Depuis l’indépendance de Madagascar en 1960, la croissance économique est en retard sur la croissance de la population et, par conséquent, la pauvreté s’est accrue de manière pratiquement constante. Une des raisons de cette mauvaise performance a été l’absence d’une importante productivité qui devrait entraîner la croissance dans les activités paysannes notamment agricoles, le secteur agricole qui emploie 82% de la population (INSTAT, EPM, 2004). La production des principales cultures a peu changé avec le temps. A ce propos, prenons en considération le cas de la production de riz, qui est le principal aliment de base à Madagascar et évidemment tient le premier rang au niveau de la production agricole voire des activités paysannes.
La majorité de la population, c’est-à-dire 78% et 84% des pauvres vivent dans les zones rurales à Madagascar. Le niveau de la pauvreté au niveau national est resté élevé au fil des années et est estimé à environ 77% dans les zones rurales en 2004, par rapport à 54% dans les zones urbaines (INSTAT, EPM, 2004). Pourtant, quel que soit la réduction de la pauvreté qui a eu lieu lors de la dernière décennie, elle est surtout intervenue dans les villes poussée par les zones franches et par la croissance du secteur tertiaire. D’une manière générale, le cas présent est vrai par tous les pays en développement, il est plus difficile d’essayer de maîtriser la pauvreté rurale. Tel est donc le cas de Madagascar. Cette situation est souvent liée à la faible productivité des activités paysannes surtout agricoles, et il en résulte que de moins en moins de ressources sont orientées vers ce secteur. Alors que l’agriculture touche la majorité de la population malgache.
HISTORIQUE
D’après GAMACHE la première mention dans la littérature économique d’un indice de productivité est attribuée à COPELAND en 1937. Implicitement, avant même l’apparition de ce terme, la notion de productivité avait été fort bien pressentie par les économistes classiques, contemporains de la première révolution industrielle. « Obtenir plus de produit pour le même travail, c’est le comble de l’industrie , écrivait déjà SAY dans son Traité d’économie politique, au début du XIXe siècle, cependant que SMITH ouvrait la Richesse des Nations par un premier livre relatif aux causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail .(…) » .
La mise en valeur de l’agriculture
L’agriculture est née depuis la mise en terre de premières semences par l’homme. Depuis ce jour ce dernier a cherché le minimum pour survivre, juste une agriculture de subsistance. Aujourd’hui le monopole des marchés, le pouvoir et la démographie galopante ont transformé cette idée. Ainsi la technique, le savoir faire et l’application de hautes technologies sont mis à la disposition de l’agriculteur.
L’agriculture et l’industrialisation
On peut observer les liens entre agriculture et industrialisation à travers de multiples expériences de développement économique, récentes ou anciennes. On présentera ici une analyse de ces liens dans le cas de la révolution industrielle britannique au XVIIIe siècle, puis à travers les pays en développement, depuis les années 1920. Le cadre théorique général de l’analyse sera celui posé par KUZNETS, dont on essaiera de montrer la pertinence dans ces deux contextes. Il distingue quatre voies par lesquelles l’agriculture contribue à l’industrialisation : les produits, les marchés, les devises et les facteurs de production.
Les produits
Pour lui, l’agriculture fournit la nourriture pour les travailleurs du secteur secondaire, ainsi d’ailleurs que pour tous les citadins ou ruraux engagés dans les activités de service. Elle produit également des matières premières qui seront transformées par l’industrie. « Une agriculture productive fournira des produits agricoles bon marché, et réduira ainsi les coûts salariaux, ce qui permettra de faciliter l’accumulation du capital. Si au contraire la productivité agricole stagne, les prix alimentaires s’élèveront, ce qui entraînera la hausse des salaires nominaux et la baisse des profits et de l’investissement industriel » . Par ailleurs, la croissance de la production agricole aura un effet déterminant sur la croissance économique globale, dans des économies en décollage où le monde rural reste dominant.
Les marchés
Concernant le marché, il ajoute : « le monde agricole est à l’origine d’une demande de produits manufacturés de tout type, et sa prospérité éventuelle permet de fournir des débouchés croissants à l’industrie, de même que sa stagnation bloque le développement industriel, les entreprises ne pouvant y écouler leur production ». Là aussi, dans des pays où l’essentiel de la population est rurale, les pays aux premières phases de leur développement, ces débouchés sont cruciaux.
Les devises
Les produits agricoles constituent l’essentiel des exportations au départ, et sont donc les seuls à pouvoir fournir les devises nécessaires à l’importation des équipements, pièces, matières premières, dont l’industrie a besoin pour se développer. « L’agriculture peut permettre d’économiser des devises, en produisant des denrées jusque-là importées. Un échange fructueux tripartite se met alors en place : l’agriculture fournit des devises, lesquelles permettent d’acquérir des machines pour l’industrie, qui produit alors des biens manufacturés pour les paysans.» .
