La microfinance a l’appui des activites economiques vulnerables

Depuis le milieu des années 80, les politiques économiques des pays d’Afrique subsaharienne se sont inscrites dans le cadre général et impératif des Programmes d’Ajustement Structurel prolongés à partir des années 1990 par la libéralisation croissante des échanges commerciaux. Dans le secteur agricole, les réformes économiques et institutionnelles adoptées sont caractérisées par le retrait de l’Etat en matière d’appui à l’agriculture par lequel les mécanismes compensatoires sont supprimés et les Etats africainsétaient obligés de négocier financièrement avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale.

Avec le Programme d’Ajustement Structurel, le désengagement de l’Etat en matière économique requiert la participation progressive du secteur privé à la prise de responsabilité de sorte que l’acteur économique, comme le paysan, s’avère être démuni tant à la production qu’à la protection économique. « Dans le cadre de sa politique économique, le gouvernement malgache s’est fixé comme objectif d’assurer une croissance économique soutenue et ce en partie grâce à l’augmentation de la contribution de la part des investissements privés, et la réduction de la pauvreté. L’un des moyens retenus pour atteindre cet objectif a été la réforme du secteur financier » (chemonics international-2003) en général et la promotion de la microfinance dans le monde rural en particulier. Pourtant, le paysan affronte d’importante contrainte tant matérielle que technique pour mener à bien ses activités. De ce fait, nous avons entamé des recherches concernant « La microfinance au service du développement de la Commune Rurale de Manandriana Avaradrano ».

LA MICROFINANCE A L’APPUI DES ACTIVITES ECONOMIQUES VULNERABLES

La faible performance de l’agriculture sur les Hautes Terres centrales

Défaillance des ressources de production

« Le capital est la force qui augmente la productivité de la main d’œuvre et qui crée des richesses ». Hernando de Soto (2000).

Dans le milieu rural des Hautes Terres centrales, l’espace agricole fait partie du capital de production de telle sorte qu’il détient une dimension matérielle des biens et peut générer un surplus de valeur en tenant compte de sa capacité. La plupart des surfaces agricoles utilisées sont presque exploitées. La majorité des paysans exploite une surface exigüe, dont 35 ares en milieu rural alors que la moyenne nationale est de 47 ares en milieu rural. La surface agricole utilisée en milieu rural par ménage sur les Hautes Terres centrales est inférieure à la moyenne nationale . Compte tenu d’une forte pression démographique (149 habitants par km²) , c’est-à dire une augmentation du nombre de bouches à nourrir (5 individus par ménage) . La terre cultivable ne supporte plus les besoins de la population. Par ailleurs, les efforts de l’agriculteur des Hautes Terres centrales se limitent en général à la production des aliments nécessaires à la nourriture de la famille, ensuite sa participation au ravitaillement de son village et dans une moindre mesure la cession des surplus.

Cependant, tous les paysans ne possèdent pas naturellement assez de terres à cultiver. En effet, 7% des ménages ruraux n’ont pas accès à la terre, avec une moyenne nationale de 17% . Pour arriver à subsister, les paysans sans terre doivent recourir à d’autres alternatives et coopèrent avec les propriétaires, qui n’arrivent pas à exploiter toutes ses propriétés (14% des « riches » en milieu rural n’utilisent pas la terre ) faute de main d’œuvre ou de moyens mais surtout de disponibilité. Dès lors, le mode de faire valoir de la terre varie non seulement en fonction de la possibilité de chacun et le compromis des paysans mais aussi de la période de pointe durant laquelle les travaux agricoles sont intenses. Sur les Hautes Terres centrales, 63,82% du mode de faire valoir sont directes, par lesquels le propriétaire cultive ses propres terres. Le mode de faire valoir indirect est de 36,17% de la surface totale exploitée en milieu rural. Cependant, 4,27% se fait par métayage avec le contrat selon lequel le tiers de la récolte revient au propriétaire, en moyenne. Le fermage représente 2,12% des exploitations selon lequel l’usager loue la terre et assume tous les moyens de production et doit payer une redevance en nature ou en espèce après chaque exploitation . Il ne s’agit que de la généralité statistique, mais chaque commune possède ses spécificités dans le temps et dans l’espace.

Une main d’œuvre peu productive

Pour bien cerner la productivité de la main d’œuvre agricole, il faut a priori tenir compte de sa performance. Celle-ci est dictée à la fois par les conditions naturelles auxquelles elle doit faire face et l’ensemble des actions agricoles mises en œuvre dans l’exploitation du milieu. Sur le plan climatique, le milieu tropical est caractérisé par des températures moyennes et un degré hygronométrique élevés (voir infra), ce qui empêche la main d’œuvre d’intensifier son effort pour travailler durablement pendant une journée. Durant la période de pluie, l’heure du travail doit être cumulée pendant la matinée de telle sorte que la chaleur et les orages réduisent la capacité des paysans au fur et à mesure que le soleil est au zénith. Et pourtant, c’est une période où la maintenance de la culture doit être prolongée. Ainsi, l’heure de travail de la préparation des pépinières jusqu’à la moisson en matière de riziculture est de 254 jours/h/an et 1ha de rizière exige 150 à 190 journées de travail/an (www.agriculture.gov.mg).

