Définitions et caractéristiques de la microfinance
Jérémy Hajdenberg (le guide de la microfinance, 2006) considère « la microfinance comme l’ensemble des services qui sont proposés à des individus qui n’ont pas accès aux institutions financières classiques. » Donc, la microfinance est une institution qui acte dans lesmarchés que les banques n’ont pas pu cible. C’est un nouveau secteur financier qui favorise l’inclusion financière. Selon Lesaffre (2005 : 6) cité dans Afric Mémoire 2015-2019 : « La microfinance est définie comme la fourniture à des conditions commerciales, des services financiers de petite échelle, destinée à une clientèle potentielle solvable mais traditionnellement laissée de côté par le système financier classique. » D’où, la microfinance est alors une banque en petit échelle. Selon Zahraoui (2007 : 5) cité dans Afric Mémoire 2015-2019 : « La microfinance, appelée aussi finance solidaire, est un système de finance qui augmente la capacité d’un groupe particulier de personne à coopérer et à agir ensemble pour venir à bout du problème d’exclusion du système financier existant (traditionnel) et parvenir à un développement durable et équitable ». La microfinance renferme donc une idée de coopération entre les clients afin de résoudre le problème financier d’un particulier. Son objectif à long terme est d’émerger un développement au niveau macroéconomique à travers l’octroi de services financiers aux personnes non bancable. Selon Falcoucci (2012 : 20) cité dans Afric Mémoire 2015-2019 : « La microfinance , de manière générale, est une aide destinée aux personnes en situation de marginalisation financière, ou encore d’exclusion financière, c’est-à-dire tout individu qui ne peut plus normalement vivre dans la société qui est la sienne parce qu’il subit un fort handicap de l’accès à l’usage de certains moyens de paiement ou règlement, à certaines formes de prêts et de financement, aux moyens de préserver son épargne et de repartir dans le temps ses revenus et ses dépenses comme dans la possibilité de s’assurer contre les risques touchant sa propre existence et ses biens ou dans celle de transférer des fonds ou revenus ». Cette définition propose par Falcoucci nous montre les différentes services financiers offertes par la microfinance à savoir : le microcrédit, la micro assurance et le transfert de fonds. Selon Jacques Attali (Revue de l’économie financière, 2014, n°116) : « La microfinance désigne également l’écosystème dans lequel agissent les acteurs qui encadrent, soutiennent et investissent dans la bancarisation des particuliers et le financement des très petites entreprises(TPE). » Donc, le terme microfinance ne se limite plus à une institution qui offre des services financiers, elle englobe maintenant les règlementations, le financement, le but de ces institutions.
Evolution du concept de la microfinance dans le monde jusqu’en 2008
Le fondement de la microfinance est toujours la même: « ….éliminer les contraintes quiexcluent les plus démunis d’une pleine participation au secteur financier … » Kofi Annan (Construire des secteurs financiers accessibles à tous, P6). A l’origine(en 19eme siècle), l’offre de la microfinance s’est basée sur l’octroi du crédit spécialisé. A titre d’exemple, le premier produit de la Gramen Bank a été le crédit solidaire. En effet, à l’époque, ces microfinances ont été gérées par des sociétés civiles subventionnées par l’Etat, d’où, leur objectif ne fut pas l’équilibre financier mais d’arriver juste à alléger les besoins de financement des gens exclus du système financier traditionnel. (Le guide de la microfinance, 2006) A partir de 1992, la microfinance entre dans la phase d’euphorie. Les IMF modernes dans nombreux pays, comme a Bolivia en Amérique Latine, sont entrées dans la phase de croissance fulgurante en termes de produits et de confiance auprès des cibles. Leur préoccupation s’est transformée aussi car elles se sont tournées davantage sur la question de viabilité financière si auparavant, elles se sont résignées à octroyer des services pour inclure les pauvres dans le système financier. Et, leur mode de financement s’est développé, en dehors des épargnes collectées de leurs clients, des nouveaux acteurs y interviennent. On assiste à l’émergence d’un nouveau secteur financier nommé sous le nom d’ « industrie de la microfinance ». Par exemple, en 1992, PRODEM, ONG bolivienne créée en 1986, décide de « filialiser » ses activités de microcrédit sous forme de banque en créant Banco Solidario SA (BancoSol) (Boyé, 2006). Mais aussi, l’élargissement de leur clientèles, si au départ, la cible des microfinances était les femmes dans la zone