Les représentations sociétales
Le vieillissement est source de nombreuses représentations sociétales et le plus souvent les aspects négatifs sont prégnants. Le vieillissement est souvent relié à la dégradation du corps, à la solitude, à la mort, à l’inutilité … « Il est aisé de constaterque le plus souvent la vieillesse est stigmatisée, en ce sens qu’elle ne correspond pas aux valeurs prônées actuellement, à savoir la modernité, la jeunesse, la rapidité, la compétitivité, la séduction, la vitalité. Elle fait plutôt penser à la précarité, à la fragilité de la condition humaine. » (Joulain, 2011, p.21)
Les valeurs de jeunesse sont à la fois soutenues par les jeunes et les plus âgés qui souvent veulent absolument paraitre plus jeunes, n’acceptent pas de vieillir, ne veulent pas parler de ce sujet. Tout cela renforce les représentations négatives. La vieillesse est alors redoutée par la majorité des personnes.
Cependant, il est important de préciser que cette vision n’est qu’une représentation générale, chacun a sa propre représentation de la vieillesse en fonction du contexte et de son histoire de vie avec des personnes âgées. « Précisons que nous avons des perceptions des jeunes et des âgés à la fois partagées et spécifiques selon nos caractéristiques individuelles et nos vécus en lien avec des personnes âgées. Ces représentations effectivement ne fonctionnent pas indépendamment du contexte, celui-ci peut favoriser leur actualisation et ce de manières diverses (maison de retraite, hôpital, services de rééducation fonctionnelle, services psychiatriques, organismes sociaux, vie quotidienne), mais aussi participer à leur enrichissement, parce que les pratiques sociales impactent nos opinions et nos connaissances » (Joulain, 2011). Nos représentations sont toujours nourries par nos expériences de vie.
A l’opposé, la vieillesse n’est pas toujours associée à une image négative. Nous pouvons relever différents aspects positifs tels que l’expérience, la sagesse, la sérénité, l’écoute, la connaissance, pouvoir prendre le temps, avoir de nouveaux projets, continuer à apprendre…
Une étude a été réalisée dans le but de connaitre les représentations de la vieillesse chez des jeunes adultes entre 25 et 40 ans et des octogénaires entre 82 et 86 ans. Elle a été produite grâce à la collecte des réponses à une questions ouverte sur la libre association du mot vieillesse. Suite au regroupement des réponses, différentes catégories ont pu émerger. Voici les plus significatives par les plus jeunes : dégradation du corps, aspect philosophique plutôt positif (exemple : sagesse), aspects psychologiques négatifs (détresse, angoisse…) et positifs (paix, sagesse…), aspect social à tendance négative (solitude…), évocation de l’importance de la famille…
En revanche, pour les personnes âgées de cette étude, nous avons comme catégories majeures :l’évocation négative des ressources (pertes), la référence au caractère inéluctable, la mort et l’identité.
Suite à l’analyse de cette étude, nous remarquons que les 2 types de populations sont en accord pour dire que la vieillesse est associée à une perte. Concernant les ressources conservées ou acquises, elles n’apparaissent presque pas chez les personnes âgées contrairement aux jeunes. « Les évocations des jeunes adultes offrent une vision contrastée de la vieillesse en distinguant les ressources perdues des ressources conservées ou acquises […] Les jeunes adultes investissent la vieillesse d’un certain nombre d’attentes, celles -ci s’exprimant tout particulièrement dans l’évocation des ressources morales/psychologiques et familiales […] Les octogénaires, au contraire, ne mentionnent pas de ressources familiales, temporelles ou morales/psychologiques. Les définitions sont autocentrées, les personnes-ressources et la vie relationnelle invisibles. » (Hummel, 2001).
Donc face à cette étude, nous remarquons que sur certains aspects, les représentations notamment négatives se rejoignent. Mais les jeunes interrogés dégagent aussi une dimension positive peu retrouvée chez les octogénaires interrogés.
