LA MONDIALISATION MENACE-T-ELLE L’IDENTITÉ CULTURELLE ?

MONDIALISATION : essai de définition

   Nous vivons une époque où l’information, la marchandise et les modèles culturels traversent les frontières. Ce qui conduit au fait que des milliards d’individus suivent les mêmes programmes de télévisions, portant les mêmes vêtements, et écoutent les mêmes musiques. Cette manifestation du modèle économique, informationnel et culturel nous fait penser à une société de mondialisation. Plusieurs termes ont été utilisés pour d’écrire le processus de la mondialisation. Marshall Mac LUHAN utilisait le terme de village global, dans son ouvrage intitulé The medium is the message, pour décrire l’essor des médias et leur influence croissante sur la société. L’idée centrale est que les faibles coûts et temps de transmission de l’information, permis par les nouvelles technologies, tendent à favoriser l’apparition d’une culture unique et partagée à l’échelle de la planète. À l’ère de l’internet, ce concept a été réinterprété comme un objectif utopique de compréhension mutuelle entre toutes les sociétés, que le réseau contribuerait à atteindre. À l’heure même de l’émergence d’internet Henri BOURGUINAT proposait le terme de cyber monde dans son ouvrage l’économie morale de 1998 et insistait sur le fait que le phénomène concernait une proportion de plus en plus grande de la population mondiale. Le développement de l’internet et des moyens de communication et de transports est un exemple de cette mondialisation. Nous assistons également à une intégration croissante des sociétés et des économies à l’échelle du globe. Les raisons de ce phénomène sont la réduction des coûts de transports et des barrières douanières, la circulation de plus en plus rapide des idées, la croissance des flux de capitaux et l’incitation croissante à la mobilité des personnes. En ce sens, la mondialisation constitue une intégration progressive des systèmes et des sociétés à l’échelle du globe. La mondialisation, du latin « mundus », univers, (ou globalisation pour les anglosaxons) est un processus d’ouverture de toutes les économies nationales sur le marché devenu planétaire. Au sens large, la mondialisation renvoie au processus mais également aux résultats à partir des quels, les phénomènes de divers ordres (économie, environnement, politique, culture, information) tendent de revêtir une dimension planétaire. Autrement dit, un mouvement dans lequel les idées et les comportements se propagent à très grande échelle planétaire ou au moins recouvrent de vastes aires géographiques. En conséquence, la mondialisation doit être comprise comme la poussée à l’échelle mondiale des interactions qui relient entre elles l’ensemble des activités humaines. Cette montée des interdépendances ne connaît plus de frontières en raison de l’abolition des obstacles dus à l’espace et le temps. On pourrait aussi l’entendre comme une dynamique qui entraîne la formation de grands espaces économiques et comprend des processus d’intégration aux marchés de capitaux. C’est dire combien la mondialisation, comme un processus si multiforme et complexe, de par la superposition de mouvements qu’elle enveloppe, que par l’évaluation de son incidence, s’avère délicate. En ce sens, dans la pensée de la mondialisation, réside une volonté manifeste de vouloir rendre mondial, sur la scène mondiale, ou dans l’arène mondiale, les différents domaines de la vie telles que l’économie, la culture, la politique, l’information, etc. Apparu dans les années 1980, pour la première fois dans les écoles de management américaine puis dans la presse anglo-saxonne, le concept de mondialisation sert à désigner un mouvement complexe d’ouverture des frontières économiques ce qui permet aux financiers d’étendre leur champs d’action à l’ensemble de la planète. Autrement dit, le terme mondialisation est utilisé pour décrire le processus de généralisation des échanges entre les différentes parties de l’humanité, entre les différents lieux de la planète. Elle désigne l’unification du champ économique ou l’extension à l’échelle planétaire. Dans le manifeste du parti communiste paru en 1848, MARX et ENGELS ont montré que la mondialisation est inséparable du capitalisme. « Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations » Dans le même ordre d’idées, Makhtar DIOUF pense que la mondialisation, bien que revêtant des aspects multiples, est perçue d’abord comme un phénomène économique. À ce niveau, « la mondialisation se manifeste comme un processus d’intégration des différentes économies nationales, en vue de constituer une seule entité économique, régie dans son fonctionnement par les mécanismes du marché ». A cet effet, la mondialisation économique est perçue comme une interdépendance étroite partout visible dans le monde des économies de tous les pays, caractérisée