rurale, dans cette période, elles ont cibles d’autres personnes pauvres dans les villes. En une trentaine d’années seulement, la microfinance a comme client près de 92 millions de personnes « non bancables » dans le monde (Boyé , 2006). En 1997, on assiste au premier sommet du microcrédit à Washington. Cela constitue une nouvelle page de financement dans le monde. En effet, ce sommet est le signe que la microfinance a son importance au sein du monde. (www.microworld.org , consulté le 14 janvier 2019). Cette phase d’euphorie a pris fin vers l’année 2000 pour la plupart des IMF en Asie, en Afrique et en Amérique Latine. Elles entrent dans la phase de maturité comme le nomme le guide de la microfinance. En effet, ces IMF modernes se sont confrontées aux faillites comme celle d’une institution colombienne en 1996. En effet, la question de viabilité financière a pris trop d’importance dans ces institutions qu’elles ont laissé une insatisfaction croissante auprès de leurs clients. Pour contrecarrer cette situation, les IMF ont développé leur gamme de produits à savoir : transfert de fonds, micro-assurance, crédit à l’habit. (Le guide de la microfinance, 2006) En 2002, il y avait une conférence internationale sur le financement du développement. Lors de cette conférence, le consensus de Monterrey a déclaré ouvertement que « la microfinance et les crédits accordés aux petites et moyennes entreprises … ainsi que les dispositifs d’épargne nationaux [contribuaient] sensiblement à amplifier les retombées sociales et économiques du secteur financier » Nations-Unies (Construire un secteur financier accessible à tous, p3). C’est pendant ce période qu’on reconnait officiellement les apports de la microfinance sur le développement. En 2005, l’assemblée générale des Nations Unies a déclaré l’année internationale du microcrédit .Le but de cette consécration était de construire un secteur financier accessible à tous par biais de la microfinance. (www.microworld.org. consulte le 14 janvier 2019) Entre 2007-2008, une crise financière a éclaté aux Etats-Unis et cette crise a provoqué des répercussions dans l’économie mondiale (Wikipédia, consulte le 14 janvier 2019). En dessous, nous allons parler du panorama des IMF en Afrique Subsaharienne depuis ce période.
Leur mode de financement
Le financement de ses bailleurs internationaux en ASS est très inégal que ce soit géographiquement ou soit selon le type des IMF. En effet : Le plus important montant d’engagement des bailleurs en ASS se concentre dans la sousrégion de l’Afrique de l’est et de l’ouest, principalement en Kenya, Ethiopie, Ghana, Ouganda, Mozambique. Toutefois, même si l’engagement en Afrique centrale est faible, il évolue de façon croissante comme en Afrique Australe. Ce montant est accordé principalement aux institutions financières de détail (micro). Mais ces bailleurs financent également au niveau macro, à travers le financement de cadres règlementaires (l’Afrique subsaharienne 2009 Benchmarking et l’analyse du secteur de la micro finance). A titre d’exemple, 66% des engagements sont directement affectés aux institutions de détail en 2009.
Législation en vigueur sur les IMF
Entre 2007-2008, la situation des réglementations de la micro finance dans la région s’est nettement améliorée. En effet :
29 pays de la région disposent des lois spécifiques sur la microfinance à savoir les pays de CEMAC (Cameroun, République Centrafrique, Tchad, Congo, Guinée équatoriale et Ghana), Comores, RDC, Djibouti, Éthiopie, Gambie, Guinée, Kenya, Madagascar, Mauritanie, Mozambique, Rwanda, Soudan, Ouganda, les pays de l’UEMOA, Zambie. Certains de ces pays ont recouru au cours de cette période aux modifications sur la législation des microfinances, l’une d’elle est la classification de la microfinance selon leur taille, leur activité et le risque qui va avec leur activité, on voit aussi dans les pays l’UEMOA l’application du processus d’agrément sur toutes les IMF (Afrique Subsaharienne benchmarking et analyse de la microfinance en 2009).
Cinq pays sont en pleine élaboration ou adoption des lois spécifiques sur la micro finance à savoir Cap-Vert, Libéria, Malawi, Sierra Leone, Zimbabwe. (Afrique Subsaharienne benchmarking et analyse de la microfinance en 2009)
15 pays ne disposent pas encore des lois spécifiques sur la micro finance, leurs IMF sont réagis par des lois ou règlements des instructions bancaires ou institutions financières non bancaire. (Botswana, Ghana, Lesotho, Libéria, Malawi, Maurice, Namibie, Nigeria, Sao Tomé, Sierra Leone, Somalie, Afrique du Sud, Tanzanie, Zimbabwe (Afrique Subsaharienne 2009 Benchmarking et analyse du secteur de la microfinance).