Les facteurs de production
Quant à KUZNETS, l’agriculture fournit de la main d’œuvre à l’industrie, d’abord parce que dans les agricultures traditionnelles il existe un surplus de travail à la productivité marginale nulle ou négative, ensuite grâce à l’amélioration de la productivité agricole moyenne. En outre, il ajoute, le déplacement de travailleurs vers des activités où la productivité est plus élevée aura un effet favorable sur la croissance globale.
L’évolution de la productivité agricole
D’une façon générale, la croissance de la productivité de la main d’œuvre a été plus importante dans l’agriculture que dans les autres secteurs des économies des pays industrialisés. De 1967–68 à 1983–84, dans dix-sept des dix-huit pays industrialisés pour lesquels il existait des données [adéquates]. Le taux de croissance annuel moyen non pondéré de l’agriculture a été de 4,3 % contre 2,6 % dans les autres secteurs. La croissance de la productivité totale des facteurs dans les pays de l’OCDE a été plus élevée pour l’agriculture que pour l’industrie pendant le dernier quart de siècle ou plus. La différence n’a pas été négligeable: une étude indique que la croissance totale de la productivité des facteurs a été d’environ 2,7 % dans l’agriculture contre 1,5 % dans l’industrie pour la période 1960 à 1990. Ainsi, l’augmentation de la productivité agricole a été une source essentielle de l’amélioration du bien-être économique dans les sociétés modernes. La productivité du secteur a augmenté plus rapidement que celle de l’industrie, à la fois en termes de production par unité de main d’œuvre et de production par unité de l’ensemble des facteurs.
La révolution agricole et révolution industrielle au XVIIIe siècle
La production agricole a augmenté au XVIIIe siècle en Grande-Bretagne grâce aux nouvelles méthodes qui accroissent la productivité et le rendement, mais aussi par la mise en exploitation davantage de terres. L’emploi agricole est à peu près stable et se situe aux alentours de 1,5 millions de personnes. Le déclin agricole est relatif, et non absolu, les autres secteurs connaissent une croissance plus forte et voient leur emploi augmenter plus rapidement. « La production agricole totale britannique aurait à peu près doublé du début à la fin du siècle : de 32 millions de boisseaux à 65 millions pour les grains (céréales, pois, fèves) ; de 370 à 888 millions de livres pour la production de viande ; de 40 à 90 millions de livres pour la laine. Les estimations des taux de croissance annuels donnent un trend ascendant de l’ordre de 0,5 à 1% entre 1700 à 1831, avec un ralentissement marqué de 1760 à 1780 (lié à des facteurs climatiques, et politiques comme les guerres avec la France). » .
« Les rendements (production par unité de surface) ont augmenté d’environ 15 boisseaux de blé à l’acre vers 1750, à 20 en 1800 et 28 en 1850. Ils correspondent à ceux des régions les plus productives du continent, mais la productivité (production par travailleur) aurait augmenté bien davantage en Angleterre que dans les autres pays européens (de plus de 60 % entre 1650 et 1800, contre moins de 20 % en France), plaçant le pays largement en tête par rapport au continent, à l’exception de la Hollande. La production par agriculteur aurait ainsi été d’un tiers plus élevée qu’en France pour des rendements équivalents, ce qui est confirmé par les observations des voyageurs de l’époque comme Arthur Young. » .
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : APPROCHE THEORIQUE
CHAPITRE I : HISTORIQUE
I-1- La mise en valeur de l’agriculture
I-2- L’agriculture et l’industrialisation
I-2-1- Les produits
I-2-2- Les marchés
I-2-3- Les devises
I-2-4- Les facteurs de production
I-3- L’évolution de la productivité agricole
I-3-1- La révolution agricole et révolution industrielle au XVIIIe
siècle
I-3-2- Les progrès agricoles et développement économique au XXe siècle
I-3-3- Les autres facteurs intervenants dans l’évolution de la productivité agricole
CHAPITRE II : LES CONCEPTS ET DEFINITIONS RELATIFS À LA PRODUCTIVITE
II-1- La notion de production
II-1-1- La définition de la production
II-1-2- La capacité de production
II-1-3- La fonction de production
II-1-3-1- La fonction de production à une seule variable
II-1-3-2- La fonction de production à plusieurs variable
II-1-4- La production effective, production distribuée
II-1-5- La production intérieure
II-1-6- La production nationale
II-1-7- La production marchande
II-1-8- La production non marchande
II-1-9- Les facteurs de production
