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La classification des prisons selon la nature des activitรฉs
La classification selon la nature des activitรฉs des prisons a comme principal objectif lโorientation des dรฉtenus et est dรฉfinie ร lโarticle 2 du dรฉcret nยฐ92/052. Celui-ci252 distingue cinq types de prisons : les prisons dโorientation ou de sรฉlection (a), les prisons de production (b), les prisons รฉcoles (c) les prisons de relรฉgation (d) et les prisons spรฉciales (e).
Les prisons dโorientation ou de sรฉlection
– Implantรฉes selon lโarticle 3 du dรฉcret nยฐ92/052, en principe aux chefs-lieux de Rรฉgions, ces prisons sont au nombre de dix. Elles devraient regorger de quatre types de prisonniers ร savoir : 1ยฐ) les personnes condamnรฉes ร des peines dโemprisonnement dont la durรฉe excรจde un an, avant lโorientation dans les prisons appropriรฉes aprรจs une pรฉriode dโobservation ; 2ยฐ) tous les mineurs de moins de dix-huit ans condamnรฉs par les tribunaux ou affectรฉs dans un centre de rรฉรฉducation pour observation et orientation ; 3ยฐ) les personnes condamnรฉes ร de courtes peines253 par les juridictions de la Rรฉgion considรฉrรฉe ; et 4ยฐ) les รฉvacuรฉs sanitaires254 qui ne peuvent recevoir un traitement appropriรฉ dans les ressorts administratifs de leurs prisons dโincarcรฉration. Ces prisons ont un triple rรดle : celui dโincarcรฉration pour les condamnรฉs ร de courtes peines dโune part et les รฉvacuรฉs sanitaires de lโautre ; celui du tri et de lโorientation pour les condamnรฉs de plus dโun an ; et enfin celui de la rรฉรฉducation des mineurs de moins de 18 ans. Les illustrations les plus connues au Cameroun sont les prisons centrales de Yaoundรฉ, de Douala, etc. En marge de ces prisons dโorientation ou de sรฉlection, se trouvent les prisons de production255.
Les prisons de production
– Les prisons de production permettent aux condamnรฉs de participer par leur travail, ร lโeffort national de dรฉveloppement. Elles sont implantรฉes soit ร proximitรฉ des complexes รฉconomiques importants, soit en milieu rural oรน des activitรฉs agricoles ou dโรฉlevage peuvent รชtre menรฉes256. Ainsi, ces prisons visent la rรฉalisation des objectifs purement รฉconomiques. Le travail, qui y est accompli en vue de la production, a un double but. Le premier est celui de la sanction. Cโest pourquoi le condamnรฉ purge une peine en contrepartie du mal quโil a commis vis-ร -vis de la sociรฉtรฉ. Le second est celui de la resocialisation. En effet, le prisonnier apprend alors ร travailler pour que, une fois hors de prison, il puisse continuer ร travailler et รชtre ร lโabri de la mendicitรฉ et du parasitisme social257, voire de la rรฉcidive. En guise dโexemple, il convient de citer les prisons de production de Foumbot, Buea, etc. A cรดtรฉ des prisons de production existent des prisons รฉcoles.
Les prisons รฉcoles
La conscience dโavoir ร apporter un traitement pรฉnal particulier ร une catรฉgorie juridique, notamment les jeunes, a engendrรฉ moult expรฉriences. Des essais ont รฉtรฉ entrepris vers des รฉtablissements spรฉcialisรฉs ร caractรจre plus ou moins rรฉpressif, sous lโadministration directe en France, tantรดt de la ยซ pรฉnitentiaire ยป, tantรดt de lโรducation surveillรฉe, dans des locaux hermรฉtiques ou offrant une certaine ouverture, avec des encadrements รฉducatifs et/ou disciplinaires. Sont nรฉs ainsi, depuis le milieu du 18รจme siรจcle, des lieux dโenfermement hybrides, ร mi-chemin entre volontรฉ dโadoucissement de la peine et redressement sรฉvรจre de lโindividu. Rรฉservรฉs aux enfants, ces lieux ont une finalitรฉ qui peut รชtre taxรฉe de floue bien quโelle reste รฉducative.