Cette étude m’a parue intéressante dans le but de différencier les représentations de personnes jeunes de celles confrontées au phénomène de la vieillesse. Nous observons alors une divergence. Cependant, nous pouvons noter une limite de cette étude qui est un échantillon faible de personnes interrogées : 102 pour les jeunes adultes et 177 pour les octogénaires.
Les différentes formes de vieillissement
Le vieillissement peut être classifié selon 3 formes : physique, cognitif et affectif.
Le vieillissement physique
Tout d’abord d’un point de vue physique, de nombreux changements peuvent apparaitre. Nos cellules vieillissent et vont affecter l’ensemble des fonctions. Outre l’altération des sens que nous développerons par la suite, il existe entre autres des modifications au niveau de l’apparence telles que les rides, la perte et le blanchiment des cheveux, la peau qui change en devenant plus fine et parsemée de taches blanches et brunes sur les mains.
La sensibilité thermique est plus notable avec le vieillissement. La personne devient plus sensible aux changements de température, phénomène expliqué par la diminution de la circulation sanguine dans les capillaires. De plus, avec la réduction de production de chaleur et la diminution du métabolisme, la température corporelle peut diminuer jusqu’à perdre un degré se retrouvant ainsi à 36°C.
Des changements anatomiques notables apparaissent aussi avec l’âge. En ce qui concerne le tissu osseux, il y a une diminution de la densité et une perte de sa plasticité par déperdition progressive d’eau. Cela peut alors entrainer des fractures plus fréquentes dues à une moins bonne gestion des contraintes. S’ajoute aussi une déminéralisation de l’os (ostéoporose), rendant l’os moins souple et résistant. Au niveau de la colonne vertébrale, nous pouvons aussi noter une diminution de la lordose lombaire et une augmentation de la cyphose dorsale. La diminution de la taille de quelques centimètres est aussi une caractéristique chez la personne vieillissante. Cela s’explique par un raccourcissement du rachis à cause d’un amincissement des vertèbres dorso-lombaires, causé par l’ostéoporose. Les articulations quant à elles se détériorent, le cartilage s’amincit, les ligaments sont moins élastiques. La masse et la force musculaire s’amenuisent, entrainant alors une modification du tonus musculaire.
Toutes ces altérations affectent donc la posture et la mobilité de la personne avec entre autres un impact dans la rapidité et la qualité des mouvements, et la gestion de l’équilibre entrainant des chutes fréquentes.
D’autres modifications peuvent aussi être relevées : la diminution de l’activité sexuelle, la diminution de la force des muscles respiratoires, l’appareil urinaire avec notamment la diminution de la capacité de la vessie et de sa vidange, le système cardiovasculaire avec le cœur qui se remplit moins et les artères qui deviennent plus rigides, le système immunitaire avec ses cellules qui agissent plus lentement.…
Le vieillissement cognitif
Après avoir vu quelques transformations physiques, de manière non exhaustive, nous allons voir l’impact du vieillissement sur le plan cognitif en appui sur nos cours dispensés durant notre formation.
Tout d’abord, au niveau des processus mnésiques, les informations sont plus difficilement accessibles.
La capacité de manipulation mentale est modifiée. La mémoire à court terme devient moins efficace avec une augmentation du parasitage. Il y a donc une légère baisse de cette capacité à maintenir des informations en tête à un instant pour les traiter, les utiliser. La mémoire à court terme permet notamment l’interprétation des messages sensoriels et l’association de réaction. Donc cette mémoire étant atteinte, la vitesse de réaction diminue.
Avec le vieillissement, la vitesse de traitement de l’information est aussi plus lente.
Il y a aussi un appauvrissement de la mémoire épisodique avec peut-être moins de souvenirs, d’encodage, d’expériences de vie, de nouveautés dans son quotidien et des difficultés de récupération : certains souvenirs anciens, peu évoqués, sont plus difficiles à retrouver. A l’opposé, nous pouvons avoir parfois l’impression que la personne est capable de se rappeler de plein de choses mais parfois, ce sont des souvenirs retranscrits d’un souvenir oublié et puis reconstruits à partir de certains éléments. Il peut y avoir aussi un souvenir illusoire qui est confondu avec ce que quelqu’un d’autre lui a raconté.
