Choix des Définitions nécessaires à la construction du sujet
Temps et temporalités
Temps :
C’est une durée ou succession d’instants. Sa représentation dépend de valeurs extérieures (culturelles) et nécessite un support d’expression. Edward T. Hall est un anthropologue américain. Dans son livre « la danse de la vie » publié en 1983, il expose le temps comme cadre organisateur de la vie, langage, principe organisateur de toute activité, mécanisme de contrôle rétroactif sur le cours des événements qui se sont produits. C’est aussi le système fondamental de la vie culturelle sociale et personnelle des individus. Hall utilise le temps pour comprendre la culture des différentes sociétés. Ici on utilisera les perceptions du temps pour comprendre la perception qu’a l’Homme contemporain français de l’espace public urbain en fonction du temps qui s’exprime à travers lui. Pour se faire, nous utiliserons une définition du temps selon sa définition occidentale.
Temporalité :
Sens commun : vient du latin Temporalitas qui désigne le caractère de ce qui est éphémère par opposition à éternité (culture chrétienne du Moyen Age occidental). C’est aussi la perception ou conscience du temps, ce temps étant vu comme succession linéaire passé présent futur. C’est enfin le caractère de ce qui est dans le temps, le temps conçu, vécu comme une succession de ce qui appartient au temps. (Le petit robert, 1977) .
Sens géographique : Ce serait la façon pour un groupe social de poser une métrique du temps où le temps est défini comme « la relation de succession et de durées et les représentations que l’on s’en fait ». (Échelles et temporalités, inspiré de LEVY and LUSSAULT in 2003) Dans ce même ouvrage, on associe temporalité et idéologie comme échelle des identités spatiales collectives où la conception du monde englobe des représentations du temps et de l’espace liées à des identités collectives selon les lieux et les cultures. Il est également posé qu’il existe des temps (comme des espaces), plus ou moins cohérents ou conflictuels entre eux, d’où l’intérêt pour notre recherche de mettre en parallèle deux temporalités dans un même espace.
Sens littéraire : La temporalité désignerait la condition de l’homme mortel selon Jean de Meung. On retrouve donc ici l’opposition éphémère éternité. Le contraire du temporel, l’intemporel : Caractère de ce qui est en dehors du temps, éternel (dictionnaire de la langue française)
Sens philosophique : Conscience du temps. Selon le caractère de notre activité (jeu, travail) la temporalité peut ne pas être la même pour un intervalle de temps identique (Julia 1980). Il y a un fossé entre la temporalité subjective relevant de la métaphysique et la temporalité objective, en fait l’histoire, le champ de faits empiriques. Cela sépare alors l’épreuve du temps et la pensée du temps. D’après Aristote, l’âme serait constitutive de la condition subjective du temps (Sylviane Agacinski, 2000, p49.)
Résumé : Dans l’espace public urbain, il existe une multitude, pour ne pas dire une infinité de temporalités. Notre schéma tente ainsi de résumer l’organisation de ces temporalités en fonction des éléments présents dans l’environnement. En abscisse nous avons l’écoulement du temps, et cet écoulement agit sur les «éléments » en ordonnée. Se faisant supports de l’expression du temps qui passe, l’espace (public et urbain dans la recherche), la vie (des êtres vivants en général), l’individu (en particulier) évoluent selon les diagonales, et cette évolution est caractérisée par les termes portés par ces diagonales.
Ainsi l’espace, la vie de végétaux ou des hommes, et l’individu lui-même ont chacun leur propre « réaction » face au temps. Bien entendu ces temporalités sont le fruit de nos perceptions du temps.
Voici un résumé des temporalités relevées dans l’espace public :
Temporalité 1 : la conscience linéaire du temps, du passé vers le futur pour un individu en 2010 et de culture occidentale (Hall),
Temporalité 2 : la perception du temps historique, témoin des époques successives dans l’environnement construit par l’Homme (Agacinski), c’est aussi la perception des « strates temporelles » chez Olivier Mongin,
Temporalité 3 : la perception d’ensemble des êtres vivants :
→ le cycle des saisons modifiant le paysage à travers les végétaux,
→ Des pratiques urbaines générant au moment de perception des impressions de rapidité ou de lenteur influant ainsi sur nos perceptions du temps,
Temporalité 4 : la perception du temps propre à l’individu, son histoire individuelle, ses activités, ses ambitions, sa place dans le monde et plus précisément dans l’espace public considéré,
Temporalité 5 : le moment de perception, l’impression d’ensemble du temps qui s’exprime sur ces différents « supports » à un moment précis dans le temps. Proust dira ici du temps, «Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.» .