– La concrรฉtisation de ces prisons a รฉtรฉ faite ร travers la rรฉforme mise en place par Paul Amor, directeur de lโAdministration pรฉnitentiaire, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les prisons รฉcoles, crรฉรฉes pour les jeunes condamnรฉs de 18 ร 28 ans en France, sont donc des รฉtablissements carcรฉraux oรน lโapprentissage professionnel et lโinstruction scolaire sont le socle du projet. Cโest cette orientation que le Cameroun a certainement prise en intรฉgrant cette catรฉgorie de prisons dans le systรจme rรฉpressif camerounais. Cependant, des auteurs, tel Elise YVOREL, montrent comment en France la rรฉalitรฉ du quotidien dans ces รฉtablissements se heurte ร la thรฉorie dโune ยซ peine รฉducative ยป impossible ร mettre en ลuvre258. Cโest certainement ce qui justifie sa mise ร exรฉcution laborieuse au Cameroun alors quโelles sont destinรฉes ร la formation thรฉorique et pratique des condamnรฉs ou des mineurs placรฉs en rรฉรฉducation259.
– En effet, conรงues comme des รฉtablissements spรฉciaux, elles sont destinรฉes ร recevoir en principal les mineurs condamnรฉs et subsidiairement les condamnรฉs majeurs placรฉs en rรฉรฉducation. Elles sont donc appelรฉes ร appliquer un rรฉgime de prison spรฉciale et se distinguent par lร des autres types de prisons. Il sโagit pour cette catรฉgorie dโรฉtablissements pรฉnitentiaires dโassurer ร leurs pensionnaires une double formation : thรฉorique et pratique. Cโest pourquoi lโacte pรฉnitentiaire de 1973 prรฉcisait que toute prison pour enfants est nรฉcessairement une prison รฉcole260. Au regard de ces types de prisons, il ressort un souci de catรฉgorisation selon la personnalitรฉ du dรฉlinquant. Cโest sans doute dans cette logique quโil a รฉtรฉ crรฉรฉ des centres de relรฉgation.
La structuration administrative de la prison
– Les peines sโexรฉcutent dans les รฉtablissements pรฉnitentiaires, communรฉment appelรฉs prisons ยป. On doit ร Michel FOUCAULT, dans son ouvrage Surveiller et punir, une explication de lโavรจnement des prisons. Pour lui, la naissance de la prison relรจve dโune pour apprรฉhender le cadre dโexรฉcution des peines, il convient dโexaminer lโorganisation administrative des prisons (1) et leur fonctionnement (2).
Lโorganisation administrative des prisons
– Cette organisation est visible ร travers les structures qui composent une prison (a) et les diffรฉrentes catรฉgories de personnels qui sont affectรฉs ร ces prisons (b).
Les structures dโune prison
– Comme dans les autres Administrations publiques, la prison, a รฉgalement une structuration pyramidale au-dessus de laquelle se trouve la structure de direction. Celle-ci sโoccupe principalement de la gestion administrative et de lโexรฉcution de la peine privative de libertรฉ. Elle est garante du bon fonctionnement de la prison et gรจre non seulement les prisonniers, mais aussi le personnel, les infrastructures et le matรฉriel.
– En dehors de cette structure de direction, lโon retrouve, en fonction des catรฉgories de prisons, deux services dans une prison centrale : le service de la discipline, des activitรฉs socioculturelles et รฉducatives et le service administratif et financier. Ces services sont subdivisรฉs, tout comme les bureaux des prisons principales et secondaires, globalement en bureau de la discipline des dรฉtenus, bureau des activitรฉs socioculturelles et des loisirs, bureau de la formation et de lโรฉducation sociale, bureau des affaires administratives et du greffe, bureau des affaires financiรจres, bureau des personnels, bureau de lโaction sociale, des activitรฉs culturelles et รฉducatives et bureau des affaires administratives du personnel et du greffe.
– Toutes ces structures, qui ont รฉtรฉ mises en place et dont le but est de faciliter le fonctionnement des prisons, sont dotรฉes de personnels appropriรฉs.
Les catรฉgories de personnels dโune prison
– Le personnel dโune prison peut รชtre divers et variรฉ selon les nรฉcessitรฉs de service. Cโest ainsi quโon retrouvera parfois le personnel stagiaire, temporaire ou bรฉnรฉvole. Cependant, notre analyse se consacrera sur les catรฉgories de personnels fonctionnaires, en dehors des assistants sociaux.