Toutefois, 3 pays ne disposent d’aucune législation en micro finance à savoir l’Érythrée, le Swaziland et les Seychelles. (Afrique Subsaharienne 2009 Benchmarking et analyse du secteur de la microfinance) En ce qui concerne 2009, les ministres de l’économie et de finance des pays dans l’union Africaine se sont réunis pour mettre en place des stratégies dans le but de promouvoir la microfinance. Les règlements concernant les banques à distance et la protection de consommateur sont devenus des sujets très cruciaux.
Pour les banques à distance, des règlements commencent à se mettre en vigueur dans la région. Par exemple, en Nigeria, l’adoption de la « Nigérian Mobile Payments Regulatory Framework » en 2009 (Afrique Subsaharienne 2010 benchmarking et analyse du secteur de la microfinance).
Pour les lois sur la protection des consommateurs, les dirigeants des pays de l’ASS ont déjà des règlements de base (lois sur les pratiques déloyales des prestataires de services, obligation sur la communication des tarifs, des mécanismes permettant de satisfaire la réclamation des clients) mais leur application s’annonce difficile. En effet, cette protection devient de plus en plus utile du fait de la détérioration de la qualité de portefeuille, de la crise financière, de l’instabilité de pérennité des IMF. En 2009, plus de 50 IMF de la région a adopté ce principe, toutefois, 12% seulement a appliqué ce principe. Par exemple, en 2009, le Sénégal a mis en place un « observatoire de la qualité des services financiers » qui va contrôler la qualité des services financières, éduquer financièrement le public (Afrique Subsaharienne 2010 benchmarking et analyse du secteur de la microfinance).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: ANALYSE THEORIQUE AUTOUR DE LA MICROFINANCE ET LE DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Chapitre I : GENERALITE AUTOUR DE LA MICROFINANCE
Section 1 La genèse de la microfinance
Section 2 Définitions et caractéristiques de la microfinance
Section 3 Panorama de la microfinance dans le monde et en Afrique Subsaharienne
A) Evolution du concept de la microfinance dans le monde jusqu’en 2008
B) Le panorama de la microfinance en Afrique Subsaharienne (2007-2008)
I) Contexte en ASS pendant ce période et les impacts directs sur les activités des IMF
II) Structure de financement des IMF
III) Les réglementations des IMF en Afrique Subsaharienne
IV) Spécificité des IMF dans l’Afrique Subsaharienne
Section 4 Les perspectives d’avenir de la microfinance en Afrique Subsaharienne
Chapitre II LA MICROFINANCE ET LE DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Section 1 La microfinance, un outil du modèle de développement « bas vers le haut»
A) La microfinance en tant que moyen de rattraper le développement
I) Impacts direct de la microfinance sur la réduction de la pauvreté de leur clients
II) Les impacts indirects de la microfinance
B) La microfinance travaille pour l’autonomie des femmes
C) La microfinance, acteur du développement dans les zones rurales
D) La microfinance en tant que moyen de rattraper le développement d’un pays avancé
Section 2 Les failles de la microfinance en tant qu’outil de développement
A) La microfinance ne peut pas résoudre tout seul le problème du développement
B) La microfinance vers la combinaison de deux orientations différentes
C) Les limites d’action de la microfinance
DEUXIEME PARTIE : LA MICROFINANCE A MADAGASCAR
Chapitre I LA MICROFINANCE DANS LE CONTEXTE MALGACHE
Section 1 Contexte géographique, social, économique
A) Situation économique
B) Situation sociale et institutionnelle
Section 2 L’émergence de la microfinance dans le contexte malgache
Section 3 La situation de la microfinance à Madagascar
A) Les acteurs en contact direct avec les cibles
I- Les Institutions de Microfinance ou IMF
II- Les établissements financiers et crédits spécialisés dans la microfinance
III- Les opérations en microfinance à Madagascar
B) Les autres acteurs de la microfinance
I- Les banques classiques
II- Les bailleurs de fonds
III- Le gouvernement malgache
IV- Le Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres (CGAP)
Chapitre II LA MICROFINANCE AU SERVICE DE DEVELOPPEMENT A MADAGASCAR
Section 1 Les forces et les opportunités qui s’offrent au microfinance à Madagascar
A) Un réel dynamisme au niveau de portefeuille d’activités
B) Le rapprochement entre secteur bancaire, le secteur privé et la microfinance
C) La volonté des IMF à s’adapter à leur environnement
D) L’existence de service d’appui constitue un avantage pour les IMF
Section 2 : Les limites de la micro finance à Madagascar
A) La fragilité structurelle des IMF à Madagascar
B) L’offre ne satisfait que partiellement la demande
C) Les menaces qui pèsent sur la microfinance malgache
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
RESUME
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