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Population รฉtudiรฉe
La population ciblรฉe รฉtait lโensemble des mรฉdecins gรฉnรฉralistes et lโensemble des internes en D.E.S. de mรฉdecine gรฉnรฉrale sur tout le territoire franรงais dont les DOM-TOM.
Les mรฉdecins et internes de spรฉcialitรฉ autre que celle visรฉe ont รฉtรฉ exclus de lโรฉtude.
Mode de recueil des donnรฉes
Les donnรฉes ont รฉtรฉ recueillies via un questionnaire conรงu sous lโexpertise dโun mรฉdecin gรฉriatre et dโun mรฉdecin gรฉronto-psychiatre. La mรฉthodologie sโest inspirรฉe dโun article du ยซ Journal of Alzheimer disease ยป publiรฉ par lโรฉquipe du Professeur Pierre Krolac Salmon concernant les bรฉnรฉfices et les risques du diagnostic de la maladie dโAlzheimer en mรฉdecine gรฉnรฉrale et ce ร partir de vignettes cliniques permettant dโaffiner lโรฉvaluation selon le cas prรฉsentรฉ.
Le questionnaire (annexe 7) รฉtait constituรฉ de quatre vignettes cliniques inspirรฉes de situations cliniques rรฉelles correspondant ร un รฉpisode dรฉpressif dโexpression diffรฉrente.
๏ผ Vignette numรฉro 1 : Dรฉpression caractรฉrisรฉe post-deuil.
ยซ Mme B, 85 ans, nโarrive pas ร se remettre du dรฉcรจs de son mari survenu il y a 1 an et demi. Elle pleure trรจs souvent et ne sโintรฉresse plus ร ses activitรฉs habituelles, ne sortant mรชme plus faire ses courses, ne ressentant plus aucune รฉnergie. Elle a perdu 8 kilos et dort mal malgrรฉ le traitement hypnotique prescrit il y a 1 an. Malgrรฉ le fait quโelle soit bien entourรฉe par sa famille, elle nโattend quโune chose : aller rejoindre son mari. Elle est indemne d’antรฉcรฉdents psychiatriques et n’a pas de maladie neurodรฉgรฉnรฉrative connue ร ce jour. ยป
๏ผ Vignette numรฉro 2 : Dรฉpression masquรฉe par une plainte somatique.
ยซ Mme M, 84 ans, vient ร votre cabinet pour la premiรจre fois pour des douleurs lombaires rรฉsistantes ร tous les traitements antalgiques donnรฉs ร ce jour. Elle a vu plusieurs spรฉcialistes (rhumatologues, neurochirurgiens entre autres) qui nโont pas rรฉussi ร trouver une solution ร son problรจme. Ses douleurs lโempรชchent de rรฉaliser des activitรฉs aussi banales que faire la cuisine ou sortir faire quelques courses. De mรชme, elle limite la participation ร ses activitรฉs de loisirs (sโoccuper des petits enfants, aller au club senior). Les imageries poussรฉes ont seulement mis en รฉvidence une arthrose peu รฉvoluรฉe au niveau du rachis lombaire. Elle vous dit se sentir รฉpuisรฉe. Elle est indemne d’antรฉcรฉdents psychiatriques et n’a pas de maladie neurodรฉgรฉnรฉrative connue ร ce jour. ยป
๏ผ Vignette numรฉro 3 : Dรฉpression avec troubles cognitifs.
ยซ Mme S, veuve de 86 ans, ancienne bibliothรฉcaire, vient ร votre consultation ร la demande de sa fille pour trouble de la mรฉmoire. Elle se plaint dโoublier les noms propres et de perdre ses affaires (clefs par exemple). Elle nโarrive plus ร gรฉrer ses factures, a du mal ร sโintรฉresser ร ses lectures et ร finir un livre. Elle souffre de cette situation, se voyant se dรฉgrader, se sentant inutile. Le sommeil est mauvais, elle mange peu. Le MMS rรฉalisรฉ est ร 28/30, le bilan somatique (biologies, imagerie) est sans anomalie. Elle est indemne d’antรฉcรฉdents psychiatriques et n’a pas de maladie neurodรฉgรฉnรฉrative connue ร ce jour. ยป
๏ผ Vignette numรฉro 4 : Dรฉpression mรฉlancolique.
