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La situation de la malnutrition dans le monde et dans la région subsaharienne
Sur la base des dernières données6, on estime que795 millions de personnes sont sous-alimentées à l’échelon mondial (ce qui veut dire sous-alimentées serait synonyme de malnutris7), soit 167 millions de personnes de moins au cours des dix dernières années, et216 millions de moins qu’en 1990-1992. Cela veut dire qu’actuellement, dans le monde, un peu plus d’une personne sur neuf n’est pas en mesure de se nourrir suffisamment pour pouvoir mener une vie saine et active. Environ 780 millions de ces personnes, soit la grande majorité des personnes sous-alimentées, vivent dans les régions en développement. Dans ces régions, la prévalence de la sous-alimentation a reculé de44, 4% depuis 1990-1992, et la proportion de personnes sous-alimentées par rapport à la population totale est désormais de 12,9%.
En effet, la région subsaharienne enregistre encore 220 millions de personnes souffrant de la faim en 2014-2016, c’est-à-dire que 27,7% des personnes sous-alimentées dans le monde. Ou la région compte un peu moins d’une personne sur quatre, ou 23,4% de la population devraient être sous-alimentés pour le même intervalle. En fait, le nombre des personnes sous-alimentées a même augmenté de 44 millions entre 1990-1992 et 2014-2016, soit de 176 vers 220 millions d’individus.
La situation de la malnutrition à Madagascar
A Madagascar, les carences qualitatives touchent une très large part de la population, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Puisque notre étude porte sur la malnutrition, par définition, elle est caractérisée par l’état de qualité de l’alimentation, c’est-à-dire la qualité des apports en nutriments. En effet, la qualité de l’alimentation est appréhendée à partir de la part de l’énergie alimentaire provenant des aliments de base dans la consommation alimentaire. Autrement dit, si cette part est supérieure à 75 %, on dit que le ménage ou les individus sont pauvres en qualité d’alimentation. Sur le même point de vue, plus de quatre Malagasy sur cinq (84%)8 consomment des aliments de faible qualité (riz, féculents, etc.). Les indicateurs 9 suivants mettent l’accent sur la situation de la malnutrition dans le pays :
L’indice « taille pour âge » mesure le retard de croissance, communément appelé malnutrition chronique. Il correspond à une inadéquation de la croissance en taille par rapport à l’âge: un peu moins de la moitié des enfants de moins de 5 ans (47,3 %) souffre d`une malnutrition chronique dont 18,1 % sous forme sévère.
L’émaciation correspond à une carence du poids par rapport à la taille. Dans l’ensemble, l’émaciation touche 8,2 % des enfants de moins de 5 ans, avec 1,0 % de forme sévère.
L’indice « poids pour âge » c’est-dire l’adéquation du poids par rapport à l’âge permet d’évaluer l’insuffisance pondérale. Il combine à la fois le retard de croissance et l’émaciation : affecte 32,4 % des enfants de moins de 5 ans, dont 8,9 % sous forme sévère.
Ces chiffres et ces indicateurs mettent en exergue la persistance la malnutrition à Madagascar. Face à cela, des différents projets ont été élaboré, d’ores et déjà, pour atténuer l’ampleur de ce phénomène. Pour continuer les efforts dont le but de combattre ce problème, le projet PAUSENS-N a été mis place, en 2015. Nous allons donc parler spécifiquement le PAUSENS-N dans la sous section suivante.
La persistance de la malnutrition dans la région Vakinankaratra et dans la commune d’Adriambilany
La région Vakinankaratra et le problème de la malnutrition
Alors que la présentation de la situation de la malnutrition menée dans la partie précédente englobe la situation au niveau national, il s’agit ici de restreindre l’analyse dans la région Vakinankaratra. Il convient de noter que la région enregistre le taux le plus bas sur le pourcentage de la population n’atteignant pas le nombre de calorie minimal de 2113Kcal par jour (sous-alimentation), avec le chiffre 64,3%10. Mais sur la problématique de la malnutrition la région reste toujours parmi le plus frappée. Vakinankaratra défile au premier rang sur les 3 indicateurs11 mesurant la malnutrition, à savoir :
– L’indice « taille pour âge », mesurant le retard de la croissance: 65,2 % des enfants de la région souffre de la malnutrition chronique, c’est-à-dire qu’ils ont eu un retard de croissance (inadéquation de la taille par rapport à l’âge) ; dont 33% sont sévèrement affectés.