– Au Cameroun, lโAdministration pรฉnitentiaire a comme mission principale lโexรฉcution des peines et la resocialisation du dรฉlinquant. Pour cela, un personnel adรฉquat doit รชtre affectรฉ ร ces tรขches, qui peuvent parfois sโavรฉrer pรฉnibles et dangereuses282. Selon lโarticle 1er alinรฉa 2 du dรฉcret Nยฐ 92/054, un fonctionnaire de lโAPEN est : ยซ Toute personne qui, nommรฉe dans un emploi permanent, a รฉtรฉ titularisรฉe dans un grade de la hiรฉrarchie des cadres du corps des fonctionnaires de lโAdministration Pรฉnitentiaire ยป. La mรชme dรฉfinition a รฉtรฉ reprise mot pour mot par lโarticle 1er alinรฉa 2 du dรฉcret de novembre 2010283. Ils sont astreints au port dโarmes et dโuniformes, mais font partie des รฉlรฉments civils chargรฉs du maintien de lโordre dans les รฉtablissements pรฉnitentiaires284. Ce corps est regroupรฉ en deux grands ensembles : le personnel de direction et les exรฉcutants ou surveillants.
– Le personnel de direction est composรฉ des Administrateurs des Prisons. Ils peuvent รชtre Administrateur Gรฉnรฉral Sรฉnior des Prisons (AGSPs), Administrateur Gรฉnรฉral des Prisons (AGPs), Administrateur Principal des Prisons (APPs) et Administrateur des Prisons (APs)285. Ils relรจvent de la catรฉgorie A de la fonction publique. Ils sont recrutรฉs par concours direct ou spรฉcial, par concours professionnel ou sur avancement de grade286. Leur rรฉmunรฉration est prรฉcisรฉe par un texte spรฉcial287. Elle est fixรฉe en fonction de leur grade, de leur รฉchelon et รฉventuellement de la fonction quโils assument288. Aux termes du dรฉcret nยฐ92/052 du 27 mars 1992 fixant les uniformes et la composition du paquetage individuel du personnel de lโAPEN, les administrateurs sont astreints au port de tenue avec insignes, grades et attributs. Ils ont quatre types de tenues : une tenue de garde, une tenue de travail et dรฉsormais deux tenues de cรฉrรฉmonies289. Selon lโarticle 108 du dรฉcret de novembre 2010, ยซ Le fonctionnaire du cadre des Administrateurs des prisons assure dโune maniรจre gรฉnรฉrale les fonctions de conception, de direction, dโรฉvaluation, de contrรดle ou de commandement, soit dans les services centraux, soit dans les services dรฉconcentrรฉs du ministรจre chargรฉ de lโAdministration Pรฉnitentiaire ou dans tout autre service de lโEtat ยป.
Lโexploitation du Service Sans Salaire
– Tout comme le Travail dโIntรฉrรชt Gรฉnรฉral le Service Sans Salaire (SSS) constituerait รฉgalement une alternative ร la prison ร exploiter. La diffรฉrence avec le travail dโintรฉrรชt gรฉnรฉral repose principalement sur les personnes concernรฉes par cette mesure. En effet, contrairement au Travail dโIntรฉrรชt Gรฉnรฉral qui concerne de nombreuses catรฉgories de prisonniers, le Service Sans Salaire concernera spรฉcifiquement des travailleurs et des fonctionnaires condamnรฉs ร de courtes peines dโemprisonnement. Il consistera pour ces derniers ร exรฉcuter ces peines toujours en milieux ouverts. Ici, le condamnรฉ ne changera pas dโactivitรฉs. Il continuera normalement ร exercer sa fonction, ร la seule diffรฉrence quโau lieu dโรชtre rรฉmunรฉrรฉ ร main propre ou selon les modalitรฉs habituelles, ladite rรฉmunรฉration saisie la source, sera reversรฉe au Trรฉsor public, ร concurrence du montant ou du nombre de mois saisir selon la dรฉcision du juge576. Il faudrait tout de mรชme prรฉciser que cette retenue ร la source tient compte de la quotitรฉ insaisissable du salaire, prescrite dans le code du travail577 ; permettant ainsi au condamnรฉ de vivre pendant la pรฉriode dโexรฉcution de la peine ou du Service Sans Salaire. En mรชme temps quโil รฉvite et prรฉvient contre la surpopulation carcรฉrale, il permet de renflouer les caisses de l’รtat et contribue au maintien des liens sociaux du dรฉtenu. Malgrรฉ certaines critiques qui pourraient attribuer ร lโEtat le dรฉsir de sโenrichir ร travers la dรฉlinquance, le Service Sans Salaire participe aussi efficacement ร une politique positive de protection des emplois en faveur des condamnรฉs, รฉvitant ainsi leur prรฉcaritรฉ et la rรฉcidive578. Ces mesures pourraient sโassimiler ร des formes de semi-libertรฉ qui donneront รฉgalement la possibilitรฉ aux dรฉtenus dโexercer certaines activitรฉs notamment en semi-libertรฉ.