ยซ Mr L, รขgรฉ de 71 ans, ancien chef dโentreprise parti ร la retraite il y a 2 ans, est conduit ร votre consultation par son รฉpouse, inquiรจte des propos de celui-ci. Depuis 8 mois, son comportement a changรฉ, il ne fait plus rien ร domicile, ne participant plus au fonctionnement du foyer, ne sortant plus voir ses anciens collรจgues. Devant vous, il apparaรฎt amimique, parlant peu. Sans affect, il vous explique que ses intestins et ses reins ont arrรชtรฉ de fonctionner. Il culpabilise dโรชtre venu, empรชchant dโautres personnes dโรชtre soignรฉes, et sa situation รฉtant sans perspective dโamรฉlioration. Il est indemne d’antรฉcรฉdents psychiatriques et n’a pas de maladie neurodรฉgรฉnรฉrative connue ร ce jour. ยป
Le questionnaire รฉtait constituรฉ de 49 questions rรฉparties en 5 parties : diagnostic, orientation, attitude thรฉrapeutique, prise en charge annexe et caractรฉristiques des rรฉpondants.
Les variables recueillies concernant les vignettes รฉtaient :
โ Diagnostic.
โ Modalitรฉs diagnostiques (รฉchelles de dรฉpression).
โ Arguments en faveur ou en dรฉfaveur ร lโorientation au spรฉcialiste.
โ Arguments en faveur ou en dรฉfaveur ร lโinitiation du traitement antidรฉpresseur.
โ La prise en charge annexe : mรฉdicale (anxiolytiques, hypnotiques neuroleptiques/antipsychotiques, sismothรฉrapie), paramรฉdicale (psychothรฉrapie nutrition, fonctionnelle (kinรฉsithรฉrapie, activitรฉs physiques), bilan mรฉmoire) et sociale (aides ร domicile, rรฉseau personne รขgรฉe, club sรฉnior).
La plupart des questions รฉtaient fermรฉes, ร choix simple ou multiples. Une question concernant la prise en charge thรฉrapeutique annexe รฉtait accompagnรฉe dโun champ libre ยซ Autre ยป.
Les variables recueillies concernant les rรฉpondants รฉtaient :
โ Spรฉcialitรฉ mรฉdicale.
โ รge.
โ Sexe.
โ Anciennetรฉ dโexercice (par tranches de cinq ans).
โ Semestre en cours des internes (du 1er semestre au 6รจme semestre dโinternat).
โ Lieu dโexercice (cabinet libรฉral, ambulatoire, hรดpital, รฉtablissement pour personnes รขgรฉes).
โ Dรฉpartement.
โ Formation antรฉrieure en psychiatrie de la personne รขgรฉe (oui/non).
โ Besoin de formation (oui/non).
Le questionnaire a รฉtรฉ testรฉ en amont de lโenvoi, par dix mรฉdecins gรฉnรฉralistes afin de sโassurer
de sa facilitรฉ de rรฉponse, de sa cohรฉrence et du bon recueil des rรฉponses. Leurs rรฉponses ont รฉtรฉ
exclues. Une moyenne de 10 minutes รฉtait nรฉcessaire pour rรฉpondre au questionnaire.
Analyses des donnรฉes et mรฉthode dโanalyse statistiques des donnรฉes
Une base Excel a รฉtรฉ construite sur la base des donnรฉes recueillies.
Pour les analyses descriptives, les variables quantitatives ont รฉtรฉ dรฉcrites par la moyenne, รฉcarttype, minimum, maximum et mรฉdiane, et les variables qualitatives ont รฉtรฉ dรฉcrites par les frรฉquences et pourcentages.