surtout par une liberté absolue des capitaux et qui supprime les barrières douanières. On assiste alors à la délocalisation des entreprises et à l’implantation des sociétés privées partout dans le monde. Le processus de la mondialisation coïncide avec la mort des économies nationales, car toutes les préoccupations des économistes mondiaux et des firmes géants sont de chercher d’une part, à assoir les entreprises dans les zones les plus lointaines, et, d’autre part de fructifier les capitaux. Selon François CHESNAIS, « la mondialisation est le résultat conjoint de deux mouvements, étroitement interconnectés, mais néanmoins distincts : le premier peut être caractérisé par la phase la plus longue d’accumulation interrompue du capital connu par le capitalisme de 1914. Le second concerne les politiques de libéralisation, de privatisation, de déréglementation et de démantèlement des conquêtes sociales et démocratiques qui ont été appliquées depuis le début des années 1980 sans l’impulsion des gouvernements Tchatcher et Reagan ». Avec la mondialisation de l’économie, on passe progressivement à une économie internationale reposant véritablement sur l’échange de biens et des services à une économie multinationale privilégiant les investissements directs à l’étranger et la mobilité croissante des activités de productions pour enfin déboucher sur une économie monde aux interdépendances toujours plus étroites mais profondément asymétriques. Ainsi la définition que nous propose Jürgen HABERMAS nous semble plus juste. En effet, parlant de la mondialisation voici ce qu’il écrit : « le terme s’applique aussi à l’extension intercontinentale des télécommunications, du tourisme, ou de la culture de masse qu’aux risques qu’entrainent la haute technologie et le commerce des armes qui ne connaissent pas de frontières, aux effets secondaires des écosystèmes surmenés ou à la coopération transnationale des organisations gouvernementales et non gouvernementales. » De plus, la mondialisation est un processus disposant d’un vaste répertoire incluant les échanges de biens, les flux financiers, les investissements directs étrangers, les flux de services et d’informations ainsi que les flux migratoires. Dès lors, elle se caractérise par l’intensité croissante de flux et repose évidement sur l’innovation technologique dans la sphère de l’information et de la communication mais aussi les transports. Ainsi, La mondialisation n’est pas uniquement synonyme de capitalisme, elle touche différents aspects du quotidien des individus comme des sociétés. A cet effet, Olivier DOLLFUS atteste : « La mondialisation, ce n’est pas le marché ou le capitalisme, même si les processus de mondialisation ont été, dans le passé, largement portés et soutenus par le capitalisme et même si, en cette fin de siècle, la marchandisation généralisée porte sur toute chose et si le libéralisme apparaît comme doctrine d’application générale. »  Dans la sphère culturelle, la mondialisation a souvent été jugée comme porteuse d’une uniformisation des cultures avec pour référence « l’American way of life ». C’est-à-dire, un mode de vie américain, caractérisé par la liberté, la prospérité, la consommation de masse et l’exploitation des ressources naturelles. Autrement dit, la mondialisation est fréquemment associée à l’uniformisation et à l’américanisation. En sommes la culture des États-Unis se substituerait aux autres, ce qui appauvrirait le patrimoine mondial. Il semble que la domination des produits américains (notamment les films et les séries télévisées), véritables outils de la puissance politique. Il y a certes une forme d’homogénéisation des cultures, des modes de consommation dans les pays bénéficiant de la mondialisation parallèlement à une démocratie du tourisme mais l’américanisation du monde bien que souvent dénoncée. Les Etats-Unis gardent un leadership très net sur le plan culturel. Cette supériorité se manifeste notamment sur la culture de masse appelée parfois culture populaire. Les productions d’Hollywood sont distribuées dans presque tous les pays du monde. Néanmoins, ces productions, qui se présentent comme une alternative aux films américains, ont beaucoup de mal à s’imposer en dehors de leurs pays d’origine. L’industrie américaine du film domine très largement le marché mondial. En somme, les États-Unis bénéficient d’un formidable effet d’attraction. Aucune autre puissance ne dispose d’un tel pouvoir d’attraction. L’Amérique exporte non seulement des produits mais aussi des concepts emblématiques, tels MacDonald’s. De plus en plus de consommateurs étrangers souscrivent indirectement au modèle consumériste initié au 20ème siècle par les États-Unis. Leurs produits culturels constituent une communication planétaire en faveur de « l’American way of life » et de son modèle démocratique. Cette diffusion mondiale