La morphologie et le cycle biologique des anophèles

La morphologie et le cycle biologique des anophèles 

Dans le cycle biologique des moustiques, il y a quatre stades : l’œuf, la larve, la pupe (nymphe) et l’adulte. Le temps pris par chaque stade pour se développer dépend de la température de l’eau et d’autres facteurs.

Œufs
Un moustique femelle ne copule généralement qu’une fois dans sa vie. Habituellement, après la copulation, elle a besoin d’un repas de sang pour faire mûrir le premier lot d’œufs. Un repas sanguin est généralement pris tous les deux jours, conduisant à la maturation du lot d’œufs suivant. Chaque lot comporte 100 à 150 œufs qui sont déposés sur la surface de l’eau lors de la ponte. Ils possèdent des flotteurs latéraux qui leur permettent d’être maintenus à la surface de l’eau. Les sites d’oviposition sont très variables : petites quantités d’eau dans des empreintes de pas, des flaques d’eau de pluie ou collections plus grandes comme des rivières, canaux, marécages, lacs, rizières. Chaque espèce de moustique préfère une variété bien déterminée de gîtes aquatiques pour déposer ses œufs. Un moustique femelle continue à pondre pendant toute son existence. La plupart des femelles pondent 1 à 3 fois, mais certaines peuvent pondre jusqu’à 5 à 7 fois. Dans les meilleures conditions tropicales, la durée de vie des moustiques est de 3 à 4 semaines.

Larve
Une larve sort de l’œuf après un ou deux jours et flotte horizontalement sous la surface de l’eau car elle a besoin de respirer de l’air. Ce sont des stades de developemment vermiformes dont le corps comporte 3 parties : la tête, le thorax et l’abdomen. Elle se nourrit de particules présentes dans l’eau. Si on la dérange, elle plonge rapidement vers le fond mais elle reviendra sans tarder à la surface pour respirer. Il y a quatre stades larvaires (voir figure 3). La larve qui sort de l’œuf est appelée le premier stade. Après un jour ou deux, elle mue, abandonnant son enveloppe et devient ainsi le second stade, suivi par le troisième stade et le quatrième stade, à des intervalles d’environ deux jours chacun. La larve reste au quatrième stade de pendant trois ou quatre jours ou plus, avant de se changer en pupe. Le temps total passé au stade larvaire est généralement de huit à dix jours à la température normale de l’eau en milieu tropical. Si la température est plus basse, les stades aquatiques prendront plus de temps pour se développer.

Pupe
La pupe (nymphe) est le stade pendant lequel une transformation majeure a lieu, le passage de la vie aquatique à la vie aérienne de l’adulte. La pupe a la forme d’une virgule (voir figure 3). Elle reste sous la surface de l’eau, ne se nourrit pas et plonge au fond de l’eau si elle est dérangée. Le stade nymphal dure 2 à 3 jours après quoi la cuticule de la pupe se fend, le moustique adulte émerge et se repose temporairement à la surface de l’eau jusqu’à ce qu’il soit capable de s’envoler.

Adulte
La copulation a lieu au moins 24h aussitôt après l’émergence. (figure3). La femelle ne copule généralement qu’une seule fois, parce qu’elle reçoit à cette occasion assez de sperme pour féconder tous les lots d’œufs successifs. Normalement, elle ne prend son premier repas sanguin qu’après la copulation, mais parfois le premier repas sanguin peut être pris par une femelle encore vierge. Le premier lot d’œufs se développe après un ou deux repas sanguins (suivant les espèces), tandis que les lots suivants ne demandent qu’un seul repas de sang. Les habitudes alimentaires et de repos des moustiques sont d’une grande importance dans les programmes de contrôle et pour cette raison, elles doivent être bien comprises. La plupart des espèces d’anophèles piquent la nuit. Certaines piquent juste après le coucher du soleil, d’autres piquent plus tard, aux environs de minuit ou même aux petites heures matinales. Certaines espèces entrent dans les maisons pour piquer (endophages), d’autres préfèrent piquer à l’extérieur (exophages). Après que le moustique ait pris son repas de sang, il se repose pendant une courte période. Les moustiques qui sont entrés pour piquer se reposent habituellement sur un mur, sous le mobilier ou sur des vêtements pendus dans la maison. Ils sont dits endophiles. Ceux qui piquent à l’extérieur se reposent habituellement sur des plantes, dans des trous, sur des arbres, sur le sol ou d’autres endroits frais et sombres sont dits exophiles.

Les préférences trophiques varient suivant les différentes espèces de moustiques (Besansky et al. 2004; Takken & Verhulst 2013). Certains préfèrent prendre du sang chez l’Homme plutôt que chez les animaux, ils sont appelés anthropophiles, tandis que d’autres, qui préfèrent le sang des animaux sont appelées zoophiles. Bien entendu, ceux qui préfèrent l’Homme sont les plus dangereux, car ils sont susceptibles de transmettre la maladie d’Homme à Homme.