Pour les modalitรฉs diagnostiques selon les diffรฉrentes vignettes cliniques, les rรฉpondants ont รฉtรฉ
rรฉpartis selon trois groupes, reprรฉsentรฉs dans les rรฉsultats selon un code couleur :
1. Diagnostic รฉtabli par les รฉchelles de dรฉpression seules (bleu).
2. Diagnostic รฉtabli par la clinique seule, sans รฉchelle (jaune foncรฉ) : soit par unexamen clinique, soit par lโutilisation des critรจres diagnostiques ou les deux ; les critรจres diagnostiques correspondant aux critรจres du DSM-V et CIM-10 et ne constituant pas une รฉchelle.
3. Diagnostic รฉtabli par la clinique et les รฉchelles de dรฉpression (orange).
Pour lโutilisation des รฉchelles dรฉpression selon les vignettes cliniques, plusieurs rรฉponses/ รฉchelles รฉtaient possibles et dรฉclarรฉes par chaque rรฉpondant, peu importe lโassociation ou non au diagnostic clinique. Lโensemble des รฉchelles a รฉtรฉ comptabilisรฉ. Lโordre dโutilisation de ces derniรจres nโรฉtait pas connu.
Deux comparaisons ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes en crรฉant deux sous-groupes : une premiรจre comparaison selon la formation en psychiatrie de la personne รขgรฉe (groupe des formรฉs versus non-formรฉs) et une seconde selon le statut (groupe des mรฉdecins versus internes).
Pour ces comparaisons, le test du Chi-2 a รฉtรฉ utilisรฉ pour les variables qualitatives, le test exact de Fischer pour les petits effectifs et le test de Student ou ANOVA pour les variables quantitatives.
Les variables concernant lโavis des rรฉpondants sur les arguments dโorientation et dโinitiation du traitement (รฉchelle de Lickert ร 5 points, de ยซ Pas du tout dโaccord ยป ร ยซ Tout ร fait dโaccord ยป) ont รฉtรฉ trichotomisรฉes pour รฉvaluer les pourcentages dโaccords avec les arguments proposรฉs afin de sโintรฉresser uniquement aux extrรชmes. Ainsi, les rรฉpondants ont รฉtรฉ regroupรฉs en trois classes : ceux ayant attribuรฉ une valeur de 0 sur lโรฉchelle considรฉrรฉs comme ยซ non-dโaccords ยป, ceux ayant attribuรฉ une valeur de 5 sur lโรฉchelle considรฉrรฉs comme ยซ dโaccords ยป avec la proposition et les autres ayant attribuรฉ une valeur entre 1 et 4 considรฉrรฉs comme ยซ peu sรปrs ยป de leurs rรฉponses.
La comparaison des arguments des sous-groupes a รฉtรฉ rรฉalisรฉe en totalitรฉ mais dรฉcrite uniquement lorsquโune diffรฉrence apparaissait au sein de lโorientation ou de la prescription de lโantidรฉpresseur selon les cas. Elle a รฉtรฉ faite pour chaque argument suivant les variables : 0 versus les autres rรฉponses (de 1 ร 5) et 5 versus les autres rรฉponses (de 0 ร 4).
Les rรฉponses ยซ Ne sais pas ยป ont รฉtรฉ exclues de lโanalyse.
Les analyses statistiques ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes via le logiciel SPSS version 20 et le site en ligne ยซ BiostaTGV ยป.
รthique
Un avis au Comitรฉ dโรthique de lโUniversitรฉ dโAix-Marseille a รฉtรฉ obtenu (N 2021 โ 01 โ 07 – 07, annexe 9).
Le questionnaire รฉtait rempli en ligne, de faรงon totalement anonyme.
Il a รฉtรฉ prรฉcisรฉ aux rรฉpondants que cliquer sur le lien ยซ envoyer ยป faisait office de consentement. La participation des mรฉdecins et internes sโest faite sur la base du volontariat et nโa รฉtรฉ soumise ร aucune compensation financiรจre.
