La médiatisation du fait religieux, entre immédiat et transcendant

Cette étude a été conçue dans le cadre plus vaste d‟un regain d‟intérêt concernant la pertinence publique de la religion au cours des dernières années. La résurgence et le poids croissant que la dimension religieuse est en train d‟acquérir dans l‟espace public est indéniable. Une diversité de problématiques ayant trait au religieux est au cœur même de l‟actualité nationale, européenne et internationale (Bratosin et Tudor, 2014).

Simultanément, nous constatons aussi la prépondérance des médias et du journalisme dans la perception de cette réalité, étant donné leur place dans l‟espace public contemporain de plus en plus «médiatisé», car il est fonctionnel et normativement indissociable du rôle des médias (Wolton, 1995 : 167). En effet, les média sont des instruments privilégiés de la construction des identités et de la structuration de la société.

La perception du phénomène religieux dépend en grande partie des médias, qui amplifient la diffusion de l‟information religieuse, et qui sont aussi les responsables de la construction des représentations du phénomène. Cela signifie que les médias sont considérés comme un principe structurant de l‟espace public, non seulement comme espace de médiation et de communication en général, mais aussi comme espace de communication de la foi en particulier (Bratosin et Tudor, 2014). Ainsi, il nous semble pertinent d’étudier comment ces deux champs interagissent entre eux.

Le religieux, au-delà du rite accompli (le plus souvent) en son enceinte, vise à s‟exprimer aussi dans l‟espace public, et les médias se l‟approprient. (Douyère, Dufour, Riondet, 2014). Selon Bratosin et Tudor (2014), « interroger la foi dans sa communicabilité dans l‟espace public demeure un chantier ouvert ». Or, concernant la question de la visibilité de la religion dans l‟espace public, et le domaine de la recherche scientifique sur les médias et la religion, il est possible de distinguer deux grands axes principaux : celui des médias religieux ou confessionnels, et celui du phénomène religieux dans les médias non confessionnels. Nous avons choisi d‟axer notre recherche sur le sujet de la visibilité de la religion dans les médias non confessionnels, notamment la représentation journalistique du phénomène religieux au Portugal dans la presse écrite. Au-delà de ce que nous venons de dire concernant la pertinence du sujet comme objet d‟étude, cette étude est aussi le reflet d‟un intérêt personnel pour cette thématique.

LA PLACE DE LA RELIGION DANS LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE

Quelques concepts-clés autour de la Religion 

Actuellement, énumérer une seule ou toutes les définitions existantes de l‟objet d‟étude « Religion » semble une mission impossible. En effet, la religion est un champ extensif et complexe. Mais il convient de mettre en évidence quelques perspectives pour nous permettre de mieux cerner cette complexité intrinsèque. Ainsi il nous est apparu essentiel de clarifier un certain nombre de concepts et perspectives, non seulement pour s‟assurer que notre démarche s‟inscrit dans un cadre théorique et épistémologique de la religion le plus clair possible, mais aussi pour comprendre l‟importance de ce domaine dans la société actuelle.

La consolidation récente d‟un champ d‟étude spécifique, nommé Sciences des Religions, domaine scientifique à nature multidisciplinaire (faisant appel à des disciplines telles que la philosophie, l‟anthropologie, la sociologie, la psychologie, etc.), est marquée par une tendance qui évite toute démarche visant à établir une définition unique de la religion. En effet, de nombreux chercheurs actuels des Sciences des Religions refusent désormais de produire une seule interprétation du terme « Religion ».

« L‟un des aspects les plus curieux et saillants de l‟étude scientifique actuelle des religions est le manque d‟une définition de l‟objet étudié », écrit le chercheur Steffen Dix.

Malgré le fait que les chercheurs des religions évitent d‟établir une définition, S. Dix considère cette absence comme un avantage. Dans le même sens, l‟inexistence d‟une méthodologie définie permet aux Sciences des Religions d‟utiliser des méthodes et des théories d‟autres disciplines (Dix, 2007 : 21-23) .

En ce sens, il semble que les différents concepts qui nous permettent de mieux cerner le phénomène religieux découlent de quelques domaines traditionnels spécifiques, notamment phénoménologique, sociologique, et aussi historico anthropologique.

En partant de ce présupposé, nous allons procéder dans ce chapitre à une approche du phénomène à partir des principaux points de vue énoncés par ces perspectives théoriques fondamentales, notre but étant de trouver des concepts clés qui nous permettent d‟interpréter le phénomène et son importance de nos jours. Avant de poursuivre dans cette voie, nous allons nous arrêter très brièvement sur le sens étymologique du terme « Religion ». Puis nous aborderons la question de son essence, surtout à partir de la perspective philosophique et du courant de la phénoménologie de la religion, notamment à partir de la distinction entre sacré et profane. Ensuite nous présenterons une réflexion sur la dimension culturelle de la religion, notamment sa perspective historico-anthropologique. Après, nous nous pencherons sur l‟approche sociologique de la religion, qui joue un rôle essentiel dans la société. Nous continuerons notre réflexion en faisant appel aux principales conceptions à propos de la pertinence du phénomène religieux dans l‟espace public contemporain. Et nous terminerons en discutant sur le sujet des rapports entre religion et science.

