La mégamachine Marseille-Provence CEC 2013 à l’assaut de la culture

Présentation générale

Présentation de Marseille

Après Paris et ses presque trois millions de personnes intra-muros, Marseille est la seconde ville de France. Elle compte 850 000 habitants au centre et, avec ses banlieues proches, elle devient la troisième plus grande zone urbaine de France, totalisant presque 1,8 million d’habitants. Marseille a une histoire très riche, puisqu’il s’agit de la plus ancienne ville de France. Fondée en 600 av. J.-C. par les Phocéens sous le nom de Massalia, la ville devient très vite un des ports les plus importants de la Méditerranée occidentale, à la croisée des mondes méditerranéens. L’Empire romain annexe la région dès 120 av.J.-C. (zone géographique que l’on l’appelle « Gaule transalpine », puis « Narbonnaise »), et fait de l’ancienne ville grecque Massalia, l’indépendante Massilia (cependant alliée à Rome).
Zone économique d’importance majeure, Marseille a toujours été considérée comme une ville de culture. Des personnes, des marchandises et des idées transitent dans cette cité au riche patrimoine, comme le soulignent déjà les écrits de Pline l’Ancien :
La province Narbonnaise ne doit pas être considérée comme la dernière des provinces en raison de la qualité de ses cultures, de la respectabilité de ses habitants et de leurs traditions, et de l’abondance de ses ressources.
Marseille passe ensuite sous domination chrétienne au Ve siècle de notre ère, mais se retrouve très fragilisée à cause des nombreuses invasions de son territoire, principalement par les Wisigoths.
À partir du Xe siècle, la ville devient un port florissant. Elle tente alors de conquérir de nouveaux territoires en participant aux Croisades. C’est ce qui explique qu’on trouve des colonies marseillaises tout autour de la mer Méditerranée et notamment en Afrique du Nord. Elle fait partie du royaume de France depuis 1481, ayant été auparavant indépendante politiquement et économiquement.
Mais c’est surtout au XIXe siècle que Marseille acquiert sa place de ville prospère grâce au rayonnement de son port maritime. La ville trouve ses ressources principales dans le négoce et l’industrie : production d’huiles et de savons, mais également de matériaux de construction comme les tuiles, les produits chimiques ou aussi les constructions mécaniques.
Depuis lors, la ville a su conserver son monopole puisqu’elle est aujourd’hui encore le premier port maritime de France, le second sur le plan méditerranéen et le cinquième au niveau européen. Ville portuaire très étendue, puisqu’on pourrait placer Paris et Lyon sur une zone géographique équivalente, Marseille est un carrefour, un lieu de passage à la croisée des mondes occidentaux et orientaux.
Le brassage culturel qui existe à Marseille n’est plus à prouver. Du fait de sa position géographique au bord de la mer et de son réseau maritime, elle dessert et se trouve donc accessible à la Corse, l’Afrique du Nord, l’Europe du Sud, le Proche Orient et toutes les régions du littoral.
Depuis de nombreux siècles, la ville entretient également des rapports économiques et culturels avec les pays de l’Europe du Sud, de l’Amérique du Sud, mais aussi des Antilles et de l’Asie. Plus largement, la ville de Marseille constitue une étape pour ceux qui transitent de l’Afrique, du Proche-Orient et des Comores, dont l’indépendance de ces dernières en 1975 a lancé une vague massive d’immigration.
Notons également que Marseille est une terre d’asile pour de nombreux réfugiés, et ce depuis le XVe siècle où elle a accueilli en abondance des victimes que les guerres de Religion persécutaient. De nombreuses diasporas cohabitent à Marseille, venues des trois principales phases d’immigration : les Italiens au XIX e siècle, les Corses et les Arméniens fuyant le génocide au début du XX e siècle, puis les habitants de certains pays du Maghreb depuis 1950 environ jusqu’à aujourd’hui. La ville accueille actuellement encore des ressortissants syriens, roumains dont une grande partie est issue de la communauté rom, elle sert d’asile aux populations immigrées qui fuient les conflits du Moyen-Orient.
Outre ces flots de réfugiés, que ce soit dans le cadre d’un voyage, d’une mutation temporaire ou d’un déménagement permanent, de nombreuses personnes décident de venir s’installer dans la cité phocéenne, ce qui fait d’elle un carrefour pour les flux migratoires. À tel point que la ville possède un bureau de l’Organisation internationale pour les Migrations et pas moins de soixante-dix consulats. Elle est ainsi la ville la plus marquée par le multiculturel, après Paris.