Initiation ou non au traitement antidรฉpresseur
Parmi les rรฉpondants ayant diagnostiquรฉ une dรฉpression, la prescription du traitement antidรฉpresseur a รฉtรฉ plus ou moins uniforme selon les vignettes cliniques (Figure 12) : Dans le cas de la dรฉpression post-deuil, la quasi-totalitรฉ des rรฉpondants (94,7 %, n=961) ont indiquรฉ initier un traitement antidรฉpresseur. Dans les autres cas, la prescription dโun antidรฉpresseur a รฉtรฉ rรฉalisรฉe dans plus de la moitiรฉ des cas selon les vignettes (de 56,3 %, n= 433 pour la vignette 3, 58,5 %, n=274 pour la vignette 2, ร 61 %, n=480 pour la vignette 4).
Nous nous sommes alors interrogรฉs sur le pourcentage dโorientation en fonction de la prescription ou non du traitement antidรฉpresseur (Tableau 3).
Arguments en dรฉfaveur de la prescription du traitement antidรฉpresseur
Le doute diagnostique รฉtait lโargument principal en dรฉfaveur de la prescription du traitement antidรฉpresseur de la dรฉpression masquรฉe (36,1 % TAF contre 5,2 % PDT), de la dรฉpression avec troubles cognitifs (35,4 % TAF contre 3,9 % PDT) et de la dรฉpression mรฉlancolique (38,3 % TAF contre 8,6 % PDT), (Figure 14).
Le risque iatrogรฉnique รฉtait le second argument majoritairement citรฉ pour la dรฉpression postdeuil (22,2 % TAF contre 5,6 % PDT), la dรฉpression masquรฉe (14 % TAF contre 11,4 % PDT) et la dรฉpression avec troubles cognitifs (16,2 % TAF contre 9,6 % PDT) tandis quโil ne se justifiait pas dans la dรฉpression mรฉlancolique (23 % PDT contre 11,7 % TAF).
Le risque suicidaire par levรฉe dโinhibition se distinguait uniquement pour la dรฉpression mรฉlancolique (18,2 % TAF contre 13,7 % PDT) comme limitant lโinitiation du traitement.
Selon les diffรฉrents types de dรฉpression, entre 24,4 % et 56,1 % des rรฉpondants nโรฉtaient ยซ pas du tout dโaccord ยป avec le fait que la prescription ne relevait pas de leurs compรฉtences contre 0 % ร 15,3 % de rรฉpondants ยซ tout ร fait dโaccord ยป avec cet argument. Il en est de mรชme pour le peu dโefficacitรฉ du traitement : entre 39,5 % et 54,9 % des rรฉpondants nโรฉtaient ยซ pas du tout dโaccord ยป contre 0 % ร 1,3 % des rรฉpondants ยซ tout ร fait dโaccord ยป.
Comparaison de la prise en charge annexe selon les groupes prescripteurs ou non dโantidรฉpresseur
Nous avons voulu rรฉaliser des comparaisons afin de distinguer la prise en charge entre les diagnostiqueurs prescrivant un traitement antidรฉpresseur et ceux ne choisissant pas de le prescrire. Les tableaux des rรฉsultats complets se trouvent en annexe 12, tableaux 4 ร 7.
Dans la dรฉpression masquรฉe, elle se distinguait dans la prise en charge sociale avec les aides ร domiciles davantage citรฉes dans le groupe ยซ antidรฉpresseur ยป (86,4 %, n=223/258 contre 78,9 %, n=146/185 du groupe ยซ sans antidรฉpresseur ยป, p=0,04).
Dans la dรฉpression avec troubles cognitifs, celle-ci diffรฉrait par la prescription dโun bilan mรฉmoire davantage rรฉalisรฉe dans le groupe ยซ sans antidรฉpresseur ยป (89,3 %, n=294/329 contre 77,6 %, n=326/420 du groupe ยซ antidรฉpresseur ยป, p<0,0001).