Cependant, il est à noter que la mémoire à long terme, celle des souvenirs anciens, serait moins impactée par le vieillissement par rapport à la mémoire à court terme.
Ensuite, en dehors du processus mnésique, d’autres processus sont très fragiles dans le vieillissement normal. C’est notamment le cas de l’attention qui est un des processus le plus impactés. A partir de 20-30 ans, nous nous rendons compte que l’attention soutenue, qui permet de maintenir longtemps sa capacité à se concentrer sur quelque chose, devient plus difficile. Il en est de même avec l’attention sélective qui permet de se focaliser sur un élément, en ne tenant pas compte de tous les distracteurs périphériques. La double tâche est aussi compliquée avec l’âge et la sériation dans les activités sera privilégiée.
L’apport de Bullinger
Bullinger a développé le terme de « flux sensoriel ». Pour lui, les stimulations ou informations sensorielles se font sous forme de flux. Il définit ce terme comme « un apport continu et orienté d’un agent susceptible d’être détecté par une surface sensible à cet agent : le capteur. » (Bullinger, 2007, p.81).
Il pense que les flux sensoriels sont « une condition préalable à toute utilisation d’un segment corporel comme moyen d’action » (p.54). Il n’y a que du sensorimoteur, il ne peut donc pas avoir de moteur sans sens oriel et de sensoriel sans moteur. Bullinger distingue différents flux : gravitaire, tactile, auditif, olfactif, visuel. Il n’intègre pas la proprioception car il la considère comme la coordination entre les signaux de la sensibilité profonde « qui fournit des signaux relatifs à l’état de tension des muscles, à la position angulaire et à la vitesse de déplacement des articulations » (p.77) et les signaux des flux sensoriels.
Nous allons détailler l’ensemble des flux qu’il décrit en nous appuyant sur les cours dispensés lors de la formation.
Le flux gravitaire, présent en permanence, est lié aux forces de la pesanteur dans le milieu terrestre. In utéro, le fœtus est en apesanteur dans le liquide amniotique qui compense les forces de la pesanteur. Mais à la naissance, le bébé va devoir s’organiser pour lutter contre ces flux gravitaires. Ce flux gravitaire, perçu par le système vestibulaire se trouvant dans l’oreille interne, est sensible à la fois aux accélérations, aux rotations et aux mouvements en général de la tête, des yeux, du tronc, etc. Il est très important car il nous permet de nous orienter dans l’espace, et de déterminer quelque chose entre le haut et le bas. À partir du moment où nous allons pouvoir nous verticaliser, les autres représentations spatiales vont pouvoir se mettre en place (devant/derrière, droite/gauche). Le flux gravitaire va aussi nous permettre de ressentir notre masse corporelle grâce aux capteurs de pression.
Le flux tactile, quant à lui, concerne toute la surface de l’organisme. Sur la peau, se trouvent différents types de capteurs de densités différentes, avec des propriétés singulières qui vont permettre de percevoir des textures et des variations de température. Ce flux va être créé par des contacts avec une surface solide, des fluides ou des gaz en mouvement. Donc les flux tactiles vont permettre de sentir et de se représenter les limites corporelles, et donc de différencier le dedans et le dehors de l’organisme.
Les flux olfactifs ont une grande fonction notamment chez les mammifères dans la recherche de nourriture. Ils sont très liés aux aspects gustatifs et donc aussi à la satisfaction orale ; s’intègre alors une dimension de plaisir associée à ses flux olfactifs.
Très tôt, l’enfant va pouvoir discriminer certaines odeurs et reconnaître celle du lait, de l’aisselle de sa maman. Cela va donc avoir un grand rôle contenant.