– L’émaciation (carence du poids par rapport à la taille) : la région est toujours la plus affectée avec 11,9 % d’enfants sont touchés.
– L’insuffisance pondérale (poids/âge) : 46,9% des enfants dans la région Vakinankaratra accusent une insuffisance de poids par rapport à son âge ; dont 17,8% des cas sous-forme sévère.
Face à cette situation, la région Vakinankaratra a été choisie, par le biais des études menées, par l’ONN et ses branches exécutives, pour bénéficier le PAUSENS-N. En effet, la région a gagné une installation de 90 sites communautaires dont 30 pour le district d’Ambatolampy. Et trois (3) sites ont été instaurés dans la CRA pour la distribution des paquets de service de nutrition. Les 3 fokontany de la CRA dont Ambodivona, Ankadilalana, Ambonirina ont reçus ces initiatives.
Il est donc important de faire un état des lieux sur la CRA afin d’avoir les informations et données qui peuvent nous intéresser dans notre recherche. Et pour pouvoir bien délimiter notre terrain d’investigation et d’enquête.
Monographie de la Commune Rurale d’Andriambilany
Dans une recherche en milieu rural, il est toujours important de commencer par la présentation générale de la Commune faisant l’objet de l’étude que nous allons voir dans cette sous-section.
Situation géographique
Localisation et superficie
En passant sur la RN7, la CRA se situe à 13 km au nord de la commune d’Ambatolampy et à 55km de la Capitale de Madagascar. Le chef-lieu de la commune se trouve au bord de la RN7 au PK 55, la CRA a un relief accidenté d’après la carte topographique de la FTM (Foiben’ny Taon-tsarintanin’iMadagasikara). D’une superficie d’environ 55km². Le profil topographique de la région est dominé par une chaîne de montagne formé par deux types de collines : les collines boisées avoisinant les 1700m d’altitude et les collines herbacées qui peuvent atteindre plus de 2000m d’altitude. Les vallées plus ou moins étroites et parfois profondes dans la partie Nord, sillonnées par des cours d’eau aux pieds des chaînes montagneuses.
Les communes limitrophes et les fokontany composant la Commune Rurale d’Andriambilany
La CRA est entourée de 5 communes :
– Au Nord : la commune de Behenjy.
– Au Nord-ouest : la Commune Miantsoarivo de la District d’Arivonimamo.
– Au Sud : La Commune de Manjakatompo et La commune d’Ambatolampy.
– A l’Ouest : La Commune de Sabotsy Namataona.
– A l’Est : La Commune de Belembo.
45 petits villages s’éparpillent au niveau de 9 fokontany renfermant la CRA, le fokontany d’Ankadilalana est le chef-lieu de la Commune où s’installe tous les bureaux administratifs (à savoir : la Commune, BIF, CSBII, Zone d’Administration Pédagogique). Le grand marché d’Ankadilalana se tient aussi chaque mardi, regroupant toutes les populations des autres fokontany.
Les activités de la population
Parmi la population qui vit dans la CRA, 90% sont des agriculteurs et éleveurs, les autres s’orientent vers l’artisanat comme la vannerie, la fabrication des balais. Par ailleurs, certaines se lancent vers l’exploitation des ressources naturelles, à savoir le ramassage des herbes et des sables, l’exploitation de carrière (moellon, gravillon). Les restes sont des travailleurs salariés, des travailleurs dans le BTP (maçons et manoeuvres), des petits commerçants (sur ces deux derniers Groupes Socio-économiques, certains quittent leurs village vers les communes avoisinantes, ou Antananarivo Antsirabe ou Ambositra)
Situation économique
Comme stipulé ci-dessus, bien que la Commune d’Andriambilany soit classée comme rurale, avec un très fort taux de ruralité, la population dépend presque intégralement des activités dans l’agriculture et l’élevage.