de la culture américaine, favorisée par l’influence croissante de l’anglais, est un véritable atout géopolitique. En ce sens, la culture américaine, présente mondialement sous un jour positif, devient une forme de propagande, fondée sur la séduction. Le politologue américain Joseph NYE a qualifié de « soft power » (pouvoir doux) cette force d’attraction et de séduction. Désormais les occidentaux imposent leur vision du monde à tout le reste de la planète. C’est un impérialisme culturel. Dorénavant, il s’agit d’imiter de façon servile l’occident dans tous les domaines : politique, économique, éducationnel, culturel, etc. Dès lors il est à noter que l’American way of life ne se limite pas tout simplement au consumérisme ; il est également associé à une culture politique très particulière : la démocratie libérale. Au 20ème siècle, les États-Unis furent le porte-drapeau de la démocratie face aux puissances totalitaires (Japon, Allemagne, Union Soviétique). Or l’histoire récente montre que la démocratie libérale s’est largement élargie à travers le monde. Par ailleurs, Sémou Pathé GUEYE, dans son texte intitulé projet d’une philosophie de la mondialisation, envisage la mondialisation au-delà de ses simples aspects économiques, la présente comme : « le symptôme d’une crise de civilisation qui pose à tous les peuples, chacun en fonction de ses paramètres culturels spécifiques et de son degré d’implication dans le mouvement actuel du monde, des défis historiques cruciaux qui engagent leur avenir » Dans la littérature disponible, c’est principalement dans le sens suivant que l’on utilise la notion de mondialisation de façon sérieuse. La mondialisation en tant que présence signifie rendre mondial, être présent partout, sur la scène mondiale, ou dans l’arène mondiale. Selon sa dimension juridique, la mondialisation n’apparaît pas comme un paradigme nouveau mais plutôt comme la réalisation tardive du modèle kantien de la société internationale, composée d’États souverains entretenant des rapports de coexistence pacifique, enfin libérée, par un temps seulement peut être, d’une démarcation structurelle. Quand le droit parle de la mondialisation, c’est des règles et d’institutions qu’il accouche. Si la mondialisation se résume dans l’intensification de cette mobilité, par l’accélération et l’amplification des déplacements de personnes et des choses, il faut alors certes infléchir le droit international mais celui-ci, dans sa nature demeure pertinent. La mondialisation réside aussi dans la constitution d’une sorte d’espace sans rattachement au sol. C’est-à-dire un monde sans territorialité, sans rattachement, sans paroi. Sur le plan géographique, la mondialisation est une réalité spatiale. Elle ne correspond pas à une uniformisation du monde ou à la disparition des territoires, mais plutôt à la double logique d’intégration-fragmentation qui entraîne une hiérarchisation et une polarisation très fortes des territoires. En d’autres termes, elle est un processus par lequel toute l’étendue de la planète devient un espace. Celui par lequel le monde devient un système. La mondialisation ne supprime pas les territoires de taille inférieure, mais ajoute un nouvel espace dans lequel peuvent se déplacer les hommes, tout en modifiant le fonctionnement interne des territoires. Comme le rappelle tout de même Guy Carron de la CARRIERE, « la mondialisation exprime le stade de développement planétaire sans barrières où tout est proche, accessible, où tout communique et où, par conséquent, les solidarités et les interdépendances s’accroissent. C’est l’État de notre monde tel qu’il se forme depuis 1970 et surtout 1980 ». Dans une démarche pluridisciplinaire, la géographie insiste surtout et particulièrement sur la dimension spatiale du phénomène. Dans ce cadre général, la mondialisation apparaît selon Laurent CARROUE comme « une valorisation différentiée des singularités du monde et ellemême productrice de nouvelles configurations ». Il ajoute que « sa première caractéristique est d’être une construction systémique des rapports mondiaux à la fois totale, […]. Totale car elle se construit sur une expansion géographique de l’emprise du capitalisme quasi complète à la surface du globe. » La mondialisation contemporaine, selon Olivier DOLFUS, se définit par la mise en place des sociétés informationnelles, fondées sur le développement de réseaux sans cesse plus performants, au sein desquels la distance kilométrique ne joue plus ou joue moins, mais où interviennent alors les barrières culturels, où la différence entre ceux qui sont branchés et ceux qui ne le sont pas où l’exclusion accompagne l’intégration. Avec la mondialisation contemporaine plus aucun lieu ne peut être considéré comme hors du monde .La mondialisation contemporaine se caractérise certes par le caractère incontournable de l’espace