L’échange constitue le fondement de la vie économique. Sans échange, aucun pays, ni même une société ne peut se développer. Un individu échange car il espère en tirer un bénéfice. Avant, l’Antiquité une forme d’échange était déjà présente, c’est le troc. Le troc est un échange direct entre deux biens qui connait deux limites, à savoir l’indivisibilité et le non coïncidence des besoins. Dès lors, face aux limites du troc, la monnaie fit son apparition. La monnaie est un instrument indispensable à l’économie dans la mesure où elle permet les transactions. De ce fait, sa maitrise et sa création est déterminante. Le meilleur moyen de définir la monnaie est d’analyser ses fonctions et ses formes. L’importance de la monnaie se justifie par sa fonction de facilitateur des échanges, de réserve de valeur, et d’unité de compte. Aussi, la monnaie a connu plusieurs évolutions au cours de l’histoire aboutissant aux formes qu’elle a actuellement.
La monnaie se crée d’une part, à partir des banques centrales qui peuvent créer et détruire la monnaie à volonté, et d’autre part, à partir des banques commerciales ou banques privés. Si un agent souhaite satisfaire ses besoins mais manque de pouvoir d’achat, il va emprunter auprès d’une institution capable de battre de la monnaie : une banque. La banque lui accorde un crédit qui est l’instrument de la création monétaire. Le débat théorique s’est toujours porté sur la question de la neutralité de la monnaie. En effet, les théories classiques affirment une dichotomie entre la sphère réelle (où se fixe la production) et la sphère monétaire (où se fixent les prix), et que la variation de la quantité de monnaie n’a pas d’effet sur l’économie réelle. Pourtant, les expériences passées ont montré que la monnaie pouvait influencer le processus réel de l’économie. Les différentes crises ont amené les banques centrales, à procéder à des politiques monétaires pour contrôler et réguler la masse monétaire.
GENERALITES SUR LA MONNAIE
Puisqu’un agent économique ne peut pas produire tous les biens et services dont il a besoin pour sa subsistance, il doit procéder à des échanges avec d’autres agents. L’échange est à la base du développement de toute société. Face aux limites du troc, la monnaie a fait son apparition pour faciliter les échanges. Avant d’aborder la question de la création monétaire, il est nécessaire d’analyser les concepts qui tournent autour de la monnaie. Pour cela, le présent chapitre sera consacré à l’analyse des fonctions et des formes de la monnaie, puis des débats théoriques qui tournent autour de la monnaie.
Les fonctions et les formes de la monnaie
Fonctions de la monnaie
Les fonctions traditionnelles de la monnaie : les fonctions économiques de la monnaie
L’analyse fonctionnelle de la monnaie remonte au philosophe grec Aristote1 , la monnaie présente trois fonctions traditionnelles à savoir : la fonction d’étalon de valeur ou de mesure de prix, la fonction de moyen de paiement, et la fonction de réserve de valeur.
a) La monnaie est une unité de mesure des prix :
Pour certains auteurs, c’est la fonction qui doit-être mise en premier plan : « la monnaie est l’instrument de calcul économique lié à l’échange avant d’être le bien intermédiaire des échanges. » La monnaie permet d’évaluer la valeur des biens ou services échangeables sur le marché et donc de les comparer à travers le prix. A un bien correspond un prix d’échange représentant la quantité de monnaie qu’un individu est prêt à fournir en contrepartie de ce bien. Les prix sont exprimés sous une même unité de compte facilitant la comparaison entre les biens. A Madagascar, l’unité de compte est l’Ariary. Dans les autres pays, elle est l’Euro, dollar, livre etc
b) La monnaie est un moyen de paiement ou d’échange :
La monnaie peut être considérée comme une marchandise. « Sa propriété principale est qu’elle s’échange contre toutes les autres marchandises présentes dans l’économie. » Elle a donc un pouvoir d’achat général et immédiat. Elle permet de s’acquitter de ses dettes, et en particulier de celles que l’on a vis-à-vis de celui qui nous a fourni un bien ou une prestation. C’est juste un intermédiaire dans la mesure où elle permet d’acquérir des biens et services finaux. Pour JB Say, la monnaie « dans son rôle d’intermédiaire facilite les échanges, et en circulant elle-même elle permet aux biens de mieux circuler. » En tant que moyen d’échange, la monnaie facilite les transactions c’est-à-dire les opérations de vente et les opérations d’achat. Elle circule entre les agents économiques à une vitesse de circulation et peut également s’user matériellement.
