La montée en puissance de la Chine dès l‟arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir en 1976

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Le transfert de technologie, lien de transmission entre commerce mondial et  croissance

Sur le plan théorique, l‟ouverture d‟un pays au commerce mondial est justifiée par sa spécialisation internationale qui dépend de son niveau technologique ou de l‟abondance de ses ressources (Berthélemy et al., 1997). Selon ce principe, les pays développés exporteraient plus de produits manufacturés tandis que les PED se spécialiseraient dans la production de biens riches en travail non qualifié. Toutefois, la mondialisation du commerce et des flux de capitaux s‟est fortement accélérée et a été à l‟origine de la croissance économique rapide de nombreux pays, notamment de PED. Dans un tel contexte, la levée des restrictions sur les échanges commerciaux internationaux et la mise en place des mesures attractives des investissements directs étrangers (IDE) deviennent des atouts permettant aux pays les moins développés de rattraper le retard qui les sépare des pays avancés (OMC, 1999). Dans ce cadre, la technologie, son transfert et son adoption ont beaucoup préoccupé les analyses de la croissance économique. Certains se sont intéressés aux pays développés qui innovent et exportent la technologie et d‟autres aux pays en développement qui importent et imitent surtout grâce aux externalités. Ces derniers, faiblement dotés en technologie, n‟ont en général les possibilités de rattraper leurs retards technologiques que s‟ils sont capables d‟accumuler la technologie étrangère, soit en encourageant les transferts directs des capitaux via l‟IDE, ou par l‟ouverture à l‟échange avec l‟extérieur. Le progrès technique peut alors être domestique ou international et son adoption paraît vitale pour les PED en permettant d‟améliorer la croissance de leur productivité (Romer, 1990).
Les transferts de technologie comme canaux de transmission sont issus de la théorie récente sur la croissance endogène. D‟où l‟intérêt de la section1 qui élabore le capital humain au coeur de la nouvelle théorie de la croissance. Ainsi de la section2 illustrant les externalités technologiques véhiculées par le commerce international.