virtuel et donc par le statut de centralité que celui-ci s’est forgé mais son caractère inédit repose sur deux catégories d’espaces : les espaces territoriaux et les espaces globaux. Pour Serge Latouche, la mondialisation, sous l’apparence d’un constat neutre, est aussi, en fait, un slogan, un mot d’ordre, qui incite à agir dans le sens d’une transformation souhaitable pour tous. Plus qu’un mot d’ordre, la mondialisation est une idéologie. La mondialisation impose une véritable idéologie mondiale, un programme commun de tous les gouvernements. A ce propos, Alain NONJON faisait remarquer que : « la mondialisation est une idéologie qui repose sur trois dimensions essentielles : 1. Elle cherche d’abord à s’ériger en grille d’intelligibilité du monde. A cette fin, elle s’efforce de rassembler les faits sociaux, de les relier, de leur attribuer des significations conjointes pour justifier certains changements ou expliquer certaines réalités […] 2. Elle légitime les changements afin qu’il n’y a pas d’alternative à ceuxci. Ainsi, est-on conduit à imposer l’idée que la mondialisation et désétatisation vont de pair, que cet impératif n’est pas idéologique mais pragmatique parce que partout dans le monde, l’efficacité économique et sociale commande une contradiction de rôle de l’Etat […]. 3. Elle occulte les faits. »  Dans ce cas, elle peut- être appréhendée comme une certaine vision du monde, vision qu’elle impose de façon exclusive et absolue, qui résume toute la réalité à l’économie et pose la recherche du profit comme unique et suprême fin de l’humain. Il est tout à fait clair qu’il s’agit moins d’une description de la réalité que d’une revendication théorique la concernant. Son but est d’imposer le primat de l’économie. Par ailleurs, on peut dire que la mondialisation revêt plusieurs aspects. En effet, elle touche la politique, l’économie, la culture, la société, ou encore l’information. C’est dans ce sens qu’Alain NONJON décrit cinq formes de mondialisation : « la mondialisation des marchés, qui installe une compétition entre marchés et sociétés ; la mondialisation de la communication à travers la révolution de l’information ; la mondialisation culturelle, qui correspond à la propagation des sons et des images, donc des idées et des modes ; la mondialisation idéologique, inscrite dans la radicalisation du libéralisme ; la mondialisation politique, qui voit l’occident tenter d’imposer sa modernité et contester dans sa rente séculaire. » Mais la mondialisation est fréquemment associée, voire confondue avec d’autres termes. Il est donc nécessaire de rappeler la définition de ces mots-clés comme le capitalisme, le néolibéralisme, la régionalisation, l’internationalisation, etc. Le capitalisme, également appelé économie du marché, est un système économique fondé sur la propriété privée des moyens de production. Mais l’usage du terme s’est développé au 19ème siècle sous la plume du socialiste français (Proudhon, Blanqui) pour désigner le système économique et social de l’époque. Ce terme est un système économique caractérisé aussi par la propriété privée des moyens de production et la décentralisation des décisions de ses unités élémentaires. C’est aussi le système où la liberté, dans le domaine économique, n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme qui met au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière.

Le néolibéralisme est l’une des formes possibles du capitalisme

   Ce concept est aussi fréquemment associé au concept de mondialisation. Il constitue le volet économique et contemporain de la mondialisation. Le néolibéralisme est une doctrine économique développée dans les années 1970 afin de réhabiliter les idées libérales discréditées après la crise de 1929. Il existe également une confusion entre la mondialisation (processus d’interdépendance à l’échelle planétaire) et la régionalisation (rapprochement entre les États sur une base de macro-régionale). Elle est une émergence de vastes ensembles géographiques par le regroupement de plusieurs États-nations voisins. Ces rapprochements, le plus souvent économiques, sont tout à fait complémentaires au processus de mondialisation. L’internationalisation serait un phénomène plus limité, incluant l’intensification des échanges de toute nature (capitaux, marchandises, personnes, cultures, information, entre les Étatsnationaux, définis en référence à un territoire). Elle est, selon Bertrand BLANCHETON, « une intensification des relations économiques avec le reste du monde ». La mondialisation n’est pas seulement celle des échanges, mais aussi celle des opérations de capital, sous sa forme tant industrielle que financière. L’ouverture commerciale désigne une intensification des échanges internationaux de marchandises, la progression du commerce international est plus vive que celle du produit global.

