La mortalité des enfants de 0-59 mois dans le district sanitaire de Koutiala en 2013

État nutritionnel au Mali

  Au plan nutritionnel, hormis les enquêtes périodiques (EDS, EBSAN et MICS SMART), il n’existe pas de système d’information en nutrition permettant de collecter régulièrement des données afin de faire l’analyse des tendances intra et interannuelles. Pourtant, ce type d’analyse est nécessaire pour apprécier les progrès dans ce domaine [10].L’analyse des informations existantes montre que la malnutrition aiguë affecte au Mali 12,4% des enfants de moins de 5 ans en 2001 (EDSM III) contre 15,2% en 2006 (EDSM IV), 8% en 2010 (MICS) et 10,4% en 2011(SMART) pour un niveau d’alerte international fixé à 10% par l`OMS [10]. La malnutrition chronique touche 49% des enfants de moins de cinq ans en 1996 contre 38% en 2001, 34% en 2006, 28% en 2010 et 27,1% en 2011 (SMART). Il s’agit d’une tendance à la baisse importante mais pas suffisante. Les conséquences de la malnutrition chronique sont multiples et condamnent l’individu durant toute sa vie à des risques plus élevés de morbidité, de mortalité, à un développement physique et intellectuel sous-optimal et finalement, à une capacité de production moindre.

Définition des concepts

Santé D’apres l’OMS c’est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité [13].
Aliment L’aliment est une substance en général naturelle du règne animal ou Végétal utilisée pour nourrir l’organisme [13]. Exemple: le lait, la viande, le poisson, les légumes, les céréales etc. Les aliments peuvent être classés selon leur mode d’action au niveau de l’organisme. Il existe les aliments de construction, riches en protéines, les aliments énergétiques riches en glucides et en lipides et les aliments de protection riches en vitamines et sels minéraux [13].
Nutriment C’est une substance constitutive des aliments dont l’organisme a besoin pour son développement harmonieux et son bon fonctionnement [13].
Nutrition Science appliquée, au carrefour de plusieurs disciplines scientifiques (biologie, médecine, psychologie), qui permet de comprendre le fonctionnement du corps humain et de proposer des recommandations alimentaires ou médicales visant à maintenir celui-ci en bonne santé [13].
Sécurité alimentaire Selon la définition de la FAO en 2000 la sécurité alimentaire est atteinte lorsque tous les membres d’une société disposent de façon constante des conditions physiques, économiques et sociales permettant d’avoir accès à une nourriture suffisante, saine et nutritive correspondant à leurs préférences alimentaires et leur permettant de mener une vie active et saine[14].
Sécurité nutritionnelle La sécurité nutritionnelle est définie comme l’état nutritionnel adéquat en termes de protéine, énergie, vitamines, et minéraux de tous les membres du ménage à tout moment et cela est ainsi plus que la sécurité alimentaire[14].
Métabolisme Le métabolisme est la transformation que les aliments subissent à l’intérieur de l’organisme. Il comporte deux étapes : l’anabolisme et le catabolisme [14].
Sevrage C’est la période de passage de l’alimentation exclusivement lactée au régime varié. Il s’agit d’incorporer au régime de base du nourrisson « à côtés du lait » tels que : les fruits, viandes, poissons, œufs, fromages [15].
Diversification C’est l’introduction progressive à partir de 6 mois des aliments autres que le lait pour habituer l’enfant en l’espace de plusieurs mois à une alimentation variée proche de celle de l’adulte [15].

Les besoins nutritionnels

  On distingue plusieurs aspects de ces besoins à savoir la quantité, la qualité et l’énergie [15].Les protéines et les glucides fournissent 4 Kcal/g et les lipides 9 Kcal/g.Si l’adulte a besoin de 2 200-4 000 Kcal/j suivant les circonstances, les besoins de l’enfant sont proportionnellement élevés du fait de la croissance de son organisme. Ainsi [16],
– de 0 à 2 ans: 100 Kcal/kg/j – entre 6-13 ans: 1 500-2 500 Kcal/j
– entre 2-6ans:1 200-1 500 Kcal/j -entre 13-18ans: 2 500-3 200 Kcal/j
Une bonne nutrition nécessite aussi un apport qualitatif précis. L’aspect le plus important concerne l’apport en protéine. Elles sont indispensables à la croissance, à l’entretien et à la réparation des tissus de l’organisme. Pour rester en bonne santé, un enfant de 0-1 an a besoin chaque jour de 3 g de protéines/kg/j. Concernant les glucides, l’enfant a besoin de 10 à 15 g/kg/j, le besoin lipidique est d’environ 3 g/kg/j [17].

