La maltraitance des enfants et des adolescents, rôle du chirurgien-dentiste

D’un point de vue médical, la prise de conscience de la gravité de la maltraitance infantile remonte à la fin du XIXe siècle. Ambroise Tardieu, médecin légiste parisien, décrira 32 cas de « syndrome de l’enfant battu ». C’est grâce à John Caffey, un siècle plus tard, que la maltraitance sera reconnue comme pathologie sociale. La définition du « syndrome d’enfant battu » sera introduite par le Docteur Kempe en 1962. Cette définition prenait en compte seulement les aspects physiques de la maltraitance. Elle sera par la suite complétée dans « La Maltraitance et la Négligence », en incluant l’abus physique, sexuel, psychologique ainsi que la négligence.

D’un point de vue législatif, le droit des enfants a toujours existé mais il consistait en un ensemble de droits que les adultes avaient sur l’enfant. Le droit romain et l’Ancien Droit français voyaient en l’enfant l’objet de la puissance paternelle et l’avenir de la lignée. Au XIXème siècle, les mentalités changent, le droit préconise de protéger l’enfant. On note une amélioration concernant le droit pénal ou l’éducation datant du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La notion de maltraitance est introduite par la loi du 10 juillet 1989. En effet, la Convention internationale des droits de l’enfant promulguée par l’ONU en 1989 vise à protéger l’enfant contre toute forme de violence par des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives. En 2007, la prévention, les dispositifs d’alerte, l’évaluation du danger et la prise en charge des enfants vont être réformés par la loi du 5 mars 2007.

Généralités sur la maltraitance chez l’enfant et l’adolescent

D’après la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (1999) « La maltraitance de l’enfant s’entend de toutes les formes de mauvais traitement physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entrainant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. » .

Cette définition est basée sur le terme « mauvais traitement », nous pouvons alors nous questionner sur la limite entre le bon et le mauvais traitement et la limite entre maltraitance et méthodes éducatives. Une fessée est-elle considérée comme un mauvais traitement ? Ou bien tirer les cheveux ? Une claque ? Deux claques ? Certains traitements, s’ils sont justifiés, appartiennent aux méthodes éducatives et non à la maltraitance ? Hormis des situations graves de maltraitance, il est difficile de distinguer clairement et précisément la maltraitance de la non-maltraitance. La loi du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires prône une autorité parentale sans violences physiques ou psychologiques. La maltraitance reste mal connue dans la société et dans le monde professionnel. Elle est citée dans les faits divers comme un évènement ponctuel et face auquel les professionnels de santé sont démunis pour résoudre ce problème.

Historiquement, le XXème siècle a été marqué par un intérêt grandissant pour l’enfant, leur droit, leur développement, et leur place dans la société.

Bien traiter un enfant c’est satisfaire ses besoins fondamentaux (manger, dormir, être propre sur soi mais aussi recevoir de l’amour et avoir un sentiment de sécurité) autrement, on peut parler de danger. Ce qui constitue la maltraitance est la négligence de ses besoins fondamentaux, la systématisation de la brutalité infligée sous prétexte de méthode éducative et le caractère excessif des actes par rapport à l’âge et aux capacités de l’enfant (gifler un bébé), par rapport aux circonstances (humilier un enfant), par rapport à la confiance et au besoin d’amour (terroriser un enfant ; arracher son jouet favori).

Les différents types de maltraitance

La maltraitance physique 

La maltraitance physique est définie par l’OMS comme des actes infligés aux enfants et adolescents entrainant des dommages corporels ou risquant d’en entrainer. Cette forme de maltraitance se divise en deux parties selon l’OMS : les châtiments corporels sévères et les châtiments corporels modérés.

Les châtiments corporels

Les châtiments corporels comprennent :