Les flux auditifs sont constitués « par l’ensemble des sons ambiants » (p.78).
Nous pouvons à la fois percevoir des bruits environnants ainsi que ceux provenant de l’intérieur du corps. Dès qu’il y a une source sonore dans un environnement, cela devient un point de référence. Quelle que soit l’orientation du capteur, l’oreille, nous allons percevoir le flux auditif. Cela en fait une fonction d’alerte très importante. Les fonctions d’orientation par rapport à une source sonore sont présentes dès la naissance. À 5 mois de vie, l’enfant est capable d’évaluer les distances et va savoir si le bruit est dans son espace de préhension ou non.
Enfin, les flux visuels sont constitués « par l’ensemble des signaux émanant de l’environnement éclairé. » (p.79). « Les déplacements des yeux ou de l’environnement entraînent un glissement des images sur toute la rétine, ce qui constitue un flux visuel. » (p.79). Nous allons à la fois recevoir des flux de manière passive mais aussi de manière active. Grâce à la possibilité de mouvement de nos capteurs (nos yeux), nous allons pouvoir créer des flux visuels. Ces flux vont être dépendants alors de l’environnement, de l’ouverture des yeux, de la position et des mouvements du regard selon Bullinger.
La médiation animale
Définition de la médiation animale et différents termes à distinguer
Définition de la médiation
La médiation thérapeutique est un outil fondamental pour les psychomotriciens. Étymologiquement, la médiation, vient du latin « medio-are qui signifie partager en deux, s’interposer ». (Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine, s. d.). D’après le CNRTL, elle peut se définir comme le « fait de servir d’intermédiaire entre deux ou plusieurs choses » (Définition de médiation, s. d.). Si nous nous plaçons dans le domaine du soin, elle permet donc d’ajouter un élément tiers, un intermédiaire dans la relation soignant-soigné.
Dans notre formation, nous avons vu que, par facilité de langage, nous confondons souvent médiation et objet médiateur, alors que ce dernier fait référence aux techniques utilisées par le psychomotricien. Il est avant tout présent pour créer un lien entre le psychomotricien et son patient. Giromini en parle comme étant « le médiateur thérapeutique [qui] est le support, le moyen qui est utilisé pour favoriser la relation, l’échange et la communication avec autrui. Il n’est pas utilisé pour la transmission d’un savoir ou d’un savoir-faire au titre d’un apprentissage ». (Giromini, 2017). L’objectif n’est pas la performance motrice de telle ou telle pratique mais bien d’aider la personne à donner sens à des situations ou à des ressentis à son être au monde.
La médiation, quant à elle, renvoie aux phénomènes transitionnels du dispositif thérapeutique ; c’est-à-dire un espace où le patient va pouvoir s’exprimer par différents modes et qui va lui permettre de se construire en collaboration avec le psychomotricien.
Dans notre pratique, il existe une multitude d’objets médiateurs différents. Au cours de notre cursus, nous avons pu être initiés à quelques-uns d’entre eux comme l’eutonie, la relaxation, le clown… qui peuvent être très utiles dans la prise en charge en psychomotricité. Précisons que le choix de l’objet médiateur doit être fait à la fois en fonction du patient mais aussi du thérapeute. C’est grâce à cet objet pris dans des phénomènes transitionnels que le patient et le psychomotricien vont partager, communiquer et donc être en relation.
J’ai donc choisi de me pencher sur la médiation animale, qui est une médiation particulière car l’objet médiateur est un être vivant. L’animal va alors amener une autre dimension dans la relation.
