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La genรจse du dรฉveloppement durable (DD)
Lโรฉvรจnement international majeur qui sโest dรฉroulรฉร Rio a contribuรฉ ร populariser la notion de DD ร grande รฉchelle. Il a permis de synthรฉtiserles trois axes du DD. De mรชme, il a รฉtรฉ รฉvoquรฉ, lors du sommet mondial (2002), que le DD seveut un processus de dรฉveloppement qui concilie lโรฉcologie, lโรฉconomique et le socialet รฉtablit un cercle vertueux entre ces trois pรดles 10. Cette section relate les points essentiels ร savo ir sur le DD.
Le concept du dรฉveloppement durable
Le dรฉveloppement durable est un terme global et flou que, depuis son apparition, le dรฉbat autour de ses composantes reste ouvert. Pezzey J. (1989), par exemple, dรฉnombre une soixantaine de dรฉfinitions diffรฉrentes.
Boiral O. (2001) le qualifie de concept ยซ camรฉlรฉonยป du fait que les contextes et les personnes qui lโutilisent puissent jouer sur son contenu, en effet, dโaprรจs cet auteur ce concept se nรฉgocie et se stabilise ร travers de multiples nรฉgociations et inscriptions particuliรจres, parfois contradictoires. Le rapport Brundtland (1987), dรฉfinit le dรฉveloppement durable comme ยซ un mode de dรฉveloppement qui rรฉpond aux besoins du prรฉsent touen prรฉservant les besoins des gรฉnรฉrations futures ร rรฉpondre aux leurs ยป. Deux concepts ressortent de cette notion ; le concept de ยซ besoins ยป notamment les besoins essentiels permettant de vivre et lโidรฉe de limitations ยป des actions sur lโenvironnement qui risquent de nuire aux besoins actuels et ร ceux des gรฉnรฉrations futurs. Toutefois, pour rรฉpondre aux besoins essentiels de ses membres, une sociรฉtรฉ doit avoir une capacitรฉ de croissanceconomique,รฉ et le dรฉveloppement durable exige que cette croissance soit soutenue. Pour continuer, lโONU (1992) insinue que cette croissance doit avoir lieu sans que soient mis en pรฉril les systรจmes naturels indispensables ร la vie (air / atmosphรจre, eau, sol, รชtres vivants). Lascoumes (1994) implore, ร ce propos, une conciliation possible et nรฉcessaire des enjeux et ntรฉrรชtsi de la protection de lโenvironnement humain et ceux du dรฉveloppement socio-รฉconomique. Sommet mondial sur le dรฉveloppement durable Johannesburg 2002, Dossier dโinformation pour Johannesburg, Fiche 1 : Historique, p 2.
Dans le mรชme ordre dโidรฉe, lโUnion Europรฉenne, danson cinquiรจme Programme communautaire en matiรจre d’environnement, intitulรฉยซ Vers un dรฉveloppement soutenable ยป (1993-2000), le dรฉfinit comme ยซ une politique et une stratรฉgie visant ร assurer la continuitรฉ dans le temps du dรฉveloppement รฉconomique et social, dans le respect de l’environnement, et sans compromettre les ressources naturelles indispensables ร l’activitรฉ humaine ยป.
Francesco Di Castri (2002) rappelle ร juste titre q ue : ยซ le concept de dรฉveloppement durable vient surtout du rejet du modรจle de dรฉveloppement ร ce jour, dans lequel la dรฉgradation de lโenvironnement est trop intense, les injustices et les inรฉgalitรฉs sociales et gรฉopolitiques sont trop flagrantes, la motivation et la comprรฉhension des populations locales โ des citoyens โ sont trop nรฉgligรฉes. ยป.