Des racines étymologiques

Bien que quelques doutes subsistent à propos de son origine, pour le philosophe J. Grondin (2009), la meilleure réponse à la question de savoir ce qu‟est la religion, la plus banale, consiste à dire qu‟il s‟agit d‟un mot latin. En effet, le terme religion dérive du vocable latin religio. D‟après l‟auteur, diverses étymologies célèbres ont été proposées : « Le terme comporte plusieurs sens précieux, et, chose plus importante encore, des auteurs latins de premier plan (dont Cicéron, Lactance, Augustin et Thomas) se sont penchés sur son sens et son étymologie » (Grondin, 2009 : 66). La religion a été définie pour la première fois par Cicéron, politicien, philosophe et orateur du premier siècle av. J.-C. (106 a.c. – 43 a.c.), comme « le fait de se soucier d‟une certaine nature supérieure que l‟on appelle divine et de lui rendre un culte », se caractérisant par « son rapport réfléchi, prudent et raissonné au culte des dieux ».

Dans l‟ouvrage De Natura Deorum, (45 avant J.-C.), Cicéron déclare que le terme dérive du verbe relegere, qui veut dire relire – « lire à nouveau », « interpréter à nouveau » ou « examiner avec un soin redoublé », « observer attentivement », c‟est àdire aborder avec circonspection tout ce qui se rapporte au culte des dieux, à travers la relecture des écritures.

Cette proposition étymologique, qui postule comme élément central l‟importance d‟une lecture et dès lors d‟un choix réfléchi et attentif, met en lumière la nature répétitive du phénomène religieux, ainsi que son aspect intellectuel.

Plus tard, Lactance (v. 250-325), apologète chrétien du IIIe siècle, a rejeté l’interprétation de Cicéron et déclaré, dans ses Divinae Institutiones, III, 9, que le terme religio dérivait de religare, dans le sens de relier (ligare : lier), reconnecter, arguant que la religion est un lien de compassion qui sert à reconnecter l’homme à Dieu : « Le terme religio a été tiré du lien de la piété, parce que Dieu se lie l‟homme et l‟attache par la piété » (id.:73-74).

Cette interprétation met l‟accent sur l‟idée de lien et agit dans les deux sens :

« le lien initial vient de Dieu, car c‟est lui qui propose une alliance à sa créature. La religion devient alors le « re-lien » de piété qui rattache l‟homme à Dieu » (ibid.).

Dans le même sens, dans son livre La Cité de Dieu, Augustin d’Hippone (345-430) insistera, au IVe siècle, sur l‟idée de « re-lien », car c‟est un lien que l‟homme a perdu par sa propre négligence, en commettant le pêché originel : il importe donc de rétablir ce lien. Il réfère, alors, que la religion vient de religere, ou «relier». Grâce à la religion l’humanité se relirait à nouveau à Dieu, dont elle avait été séparée. Plus tard, dans l’ouvrage De verareligione, Augustin reprend l’interprétation de Lactance, qui voyait dans le terme religio une relation à « reconnecter ».

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Table des matières

SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
PARTIE I : REPÈRES CONCEPTUELS ET CADRAGE THÉORIQUE GLOBAL DE L’ÉTUDE
1- LA PLACE DE LA RELIGION DANS LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE
2- JOURNALISME : UNE VISION CONSTRUCTIVISTE DU PROCESSUS DE PRODUCTION DE L‟INFORMATION
3- MÉDIAS ET RELIGION : LES MURS ET LES PONTS D‟UN RAPPORT DIFFICILE MAIS INÉVITABLE
PARTIE II : LA PLACE DU CHRISTIANISME DANS LA PRESSE ÉCRITE DE RÉFÉRENCE
4- LE TERRAIN DU PORTUGAL
5- PORTÉE DE L‟ÉTUDE : CHOIX DE L‟ENQUÊTE ET APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
6- EXPLOITATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS DE L‟ENQUÊTE :
INTERACTIONS ENTRE JOURNALISME ET CHRISTIANISME
7- L‟INFORMATION JOURNALISTIQUE RELIGIEUSE FACE AU DÉFI DE
L‟ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE : LE CAS DES BLOGS SPÉCIALISÉS DANS LA RELIGION (BSR)
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ/ABSTRACT

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