Lโexploitation accrue de la semi-libertรฉ
– Nรฉe d’une idรฉe de lโirlandais Walter CROFTON579, la semi-libertรฉ est dรฉfinie comme une mesure judiciaire par laquelle le juge dโapplication des peines ou la juridiction de jugement autorise le condamnรฉ ร se rendre en dehors de la prison pour y accomplir une activitรฉ ou une tรขche personnellement ou socialement nรฉcessaire sans faire lโobjet de surveillance ; ร condition de rรฉintรฉgrer celle-ci au moment dรฉterminรฉ par la dรฉcision580. Ainsi, la semi-libertรฉ comme son nom lโindique permet au dรฉtenu de disposer dโune pรฉriode de libertรฉ en milieu ouvert. Elle concerne aussi bien les personnes qui sont en prison que celles qui nโont jamais eu de contact avec ce milieu. Lโintรฉrรชt de cette mesure se retrouve dans la resocialisation et la rรฉinsertion des dรฉtenus. En effet, il sโagit principalement dโalterner lโemprisonnement par un traitement en milieu ouvert. Ici รฉgalement rejaillit la nรฉcessitรฉ dโune mise en place dโun Juge dโApplication des Peines au Cameroun. Cependant, lโon serait du mรชme avis que PLAWSKI581, lorsquโil estime que : ยซ la semi-libertรฉ devrait รชtre octroyรฉe aux personnes non incarcรฉrรฉes ยป, elle ยซ serait donc accordรฉe aux dรฉlinquants primaires dont le quantum de la peine est infรฉrieur ร six mois et jouissant de lโexercice dโune activitรฉ ยป582. Ceci, tout comme le modรจle suisse baptisรฉ ยซ semi-dรฉtention ยป583, permettra au condamnรฉ dโรฉviter le contact nocif crรฉรฉ par lโincarcรฉration et la rupture avec la vie normale584.
– Autrement dit, la semi-libertรฉ serait appliquรฉe pour รฉviter le contact avec la prison. Le condamnรฉ ร cette peine devrait avoir un permis de libertรฉ. Il sera soumis pour lโemploi aux mรชmes conditions dโexercice et de rรฉmunรฉration que les travailleurs libres du mรชme secteur dโactivitรฉs. Le contrat de travail lui est appliquรฉ et le reste de son argent lui est remis ร la fin de lโexรฉcution de sa peine. Il bรฉnรฉficie pendant sa condamnation de la sรฉcuritรฉ
sociale585. Lโobligation de sortie et de rรฉintรฉgration de la prison pourrait รชtre remplacรฉe par le systรจme de pointage586. Le condamnรฉ doit รชtre obligรฉ de se faire pointer tous les jours, matin et soir dans la prison oรน il devrait รชtre รฉcrouรฉ, ร des heures prรฉalablement fixรฉes. Puisquโil est condamnรฉ, il faut effectivement quโil ressente et comprenne quโร la fin de sa peine, sa libertรฉ รฉtait limitรฉe. Le non-respect de ces obligations doit รชtre sanctionnรฉ notamment en cas dโabsence de justifications plausibles.
– Le plus intรฉressant ici est que le condamnรฉ se prend en charge en rรฉduisant les charges de lโAdministration. Mais aussi la semi-libertรฉ permet dโexรฉcuter la peine sans contact avec la prison, assurant ainsi le maintien de lโinsertion sociale du dรฉtenu et protรฉgeant la sociรฉtรฉ, principalement contre les actes de rรฉcidive. Vu sous cet angle, lโon se poserait logiquement la question de savoir si les sanctions pรฉcuniaires joueront le mรชme rรดle et auront les mรชmes effets.