En quoi consiste la médiation animale
La médiation animale peut s’adresser à tout type de public : enfants, adolescents, adultes, personnes âgées et, comme nous l’avons vu dans les multiples définitions, elle se retrouve dans différents champs : éducatif, préventif ou thérapeutique. Elle peut être bénéfique face à de nombreux troubles, difficultés ou situations (déficience intellectuelle, handicap psychique ou mental, autisme, psychose, trouble du comportement, difficultés motrices, troubles d’organisation spatiotemporelle, introversion, difficultés sociales, milieu carcéral, dans les institutions pour personnes âgées qui sont parfois atteintes d’une démence type Alzheimer…). Elle permet « à la personne bénéficiaire de retrouver un état de complet bien -être physique, mental et social, dans un contexte où la présence de l’animal fait partieintégrante du processus visé dans l’intervention . » (Lehotkay, 2021). Une réelle relation triangulaire va se créer entre le professionnel, le patient et l’animal. Cette médiation sera réalisée par des professionnels dans le domaine de la santé ou du social (infirmière, psychologue, médecin, aide-soignante, ergothérapeute, psychomotricien, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants…) ayant effectué une formation complémentaire en médiation animale pour l’Institut Français de Zoothérapie. Cependant d’autres organismes de formation n’exigent pas obligatoirement un diplôme en santé ou social. Il existe plus de 40 centres de formation mais la plupart ne sont pas reconnus par l’état mais seulement par la majorité des établissements médicaux et sociaux.
Il faut donc souligner que, du point de vue d’un psychomotricien, ayant alors un diplôme d’état en santé, l’attrait pour les animaux ne suffit pas. Il faut qu’il ait réalisé une formation pour revendiquer qu’il utilise la médiation animale. Face à ce manque de reconnaissance certifiante et la pluralité des définitions, le Syndicat National Français des Zoothérapeutes et Intervenants en Médiation Animale, a rédigé une charte d’éthique et de déontologie comprenant une introduction qui statut les professionnels qui sont aptes à être « Intervenants Professionnels en Médiation par l’Animal » avec entre autres le respect des droits de la personne et des animaux, puis les fondements généraux qui exposent les obligations et enfin les conditions d’exercice de la profession.(Charte d’éthique et de déontologie | Syndicat Français des Zoothérapeutes, s. d.) (Annexe 1).
Histoire de la médiation animale
Au cours des siècles, l’Homme et l’animal ont créé et entretenu des liens étroits.
C’est à partir du 19 ème siècle, que les prémices de la médiation animale ont débuté avec William Tuke dans l’asile d’aliénés « l’Institut York Retreat ». Les soins quotidiens des lapins et des volailles sont donnés par les « malades mentaux » afin de réduire les troubles et angoisses des patients, entrainant alors la notion de responsabilité à la fois d’eux-mêmes ainsi que des animaux confiés.
Ensuite, en 1937, Sigmund Freud remarque que chez les enfants, l’identification aux animaux est facilitée en comparaison à l’identification aux parents. De plus, il constate que la présence de son chien à ses séances permet aux patients et à lu imême de ressentir une certaine sérénité et un effet thérapeutique.
C’est en 1950 que le rôle thérapeutique de l’animal dans les séances de thérapie est démontré par Boris Levinson, considéré comme le père de la zoothérapie.
Il fait cette découverte fortuitement lorsque son chien, étant présent par hasard aux séances d’un enfant autiste, a permis d’éviter son internement. En effet, l’enfant refusait tout contact et ne parlait pas. L’enfant, en s’occupant du chien, a pu créer des interactions et parler. Boris Levinson a donc vu que l’animal pouvait être un médiateur entre lui et son patient et qu’il pouvait être « un catalyseur social ». Il créa alors la théorie « pet-oriented child psychotherapy » qui repose sur des concepts de psychologie infantile selon lesquels la communication se base sur le jeu qui se développe entre l’enfant et l’animal. Cette théorie est assimilée au terme de zoothérapie car elle utilise l’animal familier comme médiateur de la psychothérapie.
A partir des années 1960, la présence d’animaux, notamment de chiens dans les cabinets des psychothérapeutes, a permis de constater des effets positifsnotamment sur la réceptivité des patients.