Les dรฉbats autour du dรฉveloppement durable
A premiรจre vue, nous pouvons dire que presque tous ces concepts sont axรฉs dans le cadre macro-รฉconomique. Par contre, le sommet de la terre organisรฉ ร Rio en 1992, a permis de synthรฉtiser les trois axes du dรฉveloppement durable autour de lโรฉquitรฉ sociale, lโenvironnement et lโรฉconomie. Ces trois axes sont liรฉs entre eux en interdรฉpendance et ร hiรฉrarchie รฉgale, que dans une logique de dรฉveloppement durable ils deviennent complรฉmentaires malgrรฉ leurs natures antinomiques. Pour Francesco Di Castri in ยซ fascination de lโan 2000 ยป, le dรฉveloppement durable aspire ร faire la synthรจse dans la pensรฉe et dans lโaction.Selon lui, le mot ยซdรฉveloppementยป รฉvoque, dโune part, lโesprit dโentreprise et dโinitiative q ui doit caractรฉriser, au-delร des ensembles de lโindustrie, du commerce et des services, chaque individu tout au long de sa vie sโil veut rester digne. De ce fait, le dรฉveloppement, cโest lโouverture de nouveaux espaces de libertรฉ, le goรปt du changement et du risque en tant que facteur de stimulation et dโinnovation, la crรฉation artistique et scientifique. Cโest tout le contraire de la stagnation, de la passivitรฉ, de la rรฉsignation. Dโautre part, le qualificatif ยซdurableยป recouvre les espaces de participation et de solidaritรฉ avec les autres, proches et lointains, connus et inconnus, les gรฉnรฉrations futures, la nature. Cโest lโaspiration sรฉcuritaire et identitaire, la prรฉvoyance et la dรฉfense du patrimoine naturel et culturel. Ses valeurs sont la dignitรฉ, le respect, lโรฉquitรฉ et le droit social. Cโest tout le contraire de lโindiffรฉrence et du mรฉpris dโautrui. En 2002, Francesco Di Castri รฉnonce une certaine contradiction entre les deux termes ยซ dรฉveloppement ยป et ยซ durable ยป, il รฉvoque que ces deux vocables sont assez incompatibles entre eux dans la thรฉorie, la mรฉthodologie et souvent aussi dans la pratique. Le dรฉveloppement est une notion dynamique, de systรจme ouvert et en mouvement, ร comportement non linรฉaire, en รฉtat de non-รฉquilibre, peu dรฉterministe, avec des fluctuations, des surprises (au sens technique du terme), des hauts et des bas, des รฉvรฉnements extrรชmes, voire catastrophiques, avec enfin un comportement de type chaotique. Tandis que, le durable รฉvoque une notionde stabilitรฉ, dโรฉquilibre, de linรฉaritรฉ dans sa progression et ses tendances, de prรฉvisibilitรฉ,typique plus des systรจmes fermรฉs que des systรจmes ouverts.
Cโest alors quโil a introduit le patrimoine culture l comme รฉtant lโรฉlรฉment essentiel ร valoriser pour pouvoir sโadapter chaque fois ร des changements successifs sachant quโil nโy aura point de durabilitรฉ par une culture de la maintenance, de la rรฉsistance ou du refus du changement. Plusieurs auteurs ont soulignรฉ le fait que la mise en ลuvre des pratiques dโoptimisation du dรฉveloppement durable doit sโaccompagner de profondes restructurations ร lโรฉchelle des gouvernements locaux et nationaux (Esty, 1994; Graedel et Allenby, 1995; Chertow et Esty, 1997; Allenby, 1999a).
Cโest seulement par lโadaptation aux changements qu e la durabilitรฉ est possible. En analysant, le concept de durabilitรฉ, Viederman (2003) rajoute que la durabilitรฉ se prรฉsente comme un processus participatif qui a un dรฉbut, mais pas de fin, une vision de lโavenir, un idรฉal et un but. Selon cet auteur, il sโagit dโune reprรฉsentation sociale qui ne pourra jamais รชtre rรฉalisรฉe dans les faits, puisque la comprรฉhension que nous en avons change ร tout moment.
