La méthode des plantes pièges et la lutte contre les populations de B.tabaci

Origine et Répartition de B. tabaci

   L’espèce B. tabaci est polyphage et vit principalement sur les plantes herbacées. C’est un ravageur des plantes ornementales et maraîchères, des légumineuses à graines et du coton. Il provoque des dégâts directement sur la plante par prélèvement de sève et indirectement par la transmission de virus (begomovirus) pathogènes des plantes (De Barro et al., 2011). Le groupe B. tabaci est composé de deux espèces cryptiques, B. tabaci et B. argentifolii Bellows et Perring(1993) et de plusieurs biotypes (Perring, 2001). Cette espèce a été découverte en 1889 sur des cultures du tabac en Grèce et a été nommée Aleyrodes tabaci (Gennadius, 1889). En 1897, Bemisia inconspicua (Quaintance) est décrit sur la patate douce (Ipomea batatas) aux Etats-Unis, d’où son nom commun dans ce pays : ʺSweetpotatoWhiteflyʺ (Ryckewaert,1998) . Dans la fin des années 1920, jusqu’au début des années 1930, les populations de ce ravageur se sont d’abord multipliées sur les cultures de coton en Inde, puis dans les années 1962 – 1981 ont commencé à attaquer d’autres cultures au Soudan, au Salvador, au Mexique, au Brésil, en Turquie, en Israël, en Thaïlande, en Arizona et en Californie (Horowitz, 1986). Selon De Barro et al. (2011), l’origine de B. tabaci est ouverte à discussion, l’Asie (Mound, 1963 ; Mound, 1983), l’Inde (Fishpool et Burban, 1994), l’Afrique (Hidalgo et al., 1975) et le Nouveau du Monde (Gill, 1992) ont toutes été proposées. L’importante diversité génétique de B. tabaci, la complexité des interactions entre les biotypes, leurs faibles capacités à s’hybrider et les flux de gènes limités entre eux (Dalmon et al., 2008) tendent à montrer que B. tabaci constituerait un complexe d’espèces (Perring, 2001). L’espèce B. tabaci serait composée de plusieurs sous groupes appelés biotypes (De Barro et al., 2010 ; Dinsdale et al.,2010). Les biotypes les plus connus sont le B et le Q, cependant dans un même biotype, on peut retrouver une autre subdivision qui différencierait par exemple le biotype Q en Q1 et Q2 (fig.1).

Biologie

 Les adultes : Selon Gill (1990) B. tabaci possède comme toutes les espèces d’aleurodes quatre stades larvaires et un stade adulte ailé (Photo : 1 et 2).
 L’œuf : Les œufs sont pondus sur la face inférieure des feuilles de façon solitaire, en groupe, en arc de cercle ou en cercle (Photo : 3 à 6). Les pontes en cercle ont été aperçues uniquement sur le chou. L’extrémité la plus large est en contact avec la surface foliaire et le grand axe perpendiculaire à la feuille. Ils sont attachés par un pédicelle inséré dans les tissus foliaires dans une fente étroite faite par la femelle et non dans les stomates, comme le font de nombreux autres aleurodes (OEPP, 2003). Dès les premières heures de ponte, les œufs sont normalement blanchâtres et virent progressivement au marron au bout de 24 hs, d’autres en plusieurs jours. L’éclosion a lieu entre 5-9 jours à 30°C. Cette durée varie en fonction de la plante hôte, du biotype et de l’humidité (OEPP, 2003). Pour une même ponte, les œufs n’éclosent pas en même temps, les larves peuvent émerger pendant 2 à 7 jours, en fonction du nombre d’œufs pondus.
 Le stade L1 : A l’éclosion le premier stade larvaire mobile est aplati, ovale, ressemble à une cochenille et mesure 0,3 mm. C’est le seul stade larvaire mobile, il est également appelé « crawler » (Photo : 7). Les larves se déplacent de l’œuf vers un site de nutrition approprié sur la face inférieure d’une feuille où elles perdent leurs pattes au cours de la mue qui suit et deviennent sessiles. Elles ne se déplacent plus lors des autres stades larvaires (OEPP, 2003).
 Le stade L2 : Ce stade se différencie des L1 par un corps beaucoup plus aplatit. La taille de la larve de L2 est plus grande (environ 0,4 mm). Sur le dos on peut remarquer la présence de deux petites taches sur les cotés, elles sont de couleur blanc jaunâtre (Photo 8).
 Le stade L3 : A ce stade la différence se situe surtout au niveau de la taille, plus grande que la L2, la larve peut atteindre 0,5 mm. Elle est aussi plus aplatie que la L2 (Photo 8).
 Le stade L4 : Au stade L4 la larve plate, d’une forme ovale irrégulière (OEPP, 2003) a atteint le maximum de sa taille (0,9 mm), elle est plus bombée et plus épaisse que la L3. A ce stade, la larve arrête de se nourrir, et ces yeux deviennent rouges. C’est le stade qui précède l’émergence de l’adulte : le puparium (photo 9). Sur les plantes hôtes aux feuilles glabres, les puparium ne portent pas de soies dorsales, mais sur feuilles velues, ils portent de 2 à 8 longues soies (OEPP, 2003). Les trois premiers stades larvaires durent chacun 2 – 4 jours suivant la température. Le quatrième stade larvaire dure environ 6 jours ; c’est au cours de ce stade qu’a lieu la métamorphose vers l’adulte (OEPP, 2003). Notons qu’il est impossible de reconnaître un biotype en se basant sur la forme des différents stades larvaires, notamment du puparium puisque celui-ci peut varier d’une plante hôte à une autre (Photo 11 et 12).