En 1976, Ange Condoret a mis en évidence que face à des enfants autistes ou avec des retards de langage, l’animal pouvait être un déclencheur de communication. Sam et Elisabeth Corson, tous deux psychiatres, ont développé les travaux deBoris Levinson en 1977 en mettant en place un programme de zoothérapie dans une unité psychiatrique à l’Université d’État d’Ohio. Cela a permis de mettre en évidence une nette amélioration des comportements des patients ainsi qu’un sentiment d’indépendance et de confiance en soi. Le chien a permis de créer un lien entre les patients et l’hôpital, et ainsi d’accomplir son « rôle de déclencheur social ». (Beiger, 2016, p.2-3) (Grau, 2020, p.59-61). Suite à toutes ces découvertes, de nombreuses recherches et modèles se sont développés sur ce sujet.
Le choix de l’animal
Plusieurs animaux sont fréquemment présents dans la pratique de la médiation animale. Nous allons développer les intérêts et caractéristiques propres aux animaux les plus souvent utilisés en médiation animale tels que le chien, le chat, l’âne, le poney, le lapin, le cochon d’Inde. Cependant, il existe d’autres animaux médiateurs comme le singe, le dauphin, la chèvre, le perroquet, la perruche…
Le chien est l’animal médiateur le plus souvent privilégié car il est très observateur, réceptif et intelligent. Il va faciliter le croisement de regard et la création d’un sentiment de sécurité. Le chien, capable de développer une grande complicité, initie le dialogue et favorise la confiance et l’activité. Il va pouvoir être source de nombreuses propositions : les parcours, les jeux de lancer, les temps de soins avec le brossage ou les caresses, le dressage, le nourrissage…
Le chat, est un animal plutôt indépendant. Avec sa fourrure, il va notamment pouvoir diminuer le stress, l’anxiété. Le ronronnement du chat par vibrations va aussi apaiser et sécuriser. Le chat favorise la détente, l’expression des émotions. Les activités possibles seront plutôt le brossage, les caresses, des jeux…
Par rapport aux autres animaux présentés, l’âne et le poney sont quant à eux des animaux plus grands, qui peuvent permettre d’ajouter aux activités de soin de l’animal, la possibilité de monter sur leur dos. Cela permet donc d’aborder les notions d’équilibre et de verticalité. L’âne est curieux et a une approche plutôt lente. C’est un animal qui apaise et rassure. Le poney avec sa douceur de tempérament et sa taille plus petite, va amener une certaine sécurité et va soutenir l’expression des sensations et des émotions.
La sensorialité au sein de la relation Psychomotricien -Personne âgée – Animal : l’animal un précieux médiateur
L’Homme est un être de relation et cette relation est nécessaire pour la survie du bébé mais aussi primordiale tout au long de la vie et notamment chez la personne âgée. Le terme relation vient du latin « relatio » qui signifie « action de porter de nouveau ; rapport, témoignage » (Définition de relation | Dictionnaire de l’Académie française | 9e édition, s. d.) ; cela pourrait se rapporter à rendre compte de quelque chose ou faire part d’une situation. La relation peut être définie comme « lien qui existe ou se crée entre deux ou plusieurs personnes » (Définition de relation | Dictionnaire de l’Académie française | 9e édition, s. d.). En psychomotricité, une relation singulière va se créer entre le patient et le psychomotricien. Elle est nécessaire au bon déroulement du soin et à l’efficacité thérapeutique.
Une relation triangulaire permise par les sens
Dans le cadre de la médiation animale, la relation patient-psychomotricien s’en trouve alors modifiée. En effet, la médiation animale implique un objet médiateur pas comme les autres (tel que la danse, le mime, …) car l’animal est un être vivant. Cela engage alors une relation dite « triangulaire » qui se joue entre le patient, le psychomotricien et l’animal. Cette relation peut exister et est permise grâce à nos sens dans la mesure où l’animal tout comme l’être humain est en relation par ses sens.
Tout en gardant en tête qu’il s’agit d’un réel système qui se crée et dans le but d’expliciter et de simplifier, nous allons détailler la relation qui se met en place entre les trois acteurs.