LES CARACTERISTIQUES DE LA MONDIALISATION

   La polémique entourant la définition de la mondialisation fait en sorte que les divergences d’opinions se retrouvent également dans l’identification des caractéristiques. Ces caractéristiques peuvent être économiques et non économiques Dès l’aube du capitalisme et surtout au 19ème siècle, l’Europe a dominé, influencé et réuni le monde autour de ses intérêts commerciaux grâce à son avancée industrielle et militaire. De ce fait, la mondialisation se caractérise tout d’abord par une nouvelle division internationale du travail. Désignant dans les sociétés modernes, la répartition des tâches qui, du fait de leur complexité, ne peuvent plus être exécutées par le même individu. Elle désigne le fait que les pays se soient spécialisés pour produire certains biens économiques : ils ne travaillent pas tous sur les mêmes produits et, de ce fait, échangent entre eux leur production. Selon Aurélien Ngoma MAYANGI, « la division internationale du travail est une répartition des tâches dans une société et qui se double d’une distribution des agents de travail en classes et catégories sociales.» De plus, on entend par division internationale du travail le fait que les hommes et les espaces économiques se spécialisent chacun dans un nombre d’activités différentes. Un exemple technique de la division du travail a été donné par Adam Smith, dans La richesse des nations (1776).Dans cet ouvrage, Adam Smith avait décrit une usine d’épingles dans laquelle chaque ouvrier avait une tâche spécifique. Et le but était évidemment d’accroître la productivité. Donc nous sommes dans l’obligation de dire que le concept a été appliqué dans le commerce international. On assiste bel et bien à une répartition des tâches dans chaque pays. Celle-ci fait référence à la spécialisation des économies nationales dans des activités particulières de productions ou bien de services. Mais cette spécialisation est basée sur des avantages comparatifs. Selon la théorie des avantages comparatifs, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production dans laquelle il est relativement le plus efficient. Ainsi, cette division du travail est mise en place quand des contacts réguliers entre différentes zones du globe ont été rendus possibles par des avancées technologiques. À ce point, l’on considère l’économie comme étant une et mondiale et que les entités étatiques se partagent juste les tâches dans la production mondiale et le commerce international. Dans les sociétés évoluées, la division internationale du travail se développe considérablement avec la différenciation des professions. Les pays développés disposant d’une main d’œuvre de mieux en mieux formée se sont cependant spécialisés dans la fabrication et la conception de produits à forte valeur ajoutée alors que les pays en développement produisent des produits manufacturés à faible valeur ajoutée. Nécessaire au développement de la cité, elle apporte des avantages décisifs dans le domaine économique et sur le plan humain, son intérêt n’est pas moindre car elle soustrait l’individu à l’action collective et contribue à l’épanouissement de la personne, du moins quand il s’agit de l’activité complexe du spécialiste débarrassé des tâches simples et générales. La division internationale du travail technique en usine se traduit par la décomposition des tâches en gestes élémentaires, en vertu d’une organisation rationnelle qui trouve son achèvement avec la taylorisation et dont l’objectif est la productivité optimale. Dès lors, les sociétés occidentales deviennent quant à elles, des sociétés qui se veulent essentiellement postindustrielles, sociétés de la connaissance et de l’information, sociétés de service aux personnes. Une autre caractéristique montre que la mondialisation est celle qui sépare le capital financier au capital productif. Cela a été bien précisé par Thierno DIOP lorsqu’il affirmait que « Dans le capitalisme contemporain, les préoccupations financières ont pris le pas sur celles relatives à la croissance économique et à l’expansion des systèmes productifs. Malgré le rôle de premier plan des grands groupes industriels, l’accumulation ordonnée à partir des gigantesques transferts de valeurs et de plus values faits à profit du capital argent vivant des dividendes et des intérêts sur les prêts ». Dès lors, le commerce mondial a connu une expansion rapide au 19ème et 20ème siècle. Depuis les années 86, il ne cesse d’augmenter nettement plus vite que le produit intérieur brut (PIB) mondial. Durant ces dernières années, on assiste à une multiplication du volume mondial des échanges. La libéralisation des échanges dans le cadre de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) a été modeste et progressive et a surtout concerné les pays industrialisés bien plus que les pays en développement. Ce qui est nouveau à partir des années 50, c’est le changement observé dans la composition des exportations des pays en développement. Ces exportations comportent de plus en plus de biens manufacturés, et la progression des services est encore plus étonnante. A ce dessein A. S. BHALLA note que « Le commerce des