Ainsi, pour moduler la notion de durabilitรฉ selon des pรดles quโon รฉtudie, on aura comme : durabilitรฉ รฉcologique ; le maintien de conditions cologiquesรฉ ร lโintรฉrieur desquelles les espรจces et les รฉcosystรจmes peuvent continuer leur รฉvolution et maintenir le niveau des services รฉcologiques quโils rendent ร lโhumanitรฉ.
durabilitรฉ รฉconomique, le maintien des รฉchanges quipermettent aux sociรฉtรฉs humaines de satisfaire leurs besoins par des รฉchanges de leurs avantages comparatifs.
durabilitรฉ sociale ; la cohรฉsion des sociรฉtรฉs etefficacitรฉlโ de leurs mรฉcanismes de gouvernance. durabilitรฉ รฉthique ; le maintien de lโรฉquitรฉ des rmeste de lโรฉchange รฉconomique, le partage des richesses et la crรฉation de marges de manลuvre pour les gรฉnรฉrations ร venir.
Les thรฉories รฉconomiques du dรฉveloppement durable
Dans les thรฉories รฉconomiques, la notion de dรฉveloppement durable interpelle directement les thรฉories de la croissance รฉconomique et du dรฉveloppement. En effet, la thรฉorie รฉconomique considรจre lโenvironnement non pas comme une limite, mais comme une contrainte. Friedman (1970), souligne ร cet effet que tout coรปt supplรฉmentaire supportรฉ de maniรจre volontaire par la firme, auquel ne sont pas soumis les concurrents, sera un dรฉsavantage pour lโentreprise et Obtenu ร lโissu de la Confรฉrence sur le dรฉveloppement durable tenue ร lโHรดtel Warwick de Genรจveย mรจnera inรฉvitablement ร une diminution de sa rentabilitรฉ . Ce qui change aujourdโhui, cโest que cette contrainte acquiert un caractรจre structurel plutรดt que conjoncturel. A cause de cette contrainte, le mode et le rythme de la croissance actuelle ne sont plus viables ร long terme. Le dรฉveloppement durable doit donc รชtre synonyme de croissance viable.
Le principe de ยซ soutenabilitรฉ faible ยป (weak sustainability)
Selon ce principe, le capital naturel et le capital construit (cโest-ร -dire le capital fabriquรฉ et accumulรฉ par les activitรฉs humaines) peuvent รชtreubstituรฉs lโun ร lโautre de maniรจre quasi parfaite. David Pearce (1993) est un des dรฉfenseurs les plus connus de cette thรจse. La soutenabilitรฉ faible se dรฉfinit par la rรจgle selonlaquelle la somme du capital naturel et du capital construit doit รชtre maintenue constante. Elle permet que le capital naturel soit remplacรฉ par le capital construit, pourvu que le stock total ne diminue pas. Cette notion repose sur la conviction que lโon peut donner une valeur monรฉtaire aux ressources naturelles et aux services rendus ร lโhomme par lโenvironnement. De m รชme, il faut pouvoir mesurer le gaspillage ou la dรฉtรฉrioration du capital naturel ne termes monรฉtaires. Le capital naturel peut รชtre dรฉpensรฉ, mais il peut aussi รชtre รฉpargnรฉ. aluationLโรฉv monรฉtaire doit pouvoir faire lโobjet dโune actualisation, au sens รฉconomique du terme, cโest-ร -dire quโil doit รชtre possible dโestimer la valeur actuelle dโune ressource ou dโu ne dรฉtรฉrioration future, et inversement.
Des mรฉthodes ont รฉtรฉ รฉlaborรฉes pour sรฉlectionners deindicateurs รฉconomiques susceptibles de mesurer le processus de soutenabilitรฉ faible et construire des comparaisons internationales du degrรฉ de soutenabilitรฉ de diffรฉrentes รฉconomies .
Le principe de soutenabilitรฉ faible ne sโรฉcarte guรจre des thรฉories รฉconomiques classiques ou nรฉoclassiques. Il y introduit simplement une nouvelle composante au capital : le capital naturel. Mais, ร lโinstar des autres facteu rs de production (capital financier, capital matรฉriel, travail, technologie), cette nouvelle composante du capital peut entrer dans une grande variรฉtรฉ de combinaisons et de substitutions,ร la seule condition que le stock total de capital (y compris le capital naturel) reste au moins constant.