c) La monnaie est une réserve de valeur :
La monnaie est une réserve de valeur, « Il faut que la marchandise servant de monnaie puisse se proportionner sans s’altérer aux divers produits qu’on peut vouloir acquérir en échange ». Son usage peut être différé dans le temps, ce qui permet à son détenteur de conserver un pouvoir d’achat qu’il pourra mobiliser au moment de son choix. Qualifiée quelquefois comme instrument d’épargne, la monnaie permet aux individus de se prémunir contre les incertitudes quant à l’avenir. Selon J.M Keynes, l’importance de la monnaie « découle essentiellement du fait qu’elle constitue un lien entre le présent et le futur. » Toutefois, l’inflation peut diminuer la valeur d’échange de la monnaie car la hausse des prix augmente la quantité de monnaie nécessaire à l’acquisition d’un bien. Avec une inflation forte, ce n’est plus la monnaie qui mesure le niveau des prix mais ce sont les prix qui mesurent la valeur de la monnaie et les calculs économiques sont faussés. Parfois, quand la valeur de la monnaie se détériore, les agents économiques substituent les actifs monétaires par des valeurs refuges qui rempliraient mieux cette fonction (tableaux d’art, or, argent métal, devises étrangères,… etc.).
La monnaie est l’actif le plus liquide . Lorsque les agents économiques se détournent de l’achat d’actifs qui leurs rapporteraient un rendement, les économistes parlent de préférence pour la liquidité. Rationnels, ces individus demandent (gardent) les actifs liquides parce qu’ils répondent à trois motifs au moins. Ce sont les motifs de transaction, de précaution et de spéculation identifiés par Keynes. Outre ses fonctions économiques, la monnaie assure également des fonctions sociales et des fonctions politiques.
Les fonctions sociales de la monnaie
Pour certains économistes, comme M. Aglietta et A. Orléan, la monnaie joue un « rôle fondateur de la cohésion sociale, elle est la première de ces institutions sans lesquelles aucune économie ne peut exister. » .
La monnaie permet de pacifier les relations sociales : en dehors de sa fonction d’intermédiaire des échanges, la monnaie assure également des fonctions sociales non marchandes. Elle permet de compenser les pertes d’un agent, évitant ainsi la violence. Elle crée une interdépendance entre les membres d’une société. Selon Michelle De Mourgues « La monnaie est un phénomène social, car elle repose sur la confiance des agents dans le système qui la produit ». Ainsi, la société marchande trouve son origine dans la monnaie car sans cette dernière, personne n’accepterait de se séparer de ce qui lui appartient contre quelque chose dont il risque de ne pas pouvoir se défaire.
La monnaie est un symbole d’appartenance à une communauté : la monnaie relie les individus (producteurs et consommateurs) dans une société donnée à travers des règles communes. En ayant les mêmes moyens de paiement, les individus ont la conscience d’appartenir à un même monde. De plus, elle permet de souder la population, d’où la création des unions monétaires comme la zone euro.
Les fonctions politiques de la monnaie : Monnaie, instrument du pouvoir politique
La monnaie a également une fonction politique puisque l’Etat a un monopole d’émission de la monnaie légale. Elle est un bien collectif indivisible qui ne peut être privatisé et qui réclame des institutions politiques.