Présentation du dispositif

Histoire des CEC

Avec cette étude, nous cherchons à mettre en évidence le fait que l’Europe a contribué au brassage culturel, au déplacement de personnes et d’idées. « Les deux dimensions de la ville, matérielle et sociale, interagissent pour donner naissance à différentes villes imaginées, celles qui sont dans nos mémoires et nos rêves » écrit Lluis Bonet , chercheur dans le domaine de l’industrie culturelle à l’Université de Barcelone. C’est ainsi qu’en 1985 la Grèce et la France se rencontrent par l’intermédiaire de leurs ministres de la Culture, respectivement Mélina Mercouri et Jack Lang. En lien avec la gouvernance de Jack Lang – toujours très expérimentale – ils décide nt de fonder le projet des « Villes européennes de la Culture », afin de rapprocher les Européens. Pour mettre en avant la diversité culturelle du continent européen, une ville autre que la capitale gouvernementale de son pays est désignée chaque année comme CEC par le Conseil de l’Union européenne. Elle a ainsi l’opportunité de porter sur le plan européen durant une année civile, une ville européenne se doit d’organiser de nombreuses manifestations culturelles sur son territoire, afin d’en révéler les richesses. On imagine que cette tâche nécessite un engagement énorme en amont à des niveaux divers et variés.
La Commission européenne soutient le programme et il lui revient de rédiger le Rapport d’évaluation. Elle doit analyser si les objectifs ont été atteints ou non par les villes et elle doit exposer ses conclusions au terme de la nomination.
Le cadre d’évaluation ainsi que la méthodologie du rapport de la Commission européenne va poser problème à partir de 2019, moment où les villes devront elles même procéder à leur auto-évaluation, ce qui nous laisse entrevoir un questionnement concernant l’objectivité. Car si maintenant ce rapport est mené et rédigé par des personnes indépendantes vis-à-vis des villes (dans le cas de Marseille, le rapport d’évaluation a été rédigé par l’entreprise Ecorys, un groupe de consultants en économie), ce qui garantit une relative neutralité, les villes nommées CEC pourront modifier leurs objectifs a posteriori lors de l’écriture du rapport d’évaluation de l’année précédente pour les rendre conformes à ce qui a effectivement été réalisé. En effet étant plus directement impliquées dans le déroulement des festivités, rien ne les obligera à répondre aux attentes d’une quelconque autorité puisque le rapport signale que : L’évaluation et sa méthodologie ont été conçues de façon à satisfaire aux exigences de la base légale, qui requiert « une évaluation externe et indépendante des résultats atteints par la manifestation « Capitale européenne de la culture » de l’année précédente ». Bien que cette évaluation soit principalement destinée à analyser les titres 2013 au regard des objectifs et critères établis dans la décision de 2006 (la base juridique en vigueur au moment de leur désignation officielle), l’évolution du contexte politique des CEC et les modifications apportées à la base légale sont prises en considération à chaque fois que possible.
Il s’agit donc de satisfaire aux exigences de la « base légale », autrement dit, de prendre en compte les recommandations faites par la Commission européenne lors des réunions de préparation qui prennent place respectivement deux ans et huit mois avant l’ouverture des festivités. Le terme « à chaque fois que possible » interroge aussi puisqu’il n’est expliqué nulle part quel est le cadre posé ni quelles en sont les exceptions.
Il semble que la possibilité d’effectuer une recommandation ou non reste à l’appréciation du jury.
Le dispositif des CEC est perçu comme un tremblement de terre à l’échelle d’une ville, qui se voit alors transformée pour accueillir une foule d’événements et de personnes tout au long de l’année de sa nomination. Si le dispositif est avant tout culturel, ce serait une erreur de croire que ce domaine seulement entre en compte. En effet gravitent autour de la culture les questions d’urbanisme, de tourisme, mais également de gestion globale d’une mégalopole comme Marseille. L’année 2013 et sa préparation a soulevé beaucoup de questions relevant du social, telles que les divergences comportementales, l’éducation culturelle, l’utilisation ou l’abandon des infrastructures existantes et la pertinence d’implanter de nouveaux pôles dynamiques dans la ville.