Le capital humain au coeur de la nouvelle théorie de la croissance

Depuis la fin des années 1980, les théories de croissance connaissent un renouveau. Suite à l‟étude des économistes sur la divergence entre la croissance de différent pays, les tenants de croissance économique moderne mettent en exergue leurs théories pour expliquer ce phénomène. Ces théories ont été développées notamment par Paul Romer (1986), Robert Lucas (1988) et Robert Barro (1990). Le premier modèle a été initié par Romer dès 1986 dans un article intitulé « Increasingreturns and long rungrowth » en lançant le terme de croissance endogène.
Ainsi, ces théoriciens s‟écartent aux modèles de croissance exogène, en particulier le modèle de Solow qui n‟explique pas certains phénomènes de l‟économie. En effet, on ne constate pas empiriquement la convergence de toutes les économies au sens de Solow (1956) car au XXème siècle, certains pays sont encore en voie de développement alors que d‟autres ont pu décoller comme la Chine. Dans son modèle, Solow (1956) signale simplement que grâce aux progrès technique, dont on ignore son origine, la croissance peut perdurer.
Les théories récentes de la croissance cherchent précisément à rendre ce facteur progrès technique endogène. C’est-à-dire, endogénéiser le progrès technique en construisant des modèles qui expliquent son apparition. Le progrès technique ne tombe donc pas du ciel. La croissance est ainsi assimilée à un phénomène autoentretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : les rendements croissants grâce aux gains d‟échelle ; la R&D ou innovation comme une activité à rendement croissant avec un cout d‟appropriation minimal ; la connaissance qui s‟accumule ; l‟intervention de l‟Etat notamment par l‟investissement dans les infrastructures (Muet, 1993).
Selon cette nouvelle théorie, la croissance engendre du progrès technique par trois grands mécanismes. D‟abord le « learning by doing »ou apprentissage par la pratique car plus on produit, plus on apprend à produire de manière efficace. Ensuite, la croissance améliore l‟accumulation du capital humain. De ce fait, si la croissance est forte, il est possible d‟accroître le niveau d‟instruction de la main d‟oeuvre tout en investissant dans le système éducatif. Et pour finir, la croissance mène au financement des infrastructures publiques ou privées qui la stimule. De par cela, la nouvelle théorie renforce la technologie dans chaque étape de ces mécanismes (Muet, 1993).
La production consiste à transformer des ressources naturelles et des biens (consommations intermédiaires) en créant au passage de la valeur. Cette valeur ajoutée est obtenue par la combinaison technique des facteurs de productions, travail et outils de production. Ces derniers, à l‟inverse du travail, font eux-mêmes l‟objet d‟une production et sont donc accumulables. D‟où, la croissance résulte de l‟augmentation continue des facteurs accumulables (Hairault, 2007).
Le capital humain désigne l‟ensemble des capacités productives d‟un individu incluant ses connaissances, ses aptitudes et aussi ses qualifications. Il constitue un autre facteur de production accumulable, dont Gary Becker a mis en évidence depuis 1965, et est au centre des études menées par Lucas(1988).
Dans sa théorie, Becker (1965) énonce que l‟éducation et la formation professionnelle constituent des investissements dans lesquelles les individus cherchent à optimiser. Dans la même lignée, Lucas (1988) considère l‟accumulation du capital humain dépendant des efforts individuels aussi que collectifs endogénéiser dans la croissance. Avec les effets d‟imitation et d‟apprentissage, le niveau d‟éducation d‟un individu joue non seulement sur sa propre productivité, mais aussi sur celle de ses entourages.
Dans une autre voie, Romer (1986) a modélisé un processus d‟accumulation des connaissances basée sur l‟apprentissage par la pratique. Certes, les nouvelles connaissances sont à l‟issue du progrès technique. La compréhension de ce dernier passe ainsi par l‟analyse des caractéristiques économiques de la croissance. L‟une des dimensions essentielles de la connaissance, qui prend source par « des idées », est de pouvoir être reproduite et/ou dupliqué sans coût. Ce qui fait d‟elle cumulative. La deuxième caractéristique importante tient au fait du non rivalité. C’est-à-dire, son utilisation par un individu ou une entreprise n‟empêche d‟autres d‟en faire de même. Toutefois, en tant que troisième caractéristique, le non rivalité n‟implique pas que l‟usage ne puisse être rendu exclusif (Bellone, 2006).