Lโaccentuation des sanctions pรฉcuniaires
Les sanctions pรฉcuniaires sont celles qui touchent la fortune dโun individu. Elles peuvent avoir pour but non seulement de limiter les incarcรฉrations, mais aussi par ricochet la surpopulation carcรฉrale. Ceci conduit vers la dรฉmonstration de leur importance et la nรฉcessitรฉ dโun recours vers elles ; notamment lโaccentuation du jour amende (1) voire le recours accentuรฉ ร lโamende (2).
Lโaccentuation du jour amende
– Le jour amende, qui a รฉtรฉ recommandรฉ par une commission prรฉsidรฉe par R. SCHMELCK,587 est une peine qui ne sโapplique quโaux individus, pas aux personnes morales588. Lโexclusion de son application pour les mineurs figure dรฉsormais dans lโordonnance du 2 fรฉvrier 1945589 en France. Le jour-amende est principalement dรฉfini dans la lรฉgislation franรงaise comme le versement au Trรฉsor public dโune somme dont le montant global rรฉsulte de la fixation par le juge dโune contribution quotidienne pendant un certain
nombre de jours590. Le montant de chaque jour-amende est dรฉterminรฉ en tenant compte des ressources et des charges du prรฉvenu. Le nombre de jours-amendes, dรฉterminรฉ en tenant compte des circonstances de lโinfraction, est au maximum de trois cent soixante (360), soit environ un an. Le montant global est exigible ร lโexpiration du dรฉlai correspondant au nombre de jours-amendes prononcรฉs591.
La juridiction qui prononce cette peine, peut dรฉcider de fractionner le paiement sur une pรฉriode nโexcรฉdant pas trois (03) ans, pour motif grave dโordre mรฉdical, familial, professionnel ou social592. Le jour-amende ne peut รชtre prononcรฉ cumulativement soit avec une peine dโamende, soit avec une peine de Travaux dโIntรฉrรชt Gรฉnรฉral593. Lโavantage de cette peine rรฉside principalement dans la dรฉcongestion des prisons et le renflouement des caisses de lโEtat. En effet, lโindividu qui en principe devait subir une peine dโemprisonnement ferme se retrouve en train de la subir pรฉcuniairement. Comme indiquรฉ supra, ce dernier ร travers les moyens financiers paie pour les jours quโil ne passe pas en prison. Certes, la situation รฉconomique camerounaise nโest pas des plus reluisantes. Face ร cela, lโon serait tentรฉ de repousser aux calendes grecques cette mesure, tant il nโy a aucune garantie dโune situation รฉconomique reluisante dans les tout prochains jours, voire au cours de lโannรฉe dโaprรจs. Toutefois nous pensons que la mise en place de ce jour amende reste possible en fonction des moyens disponibles et sera un atout pour un certain nombre de prisonniers. En somme, elle contribuera certainement et forcรฉment ร la crรฉation dโespaces en prison. Tel semble รชtre dโailleurs lโobjectif dโun recours accentuรฉ ร la peine dโamende.
Le recours accentuรฉ ร lโamende
– Lโamende est classรฉe par la loi Nยฐ 2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pรฉnal594, parmi les peines principales au Cameroun, au mรชme titre que lโemprisonnement et la peine de mort. Elle peut รชtre appliquรฉe aussi bien aux personnes physiques quโaux personnes morales. Elle est spรฉcifiquement dรฉfinie par lโarticle 25-1 alinรฉa 1 en ces termes : ยซ lโamende est une peine pรฉcuniaire en vertu de laquelle le condamnรฉ, personne morale ou physique,
verse ou fait verser au Trรฉsor public une somme dโargent dรฉterminรฉe par la loi ยป595. En dโautres termes, il sโagit de lโobligation pour le condamnรฉ de payer ร lโEtat, ร titre de sanction pรฉnale, une somme dโargent. Cโest la mรชme orientation donnรฉe par le code de procรฉdure pรฉnale lorsquโil stipule que : ยซ les amendes et frais de justice sont payรฉs au Greffier en Chef de la juridiction qui a rendu la dรฉcision ยป596. Gรฉnรฉralement, elle accompagne les peines dโemprisonnement597 et peut รชtre appliquรฉe en dehors de ces derniรจres. Des dispositions lรฉgales ont รฉtรฉ prises pour garantir lโexรฉcution de cette peine. Cโest le cas de la contrainte par corps, qui est une mesure qui vise ร obliger le condamnรฉ ร exรฉcuter les condamnations pรฉcuniaires ou ร effectuer les restitutions ordonnรฉes par une juridiction rรฉpressive. Elle est applicable sans mise en demeure prรฉalable, ร la diligence du Ministรจre Public. En cas de non-exรฉcution des condamnations pรฉcuniaires ou de non restitution des biens. Elle consiste en une incarcรฉration au cours de laquelle le dรฉbiteur est astreint au travail598.
