La nutrition est considérée de nos jours comme un enjeu par toute société soucieuse du bien-être et de la validité de ses membres. Les raisons d’un tel pari tiennent à la place et au rôle vital qu’une alimentation riche et équilibrée a dans la santé de l’hommes Bien que la quantité absolue de nutriments (protéines, vitamines, matières minérales…) que l’homme doit tirer de son régime alimentaire soit relativement faible, elle est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme relativement à l’âge, à la taille, au poids et à l’activité exercée .
Mais malgré leur importance, beaucoup de personnes peinent à s’assurer une ration alimentaire quotidienne riche en micro nutriments. D’après les nutritionnistes, les individus ont une ration contenant trop ou trop peu d’éléments nutritifs reconnus comme utiles à l’organisme humain. Ainsi beaucoup d’individus à travers le monde, se retrouvent en face de risques de carences ou d’excès nutritionnels certains. De nombreuses études ont mis en évidences l’existence de troubles causées par les problèmes nutritionnels.
Dans les pays en développement où selon la FAO sévissent famines et disettes, les troubles les plus fréquents sont les carences alimentaires qui frappent de manière chronique, les deux tiers de leurs habitants. Un déficit d’apport protéino-énergétique à l’origine de la malnutrition qui selon les dires de l’’UNICEF constitue un fléau responsable, de près de 12 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans chaque année. Un phénomène aggravé par l’environnement et les mauvais comportements alimentaires qui favorisent des infections, des diarrhées persistantes ou fréquentes, des pneumonies, la rougeole, le paludisme entre autres.
Selon la Déclaration du Groupe Africain sur la nutrition et le VIH/SIDA, la situation alimentaire et nutritionnelle des pays africains est marquée par une sous alimentation chronique dont les manifestations concrètes sont une forte endémicité des malnutritions aiguë et chronique, ainsi que des prévalences élevées de certaines carences, en particulier celles en fer, en iode, et en vitamines A. La carence en vitamines A entraîne la perte de vue et la sensibilité aux infections. Les problèmes nutritionnels continuent de menacer les femmes, les enfants, les familles et en dernier ressort la viabilité des sociétés entières (UNICEF.1998). Ils sont aussi à l’origine d’une vulnérabilité accrue aux maladies chez les enfants de moins de cinq ans.
PROBLEMATIQUE
CONTEXTE
La malnutrition joue un rôle dans la moitié au moins des décès d’enfants dans le monde, ce qui est plus que n’importe quelle maladie infectieuse et pourtant elle n’est pas une infection. C’est parce qu’elle se développe dans un contexte de crises socio politiques dans les pays en développement et de disparités croissantes entre les revenus et la diminution concomitante des prestations sociales qui ont des effets alarmants sur le bien-être nutritionnel des enfants dans certains pays industrialisés. Ainsi la pauvreté, les famines, les guerres et autres catastrophes sont citées parmi les causes de malnutrition dans beaucoup de pays du monde surtout en Afrique. Chaque année, les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel sont victimes de catastrophes naturelles, de chocs économiques ou de conflits civils. Ces crises remettent à chaque fois en question la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations. De multiples facteurs favorisent la vulnérabilité des populations à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. A cause de la pauvreté, les communautés rurales disposent de moyens limités pour faire face à une hausse soudaine du prix des denrées alimentaires. Ce risque est d’autant plus important que la sous-région reste dépendante des importations de nourriture, notamment le riz, dans un environnement agricole sous-développé et fortement menacé. La pression anthropique provoque l’épuisement progressif des sols et des ressources, et les aléas climatiques provoquent des dégâts et des pertes considérables.
En 2012, cette insécurité alimentaire chronique a été amplifiée en raison : (i) de niveaux de production céréalière médiocres (déficit céréalier estimé à 2,5 millions de tonnes pour le Sahel) ; (ii) de déficits fourragers majeurs et des difficultés d’approvisionnement du bétail en eau ; (iii) du retour massif des migrants de Libye et de Côte d’Ivoire vers leurs régions d’origine, ce qui réduit les ressources tirées de la migration tout en accentuant les charges des ménages concernés ; (iv) des prix élevés des vivres ; et (v) du climat d’insécurité lié en particulier à la situation au Nord Mali.
Plus de 18 millions de personnes sont ainsi affectées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition dans neuf pays (Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Gambie, Cameroun, Tchad et Mauritanie). Plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans risquent de mourir de malnutrition aiguë sévère en 2012 et trois millions souffrent de malnutrition aiguë modérée.