L’année 2013

En 2013, deux villes européennes ont été nommées CEC. C’est le cas de Košice en Slovaquie et de Marseille, dans l’actuelle région française Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les retombées culturelles que ce titre a pu apporter à Košiceau quotidien pour ses habitants sont difficiles à évaluer du fait de son éloignement géographique et de la barrière linguistique qui nous empêche de recueillir des témoignages spontanés. Marseille devient alors en 2013 la deuxième ville française à obtenir le titre, après Lille en 2004. Du fait de leur différentes identités, nous avons pris le parti de ne pas faire d’étude comparative entre Lille et Marseille, même si certaines idées peuvent être intéressantes à exploiter quelque soit la ville.
Voyons quels ont été les moyens mis en œuvre et quels bénéfices Marseille a pu tirer de sa nomination. Sous l’impulsion du dispositif, c’est une zone étendue qui se voit en lice : au-delà de la simple ville portuaire, c’est bien la région toute entière de Marseille-Provence qui est concernée. En comparaison avec le territoire de Košice, celui de Marseille-Provence est très vaste. Cette grande agglomération urbaine compte 1,8 million d’habitants. Il s’avère difficile de trouver une identité cohérente à la région de Marseille-Provence, tant elle regroupe des territoires hétérogènes. Cette zone englobe beaucoup de villes et de communes des Bouches-du-Rhône telles que Martigues, Istres, Gardanne, Aix-en-Provence, Aubagne, Salon-de-Provence et Arles. La grande étendue de la zone géographique présente des avantages. Les petites villes qui ne seraient pas capables par elles-mêmes d’accueillir un événement tel que la CEC peuvent alors participer au dispositif dans le cadre du regroupement. Ceci leur donne l’occasion de rayonner sur le plan international en portant des événements gigantesques.

Déroulement et financements

Rappelons le processus d’élection d’une ville au sein du dispositif mis en place en 1985, et voyons comment ce fonctionnement a été légèrement différent en ce qui concerne Marseille.
Une ville est proclamée CEC quatre ans avant qu’elle ne le devienne effectivement, ce qui lui laisse le temps nécessaire pour se préparer, s’adapter, se transformer. Sélectionnée puis encadrée par le Conseil de l’Union européenne avec l’aide du jury composé d’experts culturels, la ville est conseillée et accompagnée dans ses choix. Dans le cas de Marseille, la ville a su dès 1999, soit quatorze ans en avance, qu’elle avait une chance d’être en lice pour le titre de CEC, ce qui lui a permis d’anticiper activement sa transformation afin d’être en mesure d’accueillir des événements d’envergure. L’association Marseille-Provence 2013, quant à elle, a été officiellement créée en 2007, et organise des réunions tous les deux mois depuis sa création, dans le but de préparer la région pour 2013.
Au bout de ces quatre années qui sont normalement prévues pour effectuer le suivi en conseil culturel, le jury prend la décision d’accorder ou non sa recommandation à la Commission. De ce verdict dépend l’attribution du prix Mélina Mercouri à la ville.
D’une valeur de 1,5 millions d’euros, financé par « Europe créative », un dispositif culturel de l’Union européenne, il contribue à la mise en place du projet culturel de la ville sélectionnée.
Le dispositif est financé en grande partie grâce à des fonds publics, mais il s’avère que Marseille a également reçu des « contributions généreuses du secteur privé » , à savoir 15 millions d’euros récoltés auprès de 207 entreprises, en plus de près de 2 millions d’apport en nature . Le budget alloué à Marseille pour créer cet événement de 2013 s’élève à plus de 96 millions d’euros. Le tableau suivant expose l’origine des financements.