Perception du temps :
Nous n’avons pas de récepteurs sensoriels spécifiques dédiés à la perception du temps. Or nous sommes pourtant capables de percevoir l’écoulement du temps. L’étude de la perception du temps se confronte donc à un paradoxe qui renvoie à la nature même du temps où se rencontrent les expériences psychologiques et les réflexions philosophiques. Grâce à de nombreux travaux, nous pouvons aujourd’hui distinguer différents types de phénomènes qui relèvent tous de la perception du temps :
♦ la perception des durées (perception à laquelle nous ferons appel à travers l’urbanisme)
♦ la perception et la production de rythmes (également exploitée à travers les rythmes urbains)
♦ la perception de l’ordre temporel et de la simultanéité .
La perception du temps considérée pour notre recherche :
En France et dans les sociétés occidentales, voici comment est perçu le temps : une succession d’instants linéaires et continus. Le passé est représenté derrière soi, le futur devant. Cela se justifie par exemple lorsque nous marchons. Mais si cette vision de perception nous paraît évidente, n’est-ce pas pour autant l’inverse qui se passe intérieurement ? Nous connaissons notre passé nous pouvons ainsi le représenter. Aussi dans d’autres cultures, le passé est placé devant à l’inverse du futur qui lui est inconnu, invisible et donc derrière nous.
Le choix qui se pose aux physiciens de la fin du XVIIème et du XVIIIème siècle, n’est neutre ni scientifiquement ni philosophiquement, car l’idée d’un temps linéaire va fonder l’idée de progrès. Dans un temps linéaire, le futur peut être différent du passé. On peut même agir dans le présent pour changer le futur, on peut l’améliorer, et cela prend du sens car cela va servir à l’avènement d’un futur meilleur que le présent que nous connaissons. On ne peut fonder l’idée même de progrès, au sens de la théorie des Lumières, dans un temps qui ne soit pas linéaire.
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Table des matières
Introduction
Mise en contexte : intérêt pour la recherche en aménagement du territoire
1. Relation individu-espace-temps
1. Choix des Définitions nécessaires à la construction du sujet
11. Temps et temporalités
12. Espace public
13. Rythmes urbains
14. Perception de l’espace
2. Accroche à travers une rupture temporelle pour mettre en relation les objets de recherche
20. L’émergence d’une rupture entre concepts modernes et anciens
21. L’intérêt de mettre en lien temps et espace à travers un décor urbain
2. Méthodologie & terrains d’étude
1. La démarche inductive
2. Emergence de la problématique
3. Le choix des terrains d’étude : La Défense et Montmartre
30. Présentation des terrains d’étude
31. Des espaces publics urbains à vocation touristique
4. Analyse internet : des a priori en rupture temporelle
40. Rôle de la conscience du temps dans ces forums
3. Analyse des terrains par observation directe
1. L’observation du décor urbain
10. Grille d’observation de l’espace public selon différentes temporalités
11. Considérations symboliques des éléments opposant les terrains d’étude
2. L’observation des rythmes urbains
20. La Défense et ses rythmes urbains
21. Montmartre et ses rythmes urbains
22. Conclusions
4. Analyse des perceptions individuelles
1. La technique du différenciateur sémantique
2. Limites de la recherche
3. Interprétation des résultats
30. Analyse des questionnaires sur la forme
31. Analyse des questionnaires sur le fond
a) Le décor urbain
b) L’émotion suscitée par le décor urbain
c) Le jugement des rythmes urbains sur les individus
d) L’influence des rythmes urbains sur les individus
32. Confrontation des temps « longs » et « instant »
Récapitulatif
Conclusion
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