Lโapproche culturelle et cognitive
Ce groupe correspond aux approches culturelles et cognitives en stratรฉgie, dรฉfinies par Mintzberg (1987) et concorde avec le modรจle interprรฉtatif de stratรฉgie dรฉcrit par Chaffee. Les partisans de cette approche considรจrent la nature comme un entrepรดt des ressources matรฉrielles, elle conduit ร un ยซ chauvinisme humain ยป et un ยซ biais dโespรจce ยป. Elle mรจne ร des valeurs fortement matรฉrialistes et ร lโutilisation excessive des sciences รฉconomiques pour dรฉterminer des critรจres de dรฉcision au sujet de lโenvironnement. Les partisans de cette approche ont une foi absolue et dogmatique dans le bien fondรฉ des sciences et de la technologie ; dรฉfinissant en partie le progrรจs comme lโutilisation des technologies pour le contrรดle et lโexploitation des richesses naturelles . Ils tiennent lโaccomplissement des intentions des gestionnaires comme un droit irrรฉvocable quelque soit les influences sur lโenvironnement. Cette approche met lโaccent sur la gestion de lโidรฉologie, de la signification, de la culture et de la vision. Une occasion pour รชtre suivie doit รชtre en adรฉquation avec la mission idรฉologique dรฉfinie par les gestionnaires te les employรฉs. Ils cherchent ร gรฉrer lโimage de lโรฉcologisme que ses รฉlรฉments et sa substance. Ainsi, ils auront tendance ร suivre timidement la rรฉglementation ou il modifie la prรฉsentation de leurs produits et services pour la publicitรฉ. Tout cela, afin de convaincre leurs employรฉs quโils font partie dโune entreprise novatrice, ou dโamรฉliorer leur image de marque auprรจs de leur clientรจle. Cette approche insiste sur la signification symbolique dโacte entrepris par lโindustrie.
Mais les industries nโont pas toutes la mรชme idรฉologie sur lโenvironnement. Il existe beaucoup dโindustries qui considรจrent lโenvironnement comme un รฉlรฉment important, et qui prennent en compte lโenvironnement dans leur politique et leur gestion.
La prise en compte de lโenvironnement
Des responsables industriels sont aussi conscients de la gravitรฉ de lโexploitation abusive des ressources naturelles, de la pollution et de la dรฉgradation de lโenvironnement causรฉes par lโindustrie. Ils sont plus attentifs quant aux consรฉquences environnementales de leur mode de production. Ainsi, ils prennent en considรฉration le problรจme environnemental dans leur politique gรฉnรฉrale de gestion de lโentreprise, et ils adaptent leur mode de production aux besoins de protection de la nature. Pourtant les motivations sont diffรฉrentes et il est possible de distinguer trois types dโapproches : lโ approche organique, lโapproche moraliste et lโapproche รฉcocentrique.
Lโรฉcologie industrielle : dรฉmarche du dรฉveloppement durable
Plusieurs auteurs associent lโรฉcologie industrielle ร une dรฉmarche plus gรฉnรฉrale de mise en ลuvre du principe de dรฉveloppement durable (Lowe et Evans, 1995; Ehrenfeld, 1997) ; dโaprรจs eux, la vocation de lโรฉcologie industrielle rรฉpond bien ร celle du dรฉveloppement durable. Les liens entre ces deux dรฉmarches ont dโailleurs รฉtรฉ รฉvoquรฉs dans divers travaux. (Lowe et Evans, 1995; Marstrander, 1996; Oldenburg et Geiser, 1997; Allenby, 1999, 1992; Ehrenfeld, 1997). Pour certains auteurs, lโรฉcologie industrielle constituerait mรชme une ยซ science de la soutenabilitรฉ ยป (Brown, Matos et Sullivan, 1999; Bendz et Allenby, 1995).