Dans la dรฉpression mรฉlancolique, elle se distinguait dans la prescription dโanxiolytiques plus importante dans le groupe ยซ antidรฉpresseur ยป oรน la prescription รฉtait de 52,8 % (n=241/456), tandis quโelle รฉtait de 35,2 % (n=93/264) dans le groupe ยซ sans antidรฉpresseur ยป, p<0,0001. Elle diffรฉrait deuxiรจmement dans la psychothรฉrapie (87,7 %, n=405/462 contre 78,1 %, n=41/52 du groupe ยซ sans antidรฉpresseur ยป, p=0,0005) tandis que dans le groupe ยซ sans antidรฉpresseur ยป, cโรฉtait uniquement la prescription du bilan mรฉmoire qui รฉtait plus citรฉe (65,9 %, n=180/273 contre 57,8 %, n=263/455 du groupe ยซ antidรฉpresseur ยป, p=0,03). Pour la dรฉpression post-deuil (36,7 %, n=18/49), masquรฉe (31,3 %, n=56/179) et mรฉlancolique
(35,2 %, n=93/264), un rรฉpondant sur trois prescrivait un anxiolytique seul ; cela รฉtait le cas pour un rรฉpondant sur 5 dans le cas de la dรฉpression avec troubles cognitifs (22,6 %, n=71/314).
Caractรฉristiques des rรฉpondants ayant recours aux รฉchelles de dรฉpression en fonction du statut, de la formation et de lโanciennetรฉ.
Concernant les modalitรฉs diagnostiques, parmi ceux ayant utilisรฉ au moins une รฉchelle, les internes รฉtaient significativement plus nombreux que les mรฉdecins ร y recourir pour les vignettes 1, 2 et 3 (respectivement 82 % des internes contre 67 % des mรฉdecins, p<0,05 ; 92,5 % des internes contre 73,7 % des mรฉdecins, p=0,0003 ; 89,4 % des internes contre 80,1 % des mรฉdecins, p=0,005), annexe 20, tableau 21.
Pour lโensemble des vignettes, les rรฉpondants utilisant des รฉchelles รฉtaient plus jeunes que ceux qui nโen utilisaient pas. Parmi les mรฉdecins, le recours รฉtait plus frรฉquent parmi ceux exerรงant depuis moins de 5 ans par rapport aux mรฉdecins ayant une anciennetรฉ dโexercice de plus de 20 ans pour lโensemble des cas. Il nโy avait pas de diffรฉrence observรฉe en fonction de lโanciennetรฉ des internes.
Parmi les formรฉs ร la psychiatrie de la personne รขgรฉe, ils utilisaient davantage les รฉchelles pour la dรฉpression post-deuil (vignette 1, 77,9 % contre 69 % des non-formรฉs, p=0,003) et pour la dรฉpression avec troubles cognitifs (vignette 3, 90,4 % contre 80,6 % des non-formรฉs, p=0,01), annexe 14, tableau 13.
Orientation ou non au spรฉcialiste
Le groupe des non-formรฉs orientaient plus vers le spรฉcialiste que le groupe des formรฉs, de 24 % ร 77,2 % des non-formรฉs contre 22,7 % ร 69,2 % des formรฉs selon les vignettes cliniques (annexe 14, tableau 13).
Parmi ceux ayant diagnostiquรฉ la dรฉpression masquรฉe, les rรฉpondants non-formรฉs รฉtaient significativement plus nombreux ร orienter vers le spรฉcialiste (45,3 % des non-formรฉs contre 34 % des formรฉs, p=0,046), (Figure 18).
Nous nous sommes alors intรฉressรฉs uniquement aux arguments concernant la vignette clinique oรน lโon observait une diffรฉrence significative quant ร lโorientation ou non au spรฉcialiste. Dans ce cas, il sโagissait de la dรฉpression masquรฉe.