L’agriculture13
Les principales spéculations pratiquées par les paysans sont les cultures vivrières comme la riziculture, la culture des autres tubercules tels que le manioc et la patate douce. La riziculture domine le calendrier cultural des paysans agriculteurs. La production pour les cultures vivrières est totalement destinée à la consommation familiale et à la provision de semence pour la prochaine saison culturale. La structure du sol fait appel à l’utilisation des engrais et des composts, pourtant, les paysans n’arrivent pas à subvenir à ce besoin en compost, faute de l’incapacité du secteur élevage de procurer des composts, accentuée par le faible pouvoir d’achat sur les engrais (urée, NPK 11-22-16 ou Guanomad).Outre, la population a exercé également depuis quelques années la culture des légumes surtout en 13 Le PCD ne nous a pas offert des détails chiffrés sur le nombre des agriculteurs en générale et des chiffres pour chaque type de culture. Et mêmes les responsables administratifs ne sont pas à la mesure d’en nous fournir. contre saison. Citons le haricot vert, les légumes verts, et d’autres. Les sols et les terrains permettent aussi de produire certains produits, à savoir les arachides, les goyaves, les « pibasy »14
L’élevage
Les ménages de la CRA se lancent aussi dans l’élevage mais pas sur une grande échelle. Les filières exploitées sont les volailles, la production des foie-gras, le porcin. L’élevage constitue également le placement ou l’épargne pour les ménages. En plus, le faible investissement serait amplifié par les maladies des animaux qui se propagent à cause de manque de soin plus approprié.
L’artisanat
La vannerie, la broderie, la menuiserie, la confection des guitares, la maçonnerie et l’exploitation des sables et des savanes sont les principales activités qui constituent l’artisanat de la CRA.
Ces petits exploitants ne disposent pas amplement de fonds pour assurer le déroulement de leurs activités.
Le commerce et le transport
Certains paysans trouveraient leurs ressources dans le commerce, à savoir les épiciers les petits commerçants (au bord de la RN7). En général, ces commerçants s’agglomèrent dans le chef-lieu de la Commune, mais dans les autres fokontany leur nombre reste de 1 à 2 seulement. Le jour du marché hebdomadaire se tiendra chaque mardi. La RN7 serait un moyen pour faire les échanges avec les communes avoisinantes (Antananarivo-Ambatolampy-Antsirabe).
Ce chapitre nous a relaté la situation de la malnutrition au niveau mondial, à Madagascar et dans la région Vakinankaratra. Des situations qui nous font connaissance à la persistance de la malnutrition à ces dits niveaux, et qui font naître le PAUSENS-N qui intervient dans 3 fokontany de la CRA, dont Ambodivona, Ankadilalana, Amboniriana où s’installent respectivement 3 sites communautaires. Le PAUSENS-N intervient au niveau des ménages, qui sont généralement agricoles, des dits fokontany, sur la distribution des services de nutrition communautaire et sur la sécurité alimentaire.
L’analyse « Bourdieusienne » des pratiques alimentaires
Dans les sciences sociales, notamment dans la sociologie, une recherche ne s’effectue pas dans un vide théorique, mais repose sur l’étude raisonnée des auteurs antérieurs qui ont déjà tracés des trajectoires assez significatives. Mais les manières différentes de faire la sociologie nous incombent à choisir une approche sociologique, permettant à notre travail de trouver ses racines, celle de BOURDIEU (P). Dans sa manière d’analyser les faits sociaux, il essaye de combiner deux approches antagonistes, d’une part, celle de l’ «holisme » et de l’autre « l’individualisme méthodologique ». Pour ce faire, il se réclame la mise en évidence de la notion d’« espace sociale » même variante que la classe sociale (non seulement sur le figé rapports économiques marxistes, mais surtout sur le social-multidimensionnel à savoir culturel, symbolique, politique, etc.). A ce titre s’ajoute, le concept de « l’habitus »15, dont chaque groupe social ou classe social ait leurs propres pratiques ou représentations (schémas de perception et d’actions intériorisés, acquis au cours de la socialisation). Autrement dit, chaque classe sociale a un style de vie distinctif, qui est un ensemble de gouts, de croyances et de pratiques systématiques. Il comprend donc, à titre d’exemple, les opinions politiques, les croyances philosophiques, les convictions morales, les préférences esthétiques, aussi bien que les pratiques alimentaires, vestimentaires, culturelles, etc.