Application à Marseille

Quelques projets

Dès 1995, moment de la mise en place du « Processus de Barcelone », la ville sent qu’elle va devoir se doter de nouvelles structures pour relancer son attractivité et permettre cette circulation de biens qui en découle. Si nous expliquerons plus tard dans ce travail en quoi consiste exactement le projet EuroMéditerranée, ce qui nous importe à présent est de montrer à quel point il se mêle à d’autres chantiers mis en œuvre au moment de l’année Capitale de Marseille. En effet EuroMéditerranée est sans conteste un des projets initiateurs du développement de la façade maritime de la cité phocéenne.
En nous penchant sur quelques exemples de projets, nous aurons l’occasion de questionner les rapports qu’entretiennent la mégamachine de MPCC 2013 et la vie associative, artistique et culturelle foisonnante de la ville de Marseille.

Le MuCEM

Le MuCEM a ouvert ses portes en juin 2013 et est à ce jour le premier musée d’envergure nationale en dehors de Paris. D’ailleurs le but de ce musée était de délocaliser le Musée National des Arts et Traditions Populaires (MNATP) de la capitale pour l’installer dans la deuxième ville de France, tout en supervisant sa création depuis Paris. C’est peut-être à cause de ce chantier dédoublé qu’il a fallu attendre treize ans avant que l’ouverture du MuCEM soit effective, ce que la Cour des Comptes qualifie de « gestation laborieuse ». Et une fois le musée marseillais ouvert, la Cour des Comptes juge que le MuCEM n’offre qu’une « faible visibilité » à « l’héritage du MNATP », entendant que la gestion des collections est difficile de par sa délocalisation. Nous pouvons facilement mettre en parallèle la citation d’Yves Michaud concernant l’art contemporain (p.44 de ce travail) et les critiques de certains visiteurs déçus du fond, comme de la forme : C’est simple il n’y a RIEN à voir du côté de l’expo permanente. Les civilisation européennes sont (mal) traitées en trois coups de louches qui se résument à une présentation des monothéismes comme si ces religions représentaient les « civilisations », trois maquettes, une projection vidéo, quelques instruments de mesure, une bizarrerie en verre et fioles et une demi-douzaine de croûtes … C’est bouclé en 20 minutes si on est passionné. D’aucuns s’enthousiasment pour « le cadre », d’autres pour « l’architecture », d’autres pour « le pont » c’est à dire pour tout sauf le musée, les civilisations européennes et les civilisations méditerranéennes … : l’architecte a commis une vieille télévision noir et blanc dans une boite ajourée pour épater le populo.[…] Une escroquerie.
Pour ce qui est du fond, je partage personnellement l’avis donné plus haut, car il est vrai que les expositions ne sont ni très fournies ni bien référencées. Lors de ma visite, les cartels succincts quant au contenu et en partie abîmés, ne permettaient pas d’obtenir des informations claires et étayées. Le fléchage des expositions, labyrinthique, amène le visiteur à ne plus se retrouver dans les différents niveaux du bâtiment et les informations contradictoires données par le personnel conduit à ne plus savoir où aller pour trouver l’exposition à visiter. Quand on accède enfin à celle-ci, l’organisation parfois étrange et confuse ne relève ni de la chronologie ni de la thématique. Pourtant, le Rapport d’activité stipule que « 97 % des visiteurs se déclarent ‘satisfaits’ ou ‘très satisfaits’ de leur visite », sans pour autant expliquer clairement sur quels critères repose cette satisfaction ni si cela a un rapport avec la qualité des expositions. Le Rapport évoque le fait que « les principaux indicateurs de satisfaction » ont subi une progression entre 2014 et 2015. Ces indicateurs sont « l’accueil », « les services proposés » (catégorie très vague dont on ne peut expliquer la nature) et « la signalétique ».