Parmi ceux qui lโorientaient, les non-formรฉs รฉtaient moins souvent ยซ Tout ร fait dโaccord ยป (TAF) sur le fait que la facilitรฉ dโidentification du spรฉcialiste soit un argument dโorientation (TAF 8,5 % des non-formรฉs contre TAF 25 % des formรฉs, p=0,02) et ils รฉtaient plus nombreux que les formรฉs ร nโรชtre ยซ pas du tout ยป dโaccord sur le risque suicidaire comme argument dโorientation (PDT 34,5 % des non-formรฉs contre PDT 12,1 % des formรฉs, p=0,02), (annexe 15, tableau 14).
Il nโexistait pas de diffรฉrence significative entre le groupe des formรฉs et celui des non-formรฉs concernant les arguments en dรฉfaveur de lโorientation pour la dรฉpression masquรฉe (annexeย 15, tableau 15).
Initiation ou non du traitement
Concernant le diagnostic des vignettes fait individuellement (Figure 19), les formรฉs รฉtaient plus nombreux ร initier un traitement ร la dรฉpression post-deuil (98,7 % des formรฉs contre 94 % des non-formรฉs, p=0,02) et ร la dรฉpression avec troubles cognitifs (66,4 % des formรฉs contre 54,3 % des non- formรฉs, p=0,01), (annexe 14, tableau 13).
Pour la dรฉpression post-deuil, les formรฉs dรฉclaraient plus lโefficacitรฉ du traitement (TAF 28,9 % des formรฉs contre 20,3 % des non-formรฉs, p=0,02) comme argument dโinitiation ainsi que son rรดle dans la prรฉvention du risque de dรฉpendance (TAF 14 % des formรฉs contre 7,6 % des non-formรฉs, p=0,02) et du risque de maladie neurodรฉgรฉnรฉrative (TAF 7 % des formรฉs contre 2,7 % des non-formรฉs, p=0,02). Le groupe des formรฉs considรฉrait davantage que les nonformรฉs le faible risque iatrogรฉnique (TAF 4 % des formรฉs contre 0,9 % des non-formรฉs, p=0,01) et jugeait la prescription initiale relevant de leurs compรฉtences (TAF 42,7 % des formรฉs contre 29,2 % des non-formรฉs, p=0,002).
Pour la dรฉpression avec troubles cognitifs, les formรฉs รฉtaient plus souvent dโaccord avec le rรดle du traitement dans la prรฉvention du risque de maladie neurodรฉgรฉnรฉrative (TAF 13,9 % des formรฉs contre 3,1 % des non-formรฉs, p=0,001) tandis que les non-formรฉs รฉtaient plus nombreux ร รชtre ยซ pas du tout dโaccord ยป avec cet argument comme raison dโinitiation (PDT 38,1 % des non-formรฉs contre 25,3 % des formรฉs, p=0,046). Les formรฉs jugeaient รฉgalement la prescription initiale relevant de leurs compรฉtences (TAF 48,1 % contre 25,6 % des nonformรฉs, p=0,0001).
Les rรฉsultats de la comparaison des arguments en faveur de lโinitiation au traitement antidรฉpresseur se trouvent dans lโannexe 16, tableaux 16 et 17.
Aucun argument en dรฉfaveur de lโinitiation au traitement ne ressortait de faรงon significative que ce soit dans le groupe des rรฉpondants formรฉs ou le groupe des non-formรฉs pour la dรฉpression post-deuil et la dรฉpression avec troubles cognitifs (annexe 17, tableaux 18 et 19).
Comparaison de la prise en charge mรฉdicale, paramรฉdicale et sociale selon la formation
Parmi les rรฉpondants ayant prescrit un traitement antidรฉpresseur, il nโexistait pas de diffรฉrence significative entre les groupes des formรฉs ou non-formรฉs pour la prise en charge mรฉdicale. Pour la prise en charge paramรฉdicale, dans la dรฉpression avec troubles cognitifs, celle-ci se distinguait dans le groupe des formรฉs, premiรจrement par une prise en charge nutritionnelle conjointe (76,5 % contre 64,6 % des non-formรฉs, p=0,04) et une prise en charge fonctionnelle (81,2 % contre 68 %, p=0,02) plus importante.