En rapportant à notre champ de travail, les pratiques alimentaires varient donc en fonction de la position que les ménages occupent dans l’espace social (économique, social, culturel, etc.) liée à ses habitus distincts, et les ménages classés, économiquement aussi bien socialement, auront ses propres pratiques alimentaires.
Le monde rural encore confronté au problème de la malnutrition
Il est souvent martelé que malgré les initiatives préconisées contre la malnutrition à Madagascar ; ce fléau ne cesse de se défiler dans l’horizon des ménages malagasy. En termes de qualité d’alimentation, les catégories socio-économiques les plus défavorisées sont les plus touchées, même si l’ampleur du phénomène est comme tel, aucune couche sociale n’est véritablement épargnée (par exemple : 50,9% des cadres supérieurs sont encore touchés par le phénomène17). Par ailleurs, c’est surtout le milieu rural (86%) qui est relativement plus touché par la carence qualitative des aliments, que le grand centre urbain (73%) et la capitale (70%)18. Quant à cette disparité spatiale, le milieu rural, considéré comme producteur des produits alimentaires, serait pourtant le plus mêlé à ce problème. En parallèle, les paysans du milieu rural vivent toujours dans l’extrême pauvreté, autrement dit, la pauvreté est généralisée en milieu rural, avec 77 % des individus concernés19.
En bref, la malnutrition réside dans l’extrême pauvreté. Et les ménages paysans malagasy qui sont par contre généralement agricoles, sont les plus touchés par cette situation. A cet effet, ces ménages n’auraient pas donc la possibilité de prendre une alimentation saine et équilibrée même s’ils sont les premiers producteurs des produits de subsistance.
Ces situations nous amènent à poser la question : pourquoi les ménages paysans agricoles malagasy sont davantage confrontés au problème de la malnutrition, malgré les efforts menés ?
Le recueil et collecte des informations
Le travail de recherche devrait se reposer sur des données et informations fiables dans le but de bien vérifier les hypothèses du travail. La collecte des informations et données a été faite auprès de tous les acteurs concernés par le projet ; la population bénéficiaire, les intervenants du projet, les responsables et autorités locaux, entres autres. Ces informations ne seraient collectées que par des méthodes et techniques bien appropriées.
Les techniques et méthodes utilisées pour la collecte et le traitement des données
Cette section va se pencher sur la manière dont nous avons fait pour collecter et traiter les données et les informations. Elle mettra en évidence les outils et les techniques suscités pendant la recherche.
