La maltraitance comme problématique pour l’histoire du temps présent
Société civile, politiques et « maltraitances »
Qu’est que la maltraitance ?
Les notions de « maltraitances » commencent à s’imposer dans le paysage social et médico-social en France seulement à partir des années 1980. Aux Etats Unis, en Angleterre ou encore au Canada des réflexions sont déjà en cours depuis quelques années. En 1962, un pédiatre américain, Kempé met en évidence le « syndrome d’enfant battu »32, mais à cette époque, seuls étaient évoqués les symptômes physiques. En 1977, au Québec, une loi a été adoptée concernant la jeunesse pour mettre l’accent sur les situations de « négligences »33. En France, des travaux vont être menés sur l’enfance maltraitée, on peut notamment citer ceux du pédopsychiatre, Stanislaw TOMKIEWICZ. Il a mis en lumière le concept de « violence institutionnelle » dans le champ de l’enfance en danger, d’après lui, toute institution engendre de la violence. Puis en 1987, le Conseil de l’Europe créer une commission « violence au sein de la famille »34. Elle se divise en trois sous groupes dont l’un s’intéresse plus particulièrement aux personnes âgées. On ne parlera pas encore de « maltraitances », mais plutôt de « violences et négligences »35. Le terme de maltraitance est donc récent et apparaît pour la première fois dans la loi du 10 juillet 1989 concernant la prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs et la protection de l’enfance. A la suite de cette loi, un Service National d’Accueil Téléphonique de l’Enfance Maltraitée va être créé (renommé Enfance en Danger depuis la loi du 5 mars 2007). Il donnera lieu à un numéro national d’écoute, le 119 mis en place en mars 1997 et qui deviendra numéro d’urgence en 200336.
En 1990, le Conseil de l’Europe énonce une définition de la maltraitance : « Tout acte ou omission commis dans le cadre de la famille par un de ses membres, lequel porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d’un autre membre de la famille qui compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière ». L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également donnée sa propre définition en 200238 : « La maltraitance des personnes âgées consiste en un acte unique ou répété, ou en l’absence d’intervention appropriée, dans le cadre d’une relation censée être une relation de confiance, qui entraîne des blessures ou une détresse morale pour la personne âgée qui en est victime »39. Cette définition semble plus appropriée puisqu’elle élargit le champ des « agresseurs ».
En 1992, ce même Conseil de l’Europe présente une classification détaillée des maltraitances selon leurs types40. On y trouve les violences physiques, les violences psychiques ou morales, suivi des violences médicales ou médicamenteuses. Viennent ensuite les négligences actives, les négligences passives ainsi que la privation ou violation des droits et pour terminer les violences matérielles ou financières. C’est également en 1992 que le terme de maltraitance est introduit dans quelques dictionnaires de la langue Française, comme le Petit Larousse illustré qui fait référence à de « mauvais traitements »41, une définition qui reste sommaire. On peut noter qu’en 1994, pour répondre aux problèmes liés au phénomène de maltraitance dans le champ des personnes âgées, un réseau national d’écoute est pensé et les premières antennes seront mises en place dès l’année suivante.