II-2- La productivité
II-2-1- Définitions
II-2-2- Quelques formules liées au concept de productivité
II-2-3- Le Gain de productivité
II-2-4- Les concepts liés à la productivité
II-2-4-1- La productivité en valeur, la productivité physique
II-2-4-2- La productivité globale des facteurs
II-2-4-3- La productivité marginale
II-2-4-4- Le cycle de productivité
II-2-5- Quelques exemples de calcul et de mesure de la productivité
II-2-5-1- La productivité du travail
II-2-5-1-1- La productivité du travail par tête
II-2-5-1-2- La productivité horaire du travail
II-2-5-2- La productivité du capital
II-2-5-3- Les mesures de la productivité
II-2-5-3-1- Les mesures de la productivité partielle des Facteurs
II-2-5-3-2- Les mesure de la productivité totale des Facteurs
II-2-5-3-3- Les autres indicateurs pour mesurer la productivité
II-2-6- Les moyens d’amélioration de la productivité
II-2-6-1- Le progrès technique
II-2-6-2- L’organisation du travail
II-2-6-3- La formation et la motivation des travailleurs
II-2-6-4- Le rôle de l’investissement dans l’accroissement de la productivité
II-3- Les problèmes liés aux concepts
II-3-1- Le lien entre la productivité et l’emploi
II-3-2- Les principaux problèmes de mesure de la productivité
II-3-2-1- La valeur ajoutée
II-3-2-2- Le facteur travail
II-3-2-3- Le facteur capital
II-3-3- Les problèmes liés à l’accroissement de la productivité
II-3-3-1- Le goulot d’étranglement
II-3-3-2- Le paradoxe de Solow
II-3-3-3- La dégradation de l’environnement
II-3-3-3-1- Le changement climatique
II-3-3-3-2- La désertification et dégradation progressives du sol
II-3-3-3-3- Les catastrophes naturelles
II-4- Les conséquences socio-économiques de la productivité
II-4-1- Le lien entre la productivité et le niveau de vie
II-4-2- Le lien entre la productivité et la compétitivité
CHAPITRE III : QUELQUES THEORIES AFFERENTES À LA PRODUCTIVITE AGRICOLE
III-1- Introduction : La productivité agricole
III-2- Les théories de la croissance de l’agriculture
III-3- La théorie du surplus
PARTIE II : LES PROBLEMES ET SOLUTIONS LIES A LA PRODUCTIVITE AGRICOLE
CHAPITRE I : LA PRODUCTIVITE DES PRINCIPAUX PRODUITS AGRICOLES MALGACHES
I-1- Les céréales
I-1-1- Le riz
I-1-1-1- Description
I-1-1-2- L’importance du riz dans l’économie malgache
I-1-2- Le maïs
I-1-2-1- Le système de production
I-1-2-2- Les produits
I-2- Les tubercules
I-2-1- La pomme de terre
I-2-2- Le manioc
I-3- Les produits industriels
I-3-1- La canne à sucre
I-3-1-1- Les produits dérivés de la canne à sucre
I-3-1-2- Les rendements
I-3-2- Le coton
I-3-2-1- Les rendements
I-3-2-2- Les produits
I-4- Les produits d’exportation
I-4-1- Le litchis
I-4-2- La vanille
I-4-3- Le café
CHAPITRE II : ANALYSES FFOM
II-1- Analyses par filière
II-1-1- Les céréales
II-1-1-1- Le riz
II-1-1-1-1- Les forces
II-1-1-1-2- Les faiblesses
II-1-1-1-3- Les opportunités
II-1-1-1-4- Les menaces
II-1-1-2- Le maïs
II-1-1-2-1- Les forces
II-1-1-2-2- Les faiblesses
II-1-1-2-3- Les opportunités
II-1-1-2-4- Les menaces
II-1-2- Les tubercules
II-1-2-1- Le manioc
II-1-2-1-1- Les forces
II-1-2-1-2- Les faiblesses
II-1-2-1-3- Les opportunités
II-1-2-1-4- Les menaces
II-1-2-2- La pomme de terre
II-1-2-2-1- Les forces
II-1-2-2-2- Les faiblesses
II-1-2-2-3- Les opportunités
II-1-2-2-4- Les menaces
II-1-3- Les produits industriels
II-1-3-1- La canne à sucre
II-1-3-1-1- Les forces
II-1-3-1-2- Les faiblesses
II-1-3-1-3- Les opportunités
II-1-3-1-4- Les menaces
II-1-3-2- Le coton
II-1-3-2-1- Les forces
II-1-3-1-2- Les faiblesses
II-1-3-1-3- Les opportunités
II-1-3-1-4- Les menaces
II-1-4- Les cultures d’exportation
II-1-4-1- Le litchis
II-1-4-1-1- Les forces
II-1-4-1-2- Les faiblesses
II-1-4-1-3- Les opportunités
II-1-4-1-4- Les menaces
II-1-4-2- La vanille
II-1-4-2-1- Les forces
II-1-4-2-2- Les faiblesses
II-1-4-2-3- Les opportunités
II-1-4-2-4- Les menaces
II-1-4-3- Le café
II-1-4-3-1- Les forces
II-1-4-3-2- Les faiblesses
II-1-4-3-3- Les opportunités
II-1-4-3-4- Les menaces
II-2- Soulèvement des principaux problèmes
II-2-1-Sur le plan international
II-2-2- Pour le cas malgache
CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS
III-1- La vulgarisation agricole
III-2- La maîtrise de l’eau
III-2-1- les stratégies
III-2-2- Le plan d’actions
III-3- La mécanisation agricole
III-4- L’instauration d’un régime foncier adapté
III-5- Le renforcement de la sécurité rurale
III-6- La prise en compte des dimensions environnementales
III-7- Le financement du monde rural
III-8- La mise en place des normes et qualités
CONCLUSION