Les techniques utilisées pour la collecte des données
L’échantillonnage
Pour notre travail, les populations cibles ou les parties prenantes qui méritent d’être enquêtés sont : les responsables du projet composés de la Coordinatrice de l’ONG LALONA, le premier responsable de la mise en oeuvre du projet, l’animateur (responsable des 3 sites communautaires de la CRA), les 3 ACN, le Maire de la CRA, le Médecin Chef du CSB II, les 3 Présidents fokontany et notamment les mères de familles bénéficiaires du projet dans les sites, représentant leurs ménages. Pour la population bénéficiaire nous avons dû recourir à l’échantillonnage car nous n’avons pas la possibilité d’accéder à la totalité des mères bénéficiaires. L’échantillonnage est défini comme l’action d’extraire une partie de la totalité de la population étudiée. Mais la partie relevée porte toujours l’étiquette de la totalité c’est-à-dire que la partie extraite représente le total, ainsi que les résultats observés auprès de l’échantillon seraient les mêmes pour la population totale. Autrement dit, ceux qui sont valables pour l’échantillon seraient valables pour la totalité. Pour ce faire, nous avons opté la technique d’échantillonnage « aléatoire systématique ». Cette technique va nous faire respecter la représentativité de l’échantillon c’est-à-dire que les mères de famille ont tous la même probabilité d’être incluses dans l’échantillon. Car elles sont tous inscrites dans le registre numéroté de chaque site où elles se sont abonnées. Les suivantes les étapes suivies pour la réalisation :
Premièrement, la taille de l’échantillon est de 54 mères de familles adhérentes des sites, et ce nombre 54 serait divisé en 3 pour que chaque site ait 18 mères de familles représentantes.
Deuxièmement, nous avons calculé le « pas régulier du sondage», notons « r », respectivement pour les sites. Ce « pas régulier » varie en fonction du nombre d’adhérentes pour chaque site car la formule sera la suivante :
r=Nombre total des mères familles adhérentes dans la site/taille de l’échantillon représentant pour le site.
Ensuite, nous avons prélevé les numéros des mères de famille inclus dans l’échantillon, représentantes de chaque site, à partir de la liste déjà numérotée, la mère portant le n1= « r » serait la première incluse dans l’échantillon, la deuxième serait le n2= n1+r, la troisièmen3=n2+r, la quatrième n4=n3+r, et le calcul se poursuivra jusqu’au n18= n17+r.
Enfin, les mères de famille portant le numéro n1 jusqu’au n18 pour chaque site formeront les 54 individus de l’échantillon total.
Focus groupe
Le focus groupe est un moyen privilégié pour renflouer la collecte des informations qualitatives. Pour notre recherche, il s’agit d’assister au regroupement des 3 ACN avec l’animateur pour chaque dernière semaine du mois. C’est une occasion d’avoir plus d’informations sur la réalité et le problème lors de la mise en oeuvre du projet.
Visite à Domicile (VAD)
Elle sert à connaitre plus sur la vie quotidienne des paysans, leur mode de vie, leur niveau de vie en général. La coopération avec l’ACN nous a aidées sur l’approche auprès de ces ménages. L’échange avec ces ménages nous a permis de constater ses pratiques alimentaires, ses façons de vivre, ses moyens de subsistance, etc.
Les traitements et analyses des informations et données
Cette section va essayer de répondre à la question : par quel moyen et dans quelle manière les informations et données sont-elles traitées ?
Sphinx-ME
Le Sphinx est un logiciel de traitement des données statistiques, qui nous sert à l’élaboration du questionnaire, à la collecte des réponses et au traitement et analyse des résultats. Ce logiciel nous permet de dresser des tableaux à plat dégageant l’effectif d’une variable, la moyenne d’une variable, la fréquence d’une variable. Ainsi, sa fonction la plus intéressante, c’est le test de corrélation entre deux ou plusieurs variables (mais pour notre étude le test de corrélation reste sur deux variables). A cet effet, on dit que deux variables sont dépendants si la probabilité de l’une est affectée par la réalisation de l’autre.
Test de Khi-deux
Ce test permet de tester la dépendance ou l’indépendance entre deux variables qualitatives (exemple : l’adoption d’une nouvelle technique agricole/la fréquentation scolaire du chef du ménage). En outre ce test nous facilite l’évaluation de l’intensité de dépendance entre les deux variables qualitatives. La première règle à suivre pour le test de khi-deux : « le test de khi-deux n’est pas recommandé si la taille de la population (l’échantillon) est inférieur à 30 », est respectée parce que notre population d’étude est de 54 individus.
Test de corrélation
Ce test permet d’étudier si les deux variables quantitatives (variables numériques) soient dépendantes ou indépendants. Ce test permet savoir la qualité de la dépendance entre les variables, parlons de corrélation négative ou corrélation positive.