– Malheureusement, le constat fait au Cameroun serait principalement celui dโune mauvaise application de cette sanction qui, en sโaccompagnant dโune peine dโemprisonnement, oblige le condamnรฉ ร aller prรฉalablement en prison et par consรฉquent ร limiter ses รฉventuels moyens de paiement de cette sanction pรฉcuniaire. Ce qui lโoblige soit ร rester en prison, soit ร y retourner, avec toutes les consรฉquences imaginables que cela pourrait entrainer. Ainsi, lorsque la contrainte par corps concerne une personne dรฉjร incarcรฉrรฉe ou dรฉtenue, elle est exรฉcutรฉe ร lโexpiration de la peine dโemprisonnement, ร moins que cette personne ne fournisse une caution garantissant le paiement des condamnations pรฉcuniaires dans les deux (02) mois de lโengagement. Lโidรฉe qui rejaillit de lโexploitation de cette sanction est celle exclusive des paiements de la sanction pรฉcuniaire. En effet, il sโagira de plus en plus de condamner les personnes uniquement ร cette peine et dโรฉlargir les dรฉlais de paiement afin dโรฉviter au maximum lโincarcรฉration en cas de non-paiement de ces frais. Par ailleurs, il serait aussi intรฉressant de limiter les pรฉriodes dโincarcรฉration contenues dans la loi599. A notre avis, il parait choquant quโon fasse vingt (20) jours dโemprisonnement pour des sommes nโexcรฉdant pas dix mille (10 000) francs600, quarante (40) jours dโemprisonnement pour non-paiement dโune somme comprise entre dix mille (10 000) et vingt mille (20 000) francs601 ; voire six (06) mois de prison, pour une somme situรฉe entre quarante mille (40 000) et cent mille (100 000) francs602.
– Malgrรฉ certaines critiques faites ร lโendroit de lโamende, notamment lโabsence de liaison รฉtroite aux causes de la dรฉlinquance, la choquante idรฉe de lโEtat qui tire profit de la criminalitรฉ, voire sa contradiction au principe de la personnalitรฉ de la peine, car lโamende peut rejaillir sur la famille du condamnรฉ, il y a lieu de dire toutefois quโelle prรฉsente sur lโemprisonnement les avantages de nโรชtre pas corruptrice, de conserver une valeur intimidante malgrรฉ la rรฉcidive, de rapporter ร lโEtat au lieu de lui coรปter, dโรชtre facilement rรฉparable en cas dโerreur judiciaire ; enfin, de contribuer ร la lutte contre la surpopulation carcรฉrale tout comme lโexploitation dโautres mรฉcanismes dโexรฉcution de la peine dโemprisonnement et la dรฉpรฉnalisation de certaines infractions.
La multiplication des mรฉcanismes dโexรฉcution de la peine dโemprisonnement
– Lโobjectif de toute politique criminelle en gรฉnรฉral et de tout systรจme pรฉnitentiaire en particulier est de rรฉduire la criminalitรฉ, mieux dโy mettre un terme. Lโune des solutions envisagรฉes pour y parvenir a รฉtรฉ lโemprisonnement. Seulement, les analyses prรฉcรฉdentes permettent de voir que cette option, telle quโappliquรฉe, sโapparente ร ยซ un tout carcรฉral ยป et ne permet pas dโatteindre les objectifs escomptรฉs. Pour cela, des alternatives ont รฉtรฉ envisagรฉes et mises en place, avec plus ou moins de rรฉussite dans leur rรดle spรฉcifique. Il serait donc intรฉressant dโy associer lโapplication des mesures visant ร limiter la pรฉriode dโincarcรฉration (A) et lโapplication dโune loi rรฉvisรฉe (B).