Paludisme

Définition Maladie parasitaire (palus: marais, ou malaria: mauvais air) très fréquente au Mali; elle est due à un hématozoaire du genre plasmodium transmis par la piqûre de l‘anophèle femelle. On y distingue 4 espèces pathogènes pour l‘homme:
– Plasmodium falciparum: présent au Mali et en Afrique chez 85 à 95 % des sujets impaludés, espèce qui tue le plus et peut résister à certains antipaludiques et anti – moustiques.
– Plasmodium ovale,Plasmodium vivax etPlasmodiummalariae: beaucoup plus rares, ne posent pas de problème majeur de santé publique. [27]
Epidémiologie: Au Mali, le paludisme est classé par les statistiques sanitaires comme la première cause de mortalité et de morbidité infantile. Le paludisme reste un problème majeur de santé publique en Afrique subsaharienne avec plus 550 millions de personnes vivant en zone impaludée. Selon l‘OMS, il s‘y produit chaque année 270 à 480 millions de cas de paludisme clinique avec plus d’un million de décès. [28]. En 2005, l’incidence du paludisme dans le monde était estimée entre 300-660 millions de cas cliniques [29], avec 1,5-2 millions de décès dont 1 million chez les enfants de moins de 5 ans. [29]. Actuellement cette mortalité due au paludisme est estimée environ à 2 millions de décès par an avec 90 % de décès chez les enfants africains de moins de cinq ans dont 1 décès toutes les 30 secondes.
Signes et formes cliniques On distingue plusieurs formes de paludisme: les formes non compliquées de paludisme (l‘accès palustre et le paludisme viscéral évolutif) et les formes compliquées (paludisme grave). Le paludisme grave est fréquent chez les sujets non immuns c’est-à-dire, les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes et les migrants (expatriés, touristes et travailleurs), l’accès palustre répété.
La symptomatologie Elle est due au plasmodium falciparum et conduit au décès en 72 heures en cas de méconnaissance ou de non traitement. Les manifestations cliniques les plus fréquentes sont:
– la fièvre;
– les troubles digestifs (vomissements, douleurs abdominales, diarrhées et refus de s‘alimenter: pouvant entraîner la déshydratation, la pâleur, la détresse respiratoire: la toux, l’hépato-splénomégalie et l‘ictère) pouvant se compliquer de coagulationintra vasculaire disséminée, de collapsus, d’œdème aigu du poumon et d‘infections pulmonaires;
– les troubles neurologiques (les convulsions localisées ou généralisées: isolées ou répétées, l’hypotonie, l’obnubilation, la prostration et / ou le coma);
Moyens diagnostiques  Goutte épaisse, frottis sanguin.
Le traitement: C’est une urgence médicale et relève d‘un service équipé (matériels et personnels qualifiés), on utilise en général les sels de quinines et les dérivés de l’artémisinine par voie parentérale.
La prévention: L’accent doit être mis sur la prévention du paludisme si l’on considère le nombre de décès d’enfants, en Afrique subsaharienne 1 enfant sur 20 meurt de ce fléau avant l’âge de 5 ans. [31]. Cette prévention passe par la communication pour le changement de comportement (CCC) qui s’adresse à la population sur l’amélioration de l‘hygiène environnementale, l’utilisation des moustiquaires imprégnées et la prise en charge correcte et précoce des cas simples de paludisme.

République du Mali

  Cette étude a été menée en République du Mali située au cœur de l’Afrique occidentale. Le Mali s’étend en plein cœur du Sahara au nord, jusqu’à la limite de la zone des grandes savanes au sud. Le Mali partage ses frontières avec sept (7) Etats voisins : l’Algérie au nord, le Niger à l’est, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée au sud, le Sénégal et laMauritanie à l’Ouest. Le Mali ne dispose d’aucun accès à la mer. Les ports de Dakar et d’Abidjan, par où passe l’essentiel de son trafic international, sont distants de 1.200 km environ de Bamako. [14] La République du Mali couvre une superficie de 1.241.238 km² et a pour capitale Bamako. Le Pays est divisé en 8 régions administratives : Kayes, Koulikoro, Sikasso (région concernée par cette étude), Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal ; et le District de Bamako [14]. La population du Mali est de 14 517 176 habitants en 2009 [30]. L’espérance de vie à la naissance est de 45 ans pour les hommes et 48 ans pour les femmes, le cout consacré à la santé par habitant est de «60 $ international» en 2005 .

Le cercle de Koutiala

  Le cercle de Koutiala est une collectivité territoriale du Mali dans la région de Sikasso. Il compte36 communes : Diédougou, DiouradougouKafo, Fagui, Fakolo, Gouadji Kao, GoudiéSougouna, KafoFaboli, Kapala, Karagouana Mallé, Kolonigué, Konigué, Konina, Konséguéla, Koromo, Kouniana, Koutiala, Logouana, Miéna, M’Pessoba, Nafanga, Nampé, N’Golonianasso, N’Goutjina, Niantaga, N’Tossoni, Sincina, Sinkolo, Songo-Doubacoré, Songoua, Sorobasso, Tao, Yognogo, Zanfigué,Zangasso, Zanina et Zébala. La population est estimée à 575 253habitants en 2009 et est composée essentiellement de Minianka, Bambaras, Peuls, Bobos, Dogons, Sarakolés et Sénoufos[32]. Climat : le cercle de Koutiala se trouve dans la partie sud de la zone soudanienne avec une pluviométrie variant de 750 à 1110mm. Végétation : La végétation du cercle est caractérisée par des formations écologiques fragiles, des savanes parcs et vergers, des savanes boisées et des arbustives.