L’analyse de la variance ou Test de Fisher
Cette analyse permet d’évaluer la corrélation entre une variable qualitative et une variable quantitative (exemple : analyse de dépendance entre le revenu (en Ariary) et le groupe socioprofessionnel du chef de ménage).
REMARQUE : Il est à noter que ces tests de corrélation donnent seulement la présomption de dépendance entre les deux variables sur le plan statistique mais dans la réalité ceci pourrait être dans le cas échéant. Le risque d’erreur endossé serait inférieur à 5% c’est-à-dire que le niveau de confiance est de 95%, autrement dit la probabilité de dépendance 1-p est supérieur ou égale à 95%
Les habitudes alimentaires des ménages de la CRA
Comme notre étude porte sur l’analyse d’un projet contre la malnutrition, cette section va nous faire savoir le système d’alimentation et les pratiques alimentaires journalières des ménages paysans afin de savoir l’état nutritionnel des ménages et de connaitre la situation actuelle, après projet. Il s’agit ici donc de focaliser la question sur la qualité de l’alimentation des ménages. En parlant de qualité, nous insistons sur l’apport en nutriments, tels que, micro (vitamines, acides aminés) et macro nutriments (glucides, protides, lipides) c’est-à-dire une alimentation variée et diversifiée. Le nombre de repas des ménages malagasy était supposé comme transposer par le système purement français qui se met à table 3 fois pour une journée (matin, midi, soir)22. Nous allons donc se concentrer sur la qualité des aliments pris par les ménages dans ces trois repas.
Un système d’alimentation propre pour les ménages ruraux
Les ménages de la CRA ont tous déclaré qu’ils prennent 3 repas pour une journée (parlant d’une journée parce que les ménages prennent leur diner très tôt, vers 17 à 18 heures). Ces ménages auront presque le même menu pour la journée :
– Le matin : la carte serait composée d’un petit bol de riz (que les malagasy appellent « vary soasoa ») accompagné de la reste du met du dernier soir. Un alternatif serait entretenu par certains, c’est le café avec des mofo à base de farine de blé ou du riz (ramanonaka ou mofo-gasy). En faisant l’analyse, le petit déjeuner serait moins privilégié par les ménages, la carte serait pleinement composée de glucide, mais pauvres en lipide et en protéine.
– Le midi : encore, le plat est toujours fortement boosté de glucides, une habitude presque suivie par les ménages, ce sont les autres féculents alternatifs du riz (patates douces, manioc) qu’ils prennent. Mêmes si certains prendraient du riz, cela reste sur une petite quantité (soit pour rajouter seulement les féculents ou pour les enfants).
Les brèdes et des autres céréales volumineuses (pois de bambara, petit pois, haricot.) composeraient souvent le mets du midi.
– Le soir : c’est à ce moment-là que les ménages « investissent plus » dans leurs aliments, le soir les ménages sont de retour à mettre devant la table avec du grand bol de riz (les malagasy l’appellent « vary maina ») ; les mets les plus fréquents sont les poissons séchés et les légumes verts.
Les problèmes rencontrés par les ménages pendant la période de soudure
La période de soudure est globalement admise comme la période de crise au niveau des ménages. Cette période commencerait vers le mois de Novembre jusqu’à la période de la première récolte (mars ou Avril).Mais la situation serait de plus en plus pire 2 mois précédents (janvier et février) le mois de la première récolte. Cette période est marquée par une obligation pour les ménages d’acquérir leurs vivres dans le marché accompagnée d’un faible pouvoir d’achat. Des situations marquantes caractérisent les difficultés face aux ménages.
L’instabilité de l’emploi
Lors de l’enquête, plus de la moitié des ménages ont déclaré avoir une instabilité des revenus. Ce sont les familles travaillant dans le secteur du BTP (maçons, manoeuvres)et les petits commerces sont les plus touchés par ce problème. Ces groupes socioprofessionnels représentent la moitié (49,9%) des ménages enquêtés. Pour les travailleurs dans le BTP, cette période de soudure va de pair avec la période de pluie dont aucun travail de construction ne serait entrepris ; et pour les petits commerçants, les ménages malagasy considérés comme leurs clients auraient eu, généralement, un faible pouvoir d’achat.