Sur le plan pragmatique, la perception des paysans de leur milieu est matérialisée par des pratiques agricoles. Il s’agit des activités élémentaires effectuées afin d’obtenir un rendement satisfaisant. Par conséquent, le résultat obtenu est à la fois dicté par les conditions actuelles et la technique d’exploitation. C’est le cas, par exemple, de la Commune de Manandriana ; au sein de laquelle le système de riziculture varie en fonction de la localisation de l’exploitation. Dans le Fokontany de Manandriana, les paysans qui pratiquent le Système de Riziculture Intensive est de 17,02% alors qu’il en est de 48,94% pour le Système de Riziculture Traditionnelle. Par contre, le SRI n’est pas encore pratiqué dans le Fokontany d’Ambatolampy et le SRT est pratiqué de 97,34% dans ce Fokontany . Donc, le résultat est faible car le travail fourni par la main d’œuvre est insuffisant par rapport au travail disponible c’est-à-dire l’étendue de la surface à exploiter .

Matériels de production archaïque

La médiocrité des moyens de production se pose soit par la carence du capital pour réaliser un nouveau procédé de culture avec un outil performant soit par la méfiance au risque éventuellement engendré par une nouvelle technique. Les paysans ne se sont pas habitués à l’utilisation des outils mécaniques pour leur exploitation sauf dans les régions à potentialités agricoles (dont Vakinankaratra ou Alaotra). En général, l’acquisition de ces outils mécaniques n’est pas à la portée des paysans en terme de valeur et sa manipulation ou son entretien exige d’autre investissement non seulement financier mais également intellectuel. La contribution des bœufs pour le labour et le hersage est pratiquée principalement dans la riziculture. Les autres cultures se font manuellement ou avec l’angady . Toutefois, son utilisation est pénible nécessitant un effort physique considérable avec une faible régularité en profondeur du sol à remuer et engage une main d’œuvre de 35 jours pour labourer 1ha de terrain (www.agriculture.gov.mg). Dans la plupart des cas, les semences utilisées sont prélevées de la dernière récolte excluant toutes sélections des mauvaises graines, avec le mode de conservation traditionnelle. Ces faits se répercutent tant au niveau de la qualité des jeunes plants que le rendement lui-même. Par ailleurs, augmenter le rendement signifie respecter la norme de qualité et de quantité de mise en culture. La norme prescrite par le Ministère de l’agriculture, de l’élevage, et de la pêche est de 2 à 5 grammes de semences pour 1 are de surface agricole et la fréquence des jeunes plants est de 5 à 10 centimètre d’espacement et 1 centimètre de profondeur. Pourtant, sur les Hautes Terres centrales, 2 grammes de semences sont semés pour 2 ares de terrain, avec une fréquence variable d’un jeune plant à l’autre (www.agriculture.gov.mg) . Quantitativement, le rapport entre la surface cultivée et le volume d’engrais utilisé n’est pas proportionnel. Dans la majorité des cas, ces engrais sont puisés dans l’étable, ajoutés de quelques débris végétaux et des cendres. La dose moyenne sur l’ensemble des terres cultivées à Madagascar est de l’ordre de 6 à 8 kilogrammes par hectare en rizière alors qu’en Afrique, elle est de 9 kilogrammes / hectare (Bart (M) et al. 2003). L’utilisation d’engrais organique est prépondérante. Le recours aux engrais chimiques est limité soit par sa disponibilité, soit par l’insuffisance des moyens financiers pour en acquérir. Seuls 15% des communes disposent d’engrais minéraux durant la période d’exploitation et 73% des communes doivent se déplacer dans une autre commune pour obtenir des engrais minéraux (Bart (M) et al., 2003). Certes, le prix de ces engrais va subir une modification à cause du coût de transport et d’autres taxes. C’est la raison pour laquelle que la progression des techniques culturales au cours du temps évolue lentement dans certaines communes. C’est le cas, par exemple, du système de riziculture avec lequel 80% des paysans adoptent le Système de Riziculture Traditionnelle et seulement moins de 20% appliquent le Système de Riziculture Intensive dans la Commune de Manandriana . Sur le plan psychologique, les innovations sont parfois vulgarisées soit par l’État par l’intermédiaire des collectivités décentralisées, soit par des institutions ou des sociétés privées. Cependant, l’aptitude des paysans à assimiler un nouveau procédé est variable dans l’espace. Le problème d’assimilation pour certain qui en exerce signifie pour l’autre un échec d’où le recul. C’est le cas du système bancaire des années 80. Beaucoup de fonctionnaires qui habitent en milieu rural collaborent avec la banque mais la non éclosion de l’effet positif de ladite collaboration provoque la méfiance des paysans envers les nouvelles institutions financières.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE : LA MICROFINANCE A L’APPUI DES ACTIVITES ECONOMIQUES VULNERABLES
CHAPITRE I : La faible performance de l’agriculture sur les Hautes Terres centrales
CHAPITRE II : La précarité des activités agricoles dans la Commune de Manandriana
CHAPITRE III : Les objectifs généraux et les offres de la microfinance
DEUXIEME PARTIE : LA DISTORSION SPATIALE ET ECONOMIQUE DE LA MICROFINANCE DANS LA COMMUNE DE MANANDRIANA
CHAPITRE IV : L’aspect spatial disparate de la microfinance
CHAPITRE V : Le déséquilibre spatial de la microfinance
CHAPITRE VI : La distribution sectorielle sélective du crédit
TROISIEME PARTIE : LES RETOMBEES MULTIFORMES DE LA MICROFINANCE DANS LA COMMUNE DE MANANDRIANA
CHAPITRE VII : Les répercussions socio-économiques diverses de la microfinance auprès des emprunteurs
CHAPITRE VIII : La perception différenciée de la microfinance par la population
CHAPITRE IX : Les principales contraintes au développement de la microfinance dans la commune de Manandriana
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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