Cité des Arts de la Rue

C’est à partir de 1973 et avec Aix, ville ouverte aux saltimbanques, festival créé par Jean Digne qui perdurera jusqu’en 1976, que les arts de la rue trouvent leur première reconnaissance des politiques. Cette initiative qui prend place à Aix-en-Provence ouvrira la voie à ce que l’on nomme maintenant une tradition des arts de la rue, et qui s’ancre dans le Sud de la France.
Ainsi, en 1980, c’est en Camargue que la compagnie Ilotopie se forme. À peu près au même moment, des compagnies et des collectifs d’artistes s’implantent dans d’anciens entrepôts et des friches industrielles des 15e et 16e arrondissements de Marseille : citons par exemple les compagnie chorégraphiques Artonik et Ex Nihilo, la compagnie de théâtre de rue musical Générik Vapeur, le Centre national de création des arts de la rue : Lieux publics, la compagnie théâtrale de Philippe Car : l’Agence de Voyages imaginaires etc. Après avoir investi les espaces publics pendant quelques années dans le but de questionner la place de l’art, la compagnie Ilotopie décide de créer le Citron Jaune à Port Saint-Louis du Rhône, lieu qui ouvrira en 1992 et obtiendra dès 1995 le label de Centre national des arts de la rue.
Peut-être influencé par la réussite de leurs voisins du Citron Jaune, le projet marseillais de la Cité des Arts de la Rue est pensé dès 1995 par Pierre Berthelot (de la compagnie Générik Vapeur) et Michel Crespin (Lieux publics). Dès 1998 se crée l’APCAR (Association de Préfiguration de la Cité des Arts de la Rue) qui a pour but de mettre en place le projet du lieu et de mutualiser efficacement les actions des différents acteurs culturels qui y gravitent.
La Cité des Arts de la Rue a pour vocation de rassembler dans un même lieu quelques-uns des collectifs les plus influents ainsi qu’un pôle de formation artistique supérieure, la FAI-AR (Formation Avancée et Itinérante des Arts de la Rue). C’est au cœur des Quartiers Nord, plus précisément dans le quartier des Aygalades (15e arrondissement) et son ancienne huilerie-savonnerie l’Abeille, que se situe la Cité des Arts de la Rue. Ses 36 000 m² permettant d’accueillir initialement sept « structures habitantes » trouvent maintenant leur indépendance dans la complémentarité et l’entraide.
Les travaux entamés en 2007 pour un montant total de 13 millions d’euros (9,8 millions apportés par la Ville, 1,2 million par l’État, 1 million par le Conseil général des Bouches-du-Rhône et 650 000 euros par la Région PACA) ne se termineront que vingt ans après l’élaboration du projet et grâce à l’accession de Marseille au rang de CEC. En effet, la mise en avant du lieu était présente dans le dossier de candidature déposé par MP 2013 car la ville avait déjà senti le potentiel que constituait la Cité des Arts de la Rue dans la promotion de cette relativement nouvelle forme d’art. Aidée par la Ville, la Cité des Arts de la Rue veut cependant rester insoumise et préfère une gestion collégiale aux propositions d’organisation verticale faites par la municipalité, position qu’elle affirme en 2012 avec sa transformation en ApCAR : Association POUR la Cité des Arts de la Rue.
Le projet de MPCC 2013 a laissé la part belle à de nombreuses propositions se déroulant dans l’espace public , depuis la Parade des Lumières ouvrant les festivités. Si la plupart des projets sont des commandes, l’association gérant le lieu cherche à rappeler son indépendance vis-à-vis des désirs politiques et, à force de dialogue, ceux-ci ont fini par admettre le savoir-faire de ces compagnies reconnues sur le plan international. C’est sûrement d’ailleurs ce qui a poussé l’organisation MP 2013 à laisser une place de choix aux créateurs de rue : ceux-ci sont implantés dans un quartier excentré et délaissé par les politiques. Le maillage de leur réseau leur permet désormais de former des artistes capables de concevoir des projets innovants, autant sur le plan artistique que logistique.
Leur réalisation est assurée par des artistes renommés. Ainsi, la plupart des « habitants » de la Cité des Arts de la Rue sont reconnus nationalement ou internationalement, tout en travaillant main dans la main avec la population des quartiers alentours. Parce qu’ils s’impliquent dans la vie du quartier en effectuant des actions de médiation très locales,les artistes membres de la Cité des Arts de la Rue sont plutôt bien intégrés dans leur environnement et se voient conférer un statut de géant accessible.