services commerciaux (transports, voyages et autres services privés tels que les services financiers, les communications, la construction, l’information et les services professionnels et personnels) a connu une croissance particulièrement rapide dans les années 80 et au début des années 90. » Cette augmentation des échanges n’a pas profité à tous les pays de façon uniforme, les pays industrialisés et les pays en développement ayant été les principaux bénéficiaires. Mais l’entre -deux- guerres a été naturellement une période de ralentissement du commerce mondial. En outre, la mondialisation comporte une autre caractéristique : l’internationalisation accrue de la production, de la distribution et de la commercialisation des biens et services. Ce phénomène procède de la mondialisation des marchés financiers et des marchés de capitaux, des mouvements accrus de l’I.D.E (investissement direct), de la diffusion rapide des nouvelles technologies de communication. Dans le cas de l’industrie du textile et du vêtement, la possibilité de transmettre a permis instantanément des renseignements sur la conception et la commercialisation d’un bout à l’autre de la planète, a conduit à la fragmentation de la production. La mondialisation favorise la croissance de l’investissement direct. Principal indicateur de la transnationalisation, les investissements directs de l’étranger sont les capitaux que les résidents d’un pays possèdent dans un autre, et qui y sont investis prioritairement dans les activités productives par opposition aux investissements de portefeuille. 44 L’investissement est donc une forme d’investissement participatif qui permet à la société pourvoyeuse de fonds de contrôler ses actifs, sa propriété et ses filiales dans le pays d’accueil. Selon A. S. BHALLA, « La mondialisation financière a été facilité par l’internationalisation de la production et de la croissance des industries mondiales, le rythme rapide des changements technologiques et la déréglementation des services financiers. Les nouvelles technologies de l’information permettent la circulation transfrontalière de données financières, 24 sur 24 ». Dès lors, la mondialisation accentue la polarisation. Et par polarisation, nous entendons l’influence exercée par un lieu central sur ses périphéries. En politique, la polarisation aussi un processus par lequel la population ou l’opinion publique tend à se diviser selon la proximité relative de chacun avec la gauche ou la droite dans ses aspects radicaux. Elle constitue le résultat de l’interaction entre un centre dénommé et son aire d’influence. On parle parfois d’attractivité ou encore de territorialisation. L’espace est comparé à un champ magnétique dans lequel un lieu assimilé à un pôle exerce une aimante proportionnelle à sa population, à ses activités ou à ses équipements. Le champ géopolitique global se polarise à l’époque contemporaine en groupe d’Étatsantagonistes dont les oppositions structurent l’ensemble des relations internationales. En effet, MARX, analysant le capitalisme de son époque, a montré la nature polarisante du capitalisme. A un pôle de la société est concentrée la richesse, à un autre pôle la misère. Jamais l’humanité n’a connu autant de richesses et autant de pauvreté. La mondialisation, selon Laurent CARROUE forge un système mondialisé duel, polarisé et hiérarchisé. La mondialisation n’est pas un processus fondé sur l’équité. Bien au contraire, l’avènement d’un espace mondial unifié conduit à de nouvelles formes de rivalités. L’enrichissement ne profite qu’à une minorité : la Triade (Amérique du nord, Japon, Europe Occidentale) et à son arrière-cour fort partiellement (Asie, Amérique latine), mais il exclut les Africains. Autrement dit, les zones ne faisant pas partie de la triade, c’est-à-dire l’Afrique, l’Amérique centrale, les caraïbes, l’Amérique du nord, l’Asie du sud, et le monde arabe sont de plus en plus marginalisées. Dans cette perspective ADDA affirme cela en ces termes : « Marginalisée dans les échanges internationaux, généralement désinvestie par les capitaux privés, cette périphérie (l’Afrique) turbulente, quand elle n’est pas au bord du chaos, n’est plus considérée par le monde développé que pour les dangers démographique, migratoire, terroriste, qu’elle constitue pour sa stabilité ». Les pays occidentaux contrôlent une bonne partie des moyens d’information et de la communication. Ces pays ont la capacité d’imposer leur modèle culturel, idéologique, et leur politique. C’est dans ce sens que Laurent CARROUE pense que « L’économie capitaliste internationalement dominante- actuellement celle des EtatsUnis – assure l’essentiel de l’ajustement des équilibres internationaux en imposant aux autres économies-monde ses intérêts stratégiques. Elle s’appuie pour cela sur son statut de centre de l’investissement international, sur son avancée technologique et scientifique, sur son dynamisme économique et social, enfin sur sa capacité à imposer ses modèles culturels, idéologiques et politiques. » L’espace mondial se présente aujourd’hui comme un système marqué par la multiplication de toute nature (hommes, marchandises, capitaux, information) qui