L’hivernage 2011 s’est caractérisé au Sénégal par une installation tardive, une mauvaise répartition spatio-temporelle et un arrêt précoce des pluies dans plusieurs localités du pays dont l’arrondissement de Tattaguine . Les résultats de la campagne agricole 2011/2012 au Sénégal donnent une production céréalière de 1.133.000 tonnes soit une baisse de 20% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Cette situation cache de très fortes disparités d’une zone à l’autre du pays. Les pâturages ont également été affectés en particulier dans les régions du nord du pays (Saint Louis et Louga). Signe d’une vulnérabilité importante, les taux de malnutrition aiguë globale dépassaient le seuil d’urgence de 10% en période de post-récolte dans les régions de Matam(14,1%) et de Diourbel (10,5%). D’après les enquêtes conduites par le PAM, le nombre de personnes affectées par ’insécurité alimentaire en milieu rural est estimé en mai 2012 à près de 740.000.
Et la CLM, dans la perspective de son plan stratégique 2012-2017, a conduit une enquête nutritionnelle nationale dans le but de déterminer la situation nutritionnelle des 45 départements du Sénégal. Les données recueillies lui ont permis d’identifier les zones prioritaires d’intervention et les types d’interventions à mettre en œuvre pour prendre en charge les problèmes nutritionnels des groupes vulnérables. Des enquêtes menées sur la base de la méthodologie SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transition) qui se caractérise par sa fiabilité et sa rapidité. Les résultats obtenus présentent une prévalence de malnutrition aigüe globale au niveau national de 8,8%. Au niveau départemental, fatick se trouve aux alentours de 7% à 8% contrairement aux autres départements comme Ranérou, Podor et Kanel qui ont atteint un seuil critique de 15%. Les départements de Tamba, Goudiry, Bakel, Kidira, Koumpentoum, Kanel, Ranérou, Matam et Koungueul présentent des prévalences de Malnutrition Aiguë Sévère de plus de 2%. Au total, 16 départements ont dépassé le seuil des 10% de MAG. Seuls trois départements ont des prévalences en deçà du seuil de 5%.
Tout de même la malnutrition chronique touche 15,5% des enfants de 0-59 mois. Dans tous les départements, la prévalence de la malnutrition chronique globale est en dessous du seuil d’alerte de 40% fixé par l’OMS. Seuls les départements de Saraya et de Medina Yoro Foulah sont dans une situation nutritionnelle élevée car les prévalences de MCG observées sont > 20%. La prévalence de l’insuffisance pondérale au niveau national est de 14,50%. Toutefois, au niveau départemental les prévalences de l’insuffisance pondérale globale sont en dessous du seuil d’alerte de 30%. A Fatick, la prévalence de l’insuffisance pondérale est de 23,2% et celle du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans se situe à 19,7% , tandis que la prévalence de la carence en iode est de 14, 4%. La prévalence de la diarrhée au niveau national est de 26,3% chez les enfants de 0-59 mois. Cette prévalence est plus élevée dans le département de Salémata où 40 % des enfants sont affectés. Au total 16 départements enregistrent des prévalences de plus de 30%.
CADRE CONCEPTUEL DE L’ETUDE
Un cadre conceptuel est le schéma de la démarche adoptée au cours d’une étude. Il est définit par certains auteurs comme étant « une construction, une représentation, un schéma renfermant une série de propositions concernant les déterminants d’un phénomène quelconque et de leurs mécanismes causaux » (Bakenda, 2004). Mais le cadre conceptuel n’est pas toujours un schéma, c’est la compréhension de l’ensemble des éléments qu’un chercheur soulève dans sa problématique et qui concourent à la réalisation du modèle d’analyse. Celui que nous proposons pour cette étude, montre que les causes de la malnutrition des enfants sont multiples. Les facteurs sont classés en facteurs directs (immédiats) et en facteurs indirects (environnementaux, économiques et culturels). L’influence des uns se faisant sentir sur les autres, ce cadre peut aider à l’analyse des problèmes nutritionnels et formuler des recommandations débouchant à une amélioration de l’état nutritionnel des enfants. Les différents facteurs de la malnutrition n’influent pas directement sur le phénomène en question mais par l’intermédiaire du comportement des mères en matière de nutrition et de soins. Les facteurs environnementaux agissent sur les comportements de mères en matière de nutrition à travers l’inaccessibilité aux ressources (alimentaires, humaines, économiques) leur disponibilité (quantité et qualité et organisation) et le mode d’utilisation. Ils traduisent la disponibilité physique et l’accessibilité géographique. Ce sont des variables qui déterminent les chances de survie des enfants.