La monnaie est un symbole du pouvoir politique : ce pouvoir et cette appartenance à un territoire s’affichent sur les instruments monétaires (symboles représentants la nation sur les pièces ou les billets…).
La monnaie finance les dépenses de l’Etat : ce pouvoir de faire fonctionner « la planche à billet » a été cependant limité pour que l’Etat ne soit pas tenté de régler ses dettes par de l’inflation.
La monnaie régule l’activité économique : l’Etat a pour mission de maintenir la confiance dans la valeur de la monnaie. Il doit donc en réglementer l’usage et mener une politique monétaire pour, à la fois, limiter l’inflation et encourager la croissance.
Les formes de la monnaie
Les formes de la monnaie ont évolué pour répondre aux fonctions qu’elle devait remplir. La monnaie se présente sous trois formes : la monnaie divisionnaire ou métallique, la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.
Evolution historique de la monnaie
La monnaie a connu plusieurs transformations au cours de l’histoire . L’histoire de la monnaie comprend plusieurs étapes :
➨1ère étape : la monnaie marchandise : un bien, fortement désiré dans une société donnée, va servir d’unité de compte (coquillages en Méditerranée, grain en Mésopotamie, fèves de cacao chez les Aztèques, paquet de thé en Chine…). Ce bien permet d’évaluer les autres biens par rapport à un étalon unique et de conserver leur valeur pendant un certain temps.
➨2ème étape : la monnaie métallique ou monnaie divisionnaire : la monnaie se présente surtout sous la forme de l’or et de l’argent. Ceci est dû à la rareté de ces derniers, leur assurant une forte stabilité de leur pouvoir d’achat. Une stabilité qui inspire une grande confiance les rendant universellement acceptés. Enfin, leur divisibilité (en grammes ou en pièce) leur permet de s’adapter aux différents prix.
➨3ème étape : la monnaie fiduciaire : la monnaie métallique sera remplacée progressivement par le billet. Le transport des pièces étant difficile et dangereux, dès le XIVème siècle, les commerçants vont confier leur or à leurs banquiers qui en contrepartie vont émettre des lettres de change, le tout reposant sur la confiance. Les banquiers commencent à émettre leurs propres billets. Au départ, le billet est l’exact équivalent de l’or déposé par le client. Il ya donc deux monnaies : la monnaie légale or ou argent, et la monnaie d’usage papier. Puis, tout le monde s’est mis à faire de même toujours en toute confiance. Le banquier étant le seul à savoir combien il restait d’or dans son coffre, et se rendant compte que ses clients ne viennent pas tous réclamer en même temps l’or et l’argent qu’ils déposaient, décide d’émettre des billets supplémentaires à ses clients. Ainsi, la valeur totale des billets émis sera inférieure à la valeur totale du stock d’or et d’argent détenu par la banque, la monnaie devient une monnaie « papier ».
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : LA MONNAIE ET LA CREATION MONETAIRE
CHAPITRE 1. GENERALITES SUR LA MONNAIE
Section 1 : Les fonctions et les formes de la monnaie
Section 2 : Approche théorique de la monnaie
CHAPITRE 2. LA CREATION MONETAIRE ET SA REGULATION
Section 1 : Mécanismes de la création monétaire
Section 2 : L’équilibre sur le marché monétaire
Section 3 : La régulation de la masse monétaire
CONCLUSION PARTIELLE
PARTIE 2 : IMPORTANCE DE LA CREATION MONETAIRE
CHAPITRE 1. APPORTS DE LA CREATION MONETAIRE DANS L’ECONOMIE MONDIALE
Section 1 : Hausse de la demande intérieure
Section 2 : Diminution de la valeur de la monnaie pour stimuler l’économie
CHAPITRE 2. LES RISQUES LIEES A LA CREATION MONETAIRE
Section 1 : Les risques d’inflation
Section 2 : Risques liées à la création monétaire dans l’économie mondiale actuelle
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
TABLE DES MATIERES
BIBLIOGRAPHIE ET SOURCE