Au profit des grands groupes

Pour permettre à la manifestation de voir le jour, il a fallu le concours de nombreux mécènes, issus du domaine privé, sur le modèle du sponsoring qui depuis quelques années est une pratique répandue dans le domaine du sport. À cette idée que la culture est financée par des groupes privés, certaines personnes ont eu peur que les grands groupes mécènes de la manifestation exercent un lobby. Pour ce qui est du financement de MPCC 2013, on remarque grâce à ce diagramme que c’est principalement le secteur d’activité des services qui a financé l’année Capitale.
Comme l’explique Nicolas Maisetti, à la fin des années 1990, la perte d’élan économique oblige les entreprises à chercher « un nouveau souffle pour différentes raisons : difficultés financières, pénétration de nouveaux marchés ou repositionnement marketing. » C’est de ce constat que naît l’idée de « travailler l’image de l’entreprise à travers l’art », comme le dit lui-même un chef d’entreprise.

Les leçons à tirer

La réconciliation finale du IN et du OFF

Cette dimension parallèle de l’année Capitale a été pensée par des artistes qui veulent avec leur projet donner une autre vision de la culture marseillaise.
Dès 2004, alors que la ville n’a pas encore officiellement annoncé son intention de se porter candidate, mais laisse pourtant entrevoir certains signes avant-coureurs, un groupe de trois graphistes fait le pari que la Commission, qui en 2013 doit élire une ville française, consacrera Marseille. C’est à partir d’une blague potache portant sur cette habitude qu’ont les Marseillais à faire suivre du chiffre treize à peu près tout, que les trois amis déposent la marque « Marseille 2013 ».
Ce n’est que quatre ans après, suite à la remise du dossier de candidature, que les rapports entre MP 2013 et les organisateurs du OFF se compliquent. Ces derniers, dès l’obtention du label, approchent l’équipe de Bernard Latarjet et leur proposent une collaboration, ce que MP 2013 refuse.
Alors quand les officiels ont souhaité utiliser l’appellation « Marseille 2013 » et proposent donc de racheter le nom de domaine pour une bouchée de pain, le collectif officieux décline la proposition de rachat. On peut se demander si c’est une vengeance, ou si le collectif, qui a vu ses rangs se gonfler de personnalités telles que le journaliste Stéphane Sarpaux, qui deviendra rapidement le visage du OFF, préfère après réflexion organiser sa propre manifestation parallèle. Les organisateurs officiels sont embarrassés par le brouillage s’exerçant alors entre les informations transmises par les deux collectifs dont les identités sont radicalement opposées.
À l’image de Marseille la festive, toujours prête à critiquer les pouvoirs publics par le biais de la satire lors du Carnaval, c’est avec humour que le OFF entend provoquer une réappropriation de l’espace public par les artistes. Ceux-ci semblent en effet malmenés par la réforme du statut d’intermittent et cette prise de position du OFF sonne alors comme une réelle critique sociale, un pied-de-nez en direction des politiques qui tentent de régir la manifestation dans son ensemble. D’ailleurs la conférence de presse officielle du OFF annonçant leur volonté de prendre part à l’année Capitale contient elle-même un jeu de mots, puisqu’elle prend place au Vallon des Auffes. Et pour bien se différencier de la manifestation officielle et de son faste, c’est dans un petit cabanon de pêche que la conférence de presse se déroule, annonçant sa volonté d’être au service des plus faibles, face à la machine très sélective du comité d’organisation MP 2013.

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Table des matières
Introduction
1re partie : Rapport de stage
Mes missions principales au sein de la compagnie du Dromolo
Assistance mise en scène
Diffusion
Régie technique
Ateliers
2e partie : La mégamachine Marseille-Provence CEC 2013 à l’assaut de la culture
I . Présentation générale
1. Présentation de Marseille
2. Présentation du dispositif
Histoire des CEC
L’année 2013
Déroulement et financements
II . Application à Marseille
1. Quelques projets
Le MuCEM
Cité des Arts de la Rue
2. Une transformation urbaine
EuroMéditerranée
3. Aux dépens de la population et des petites structures
4. Au profit des grands groupes
III . Les leçons à tirer
1. La réconciliation finale du IN et du OFF
2. La continuité du projet
Les Dimanches de la Canebière
Biennale internationale des Arts du Cirque
M 2017 : Marseille Capitale européenne du Sport
Dock des Suds
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Annexes

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