Les externalités technologiques véhiculées par le commerce international

Les modèles de croissance endogène ont présenté des justifications théoriques en faveur de la relation d‟interdépendance positive entre l‟ouverture à l‟échange et la croissance économique. Rivera-Batiz et Romer (1991) et Grossman et Helpman (1991) considèrent l’innovation comme source de croissance encourageant une politique d’ouverture. Ainsi, les contacts internationaux facilitent la copie des technologies étrangères et leur ajustement à un usage domestique. Parallèlement, ils permettent d‟accroître la productivité d‟un pays dans le développement de nouvelles technologies ou l‟imitation de techniques de production. C‟est ainsi que Grossman et Helpman (1991) soulignent que le commerce international se présente comme une stratégie de développement et d‟acquisition des connaissances.
Plusieurs économistes [ Harisson (1996) et Edwards (1998)…] utilisent les exportations ou les importations pour mesurer l’effet de l’ouverture sur la croissance économique. Or, l‟ouverture d‟un pays ne se limite pas à ses échanges internationaux. Elle se caractérise aussi par sa capacité d‟accueil des firmes multinationales étrangères en accordant des avantages notamment fiscaux et administratifs. Ces firmes peuvent améliorer l‟efficacité globale d‟une économie via la disponibilité des connaissances technologiques et organisationnelles transférables au reste de l‟économie. Ainsi, pour tenir compte de l’ensemble des canaux par lesquels l’ouverture peut affecter la croissance économique, leur effet positif a été démontré par plusieurs auteurs comme Lee (1995) par exemple.
Cela montre que l‟ouverture, surtout pour les pays en voie de développement a un effet positif et significatif sur leur croissance économique. Un tel effet passe par les canaux suivants : premièrement, les exportations permettent aux pays en voie de développement d‟obtenir des devises pour financer les importations et la dette d‟un côté et incitent les entreprises exportatrices à être compétitives, en utilisant une meilleure technologie, pour pouvoir se faire une place dans le marché mondial. Cette technologie peut, par ailleurs, se diffuser vers les entreprises non exportatrices et améliorer ainsi leur productivité. Deuxièmement, les pays en voie de développement disposent d‟un niveau négligeable en R&D. L‟ouverture leur permet d’accéder au savoir et aux connaissances étrangères plus particulièrement par le biais de l’importation des biens étrangers nécessaires dans le processus de leur production tels que les biens d’équipement et les biens intermédiaires. Troisièmement, l‟installation des firmes multinationales dans les pays en voie de développement est favorable dans la mesure où elle augmente la concurrence et incite les entreprises domestiques à améliorer leurs technologies et réaménager leurs méthodes de gestion et d‟organisation d‟une part. D‟autre part, elle permet de transférer la technologie étrangère vers ces pays et stimuler les entreprises domestiques. Par ailleurs, les firmes multinationales participent à la diminution du chômage dans les pays en voie de développement en embauchant des travailleurs qualifiés et non qualifiés (Legrand, 2008).
Une des voies par lesquelles l’ouverture peut augmenté l’exposition de l’économie domestique aux transferts de technologie est en facilitant, par le biais des échanges internationaux, l’imitation par les producteurs domestiques des technologies étrangères, mais aussi par l’incorporation de ces connaissances dans leur propre processus productifs. Cette exposition accrue peut provenir de l’importation directe de biens de haute technologie ou d’une interaction supérieure avec les sources de l’innovation (à travers une plus grande communication internationale et une mobilité accrue, induites par l’intégration économique). Ceci devrait se traduire par une plus grande capacité à concurrencer les économies les plus avancées sur les marchés mondiaux. Une telle évolution a certainement formé une partie du miracle de la croissance Est-asiatique, caractérisée par d’importantes transformations dans la composition des biens produits et exportés, de l’agriculture à l’industrie lourde et finalement aux biens des économies les plus avancées sur les marchés mondiaux. Une telle évolution a certainement formé une partie du miracle de la croissance Est-asiatique, caractérisée par d’importantes transformations dans la composition des biens produits et exportés, de l’agriculture à l’industrie lourde et finalement aux biens de haute-technologie, à travers l’imitation de la technologie née dans les pays industrialisés (Coe et Helpman, 1995).

Fondements théoriques du commerce international

Les hommes ont compris depuis fort-longtemps que la répartition des tâches et la spécialisation constituaient un progrès par rapport à une situation dans laquelle chacun produirait tout ce dont il a besoin. La spécialisation s‟accompagne nécessairement de l‟échange. Cependant, les gens qui ne produisent qu‟un bien doivent l‟échanger pour obtenir tous les autres biens dont ils ont besoin. Ce qui fait que dans les sociétés contemporaines, d‟innombrables échanges de différente nature ont lieu chaque jour (Majnoni B., 2008).
Les pays se sont ouverts à l‟échange international moyennant toujours des contreparties. En fait, le schéma de spécialisation traduit l‟accumulation de gains tirés des échanges (Lausset et Montet, 1993). Les gains à l‟échange correspondent aux avantages bénéficiés par les échangistes par rapport au fait qu‟ils essaient d‟être auto-suffisants.
Les économistes ont englobés dans la théorie du commerce international le mécanisme de l‟échange international ainsi que les avantages y afférents. Pour ne remonter qu‟au mercantilisme, on sait que dès cette époque, le commerce servait à enrichir la nation. Ainsi, l‟objectif des échanges internationaux est de dégager un excédent commercial par l‟accumulation des métaux précieux.1 D‟après A. Montchretien (1576-1621) « le commerce international est un jeu à somme nul », c‟est-à-dire, ce qu‟un pays gagne, l‟autre le perd. De ce fait, l‟échange international est source de conflits entre les pays. Ce qui amenait la théorie classique qui s‟ensuive à démontré la fausseté du fondement même de la pensée mercantiliste. La théorie classique du commerce international avance la notion d‟avantages absolus et comparatifs. Cette théorie explique que l‟échange international, avec la spécialisation, est bénéfique pour ceux qui s‟y engagent (Mazerolle, 2008).

