La Multiculturalisme

De tout temps, les femmes et les hommes ont voyagé, ont quitté leur pays pour s’installer autre part, laissant leurs familles derrière elles et eux, leurs traditions, une partie de leur vie. Les raisons de ces départs sont aussi nombreuses qu’il y a de personnes sur cette Terre, car chaque parcours de vie est unique. Cependant, au fil de l’histoire, il y a eu plusieurs vagues de migrations. Je pense notamment aux Juifs et aux Juives qui ont dû quitter l’Allemagne lors de Deuxième Guerre mondiale, ou encore les Européen-ne-s quittant leurs terres pour se rendre en Amérique, là où elles et ils pensaient trouver de meilleures conditions de vie.

LIENS AVEC LE TRAVAIL SOCIAL

Malgré mon expérience professionnelle limitée, j’ai pu me rendre compte que la personne migrante doit apprendre de nouvelles normes, une nouvelle langue, de nouvelles lois ainsi que trouver un travail. Il n’est pas forcément évident d’accomplir tout cela tout-e seul-e. Notre formation en travail social nous donne des outils pour pouvoir aider ces personnes à s’intégrer, mais nous ne sommes qu’un maillon : nous avons besoin de collaborer avec d’autres métiers. Durant ma formation à la HES, j’ai appris l’importance des lieux de rencontre qui permettent aux personnes de se retrouver et d’échanger, notamment les cafés ou les places de jeux pour enfants. Pendant ma première formation pratique, mes collègues m’ont parlé d’un quartier regroupant des personnes issues de cultures diverses. Ce quartier n’a ni café, ni place de jeu. L’ambiance entre les habitant-e-s n’est pas des plus plaisantes et il y a beaucoup de problèmes de voisinage. Mes collègues se sont rendu-e-s sur les lieux dans l’objectif de sonder les personnes et de voir s’il était possible d’améliorer ces conditions. J’ai alors réalisé que notre responsabilité, en tant que travailleur ou travailleuse social-e, n’est pas uniquement de créer du lien au sein d’un quartier ou de soutenir les personnes dans leurs différentes démarches. Il s’agit aussi de permettre à tout un chacun de s’exprimer et de favoriser la cohabitation interculturelle.

Au moment de choisir un sujet pour mon travail de Bachelor, j’ai d’abord pensé à un thème qui tournerait autour des migrant-e-s et de leur intégration. Ayant moi-même comme projet de partir pour une certaine durée au Canada, je me suis imaginé les obstacles auxquels je pourrais faire face : la culture, les mœurs, la langue, ou du moins certaines expressions typiquement canadiennes, etc. Les migrant-e-s sont également confronté-e-s à tous ces aspects, mais il en existe tant d’autres plus spécifiques à leur situation. En réfléchissant à tout cela, il m’est alors venu la question suivante : « comment une personne migrante peut-elle s’intégrer si, comme en Suisse, son permis de séjour peut changer d’un moment à l’autre, ayant pour conséquence qu’elle puisse être renvoyée chez elle du jour au lendemain ? ». En Suisse, il existe plusieurs catégories de migrant-e-s pouvant obtenir différents statuts et permis de séjour, conformément à la loi fédérale sur l’asile (LAsi) et la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration (LEI) (Le Conseil fédéral, s.d.). Ces permis déterminent les droits et devoirs auxquels les étrangères et les étrangers ont accès. Les personnes demandant l’asile ont en premier le permis N, puis elles reçoivent, selon les situations, les permis B ou C lorsqu’elles ont obtenu l’asile. Si les personnes étrangères sont admises provisoirement, le permis F leur est octroyé. Tandis que si elles sont en danger dans leur pays, qu’elles doivent fuir et qu’elles viennent se réfugier en Suisse, elles bénéficient du permis S (Kurt, 2019). Cependant, dès qu’elles peuvent rentrer chez elles en toute sécurité, elles doivent le faire. Comment une personne peut-elle s’intégrer alors qu’elle ne sait pas si elle va rester en Suisse pendant 1 mois, 2 ans ou 50 ans ?