sont des effets de la société. La mondialisation aboutit à la constitution d’une économie monde qui se développe sur l’ensemble de la planète. Dans ce réseau mondial d’échanges, l’intégration est telle que désormais les économies sont interdépendantes. Ce qui veut dire que les économies sont liées les unes des autres par des flux de natures variées destinés à satisfaire leurs besoins réciproques de biens, de services, de main d’œuvre et de capitaux. Le commerce international est considéré comme un indicateur de l’interdépendance. En effet, l’interdépendance existe lorsqu’un pays peut faire du tort à d’autres pays en prenant unilatéralement des mesures comme le protectionnisme compétitif. Elle se mesure par le coût d’une séparation. Il y aurait alors interdépendance si les deux pays (petit et grand pays) à une transaction subissaient des coûts élevés en rompant leurs liens économiques. L’indice d’interdépendance serait alors l’excédent des consommateurs et celui des producteurs. L’interdépendance désigne, selon A.S. BHALLA « quelque chose de légèrement différent lorsque la dépendance s’applique uniquement à l’influence d’un autre sans que le maintien de la relation ne comporte d’avantages ou que la séparation ne comporte de coûts ». Elle est une relation de dépendance réciproque entre États. Donc la mondialisation est un processus d’interdépendance à l’échelle planétaire. Avec la mondialisation on assiste aussi à l’effacement des frontières nationales. La frontière, entre ce qui est local et ce qui est global, devient de plus en plus floue. Il est par conséquent difficile de distinguer ce qui est interne et ce qui externe. La mondialisation est souvent associée à l’image d’un monde sans frontière où les distances perdent parfois de leur importance. Dans le contexte où le libre-échange et les nouvelles technologies de l’information et de la communication permettent des phénomènes de s’affranchir la notion d’espace, certains auteurs comme Bertrand BADIE et Richard O’BRIEN évoquent la fin des territoires. La mondialisation, selon Dominique PLIHON, « Est un processus d’interpénétration croissante des économies nationales, donc d’effacement progressif des frontières, d’affaiblissement des régulations nationales et de déterritorialisation des activités économiques : plus qu’une internationalisation de l’économie, il s’agit d’une mondialisation des processus de productions et des marchés ». D’une manière générale, les territoires, à toutes les échelles, doivent dorénavant être compétitifs. La compétitivité, comme le dit Gilles ARDINAT, conséquence directe de l’émergence d’un marché mondial, est devenu le maître-mot des responsables politiques. Bertrand BADIE, lorsqu’il parle de fin des territoires, fait référence, presque exclusivement, aux États-nations : « Le territoire stato-national » est « cisaillé par les flux transnationaux, de plus en plus surclassé par la sophistication des techniques de communication. Inadapté aux données nouvelles de l’économie, impuissant à ordonner la prolifération contemporaine des revendications identitaires, ébranlé par le progrès du multiculturalisme, il est dépassé par les poussées d’une mondialisation qui prétend unifier les règles, les valeurs et les objectifs de l’humanité toute entière ». Le démantèlement des frontières constitue le principal moteur de l’érosion de la puissance économique. Autrement dit, dans le contexte de mondialisation les frontières ont perdu leur intérêt. Les progrès du libre- échange et la construction d’ensembles régionaux contribuent à laisser passer, les TIC (technologies de l’information et de la communication), effacent les barrières portées à la circulation des idées, des informations et des capitaux. Pour Gilles ARDINAT, « l’abolition des obstacles dans l’espace mondial conduit à la fin du territoire ». La mobilité des personnes, des produits et des capitaux équivaut à une perte d’autorité au sein d’un territoire. Sur le plan politique, la mondialisation sape la souveraineté nationale et sonne le glas, comme certains le pensent, de l’État-nation. La mondialisation est associée de manière presque systématique à l’idée d’un effacement des États-nations. Les nations ont perdu une grande partie de leur autorité et de leur efficacité. L’État ne jouera plus qu’un rôle amoindri, qui consistera à servir les intérêts de ces sociétés. C’est dans ce sens que Hirst et THOMPSON font remarquer que « la tâche de l’État-nation se compare à celle des municipalités, qui ont vocation, au sein de l’État, à fournir l’infrastructure et les biens publics dont les entreprises ont besoin, au coût le plus bas possible. » Outre les transformations qu’elle implique sur le plan économique, la mondialisation modifie les structures sociales et politiques des sociétés ainsi que leur statut. Sur le plan culturel qu’apparaît un effacement symbolique des frontières. On assiste notamment à un brassage des goûts alimentaires. En effet, certains aliments comme le chocolat, les pizzas se retrouvent un peu partout dans le monde. Ils sont mondialement connus et consommés dans des pays parfois éloignés de leur zone de production. À ce