Lโapplication des mesures visant ร limiter la pรฉriode dโincarcรฉration
– Lโidรฉe est de proposer des mesures qui puissent permettre aux prisonniers, soit de retrouver la libertรฉ de maniรจre anticipรฉe, soit dโexรฉcuter une partie de leur peine hors des รฉtablissements pรฉnitentiaires. A cet effet, il serait important de prรฉsenter lโaltรฉration de la peine dโemprisonnement (1), lโinstauration du bracelet รฉlectronique (2) et la nรฉcessaire rรฉorganisation de la dรฉtention pรฉnitentiaire au Cameroun (3).
Lโaltรฉration de la peine dโemprisonnement
– Il sera prรฉsentรฉ ici les mรฉcanismes de rรฉduction de la peine (a) et les modalitรฉs de remise effective de la peine (b).
Les mรฉcanismes de rรฉduction de la peine
– Lโidรฉe est celle de la mise en ลuvre dโun nouveau systรจme de peines oรน la prison nโaura plus quโune part minime603 dans la lutte contre la criminalitรฉ. Contrairement aux longues peines, qui devraient rester rรฉservรฉes aux dรฉlinquants violents et trรจs dangereux. Lโanalyse dans ce sous-titre portera ainsi sur les peines courtes, dont une nรฉcessaire substitution pourrait vรฉritablement limiter lโoption nocive du ยซ tout carcรฉral ยป du systรจme pรฉnitentiaire camerounais.
– Le systรจme de courtes peines est une option choisie par de nombreuses lรฉgislations notamment occidentales. En Angleterre604 par exemple, tel que le dรฉcrit MONEBOULOU, les rรฉcentes recommandations du conseil consultatif anglais sur le systรจme pรฉnal605 sโorientent dans ce sens. Pour รฉviter lโemprisonnement des jeunes adultes dรฉlinquants, ces recommandations suggรจrent de supprimer les ยซ borstals606 et detention centers ยป. Le conseil consultatif propose en effet, en leur lieu et place des ยซ custody and control orders ยป, susceptibles dโรชtre prononcรฉs pour toute infraction autre que le meurtre. Ils consisteraient en une pรฉriode unifiรฉe de traitement, partie en dรฉtention, partie en libertรฉ conditionnelle, sous le contrรดle dโun agent de probation. Dans ce projet, lโon estime que si le traitement en libertรฉ pouvait venir en premier lieu, la dรฉtention sโavรจrerait parfois inutile. Lโimportance ici est que ce schรฉma donne un caractรจre nettement subordonnรฉ ร la dรฉtention. Ce nโest plus quโun รฉpisode dans un projet รฉducatif dโensemble. Le rรดle qui lui est alors imparti et qui ne peut naturellement รชtre rempli que si lโon rรฉalise les conditions nรฉcessaires pour cela, notamment quant au personnel, ร la direction, au climat de lโรฉtablissement, nโexige pas une longue durรฉe607.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PRISON ET LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE AU CAMEROUN
TITRE I : LA PRISON, UNE REPONSE PENALE PEU EFFICACE DANS LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE
CHAPITRE I: LA MITIGATION DU ROLE DE LA PRISON DANS LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE
CHAPITRE II : LA MITIGATION DU PROCESSUS DE RESOCIALISATION DANS LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE
TITRE II : LE CHANGEMENT DE PARADIGME, UNE NECESSITE POUR UNE PRISON EFFICACE DANS LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE
CHAPITRE I : LโAFFIRMATION DE LA PRIMAUTE DES REPONSES ALTERNATIVES A LA PRISON
CHAPITRE II : LโACTUALISATION DE LA POLITIQUE PENITENTIAIRE
SECONDE PARTIE : PRISON CAMEROUNAISE ET PROTECTION DES DROITS ET LIBERTES DES ACTEURS
TITRE I : LA PRISON, UNE INSTITUTION PEU GARANTE DES DROITS ET LIBERTES DES PRISONNIERS
CHAPITRE I : LA REMISE EN CAUSE PERMANENTE DES DROITS ET LIBERTES DES PRISONNIERS
CHAPITRE II : LA NECESSITE DโUNE HUMANISATION ACCRUE DES PRISONS
TITRE II : LA PRISON, CADRE DE FRAGILISATION DES DROITS ET LIBERTES DU PERSONNEL
CHAPITRE I : LA PROTECTION MITIGEE DES DROITS ET LIBERTES DU PERSONNEL PENITENTIAIRE
CHAPITRE II : LA NECESSITE DโUNE CONSOLIDATION DES DROITS ET LIBERTES DU PERSONNEL
CONCLUSION GENERALE
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