Un état des lieux en France
Dans notre pays, c’est le Professeur Robert Hugonot45, décédé récemment, qui est considéré comme le précurseur de la prise en compte de la maltraitance envers les personnes âgées. Né en 1921, il devient médecin gériatre et chef de service de gérontologie clinique au Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble. Egalement professeur, c’est le co-fondateur du Centre pluridisciplinaire de gérontologie de Grenoble et le fondateur du réseau d’écoute ALMA (ALlô Maltraitance des personnes âgées et/ou des personnes handicapées). A la fin des années 1980, il commence à s’intéresser à la question des maltraitances et découvre que la France n’a produit aucun travail dans ce domaine. Il cherche alors à s’appuyer sur les travaux effectués dans les pays voisins comme le Canada, l’Angleterre et la Norvège. Il va notamment se servir des recherches d’Ida Hydle, médecin gérontologue en Norvège ayant mis en évidence l’importance de la proximité entre les écoutants des centres d’appels et les appelants46. Robert Hugonot va ainsi rendre visible le phénomène de maltraitance en France et se verra chargé de mettre en place un système d’écoute national avec des antennes locales.A la suite des premières données recueillies par les écoutants des antennes téléphoniques, il propose en 1998 une classification des maltraitances divisée en sept catégories. En premier lieu on trouve les violences physiques avec les coups et blessures visibles sur le corps de la personne ainsi que les viols. Suivi des violences psychologiques qui peuvent se manifester sous de multiples formes, comme les menaces verbales, les insultes, les cris, la pression, le chantage, l’infantilisation, etc. Ensuite viennent les violences financières avec notamment le vol de bijoux, d’argent, le détournement de pension et bien d’autres encore. Il y a également la violation des droits du citoyen qui peut se traduire par le fait d’imposer un choix politique lors d’une élection à travers le bulletin de vote de la personne. Les violences médicamenteuses sont quant à elles repérables par un manque de soins, l’abus de neuroleptiques ou encore la non prise en compte de la douleur. On recense aussi dans cette classification les négligences actives comme le ligotage, l’abus de contention, les privations volontaires, l’enfermement dans la chambre… Et enfin les négligences passives qui s’observent par un manque d’aide lors des tâches essentielles de la vie quotidienne telles que les repas ou les douches.
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie Vieillesse, vieillissement et vulnérabilités |
Étudiant en université, dans une école supérieur ou d’ingénieur, et que vous cherchez des ressources pédagogiques entièrement gratuites, il est jamais trop tard pour commencer à apprendre et consulter une liste des projets proposées cette année, vous trouverez ici des centaines de rapports pfe spécialement conçu pour vous aider à rédiger votre rapport de stage, vous prouvez les télécharger librement en divers formats (DOC, RAR, PDF).. Tout ce que vous devez faire est de télécharger le pfe et ouvrir le fichier PDF ou DOC. Ce rapport complet, pour aider les autres étudiants dans leurs propres travaux, est classé dans la catégorie La place des aînés dans notre société où vous pouvez trouver aussi quelques autres mémoires de fin d’études similaires.
|
Table des matières
Sommaire
INTRODUCTION
PARTIE I – Appuis théoriques et méthodes : Vieillesse, vieillissement et « maltraitances »
A/ Vieillesse, vieillissement et vulnérabilités
a. La construction sociale des notions de vieillesse et de vieillissement (jusqu’aux années 1960)
b. Représentations de la vieillesse et du « vieillard » : une évolution des mentalités face à la dépendance et à la vulnérabilité
c. La place des aînés dans notre société
B/ Société civile, politiques et « maltraitances »
a. Qu’est que la maltraitance ?
b. Un état des lieux en France
c. L’engagement associatif et la société civile au cœur de la lutte contre la maltraitance d. Prévenir contre la maltraitance : le concept de bientraitance
C/ La maltraitance comme problématique pour l’histoire du temps présent
a. Un domaine de réflexion émergent
b. La nature des sources exploitées
c. Les méthodes de recueil des données
PARTIE II- Etude de cas autour de l’association ALMA : analyse des résultats
A/ Une culture de prévention de la maltraitance : ALMA France
a. Une politique de « bientraitance » en direction des personnes âgées : le développement de l’association ALMA France et de ses antennes
b. L’association ALMA France : son intégration au sein d’un dispositif national
c. Fonctionnement et organisation d’une association unique au monde
d. Les statistiques au niveau national : qu’en est-il de la maltraitance ?
B/ Exemple local d’une antenne téléphonique : ALMA 44
a. Naissance d’une association de lutte contre la maltraitance en Loire Atlantique
b. Le centre ALMA 44 et son fonctionnement
c. Ce que nous apportent les données statistiques du centre ALMA 44
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
SOURCES
ANNEXES
Télécharger le rapport complet