A cet effet, ces ménages avec une source de revenu affaiblie auraient du mal, de nouveau, à satisfaire leur besoin fondamental, incluant l’alimentation, et reprenant la logique de survie. Le système d’alimentation subit le même phénomène que le faible pouvoir d’achat, autrement dit le pouvoir d’achat serait corrélé négativement avec la qualité d’alimentation.
L’agriculture comme moyen de subsistance
Incontestablement, le monde rural, dont la CRA faisant parti, connu d’une forte ruralité, ne pourrait se méfier de l’agriculture. Pendant l’enquête, les ménages se sont lancés dans l’agriculture dans son ensemble, dans les douze derniers mois précédents le jour de l’enquête. Cette situation dirait que la population rurale dépend presque intégralement des activités agricoles, et le plus important c’est le fait que l’agriculture fournit l’essentiel de la consommation alimentaire. En effet, l’analyse de la malnutrition ne peut se dissocier de la problématique de l’agriculture. Le présent chapitre va nous éclaircir sur la question pourquoi l’agriculture ne pourrait pas garantir une meilleure qualité d’alimentation pour les ménages?
La réalité dans le domaine de l’agriculture dans les 3 fokontany
Dans notre étude nous parlons comme « ménages agricoles » tout ménage qui a pratiqué au moins un type de culture, au cours des douze derniers mois précédent l’enquête. En effet, dans l’ensemble, la totalité des enquêtés a répondu comme être un ménage agricole. Pourtant un seul ménage sur les 54 enquêtés fait l’agriculture comme activité principale, et les 98,1% des ménages le font à titre secondaire (c’est-à-dire que l’agriculture ne serait pas sa principale source de revenu ou elle est pratiquée par un membre quelconque de la famille, autre que le CM). En outre, ces ménages ne seraient jamais classés comme des grands exploitants, en évaluant leurs surfaces exploitées, qui resteraient sur une petite échelle. Sur ce, 44,4% des ménages ont répondus que leurs terrains exploitables restent « pas satisfaisants » et ce manque de terrain serait plus observé sur la surface des rizières.
Mais la mise en oeuvre des taches agricoles ne peut se limiter dans le cadre de la famille, ils ont dû recourir à des salariés travailleurs (« mpanao isan’andro ») pour les grandes taches agricoles. Ce recours à des salariés travailleurs est très sollicité pendant la culture du riz, vu les nombreuses taches à faire, mais la culture des autres produits se fait par les membres de la famille mêmes. Sur les produits plus cultivés, le riz reste toujours le plus dominant suivi de ses féculents alternatifs (patates douces et manioc). Les légumes (comme les tissâmes, les haricots verts, pommes de terre) et les volumineux (les petits pois, les haricots, les pois de bambara) complètent la liste. En général, ces propres produits sont destinés pour l’autoconsommation, mais seule une petite part de légumes serait vendue.
Pourtant, le revenu à l’issu des ventes reste toujours très bas (passant de 1000 à 2000 Ariary par semaine).