En pensant à tous ces aspects de la migration, j’ai aussi pris conscience que, pour ces personnes, il fallait réapprendre à vivre avec de nouveaux codes sociaux. Par exemple, alors que dans le pays d’origine il est malpoli de regarder une personne dans les yeux, du jour au lendemain, c’est l’inverse. Assimiler une autre culture tout en ne trahissant pas la sienne, voilà un challenge qui m’impressionne et que j’aimerais, en tant que travailleuse sociale, pouvoir soutenir.

MULTICULTURALISME

Le multiculturalisme a pris une certaine ampleur à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il y a eu beaucoup d’immigrant-e-s engendrant une plus grande diversité sociale dans laquelle les minorités ont dû se faire une place. En instaurant des droits communs à tous et à toutes, les sociétés essayent d’établir l’égalité. C’est la naissance des droits de l’homme (Mathieu, 2017). Le terme « multiculturalisme » est généralement utilisé dans deux contextes bien distincts. En premier lieu, il peut désigner le fait que plusieurs cultures cohabitent dans un territoire défini. Il s’agit là de l’utilisation courante du mot. La deuxième signification fait référence à un concept politique qui veut que nous donnions des droits aux minorités, aux différentes cultures locales (Nowicki, 2010). Charles Taylor (1994), cité par Felix Mathieu, affirme qu’être égalitaire ne signifie pas appliquer le même traitement à tout le monde, mais reconnaître les différences, être équitables et s’assurer que personne ne subisse de discrimination liée à la différence ethnoculturelle (Mathieu, 2017). Les autorités de la ville ont un fort impact sur le multiculturalisme. Elles peuvent certes l’encourager au niveau politique en l’insérant dans la loi, mais également la soutenir grâce aux infrastructures mises en place. François Boucher (2016), citant Kristin R. Good (2009), affirme que les gouvernements municipaux sont les principaux acteurs politiques du multiculturalisme. Ce sont eux en effet qui choisissent l’aménagement de leur municipalité, et cet aménagement peut favoriser ou non la rencontre entre les cultures et aider ainsi à l’intégration et à la cohabitation. Partout dans le monde nous sommes confronté-e-s au multiculturalisme et chaque pays y fait face à sa manière. Cependant, comme le multiculturalisme possède plusieurs définitions, cela ne facilite pas les discussions autour de cette thématique. Felix Mathieu a proposé une clarification du terme basée sur quatre niveaux conceptuels. Il affirme que nous avons la preuve que chaque communauté possède en son sein plusieurs cultures. Cette affirmation est pour lui le premier des quatre niveaux conceptuels du multiculturalisme. Il l’a appelé : « le fait social de la diversité ethnoculturelle » (Mathieu, 2017, p. 24). Le deuxième niveau, intitulé « le multiculturalisme ou l’interculturalisme comme politique publique » défend l’idée que les autorités mettent en place des programmes publics pour gérer et aménager la diversité ethnoculturelle (Mathieu, 2017, p. 25). Le multiculturalisme est le pilier de l’intégration (Boucher, 2016). S’il est promu au niveau du pays, puis réadapté au contexte de la ville, il permet à tout un chacun d’exprimer son appartenance tout en favorisant le lien social. Le troisième niveau du multiculturalisme juge l’importance que porte un pays à la diversité ethnoculturelle. Cette dernière doit faire intégralement partie du projet national. Mathieu a nommé ce niveau « le multiculturalisme ou l’interculturalisme comme imaginaire social » (Mathieu, 2017, p. 26).