Tibbs, (1993) prรฉcise que lโutilisation des rรฉsidus industriels comme matiรจres premiรจres prรฉsente des opportunitรฉs dโaffaires, cequi intรฉresse de nombreux industriels et des instances gouvernementales (Boiral et Croteau, 2001). Dโune part, cela prรฉsente des alternatives dans la quรชte de solutions aux problรจmes de gestion dโรฉnormes quantitรฉs de dรฉchets gรฉnรฉrรฉs chaque annรฉe par lโindustrie (Boiral et Croteau, 2001). Dโautre part, utiliser les rรฉsidus industriels ouvre des voies vers des stratรฉgies organisationnelles (Jauch et Osborn, 1981; Bantel et Osborn, 1995). En effet, les responsables dโentreprises, en utilisant les rรฉsidus comme intrants principaux dans leurs procรฉdรฉs de production industrielle, cherchent ร amรฉliorer les performances et ร maรฎtriser certains coรปts, ainsi quโร se diffรฉrencier sur les marchรฉs et ร rรฉpondre aux exigences de nombreux acteurs (Bansal et Roth, 2000; King et Lenox, 2001).
Boiral et Croteau estiment que les principes de lโรฉcologie industrielle reprรฉsentent lโapplication la plus concrรจte et la plus complรจte du concept de dรฉveloppement durable. Dans cette perspective, ils dรฉfinissent lโรฉcologie industrielle comme ยซ une approche intรฉgrรฉe dโanalyse et de rรฉduction des flux de matiรจres et dโรฉnergies visant ร amรฉliorer lโรฉco-efficience des mรฉtabolismes industriels par la promotion de technologies, de valeurs et de pratiques destinรฉes ร assurer la protection, la durabilitรฉ ainsi que le renouvellement des ressources nรฉcessaires au dรฉveloppement ยป (Boiral et Croteau,2001, p.17).
Ainsi, le rรดle des entreprises dans le dรฉveloppement de lโรฉcologie industrielle est soulignรฉ par plusieurs chercheurs (Tibbs, 1993; Allenby, 1999; Van Berkel, Willems et Lafleur, 1997).
Tibbs, (1993) affirme que lโรฉcologie industrielle se prรฉsente comme une approche du management environnemental innovante et intรฉgrรฉe.
Dans lโรฉcologie industrielle, lโoptimisation de lโusage des ressources est au centre des prรฉoccupations des spรฉcialistes ; elle constitue unpoint de dรฉpart qui oriente les recherches dans plusieurs directions : lโanalyse de flux de matiรจre et dโรฉnergie, leur utilisation dans des procรฉdรฉs industriels, la restructuration des modes de production, lโรฉchange des rรฉsidus interentreprises, entre autres. Cette utilisation optimale suppose, dโune part, la rรฉduction de flux de matiรจre et dโรฉnergie dans les systรจmes de roductionp et de consommation et, dโautre part, leur substitution par les rรฉsidus industriels et les sous-produits (Frosch et Gallopoulos, 1989; Erkman, 1998; Allen, 2002).
Une vision ยซ รฉco-systรฉmique ยป des activitรฉsndustrielles
Au confluent de lโรฉconomie, de lโรฉcologie, de la gestion et de lโingรฉnierie environnementale, lโรฉcologie industrielle sโarticule, selon Erkman, autour de trois dimensions : ยซ cโest une vision globale, systรฉmique et intรฉgrรฉe, de tous les composants du systรจme industriel et de leur relation avec la biosphรจre le substrat biophysique du systรจme industriel, cโest-ร -dire la totalitรฉ des flux et stocks de matiรจres et d’รฉnergie liรฉs aux activitรฉs humaines, constitue le domaine d’รฉtude de lโEI, par rapport aux approches courantes qui considรจrent l’รฉconomie essentiellement en termes d’unitรฉs de valeur immatรฉrielle ou qui lโapprรฉhende en termes dโunitรฉs monรฉtaires abstraites; la dynamique technologique, c’est-ร -dire l’รฉvolution sur le long terme des grappes de technologies-clรฉs, constitue un facteur crucial (mais pas exclusif) pour favoriser la transition du systรจme industriel actuel vers un systรจme viable, inspirรฉ par le fonctionnement de systรจmes biologiques. ยป (Erkman, 1998, p 22-23).
Lโรฉcologie industrielle cherche donc ร dรฉterminer les transformations susceptibles de rendre le systรจme industriel compatible avec le fonctionnement des รฉcosystรจmes planรฉtaires en prenant les รฉcosystรจmes naturels comme modรจles (Allenby et Cooper, 1994 ; Graedel, 1996). Pour cela, lโรฉtude du mรฉtabolisme industriel, cโest-ร -dire de lโensemble des composantes biophysiques du systรจme industriel, est un prรฉalable indispensable. Cette dรฉmarche essentiellement analytique et descriptive (application des principes de bilan de matiรจre et dโรฉnergie) vise ร comprendre la dynamique des flux et des stocks de matiรจre et dโรฉnergie liรฉs aux activitรฉs humaines, depuis lโextraction et la production des ressources jusquโร leur retour dans les processus bio-gรฉochimiques (Ayres et Simonis, 1994 ; Agence environnementale europรฉenne, 2000).
LโEcologie Industrielle porte, ainsi, une attention particuliรจre ร lโanalyse des รฉchanges entre les sociรฉtรฉs et la nature et ร la circulation des matiรจres et de lโรฉnergie qui les caractรฉrisent, ou qui caractรฉrisent les sociรฉtรฉs dustriellesin elles-mรชmes. Ces flux sont analysรฉs dโun point de vue quantitatif (mรฉtabolismeindustriel) voire naturaliste, mais aussi dโun point de vue รฉconomique et social, dans une perspective systรฉmique. LโEcologie Industrielle sโappuie sur une vision systรฉmique des activitรฉs humaines et des interactions entre lโhomme et la biosphรจre. Les travaux ร mener doiven t apporter une attention particuliรจre, tant aux questions dโarticulation et de coordination des activitรฉs humaines, et notamment de gouvernance, quโaux questions de comprรฉhension des mรฉcanismes รฉcologiques, quโil sโagisse du : fonctionnement des รฉcosystรจmes, de la capacitรฉde ces รฉcosystรจmes ร nous dรฉlivrer des services รฉcologiques, ou de leur, plus ou moins, forte vulnรฉrabilitรฉ lorsquโils sont mis sous pression par les activitรฉs humaines.
La dรฉmarche thรฉorique de mise en ลuvre de lโEI
Au niveau des principes, Lowe, Warren et Moran, (1997) รฉvoquent quโร lโimage des รฉcosystรจmes naturels qui ignorent la notion de ยซ dรฉchet ยป les rรฉsidus sont considรฉrรฉs comme des sous-produits temporaires devant รชtre retournรฉsdans le cycle de production suivant une logique en circuit fermรฉ. Cette vision circulaire des ressources rรฉsiduelles, considรฉrรฉes comme des matiรจres premiรจres ร valoriser, est ร la base des ยซ symbioses industrielles ยป recherchรฉes et explique dans une large mesure les รฉconomies quโil est possible de rรฉaliser sur la consommation de ressources ainsi que sur la disposition des ยซ dรฉchets ยป.
Au niveau des aspects รฉpistรฉmologiques, Erkman, (198); Allenby, (1992) estiment que la mise en ลuvre de lโรฉcologie industrielle app elle le dรฉveloppement de technologies pour rรฉduire, transformer, valoriser et rรฉutiliser les รฉsidusr industriels. Dโautres auteurs soulignent la mise en ลuvre de ces technologies qui doit repos er sur une dรฉmarche systรฉmatique visant ร identifier et optimiser lโutilisation des ressources ; tels que les travaux de quelques auteurs comme DeSimone et Popoff, (1997) qui met le point sur ยซlโรฉco-efficience ยป ; Pauli, (1997) sur la recherche du ยซ zรฉro rejet ยป ; Ayres, (1989) sur lโรฉtude du ยซ mรฉtabolisme industriel ยป. Il y a รฉgalement les travaux dโanalyse du ยซ cycle de vie du produit ยป proposรฉs dans le cadre de recherche et de rรฉflexion plus prometteur ; tel estpar exemple le cas de la publication dโun Journal of Industrial Ecology par les presses du Massachusetts Institute of Technology.
Au niveau des valeurs, lโengagement envers lโรฉcologie industrielle suppose lโadhรฉsion des dirigeants et du personnel envers des principes รฉthiques qui postulent la limitation des ressources naturelles et le caractรจre impรฉratif dela rรฉduction, voire de lโรฉlimination des rejets quโil ne serait pas possible de contrรดler ou de val oriser. Stead et Stead, (2000) soulรจvent quโen dehors de sa cohรฉrence avec le concept de dรฉveloppement durable, la portรฉe de cet engagement axiologique permet implicitement de prendre en considรฉration les questions environnementales dans les dรฉcisions de lโentreprise. Dโaprรจs certains auteurs, le principe de bio-mimรฉtisme ยป (cโest-ร -dire lโobservation des cycles naturels comme modรจles pour optimiser les transferts de ressources et dโรฉnergies par les entreprises) fait de lโรฉcologie industrielle une dรฉmarche rรฉsolument ยซ รฉcocentriqueยป (Westley et Vredenburg, 1996 ; Starik, et Rands, 1995 ; Purser, Park et Montuori, 1995).
Au niveau des pratiques, les mรฉthodologies et les outils de la mise en ลuvre de lโรฉcologie industrielle sโapparentent souvent ร des principes gรฉnรฉraux que les industries sont conviรฉes ร appliquer de faรงon plus ou moins dogmati que. Ces principes peuvent sโapparenter, dans une large mesure, ร une logique pragmatique de rรฉduction du gaspillage ร travers une meilleure utilisation des matiรจres et de lโรฉnergie,et donc dโune meilleure productivitรฉ . Par ailleurs, la mise en ลuvre de ces principes suppose la mobilisation de savoirs techniques, opรฉrationnels, juridique ou encore marketing afin de repenser lโactivitรฉ de lโentreprise en fonction des opportunitรฉs de valorisation internes ou externes des rรฉsidus industriels. Ce qui nรฉcessite des changements susceptibles de dรฉbouchersur une transformation assez radicale des activitรฉs habituelles.
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Table des matiรจres
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : LE FONDEMENT THEORIQUE ET LE CADRE METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 1 : LE FONDEMENT THEORIQUE DE LโETUDE
1.1. La genรจse du dรฉveloppement durable (DD)
1.2. La rรฉflexion thรฉorique du dรฉveloppement durable en contexte industriel
1.3. Le fondement philosophique et modรจles de comportement mobilisรฉs dans lโintรฉgration du DD en entreprise
1.4. Les facteurs socioculturels et modรจles culturels en gestion
CHAPITRE 2 : LE MODELE DโINTEGRATION DE LA CULTURE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LE PME ET LE FONDEMENT METHODOLOGIQUE
2.1. Le modรจle dโintรฉgration de la culture de dรฉveloppement durable dans les PME
2.2. Lโapproche mรฉthodologique
2.3. La dรฉmarche de collecte de donnรฉes
2.4. Lโanalyse des donnรฉes
PARTIE II : LES APPROCHES EMPIRIQUES
CHAPITRE 3: LA MISE EN OEUVRE DE LA CULTURE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PME MALAGASY
3.1. La culture de dรฉveloppement durable des PME Malagasy
3.2. La mise en pratique du dรฉveloppement durable des entreprises
CHAPITRE 4 : LโEVALUATION ET LA DISCUSSION DU MODELE
4.1. Les forces et les faiblesses de lโentreprise au regard des thรฉories
4.2. Les facteurs de blocage
4.3. Lโรฉvaluation et discussion du modรจle dโintรฉgration de la culture de DD dans les PME
4.4. Synthรจse et limite
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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