La relation Psychomotricien-Animal
Il existe une réelle relation entre le psychomotricien et l’animal, dans le cadre où le psychomotricien réalise la médiation animale avec son propre animal. Cette relation va être dépendante de la façon dont le maitre, ici le psychomotricien, considère son animal. Hubert Montagner distingue « l’animal utilitaire, l’animal familier, l’animal de compagnie » (Dufau, 2003). La différence entre l’animal familier et de compagnie va, entre autres, se faire dans la liberté laissée à l’animal. L’animal familier peut s’exprimer librement à certains moments et « c’est un partenaire qui par sa façon d’être, son comportement, donne l’impression que c’est un partenaire quasiment humain. C’est avec l’animal familier qu’il est le plus probable que l’on ait une relation de confiance, de confident, de complicité » (Dufau, 2003). Il est important d’insister sur le fait que la liberté ponctuelle ne signifie pas l’absence de règles et d’éducation. Rapp elons qu’il est primordial que l’animal soit bien éduqué et réponde aux ordres de son maître.
Nous pouvons nous questionner sur l’intérêt de cette liberté. Comme nous allons l’évoquer par la suite, l’animal peut être un réel miroir du patient et il peut do nc apporter de nombreuses clés au psychomotricien concernant la compréhension du patient. « La place prise par l’animal n’est pas seulement celle d’un espace potentiel, l’animal est sujet, il possède histoire et intentionnalité . » (Nardou et al., 2021). Il est alors possible que l’animal ait une place d’acteur au sein de cette relation.
Mais cela nécessite une parfaite connaissance de son animal et de ses réactions.
Ce réel partenaire avec qui il y a une confiance mutuelle, va être aussi source d’attachement. Une relation d’attachement va se développer entre l’animal et son maître. L’attachement est issu de l’éthologie avec la théorie de l’empreinte développée par Lorentz. C’est une période critique d’une courte durée pendant laquelle l’animal photographie mentalement et s’imprègne de l’image de ses congénères. L’empreinte est irréversible. Pour Lorenz, c’est une période critique car c’est le moment où l’animal s’attache à la première personne qu’il voit. Chez les animaux, il y a ce besoin d’attachement, d’être en relation. Ce n’est pas sans rappeler la théorie de l’attachement de Bowlby, qui s’est largement appuyé sur la théorie de l’empreinte. Bowlby développe l’idée selon laquelle « le bébé humain a lui aussi des comportements innés d’attachement dont les fonctions sont de réduire la distance, d’établir la proximité et de permettre le contact corporel avec la mère. Ils installent, activent, renforcent et / ou restaurent un attachement “sécure” (sûr et sécurisant) avec la mère. »(Montagner, 2004). L’attachement est un besoin primaire et se mettra en place préférentiellement chez sa mère ou le caregiver. Par la suite, l’enfant qui va devenir adulte, va créer de nouveaux liens tout en restant imprégné de cette première relation. Il va donc construire des liens avec d’autres membres de la famille, des amis, un animal…
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Table des matières
Introduction
I.La personne âgée et les sens
1.La personne âgée : Généralités
2.Les sens
3.La personne âgée et les sens
II.La médiation animale
1.Définition de la médiation animale et différents termes à distinguer
2.Histoire de la médiation animale
3.Le choix de l’animal
4.Les devoirs envers l’animal et le bien-être animal
5.Médiation animale et psychomotricité
6.Présentation de l’expérience en médiation animale au cours de mon stage
III.La sensorialité au sein de la relation Psychomotricien – Personne âgée -Animal : l’animal un précieux médiateur
1.Une relation triangulaire permise par les sens
2.Une relation éminemment sensorielle renforcée par l’animal : intérêt et place du psychomotricien
3.L’animal peut-il être remplacé par un robot ? Quel regard peut-on avoir sur les peluches-robots dans la prise en charge psychomotrice ? Discussion
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Annexes
Tables des matières