Bioécologie 

En Afrique, An. gambiae, An. coluzzii et An. arabiensis sont les principaux vecteurs du paludisme du complexe gambiae et sont largement distribués géographiquement. An. gambiae et An. coluzzii sont plus fréquemment rencontrées en zone de forêt et de savane humide mais aussi dans les savanes sèches ouest-africaines s’étendant du Sénégal au Burkina Faso. Elles vivent en sympatrie dans la presque totalité des savanes afro-tropicales avec An. arabiensis qui se retrouve quasi seul dans les zones sahéliennes et désertiques. Les trois espèces colonisent des gîtes de reproduction souvent temporaires, généralement petits, peu profonds, ensoleillés et sans végétation. On en sait peu sur les facteurs qui affectent la survie des larves et les mécanismes qui contrôlent l’émergence des adultes. On sait cependant que les précipitations, la température, l’humidité et la saison ainsi que les prédateurs et les compétiteurs influencent la survie des larves et l’émergence des adultes. Ces espèces présentent cependant d’importantes différences dans leurs préférences en matière d’hôtes et leur comportement trophique sur tout le continent africain. A quelques exceptions près, An. gambiae et An. coluzzii sont généralement endophage et endophile; tandis qu’An. arabiensis montrent une plus grande variabilité de comportements (Takken & Verhulst 2013; Carnevale & Robert 2009).

Définition de la capacité et de la compétence vectorielle

Compétence vectorielle

La compétence vectorielle est l’aptitude du vecteur à s’infecter après un repas de sang infectieux, à assurer le développement du parasite et à le transmettre à un nouvel hôte. (Lefèvre et al. 2013). Deux traits permettent de l’estimer :

➤ La prévalence du parasite
Il s’agit de la proportion de moustiques vecteurs du paludisme exposés au parasite et abritant au moins un oocyste dans leur estomac (prévalence des oocystes) ou un sporozoïte dans leur glande salivaire (prévalence de sporozoïtes).

➤ L’intensité parasitaire.
C’est le nombre moyen d’oocystes dans l’estomac, ou le nombre moyen de sporozoïtes dans les glandes salivaires, des moustiques infectés.

La capacité vectorielle 

La capacité vectorielle du moustique est son aptitude à transmettre le parasite en un lieu donné à une période donnée. Elle dépend en général de :
– La longévité du vecteur dans cet environnement;
– La densité de la population vectorielle;
– La préférence trophique;
– La compétence vectorielle
– La durée du cycle sporogonique (période d’incubation extrinsèque).
La capacité vectorielle peut se calculer en estimant le nombre d’inoculations attendu par jour à partir d’un cas humain infecté en contact avec une population anophélienne. C’est un paramètre qui permet d’évaluer la transmission anophèle-homme et d’estimer l’impact d’une action de lutte anti-vectorielle. Afin d’améliorer la compréhension et le contrôle des maladies vectorielles, un modèle mathématique a été développé pour estimer la capacité vectorielle (MacDonald 1956; Garrett-Jones & Shidrawi 1969; Smith et al. 2011).

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Table des matières

Introduction
1. Généralités
1.1. Définition du paludisme
1.2. Agent pathogène
1.2.1. Taxonomie
1.2.2. Morphologie
1.2.3. Cycle évolutif
1.3. Vecteurs du paludisme
1.3.1. La morphologie et le cycle biologique des anophèles
1.3.2. Bioécologie
1.3.3. Définition de la capacité et de la compétence vectorielle
1.3.4. Lutte anti-vectorielle
2. Méthodologie
2.1. Type et période de l’étude
2.2. Matériels et méthode
2.2.1. Matériels
2.2.2. Méthode
3. Résultats
3.1. Taux d’émergence
3.2. Taux de gorgement
3.3. Compétence des femelles irradiées et contrôles
3.3.1. Prévalence en oocyste
3.3.2. Intensité en oocyste
3.3.3. Survie des moustiques entre 1-7 jours post-infection dans les grandes cages de la compétence en oocyste
3.3.4. Prévalence en sporozoïtes
3.3.5. Survie des moustiques entre 7-18 jours post-infection dans les grandes cages de la compétence en sporozoites
3.4. Effets de l’irradiation et de l’infection sur la longévité des moustiques
3.5. Effet de l’irradiation sur le taux d’oviposition des femelles irradiées et contrôles
4. Discussion
4.1. Taux d’émergence
4.2. Taux de gorgement
4.3. Compétence des moustiques
4.4. Effets de l’irradiation et de l’infection sur la longévité des moustiques
4.5. Prévalence des œufs
Conclusion

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