Élargissement de l’offre d’inputs et gains aux producteurs

La majeure partie des échanges internationaux portent sur les intrants (Fontagné, Freudenberg, &Ünal-Kezenci, 1996). Les gains de l’ouverture concernent aussi bien les producteurs que les consommateurs. L’ouverture permet aux producteurs de disposer d’une plus grande marge de manoeuvre pour leurs approvisionnements en consommations intermédiaires et autres intrants ou facteurs de production nécessaire à leur activité. Cette plus grande variété d’inputs garantit une meilleure efficacité de la combinaison productive (Ethier, 1979). La production différenciée peut être utilisée comme bien de consommation finale ou bien de consommation intermédiaire. Ainsi, l’ouverture impose aux entreprises de réduire leur marge commerciale. Enfin les producteurs réalisent des économies d’échelle, puisque leur production individuelle augmente. Vu sous cet angle, l’ouverture commerciale est directement mise en relation avec la croissance car elle favorise une accumulation et une allocation optimale des ressources productives.
D’autres approches théoriques expliquent la relation entre la croissance, l‟ouverture extérieure et l‟élargissement de l’offre d’inputs. Ces approches, sont basées sur des modèles à échelle de qualité, et ont été développées par Grossman&Helpman (1991), Aghion& Howitt (1992). Ces modèles soutiennent que les nouveaux biens, de qualité supérieure, sont censés offrir plus de services que les anciens. Les nouveaux biens intermédiaires favorisent des gains de productivité auxquels s’ajoute un gain d’efficacité associé à la spécialisation sur les segments du processus de production. Le rôle de l’ouverture est alors d’offrir aux producteurs des inputs à des conditions plus avantageuses que dans une situation autarcique. En conséquence, indépendamment de l’effet prix relatif bien connu, l’ouverture a un effet sur la croissance même si les pays ne disposent pas d’avantages comparatifs dans la production du bien final, même si les biens sont homogènes ou même si les rendements sont constants.
Les inputs mis à la disposition des producteurs par l’échange international ne sont pas seulement des biens intermédiaires manufacturés ou des facteurs primaires. Markusen (1989) met en évidence deux types de gains associés à l’échange international de services producteurs, très différenciés et très intensifs en Recherche et Développement (R & D). D’une part, l’échange d’inputs augmente le bien-être de chaque pays par rapport à l’autarcie, contrairement à l’échange de biens finals. D’autre part, l’échange de services producteurs affine la division du travail, chaque pays faisant bénéficier son partenaire à l’échange d’externalités positives de variétés d’inputs. La division du travail est limitée par l’étendue du marché et l’ouverture sur l’économie mondiale est synonyme d’efficacité.

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Table des matières

 PARTIE I : CROISSANCE ECONOMIQUE ET COMMERCE INTERNATIONAL : UNE REVUE DE LITTERATURE
Chapitre 1 : Le transfert de technologie, lien de transmission entre commerce mondial et croissance
Section 1 : Le capital humain au coeur de la nouvelle théorie de la croissance
Section 2 : Les externalités technologiques véhiculées par le commerce international
Chapitre 2 : Marché mondial, économie d‟échelle et croissance
Section 1 : Fondements théoriques du commerce international
Section 2 : Eléments théoriques liant ouverture et croissance économique
PARTIE II : L’ÉMERGENCE DE L’ÉCONOMIE CHINOISE PAR SA PUISSANCE COMMERCIAL
Chapitre1 : La montée en puissance de la Chine dès l‟arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir en 1976
Section 1 : Les reformes politico-économiques structurelles par le gouvernement Chinois
Section 2 : L‟intégration de la Chine à l‟OMC en 2001
Chapitre 2 : La contribution du commerce international à l‟essor économique de la Chine 31
Section 1 : Ouverture international et spécialisation régionale
Section 2 : Commerce extérieur et croissance économique de la Chine
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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