Il en รฉtait de mรชme dans la dรฉpression mรฉlancolique (53,2 % des formรฉs contre 40,7 % des nonformรฉs, p=0,04 pour la nutrition et 63,2 % des formรฉs contre 48,8 % des non-formรฉs, p=0,02 pour le fonctionnel). Dans la dรฉpression mรฉlancolique, les formรฉs dรฉclaraient รฉgalement plus associer des aides ร domicile (57,9 % contre 42,1 %, p=0,01) pour la prise en charge sociale. Parmi les rรฉpondants nโayant pas prescrit dโantidรฉpresseur, il nโexistait pas de diffรฉrence significative entre les groupes des formรฉs ou non-formรฉs pour les trois types de prises en charge. Lโensemble des rรฉsultats se trouvent en annexe 18, tableau 20.
Comparaison de la prise en charge mรฉdicale, paramรฉdicale et sociale selon le statut
Dans la dรฉpression post-deuil, la prise en charge annexe diffรฉrait par la sismothรฉrapie envisagรฉe davantage par les internes ayant prescrit un traitement antidรฉpresseur (2,1 % des internes contre 0,4 % des mรฉdecins, p=0,02). Ils considรฉraient รฉgalement plus la prise en charge fonctionnelle (84,3 % contre 77,9 % des mรฉdecins, p=0,05) et sollicitaient plus le rรฉseau personne รขgรฉe (92,3 % contre 78,2 % des mรฉdecins, p<0,001).
Dans la dรฉpression masquรฉe, il nโexistait pas de diffรฉrence de prise en charge associรฉe entre les mรฉdecins et internes.
Dans la dรฉpression avec troubles cognitifs, les internes prescripteurs dโantidรฉpresseur citaient davantage le rรฉseau personne รขgรฉe (95,7 % des internes contre 82,3 % des mรฉdecins, p=0,001).
Cependant, les internes nโayant pas prescrit dโantidรฉpresseur (n=73), รฉtaient plus nombreux ร prescrire dโhypnotiques que les mรฉdecins (15,1 % contre 6,4 %, p=0,02). Quโils soient prescripteurs ou non dโantidรฉpresseur, ils prenaient plus en compte la prise en charge nutritionnelle (75,5 % contre 64,4 % des mรฉdecins, p=0,05 chez les prescripteurs et 75,7 % contre 60,1 %, p=0,01 chez les non-prescripteurs).
Dans la dรฉpression mรฉlancolique, les mรฉdecins รฉtaient plus nombreux ร prescrire en association un anxiolytique (55,7 % contre 43,3 % des internes, p=0,03). Que les mรฉdecins soient prescripteurs ou non dโantidรฉpresseur, ils prescrivaient plus que les internes un bilan mรฉmoire (61,4 % des mรฉdecins contre 45,7 % des internes, p=0,004 pour les prescripteurs et 69,4 % des mรฉdecins contre 54,7 % des internes, p=0,03 pour les non-prescripteurs).
Les internes non prescripteurs associaient davantage ร la prise en charge une psychothรฉrapie (87,5 % contre 75,3 % des mรฉdecins, p=0,04), une prise en charge fonctionnelle (60 % contre 45,6 % des mรฉdecins, p=0,04) et le club sรฉnior (56,7 % contre 38,3 % des mรฉdecins, p=0,01). Quโils soient prescripteurs ou non, les internes รฉvoquaient plus la sismothรฉrapie que les mรฉdecins (13,4 % contre 5,8 % des mรฉdecins, p=0,01 pour les prescripteurs et 14,6 % contre 5,2 % des mรฉdecins, p=0,02 pour les non-prescripteurs). Il en รฉtait de mรชme pour la prise en charge nutritionnelle (55,9 % contre 39 %, p=0,003 pour les prescripteurs et 61,3 % contre 42,8 %, p=0,01 pour les non-prescripteurs), les aides ร domicile (55,2 % contre 41,5 %, p=0,01 chez les prescripteurs et 64,6 % contre 42,4 %, p=0,002 chez les non-prescripteurs) et le rรฉseau personne รขgรฉe (57,8 % contre 43,1 %, p=0,01 chez les prescripteurs et 62,5 % contre 42,5 %, p=0,01 chez les non-prescripteurs).