Contrôle

   Plusieurs méthodes de lutte ont été utilisées contre les populations de B. tabaci, cependant aucune d’entre elles ne s’est montrée vraiment efficace. La lutte chimique : Jusqu’à récemment, B. tabaci, était facilement contrôlé par des traitements insecticides en plein champ comme en serre. Cependant, on rencontre maintenant des problèmes de lutte sur de nombreuses cultures dans le monde entier, dus à des résistances aux insecticides des populations et à la fécondité accrue du biotype B. Il semble qu’aucun traitement particulier ne soit utilisé à long terme contre ce ravageur (OEPP, 2003). La lutte biologique : C’est un moyen de lutte qui peut être efficace et qui ne pollue pas l’environnement, elle peut consister en l’utilisation de parasitoïdes, de prédateurs, de plante pièges… Mais chaque zone où il y a des problèmes avec B. tabaci nécessite une évaluation particulière et l’établissement d’un programme spécifique approprié de lutte biologique. Par exemple, l’utilisation unique des agents de lutte biologique, comme Encarsia formosa Gahan (Hymenoptera : Aphelinidae) et Verticillium lecanii Viegas (Champignon entomopathogène) même si elle est modérément efficace (Nedstam, 1992), ne peut jamais abaisser l’infestation à un niveau qui arrête la transmission virale (OEPP, 2003). La lutte intégrée : La lutte intégrée contre des ravageurs ou » Integrated Pest Management » (IPM), est une approche globale qui combine plusieurs luttes pour réduire les populations de ravageurs à des niveaux tolérables pour assurer une production de qualité tout en préservant l’environnement. Le contrôle intégré des ravageurs suppose de favoriser au maximum le contrôle biologique naturel par les insectes utiles (parasitoïdes et prédateurs) et cela ayant recours le moins possible aux produits chimiques qui peuvent occasionner des dégâts collatéraux (Bogor Agricultural University, 2011) D’autres méthodes de lutte mettant en œuvre une rupture du cycle plante – hôte – virus – vecteur sont à l’étude (OEPP, 2003).

Matériel utilisé pour l’étude

   L’élevage de masse et les essais effectués avec les Biotypes Q2 (A) et Q2 (B) ont été conduits dans des salles climatisées (Température : 28°C, Humidité Relative : 50%, Photopériode : 12h jour, 12h nuit). L’élevage et les essais sont effectués dans des cages cubiques transparentes de 50 cm de côté (Photo 1 et 2). Un aspirateur à bouche permet de récupérer les adultes de Bemisia qui s’échappent de la cage lors du changement de plantes au cours de l’élevage (Photo 3). Une loupe binoculaire est utilisée pour la détermination du sexe ratio et la récupération des puparium nécessaires aux essais (Photo 4). Des piluliers en plastique transparent de 2 cm de diamètre sont utilisés pour isoler les puparium récupérés (Photo 5). Une cage en plastique transparent (90 cm x 50 cm x 50 cm) est utilisée pour le stockage des plants d’aubergines après contact avec les femelles de Bemisia et avant le comptage des œufs (Photo 5). Un ordinateur couplé à une loupe binoculaire elle-même supportant un appareil photo numérique nous a permis de prendre des clichés lors de l’étude (Photo 7).