✦ Les coups : Le syndrome de l’enfant battu est un des syndromes de la maltraitance. Ce syndrome concerne des enfants qui présentent des lésions à répétition de la peau, du squelette ou du système nerveux. On peut trouver aussi de multiples fractures récentes et/ou anciennes ainsi que des traumatismes crâniens, des lésions viscérales graves avec preuve de coups répétés.
✦ Les morsures : Les morsures sont causées par d’autres enfants ou adultes dans le cadre d’une forme inappropriée de sanction. Les morsures rentrent aussi dans le cadre de la maltraitance sexuelle qui touche plus fréquemment les adolescents.
✦ Le secouement : le secouement est une forme de maltraitance courante. Cette forme de violence concerne les nourrissons. La majorité des nourrissons secoués sont âgés de moins de neuf mois. Les victimes de secouement risquent des hémorragies intracrâniennes, des hémorragies rétiniennes, des fractures cunéennes des principales articulations et des extrémités. L’OMS décrit les décès d’environ un tiers des nourrissons secoués. La majorité des survivants décriront des séquelles à long terme comme des retards mentaux, une infirmité motrice, cérébrale ou une cécité.
✦ L’empoisonnement intentionnel est une forme rare de maltraitance physique mais il est important de le citer car il est à risque très élevé de morbidité et mortalité. L’empoisonnement peut entraîner des troubles du métabolisme, des symptômes gastro-intestinaux, des maladies hémorragiques et des symptômes neurologiques.
✦ Les brûlures : Les brûlures peuvent être causées intentionnellement par des cigarettes ou par des objets chauds appliqués sur le corps de l’enfant. En intra orales, elles peuvent être causées par une ingestion forcée d’aliments chauds ou caustiques.
✦ La noyade est une forme de maltraitance physique difficile à distinguer de la noyade accidentelle ou d’une mort naturelle soudaine. Cette maltraitance concerne généralement les jeunes enfants ou nourrissons.
✦ L’étranglement.
✦ On peut ajouter à la liste le syndrome de Münchhausen par procuration : Ce syndrome constitue une pathomimie, c’est-à-dire un trouble factice. Il faut comprendre le mot « factice » comme « fabriqué » et non comme « faux ». C’est la production de symptômes chez un enfant, fabriqué par un adulte.L’adulte profite ainsi des bénéfices secondaires de la maladie à travers son enfant. Le syndrome de Münchhausen par procuration fait partie des maltraitances physiques graves, où le système de soins est instrumentalisé. Les symptômes décrit au corps médical sont souvent organiques (malaise, troubles neurologiques ou digestifs) mais peuvent également être psychiatriques. Ces symptômes sont falsifiés et entretenus par l’adulte. Il s’en suit des examens diagnostiques pouvant aller jusqu’aux examens invasifs, et parfois jusqu’au traitement plus ou moins invasifs à la demande de l’adulte.

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Table des matières

Introduction
I.Généralités sur la maltraitance chez l’enfant et l’adolescent
1. Les différents types de maltraitance
1.1. La maltraitance physique
1.1.1. Les châtiments corporels
1.1.2. Sévérité des violences physiques
1.2. La maltraitance psychologique
1.3. La maltraitance sexuelle
1.4. La négligence
2. Aspect épidémiologique
2.1. Prévalence
2.1.1. Epidémiologie à l’échelle mondiale selon l’OMS
2.1.2. Maltraitance physique
2.1.3. Maltraitance sexuelle
2.1.4. Signalement
2.2. Sous-estimation de la maltraitance
3. Facteurs de risque selon l’OMS
3.1. Caractéristiques de l’enfant maltraité
3.2. Caractéristiques liées à son environnement
3.3. Facteurs de risques liés à l’enfant
3.4. Facteurs de risques liés à l’auteur
II.Rôle du chirurgien-dentiste dans le diagnostic
1. En première ligne face à la maltraitance
1.1. De par sa spécialité
1.2. De par sa consultation caractéristique
2. Diagnostic des signes de maltraitance physique
2.1. Les lésions intra-orales
2.1.1. Lésions traumatiques
2.1.2. Lésions des lèvres
2.1.3. Lésions des muqueuses
2.1.4. Lésions de la langue
2.1.5. Caractéristiques des lésions
2.2. Les lésions extra-orales
2.2.1. Lésions cutanées
2.2.2. Lésions des os de la face
2.2.3. Troubles du comportement
2.2.4. Quand suspecter une maltraitance physique ? Par National Institute for Health and Care Excellence (N.I.C.E)
3. Diagnostic des signes de maltraitance psychologique
3.1. Définition
3.2. Troubles du comportement
3.3. Quand suspecter une maltraitance psychologique? Par National Institute for Health and Care Excellence
4. Diagnostic des signes de maltraitance sexuelle
4.1. Signes cliniques oraux de la maltraitance sexuelle
4.2. Troubles du comportement
4.3. Quand suspecter une maltraitance sexuelle ? Par National Institute for Health and Care Excellence
4.3.1. Infections sexuellement transmissibles
4.3.2. Grossesse
5. Diagnostic des signes de négligence
5.1. La négligence
5.2. La négligence bucco-dentaire
5.3. Quand suspecter une négligence ? Par National Institute for Health and Care Excellence
5.3.1. Les besoins fondamentaux
5.3.2. La malnutrition
5.3.3. La supervision
6. Diagnostic différentiel
6.1. Diagnostic différentiel de la maltraitance physique
6.1.1. Diagnostic différentiel des lésions extra-orales
6.1.2. Diagnostic différentiel des lésions intra-orales
6.2. Diagnostic différentiel de la maltraitance sexuelle
6.3. Diagnostic différentiel de la maltraitance psychologique
6.4. Diagnostic différentiel de la négligence bucco-dentaire
Conclusion

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