« Le multiculturalisme ou l’interculturalité comme pluralisme » est le dernier niveau identifié par Felix Mathieu. Il nous questionne sur notre discours : comment argumentons-nous notre politique multiculturaliste ? Sur quelles bases nous appuyons-nous ? Pour en revenir à notre thématique, nous pouvons voir que le multiculturalisme implique de la cohabitation entre les différentes cultures. Et s’il peut être soutenu par les autorités politiques, nous pouvons imaginer qu’il en est de même pour la cohabitation. En effet, si nous le favorisons, il est essentiel que les différentes cultures puissent vivre ensemble. C’est pour cette raison que nous pouvons poser l’hypothèse que les niveaux de Mathieu (2017) à propos du multiculturalisme pourraient aussi s’appliquer à la cohabitation culturelle.

ALTÉRITÉ

L’autre, la personne inconnue fait peur. Nous ne voulons pas aller vers elle. Nous ne la comprenons pas. Elle est définie par Nowicki comme étant celle « qui ne fait pas partie du groupe » (Nowicki, 2010, p. 51). Selon l’auteure, l’autre est vu comme une menace. Nous nous croyons supérieurs à elle ou à lui et, de ce fait, nous essayons de l’inférioriser. Une des manières d’y arriver est de véhiculer des préjugés sur les différentes populations. Les préjugés proviennent des stéréotypes. Les stéréotypes se transmettent de génération en génération et traduisent une représentation générale. Par exemple, un stéréotype sur les Suisses-ses est qu’elles et qu’ils sont toujours à l’heure. Le stéréotype a un aspect neutre : ce n’est ni bien ni mal d’arriver à l’heure. Le préjugé, quant à lui, est plus négatif. Il fait appel à l’émotif, au cognitif. Par exemple, « tout ce que les femmes savent faire, c’est cuisiner et nettoyer ». Il y a un jugement derrière cet exemple. Dans ce cas, il est négatif, mais il peut aussi être positif.

Lorsque le préjugé conduit à une réaction comportementale négative, il s’agit d’une discrimination. Si nous pensons que les Arabes ne peuvent pas s’empêcher de voler, nous n’allons pas leur faire confiance et toujours contrôler si toutes nos affaires sont avec nous (Pitarelli, 2017). Nowicki parle justement de trois composantes qui expliquent la différence entre stéréotype, préjugé et discrimination. La première est appelée « cognitive ». Elle fait appel à tout ce qui a trait aux idées, aux représentations. Il s’agit du stéréotype. La seconde rajoute un côté émotionnel à cette idée. Elle est nommée « affective » et fait référence au préjugé. La dernière composante, « comportementale », fait référence à la discrimination (Nowicki, 2010, p. 59).

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Table des matières

1) Introduction
1.1 Motivations personnelles
1.2 Liens avec le travail social
1.3 Question de départ et objectifs de la recherche
2) Cadre théorique
2.1 Multiculturalisme
2.2 Altérité
2.3 Travail social hors-murs
2.4 Intégration
2.5 Cohabitation culturelle
3) Problématique
3.1 Question de recherche
3.2 Hypothèses
4) Méthodologie
4.1 Terrain
4.2 Public cible
4.3 Méthode et outil de récolte des données
4.4 Précautions éthiques
5) Analyse
5.1 Méthode d’analyse
5.2 Résultats
5.2.1 Questions générales
5.3 Première hypothèse : Des espaces de rencontre au service de la cohabitation interculturelle
5.3.1 Interculturalité
5.3.2 Vivre ensemble et interaction
5.4 Seconde hypothèse : le partage des expériences pour lutter contre les préjugés et soutenir l’intégration
5.4.1 Préjugés
5.4.2 Intégration
5.4.3 Rôle(s) du ou de la professionnel-le dans l’intégration et la place du réseau
5.5 Et si vous aviez une baguette magique ?
5.6 Synthèse des résultats
5.6.1 Première hypothèse
5.6.2 Seconde hypothèse
5.6.3 Question de recherche
6) Conclusions
6.1 Bilan
6.2 Limites de la recherche
6.3 Perspectives professionnelles
6.4 Perspectives de recherche
7) Bibliographie
8) Annexes

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