niveau, on peut dire que les effets de la mondialisation sur la porosité des frontières se traduisent par les flux humains, commerciaux, et culturels, mais également par l’action d’organisation non gouvernementale comme les MÉDECINS SANS FRONTIЀRESS. Ces nombreux échanges permettent d’affirmer ici que d’une certaine façon, la mondialisation efface les frontières. De plus, la mondialisation donne naissance à la standardisation des valeurs et des cultures. Les nouvelles technologies de l’information et les progrès dans les télécommunications contribuent à la liquidation des modes de vie nationaux pour asseoir un nouvel impérialisme fondé sur l’universalisation des particularités liées à une tradition historique singulière. C’est dans ce sens qu’A. S. BHALLA déclare que « La nouvelle technologie de l’information et les progrès réalisés dans le domaine des télécommunications viennent oblitérer le caractère hétérogène des modes de vie nationaux, des valeurs sociales et économiques et même des cultures (par exemple l’engouement des consommateurs pour le prêt-à-manger, comme en témoigne l’omniprésence des McDonald et de Coca-Cola, ainsi que les films et les feuilletons télévisés américains). Les différents espaces mondiaux sont aujourd’hui reliés par un réseau de transport et de communication. Ces réseaux sont exploités par les grandes firmes transnationales, surtout occidentales, qui vendent leurs produits aux consommateurs du monde entier. Ces produits sont tout d’abord des produits manufacturés et standardisés. En outre, les formes de migrations se diversifient et finissent par se rassembler de plus en plus d’un pays à l’autre. Ce qui favorise la standardisation des cultures. La mondialisation conduit à l’uniformisation rapide des équipements productifs et des équipements domestiques : le tracteur, l’auto, le frigo, etc. Elle conduit à l’uniformisation des codes vestimentaires, des formes d’habitat. Ce qui entraînerait de façon progressive une crise des identités tant au niveau local qu’au niveau régional. L’étape de la mondialisation qui correspond à la révolution industrielle modifie les composantes de la culture sans les bouleverser totalement. Les cultures menacées par le nouvel impérialisme ne sont pas passives. Les menaces de dislocation culturelle provoquent des réflexes de repli identitaire empreints d’intolérance. Pour résumer les caractéristiques de la mondialisation, on fait appel à Jean Pierre ALLEGRET, Pascal LE MERRER. Pour eux les caractéristiques de la mondialisation sont : « La réduction des barrières commerciales – la forte intégration des marchés financiers influence de plus en plus le comportement et les performances du secteur des entreprises -l’investissement direct étranger devient un facteur central dans les processus de restructuration industrielle à l’échelle mondiale et de développement de secteurs d’activités véritablement mondiaux. Les entreprises multinationales constituent un des principaux vecteurs de l’internationalisation de l’économie. Liens étroits entre échanges et investissement direct. Internationalisation de la production : origine multinationales des composants des produits, des services et des capitaux, caractérisée souvent par des accords de coopération ou de sous-traitance entre firmes.- la stratégie de localisation des activités des entreprises multinationales est fortement influencée par les avantages comparatifs dont disposent les pays et les régions.- accélération de la diffusion de la technologie au plan international et, simultanément, raccourcissement du cycle de production et d’innovation technologique.- sur les marchés, compétition simultanée entre de nombreux acteurs, dont de nouveaux en provenance de tous les marchés du monde. Cette nouvelle concurrence, qui remet continuellement en question les positions acquises, exige dans de nombreux domaines des ajustements structurels extrêmement rapides.- interdépendance substantielle entre différentes dimensions de la mondialisation (échanges, flux d’investissements directs, transferts technologiques, mouvements de capitaux).- compression de la distance et du temps dans les transactions internationales et réduction des coûts de transaction.- multiplication des accords régionaux de libre- échange. »

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIЀRE PARTIE : LA MONDIALISATION
CHAPITRE 1 : MONDIALISATION : essai de définition
CHAPITRE 2 : HISTORIQUE DE LA MONDIALISATION
CHAPITRE 3 : LES CARACTERISTIQUES DE LA MONDIALISATION
DEUXIЀME PARTIE : L’IMPACT DE LA MONDIALISATION SUR L’IDENTITÉ CULTURELLE AFRICAINE
CHAPITRE 1 : LA MARGINALISATION DE L’AFRIQUE DANS LE PROCESSUS DE LA MONDIALISATION
CHAPITRE 2 : ALIENATION DE L’IDENTITÉ CULTURELLE AFRICAINE
CHAPITRE 3 : LA PERTE DE VALEURS CULTURELLES EN AFRIQUE
TROISIЀME PARTIE : L’APPORT DE LAMONDIALISATION AU PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ CULTURELLE AFRICAINE
CHAPITRE 1 : LE DIALOGUE DES CULTURES EN AFRIQUE
CHAPITRE 2 :L’ÉVOLUTION DE L’IDENTITÉ CULTURELLE AFRICAINE
CHAPITRE 3 :L’AFRIQUE VERS UNE IDENTITÉ CULTURELLE DYNAMIQUE ET COMPOSITE
CONCLUSION

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *