Madagascar est classé parmi les dix derniers pays dans le monde avec un Produit Intérieur Brut par tête inférieure à 1 $ par jour . Et la pauvreté à Madagascar est largement un phénomène rural. La lutte contre la pauvreté passe donc nécessairement par un appui au développement rural. Le développement rural signifie accroissement de la production et amélioration de la part du secteur agricole dans le PIB. Il se traduit par une augmentation des revenues des paysans et par conséquent une amélioration de leur niveau de vie. Une politique clairement définie pour la réduction de la pauvreté est la microfinance. La microfinance est un système d’intermédiation financière au niveau local qui inclut du crédit et des facilités de dépôts pour s’adresser aux populations à faible revenu, aux petits et microentrepreneurs ruraux et urbains.
L’un des postulats qui ont conduit au développement de la microfinance est que les populations pauvres ont un capacité de mise en œuvre d’activités économiques rémunératrices et que le principal facteur limitant leur initiative est le manque d’accès au capital, L’objectif d’atteindre un équilibre financier permettant dans un délai raisonnable de s’affranchir de toute subvention, a été assigné aux systèmes de microfinance et est devenu très rapidement l’orientation fondamentale des « Best practices » de la microfinance. Dans ce contexte, la question qui se pose est la rentabilité des systèmes de microfinance dans les zones défavorisées .
LA MICROFINANCE A MADAGASCAR
Dans un pays sous développé comme Madagascar, la microfinance joue un rôle majeur dans la politique de développement du pays. Ce chapitre abordera l’aspect de cet instrument pour le développement qui est la « microfinance ». Dans une première section, on parlera du contexte de la microfinance à Madagascar ; dans une deuxième section, on présentera les produits et services de la microfinance.
CONTEXTE
L’émergence des institutions de microfinance à Madagascar remonte vers la fin des années 1980, les premières créations se situant entre 1990 – 1995. Les insuffisances et défaillances du secteur bancaire vis-à-vis des zones rurales ont notamment motivé ces implantations.
Description du secteur
Il faut signaler que la microfinance à Madagascar a d’abord été rurale. Trois groupes d’acteurs ont favorisé cette émergence :
– le Gouvernement, par l’entremise de sa politique en faveur de la promotion d’un secteur financier au service du développement agricole avec notamment le concours de la Banque Mondiale ;
– les Bailleurs de Fonds qui ont mis en œuvre plusieurs programmes de crédit à partir de 1990 (Agence Française de Développement, Banque Mondiale, Coopération Allemande, PNUD/FENU, Union Européenne…) ;
– les opérateurs techniques spécialisés (ACEP, CIDR, DID, WOCCU, IRAM, FERT, ICAR) qui ont apporté à la Grande Ile leur savoir-faire et les expériences issues de leurs interventions en Afrique et sur d’autres continents. Le secteur comprend trois types d’organisation :
– les institutions à « base de membres » et/ou autogérées majoritairement mutualistes;
– les institutions à « base de clients » qui sont des organisations ayant comme activité principale la distribution de crédit et qui ne lient pas le bénéfice de leur prêt à la constitution d’une épargne préalable ;
– les projets à « volet crédit » et les ONG ou associations qui ne font pas du crédit leur activité principale, le crédit étant souvent considéré comme une composante parmi d’autres.
Cadre légal et réglementaire
Le cadre légal et réglementaire des IMF s’intègre dans le dispositif global applicable aux banques et établissements financiers à Madagascar. Ce dispositif fait référence à la loi bancaire n°95-030 du 25 février 1995 qui a institué 5 catégories d’établissements de crédits selon les activités exercées :
– les banques territoriales ;
– les banques extraterritoriales ;
– les établissements financiers ;
– les Institutions Financières Mutualistes (IFM) ;
– les Institutions Financières Spécialisées.
Créée dans le cadre de la loi bancaire, la Commission de Supervision Bancaire et Financière (CSBF)est un organisme indépendant ayant pour mandat de veiller au bon fonctionnement des établissements de crédit, de vérifier le respect par ces établissements de crédit des dispositions qui leurs sont applicables et de sanctionner les manquements constatés. En particulier, la CSBF examine les conditions d’exploitation des établissements de crédit, s’assure de la qualité de leur situation financière et contrôle le respect des règles de bonne conduite de la profession.
Le 04 septembre 1996 fut adoptée une deuxième loi portant activités et contrôle des institutions Financières Mutualistes (IFM). Deux décrets de 1998 viendront compléter le dispositif. Ils ont trait respectivement à la réglementation des établissements de crédit autres que les IMF et au capital minimum des établissements de crédit. . Au 31 décembre 2003, cinq réseaux (ADEFI, AECA, CECAM, OTIV – Antananarivo, et TIAVO) sont agréés au titre de la loi 96-020. Les réseaux mutualistes non agréés font état de difficultés (non maîtrise par les dirigeants des dossiers à remettre à la CSBF : incomplets et incohérents) .
Cadre institutionnel
L’Etat malgache est particulièrement actif dans le secteur à travers les structures suivantes :
– le Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget (MEFB) qui assure la coordination nationale de la politique générale du Gouvernement en matière de microfinance.
– le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) qui intervient dans lapromotion et le développement des systèmes financiers décentralisés de proximité pour le financement du monde rural. Deux départements de ce ministère sont concernés par le microfinance : la Coordination des Activités d’Appui au Crédit Rural (CACR) et la Direction de l’Appui à la Professionnalisation des Producteurs (DAPP).
PRODUITS ET SERVICES DE MICROFINANCES
Demandes
La demande est insuffisamment connue tant quantitativement que qualitativement. Cependant, l’on peut affirmer qu’une grande partie des familles rurales et les populations urbaines n’ayant pas accès aux services des banques classiques constituent la clientèle des IMF. Cette demande porte sur les objets suivants :
– constitution de dépôts pour sécuriser les disponibilités monétaires, accumuler en vue des dépenses futures ou se donner la capacité de faire face aux situations imprévues ;
– activités productives ou génératrices de revenus (crédit de court et moyen termes) ;
– dépenses de consommation, d’investissement ou liées aux activités sociales. Quantitativement, les rares études disponibles sur l’évaluation de la demande portent sur des zones spécifiques retenues dans le cadre de formulation de projet (les projets FIDA notamment) où lors des études d’impact .
La demande potentielle est importante. Avec un taux d’emprunteurs variant entre 5% et 15%, la demande potentielle de crédit sur la période 2004 – 2009 devrait varier entre 55 milliards Ariary et 241,2 milliards Ariary pour un nombre de clients/emprunteurs entre 172.000 et 592.000.
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : La microfinance à Madagascar
Section 1 : Contexte
1 Description du secteur
2 Cadre légal et réglementaire
3Cadre institutionnel
Section 2 : Produits et services de microfinance
1 Demande
2 Offre : – Caractéristique des institutions
– Caractéristique des produits offerts
3 Contraintes des institutions de la microfinance à Madagascar
Chapitre 2 : La pauvreté et le développement rural
Section 1 : La pauvreté
1 Mesure et analyse de la pauvreté
2 Mesure et analyse de l’inégalité
3 Mesure et analyse de la vulnérabilité
Section 2 : Notion de développement rural
1 Définition
2 Etat des lieux et contraintes du milieu rural à Madagascar
3 Plan d’action pour le développement rural
Chapitre 3 : Appréciation de l’impact de la microfinance
Section1 : Hypothèses
1 Efficience des innovations financières
2 Effets induits et les externalités des innovations financières
3 Effets des innovations financières sur le processus d’exclusion et les inégalités de développement
Section 2 : Méthode d’analyse de l’impact de la microfinance
1 Emergence des innovations financières
2 Les différents types d’effets induits par l’émergence de la microfinance
3 Problèmes pratiques et limites des analyses
Chapitre 4 : Analyse de la contribution de la microfinance dans le développement rural à Madagascar
Section 1 : Etude de cas : Commune rurale Mahitsy
1 Présentation générale de la commune
2 Les différents micro crédits de la commune
3 Résultats de l’enquête
Section 2 : Evaluations
1 Evaluation théorique du développement rural
2 Evaluation théorique de la microfinance
3 Recommandations
Conclusion
Annexe
Bibliographie