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Table des matières
PARTIE I: LE PROBLEME DE LA MALNUTRITION ET SON ASPECT SOCIO-ECONOMIOQUE
CHAPITRE I : La malnutrition dans ses dimensions internationale et nationale
Section 1 : La situation de la malnutrition dans le monde et dans la région subsaharienne
Section 2 : La malnutrition dans son envergure nationale
1- La situation de la malnutrition à Madagascar
2- Présentation du projet PAUSENS-N
Section 3 : La persistance de la malnutrition dans la région Vakinankaratra et dans la commune d’Adriambilany
1-La région Vakinankaratra et le problème de la malnutrition
2- Monographie de la Commune Rurale d’Andriambilany
CHAPITRE II : Approche socio-économique de la malnutrition et méthodologie
Section 1 : Cadrage théorique
1-L’analyse « Bourdieusienne » des pratiques alimentaires
2-Le monde rural encore confronté au problème de la malnutrition
Section 2 : Les étapes de la recherche
1-L’étude documentaire
2-Le recueil et collecte des informations
Section 3 : Les techniques et méthodes utilisées pour la collecte et le traitement des données
1-Les techniques utilisées pour la collecte des données
2- Les traitements et analyses des informations et données
PARTIE II: L’ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE DES MENAGES ET L’ENJEU DE LA MISE EN OEUVRE DU PROJET CONTRE LA MALNUTRITION
CHAPITRE III : L’environnement socio-économique des ménages
Section 1 : Les revenus familiaux des ménages
1- L’analyse des revenus déclarés par les ménages
Section 2 : Les consommations journalières des ménages
Section 3 : Les habitudes alimentaires des ménages de la CRA
1- Un système d’alimentation propre pour les ménages ruraux
2- Une alimentation à faible apport protéique
Section 4 : Les problèmes rencontrés par les ménages pendant la période de soudure
1- L’instabilité de l’emploi
2- Impacts de la faible productivité agricole
CHAPITRE IV : L’agriculture comme moyen de subsistance
Section 1 : La réalité dans le domaine de l’agriculture dans les 3 fokontany
Section 2 : Les problèmes au niveau de l’agriculture
1- L’insuffisance du terrain exploité
2- L’insuffisance des salariés travailleurs
3- L’état de maitrise de l’eau
Section 3 : Les problèmes liés à la technique agricole
1- Les problèmes des intrants
2- Les facteurs de blocage de l’utilisation des techniques agricoles modernes
Section 4 : Les impacts de l’accrochage à la technique agricole traditionnelle
CHAPITRE V : Le système d’organisation au niveau du projet contre la malnutrition : réalités et problèmes
Section 1 : Présentation d’ordre structurelle et organisationnelle du PAUSENS-N dans la CRA
1- Activités
Section 2 : Les problèmes et contraintes organisationnels dans la mise en oeuvre des activités
1- Une lourde occupation pour les Agents Communautaires Nutritionnels (ACN) .
2- La prise en charge des malnutris et la référence des enfants malnutris vers le CSB
3- Contraintes relatives à la Démonstration Culinaire (DC)
4- Problèmes relatifs sur la Sécurité Alimentaire des ménages (SAM)
5- Problème logistique pour le travail des animateurs
Section 3 : Des problèmes à l’origine des ménages bénéficiaires et des intervenants .
1- Chez les mères bénéficiaires
2- Chez les intervenants
PARTIE III: BILAN, DISCUSSIONS ET PROSPECTIVES DE SOLUTIONS
CHAPITREVI : Analyse des impacts du projet et les réels facteurs du blocage de la lutte contre la malnutrition
Section 1 : Analyse des impacts positifs du projet au niveau de la population bénéficiaire
1- Sur la santé
2- Sur le plan socio-économique du ménage
Section 2 : Les réels facteurs de blocages de la mise en oeuvre et de l’atteinte des résultats du projet PAUSENS-N
1- Les contraintes au niveau des ménages
2- Les contraintes sur la mise en oeuvre du projet PAUSENS-N
CHAPITRE VII : Suggestion de solutions
Section 1 : Rappel des objectifs généraux et spécifiques
Section 2 : Les recommandations pour l’Etat et la promotion de la culture moderne auprès des ménages
1- L’Etat et la relance de la filière sociale à Madagascar
2- L’agriculture garante d’une alimentation équilibrée et diversifiée au niveau du ménage
Section 3 : Ajustements pour l’Office Nationale de Nutrition (ONN) et ses membres exécutifs
Section 4 : Recommandations du travailleur social
1- L’amélioration du système économique des ménages
2- Booster la motivation des intervenants et des ménages bénéficiaires
3- Recommandations pour le système d’organisation auprès des sites
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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