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE
CHAPITRE 1: CADRE THEORIQUE
I.1.1 PROBLEMATIQU
1..12 OBJECTIF
1.1.3. HYPOTHESES ET CADRE CONCEPTUEL
1.1.3.1. Hypothèses
1.1. 4 CADRE CONCEPTUEL DE L’ETUDE
1.1. 4.1 Définition du cadre conceptuel
1.1.4.2 Définition de quelques concepts de base
1.1. 5 REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES DETERMINANTS DE LA MALNUTRITIONDES ENFANTS EN AFRIQUE
1.1. 5.1 Les variables environnementales
1.1.5.1.1 La région de résidence
1.1.5.1.2 Le milieu de résidence
1.1.5.2 Les facteurs socio-économiques
1.1.5..2.1 Les conditions socio-économiques des ménages
1.1. 5..2.2 L’activité économique de la mère
1.1.5..2.3 Les facteurs culturels
1.1. 5..2.4. La religion
1.1.5..2.5. L’ethnie
1.1.5..2.6. L’instruction de la mère
1.1.5..2.7. Le milieu de socialisation
1.1.5.3 Les variables intermédiaires ou facteurs liés aux comportements de la mère en Matière de nutrition
1.1.5.3..1. Le mode et la durée de l’allaitement
1.1.5.3..2. La pratique du sevrage et aliments de complément
1.1.5.4 Caractéristiques démographiques de la mère et de l’enfant
1.1.5.4.1. L’âge de la mère à la naissance
1.1.5.4.2 Age de l’enfant
1.1.5.4.3 Le sexe de l’enfant
1.1.5.4.4 Le rang de naissance
1.1.4.5 L’intervalle inter génésique
1.1.4.6 La malnutrition et les maladies infectieuses
CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE
1.2.1 CADRE D’ANALYSE DE L’ETUDE
1.2.1.1 Opérationnalisation des variables
1.2.1.1 Variable dépendante
1.2.1.1.1 .Variables indépendantes
1.2.1.1.2 Les variables intermédiaires
1.2.2. SOURCES DES DONNEES
1.2.2.1. PRESENTATION DES DONNEES
1.2.2.2. OBJECTIFS DE L’ENQUETE
1.2.3 LES OUTILS D’ENQUETE
1.2.3.1 L’interview
1.2.3.2 Le questionnaire
1.2.3.4.1 Questionnaire ménage
1.2.3.5 Questionnaire femme
1.2.3.6 Questionnaire homme
1.2.3.7 Questionnaire communautaire
1.2.4 L’ECHANTILLONNAGE
1.2.5. EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES
1.2.5.1 Evaluation graphique
1.2.6. TRAITEMENT ET ANALYSE DE DONNEES
1.2.7 LA PHASE PRE-TEST
1.2.8 DIFFICULTES RENCONTREES
DEUXIEME PARTIE : ANALYSES DES DETERMINANTS SOCIOECONOMIQUES DE LA MALNUTRITION A TATTAGUINE
CHAPITREIII : ANALYSE DIFFERENTIELLE DES DETERMINANTS DE LA MALNUTRITION DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS A TATTAGUINE
2.3.1 Approche méthodologique
2.3.1.1. État nutritionnel des enfants
2.3.1.2. Evaluation de la qualité des données liées aux variables anthropométriques
2.3.1.3. Méthodes d’analyse
2.3.2. Variation du niveau de la malnutrition selon les différents facteurs
2.3.2.1. Variation de la malnutrition selon les variables environnementales
2.3.2.3.. Les facteurs socio-économiques
2.3.2.4. Les facteurs socioculturels
2.3.2.5. Les facteurs intermédiaires ou liés aux comportements
2.3.2.6 . Les facteurs démographiques
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA MALNUTRITION DES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS DE L’ARRONDISSEMENT DE TATTAGUINE
CHAPITRE III : ANALYSES EXPLICATIVES DES DETERMINANTS DE LAMALNUTRITION DES MOINS DE CINQ ANS
3.3.1 Situation géographique
3.3.2. Quelques indicateurs de base
3.3.2.1 Situation sanitaire
3.3.2.2 Politique de santé
3.3.2.3 les infrastructures sanitaires
3.3.2.4 La situation socioéconomique de Tattaguine
CHAPITREIV : RECHERCHE DES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA VARIATION DELA MALNUTRITION DES ENFANTS DANS L’ARRONDISSEMENT DETATTAGUINE
3.4.1 Incidence des facteurs environnementaux sur la malnutrition des enfants
3.4.1.1 les effets de la région de résidence actuelle de la mère sur la malnutrition
3.4.1.2 Effet du milieu résidence actuelle sur la malnutrition
3.4.2 Influence des facteurs socio-économiques
3.4.2.1 L’habitat
3.4.2.2 Le bétail
3.4.2.3 L’hygiène alimentaire
3.4.2.4 La consommation de produits d’origine animal
3.4.2.5 La consommation de poisson
3.4.2.6 La consommation de viande
3.4.2.7 La consommation de lait
3.4.2.8 . Influences des facteurs culturels
3.4.2.9 Incidence des facteurs intermédiaires sur la malnutrition des enfants
3.4.2.10Influences des facteurs liés aux caractéristiques de la mère
3.4.2.11 Influences des facteurs liés aux caractéristiques de l’enfant
Conclusion partielle
Conclusion générale