Par rapport à l’état nutritionnel des enfants

  L’état nutritionnel des enfants dans le cercle de Koutiala reste préoccupant aussi bien pour l’émaciation que pour le retard de croissance (car le seuil d’alerte est de 10% selon l’OMS pour l’émaciation et de 30% pour le retard de croissance) ont été dépassé dans notre étude. Notre étude indiquait une prévalence de l’émaciation de 12,4%, dont 2,7% deforme sévère et 27,3% un risque d’émaciation. Au niveau mondial, cette prévalence est plus basse avec 13% en 2006 au Pakistan et à Madagascar [35]. Par rapport à la sous-région, cette prévalence est inférieure à celle de Beyla en Guinée en 2007 observée par l’ONG Action Contre la Faim, soit 16,5% dont 2,7% de cas sévère [23], mais reste supérieure à celle du niveau national guinéen qui est de 9,4% [23]. De même certains pays du Sahel, (Burkina Faso, Mauritanie, et Tchad) ont une prévalence de l’émaciation supérieure à celle de notre étude avec 14, 5% en 2006 et 2007[50]. Néanmoins, la proportion d’enfants émaciés est moins élevée pour la même année 2006 au Ghana (5%) [51], en Algérie (3%) [50], en Égypte (4%) [51], par le rapport de l’UNICEF en 2008 [51]. Au niveau national, ce résultat est supérieur à celui retrouvé dans les régions de Sikasso (9,4%), Bamako (9,8%) et Kidal (6%); il est cependant inférieur à celui retrouvé dans les régions de Gao (17,9%), Tombouctou (19,2%), Kayes (13,2%); de l’enquête SMART 2011 [6].Sur la même population en 2010, TRORE M trouve un taux supérieur à celui de notre étude soit 23,8% [41], Ceci pourrait s’expliquer par la bonne marche des actions menées par MSF pour la lutte contre la malnutrition dans cette région. Les enfants de 12 à 23 mois étaient plus émaciés avec 38,2%, suivis de ceux de 6 à 11 mois avec 25,7%. Il ressort de notre étude que : Les enfants qui ne dormais pas sous moustiquaire étaient les plus émacié avec p=0.006. Notre prévalence du retard de croissance était de 44,7% ; qui était très élevé par rapport au seuil d’alerte de l’OMS. Nos résultats étaient inferieurs au taux de 2006 EDS IV qui était de 45% [2]. Pour les autres régions du pays, les taux sont inférieurs à ceux de notre étude, à l’exception de la région de Sikasso qui affiche un taux supérieur à la nôtre soit 53,7% ; enregistré par l’enquête SMART 2011. Dans les différentes régions on observe : 20,0% à Kayes, 37,5% à Koulikoro, 15,6% à Kidal et 27,4% à Gao. D’autres pays du continent ont également des taux moins élevés pour la même année 2006 par action humanitaire de l’UNICEF : Egyptienne (18%) [51], Algérie (11%) [50] encore très inférieure au Paraguay (14%) [51], en Equateur par rapport de l’UNICEF en 2008 (23%) [52].Ceci pourrait s’expliquer par la bonne marche des actions menées par MSF pour la lutte contre la malnutrition dans cette région. Il ressort que: Les enfants qui n’étaient vacciné avaient plus le retard de croissance que les enfants vacciné avec p=0.01 Les enfants de 24 à 35 mois exprimaient beaucoup plus de retard de croissance que ceux des autres classes d’âge, soit près de trois (3) enfants sur dix (30,2%). Cette forme de malnutrition traduit une situation structurelle qui s’installe depuis la conception lorsque la femme est malnutrie durant cette période de grossesse. Il faut savoir que les besoins nutritionnels augmentent en fonction de l’âge, du sexe et de l’état physiologique comme la grossesse et l’allaitement chez les femmes ; d’où la nécessité d’une large campagne de sensibilisation et d’information pour amener les femmes à s’alimenter beaucoup plus pendant la grossesse et l’allaitement.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. GENERALITES
3.1 État nutritionnel au Mali
3.2 Rappels
3.3 MORTALITE
4 METHODOLOGIE
4.1. Cadre d’étude
4.2. Type d’étude
4.3. Période d’étude
4.4. Population d’étude
4.5. Critères d’inclusion et de non inclusion
4.6. Echantillonnage
4.7 Technique de collecte des données
4. 8 – Organisation de l’enquête
4. 9- Traitement et analyse des données
4. 10 – Considérations éthiques
5-Résultats
5.1Donnée socio – démographiques
5.2. La prévalence de malnutrition aigue des enfants de 6-59 mois dans le district sanitaire de Koutiala en 2013.
5.3. La prévalence de la malnutrition chronique des enfants de 0-59 mois dans le district sanitaire de Koutiala en 2013
5.4. La mortalité des enfants de 0-59 mois dans le district sanitaire de Koutiala en 2013
5.5. L’influence du paludisme sur l’état nutritionnel des enfants de 6-59 mois dans le district sanitaire de Koutiala en 2013
6. COMMENTAIRES ET DISSCUSION
7. CONCLUSION
8. RECOMMANDATIONS
ANNEXES

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