANANJARY
I- Les conceptions du pouvoir politique et la domination économique dans le district de Mananjary
1. Le fondement et les conceptions du pouvoir politique à Madagascar
1.1-Notion du pouvoir
1.2-Le fondement du pouvoir politique
1.3-Les conceptions du pouvoir politique à Madagascar
2. Domination économique et lutte politique dans le district de Mananjary
2.1-La domination économique et la formation des acteurs politiques dans le district de Mananjary
2.2-La lutte politique dans le district de Mananjary
II- Reconfiguration de l’espace politique et identification des principaux Acteurs de la sphère politique de Mananjary 
3. Les acteurs élus aux élections de 2007 et les membres du parlement de la Transition
3. 1-Les maires des 29 communes de district de Mananjary
3.2-Les membres du CST et CT d’originaire de Mananjary
4- Les prétendants
4.1-Les prétendants au poste de la mairie
4.2-Les prétendants aux postes parlementaires de la IVe République
III- Profils et trajectoires socio-historiques et politiques des différents Acteurs dans le district de Mananjary 
5- Les caractéristiques sociales des acteurs politiques
5.1-Les origines sociales des acteurs politiques observés
5.2-Les caractères genres et la classe d’âge
6-Les trajectoires sociales des acteurs politiques
6.1-Les trajectoires de formation
6.2-Les trajectoires socioprofessionnelles des acteurs politiques
TROISIEME PARTIE LA MULTIPLICATION DES ACTEURS POLITIQUES ET SES CONSÉQUENCES DANS LE DISTRICT DE MANANJARY
I- Les facteurs endogènes de la multiplication des Acteurs politiques à Mananjary
1-Le facteur démographique et sociologique
1.1/La forte concentration de la population
1.2/La présence de la stratification sociale et l’apparition d’un embryon acteur
2-Dynamique interne de la structure sociale et la reproduction locale des acteurs politiques
2.1/La reproduction sociale des acteurs politiques : Mécanisme et stratégie
2.2/La circulation des acteurs politiques et ses caractères évolutifs
II- Les facteurs exogènes de la multiplication des Acteurs politiques à Mananjary 
3-Le facteur historique et le contexte socio-politique à Madagascar
3.1/Évolution historique et l’ouverture politique régionale
3.2/Le système multipartisme et sa fonction
4- L’autonomie relative des acteurs politiques et le réseau centre-périphérie
4.1-Marginalité et médiation
4.2/La prééminence des relations de nature verticale
III-Les conséquences de la prolifération des Acteurs politiques dans le district de Mananjary 
5-Les conséquences positives
5.1/Pluralisme idéologique et Changement social
5.2/Libéralisme économique et expansions sociales
6-Les conséquences négatives
6.1/Rivalités politiques et sociales permanentes
6.2/La dégradation structurelle sur le plan administratif : menace du développement
7-Réflexions et perspectives d’avenir
CONCLUSION
ANNEXES
BLIBLIOGRAPHIE

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