Ressenti du besoin de formation
Les internes รฉtaient plus nombreux que les mรฉdecins ร ressentir le besoin de formation en psychiatrie de la personne รขgรฉe (94,5 % contre 74,5 % des mรฉdecins, p<0,05). Parmi les mรฉdecins ressentant le besoin dโune formation, cโรฉtaient les jeunes mรฉdecins (< 5 ans dโexercice) qui en ressentaient le plus besoin (83,9 %, p<0,05).
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Table des matiรจres
I. INTRODUCTION
A. Dรฉfinition de la personne รขgรฉe
B. La dรฉpression du sujet รขgรฉ
1. Dรฉfinition de la dรฉpression
2. รpidรฉmiologie
3. Particularitรฉs sรฉmiologiques chez le sujet รขgรฉ
4. Les formes dites ยซ masquรฉes ยป
5. Situation particuliรจre : le deuil pathologique
C. Difficultรฉs diagnostiques
D. Outils de dรฉpistage de lโEDC chez le sujet รขgรฉ
1. La GDS (Geriatric Depression Scale)
2. รchelle dโHamilton
3. La Montgomery-Asberg Depression Rating Scale (MADRS)
4. Lโรฉchelle de Beck
5. HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale)
E. Consรฉquences de la dรฉpression et risque suicidaire
F. Prise en charge de la dรฉpression
1. Les spรฉcialistes
2. Prise en charge thรฉrapeutique
G. Difficultรฉs thรฉrapeutiques
H. Justificatif de lโรฉtude
I. Objectifs de lโรฉtude
1. Objectif principal
2. Objectifs secondaires
II. MATERIELS ET METHODES
A. Type dโรฉtude
B. Population รฉtudiรฉe
C. Mode de recueil des donnรฉes
D. Diffusion du questionnaire
E. Analyses des donnรฉes et mรฉthode dโanalyse statistiques des donnรฉes
F. รthique
III. RESULTATS
A. Descriptifs des rรฉpondants
B. Prise en charge globale de la dรฉpression selon les vignettes cliniques
1. Diagnostic des diffรฉrentes formes
C. Caractรฉristiques des rรฉpondants ayant recours aux รฉchelles de dรฉpression en fonction du statut, de la formation et de lโanciennetรฉ.
D. Prise en charge en fonction de la formation
1. Caractรฉristiques des rรฉpondants
2. Prise en charge diagnostique
3. Orientation ou non au spรฉcialiste
4. Initiation ou non du traitement
5. Comparaison de la prise en charge mรฉdicale, paramรฉdicale et sociale selon la formation.
6. Choix de la structure
E. Prise en charge en fonction du statut mรฉdecin/interne
1. Prise en charge diagnostique
2. Orientation ou non au spรฉcialiste
3. Initiation ou non du traitement
4. Comparaison de la prise en charge mรฉdicale, paramรฉdicale et sociale selon le statut
5. Ressenti du besoin de formation
6. Choix de la structure
F. En lโabsence de diagnostic
IV. DISCUSSION
A. Reprรฉsentativitรฉ de la population
B. Diagnostic de dรฉpression et recours aux รฉchelles
C. Orientation au spรฉcialiste
D. Initiation du traitement antidรฉpresseur et prise en charge mรฉdicale associรฉe
E. Prise en charge paramรฉdicale et sociale
F. Les bรฉnรฉfices de la formation
G. Prise en charge des internes : principales limites
H. Forces et limites de lโรฉtude
V. Conclusion et perspectives
ANNEXES
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