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

   Nous pouvons dire que la méthode des plantes pièges peut être très efficace dans la lutte contre les populations de B.tabaci. Le travail que nous avons fait en ce sens (élevage de masse, essais…) à montré à quel point certaines espèces végétales peuvent être sensible à B.tabaci . Cependant à cette méthode de lutte, il faut impérativement ajouter une ou plusieurs autres méthodes en évitant le plus possible les méthodes chimiques puisque c’est pour éviter celles-ci que la première à été mise en place. Il est impossible de généraliser l’utilisation des plantes pièges, du fait que l’on est souvent face à plusieurs biotypes de B. tabaci et qu’une variété peut être sensible à un biotype et pas à l’autre. Dans cette méthode, il faut impérativement tenir compte des conditions du milieu (température, présence de prédateurs ou de parasitoïdes, présence d’autres organismes concurrents…). Le résultat de ces comptages est tel, que la sensibilité de nos 9 variétés d’aubergines par rapport à A et B semble être moyenne en référence au témoin sensible, ce qui ne suffit pas pour contrôler B.tabaci qui a de nombreux biotypes répartis sur tous les continents. On peut dire que l’efficacité de l’aubergine vis à vis de nos deux populations de Q2 en tant que plante piège reste à prouver, et que le concombre utilisé comme Témoin est plus efficace. Cependant il serait souhaitable de reprendre ces essais avec beaucoup plus de répétitions, afin de confirmer la tendance aperçue suite à nos résultats. Nous émettons un doute également quant à la véracité de l’identification des populations de B.tabaci par la technique moléculaire s’appuyant sur le séquençage d’une partie du gène mitochondrial. Suite aux différences observées (plante hôte, plante hôte d’élevage, sensibilité différentes aux aubergines…), nos deux populations (Q2) qui plus est porteuses des mêmes endosymbiontes (Rickettsia et Arsenophonus) ne nous semblent pas être les mêmes biotypes. Au lieu de complexifier le problème B. tabaci, en multipliant les biotypes (plus de 40 actuellement) pourquoi ne serait ce pas une espèce : Bemisai tabaci qui aurait subi des sélections dues à des pressions environnantes localisées (l’espèce est cosmopolite), qui auraient tout simplement subi ce que subissent toutes les espèces vivantes : la Sélection naturelle? De Baro et al, 2010 ne dissent-ils pas qu’à l’heure actuelle  » Absence of biological data to support species designation is not unusual in such studies, as most species designations are based on morphological characters with little or no underlying knowledge of biology or ecology “. Le travail que nous avons effectué a en réalité duré deux mois et demi (suite à des tracas administratifs) et le projet est sur quatre ans donc c’est juste un début et beaucoup de choses restent à faire. Dans la suite du programme, les responsables pourront penser à maximiser le rendement des plantes pièges en misant sur les cucurbitacées, mais ils pourront aussi songer à tester à nouveau les variétés qui semblent se montrer plus sensibles.

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Table des matières

I. LISTE DES FIGURES
II. LISTE DES TABLEAUX
1. INTRODUCTION
2. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
2.1. Bemisia tabaci
2.1.1. Taxonomie
2.1.2. Origine et Répartition de B. tabaci
2.1.3. Biologie (Annexe 1)
2.1.4. Cycle de vie et reproduction
2.1.5. Dégâts
2.1.6. Contrôle
2.2. Les plantes pièges
2.2.1. Déterminants de la réussite de l’utilisation des plantes pièges
2.2.2. Les Aubergines
3. MATERIELS ET METHODES
3.1. Présentation de l’organisme d’accueil
3.2. Matériel
3.2.1. Le Matériel biologique
3.2.2. Matériel utilisé pour l’étude (Annexe 2)
3.3. Méthode
3.3.1. Les essais
3.3.2. Le comptage
4. RESULTATS
4.1. Elevage de masse
4.2. Le sexe ratio
4.3. Les essais
5. DISCUSSION
6. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
7. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
8. ANNEXES

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