Soutenance mémoire
Madagascar est naturellement un pays à vocation agricole. Avec sa 592 000 km2 de superficie, ses reliefs et climat diversifiés, il a un potentiel agricole énorme. En effet, la cote Est de Madagascar, étant très humide, est très favorable aux cultures d’exportation telles que la vanille, le café et le girofle ; tandis que les parties ouest et sud de l’île, étant plus sèche, sont plus adaptées aux cultures industrielles telles que le coton et le sisal ainsi que les grains oléagineux comme l’arachide. Ses grandes plaines (telles que l’Alaotra, Marovoay ou Morondava) constituent, quant à elles, de véritables zones productrices de riz, et pourront probablement hisser le pays au rang de grenier de l’océan Indien un jour.
C’est sur ce dernier type de culture que s’est focalisée particulièrement notre attention dans le présent travail. En effet, le riz constitue l’aliment de base des malagasy, et la riziculture occupe largement la place de la première activité principale de la population. Pourtant la majeure partie de la dite population reste encore sujet à l’insécurité alimentaire ; un mal qui pèse encore lourdement sur le développement du pays. Ainsi, de nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer cette contradiction frappante qui existe entre la générosité de la nature et l’insuffisance alimentaire de la population à Madagascar, mais une en particulière a retenu notre attention, notamment la gestion des eaux. En faite, la gestion des eaux est capitale si l’on veut développer l’agriculture, et par extension toute l’économie rurale d’un pays en voie de développement comme Madagascar. Elle est d’autant plus capitale pour la riziculture qui est indissociable à l’eau.
La maitrise d’eau, une source de l’amélioration de production rizicole
Depuis longtemps, c’est l’agriculture qui utilise la plus grande partie des eaux prélevées par l’homme: environ 70 pour cent aujourd’hui. A l’échelle mondiale, on estime que l’agriculture irriguée fournit près de 40 pour cent des produits alimentaires et agricoles alors qu’elle n’occupe que 17 pour cent des terres agricoles. Cette remarquable productivité est due aux divers effets des techniques de maîtrise de l’eau. En général, l’irrigation permet de fournir suffisamment d’eau aux plantes pendant toute la période végétative, et donc d’obtenir des rendements élevés. Ainsi, parmi les différentes sortes d’agricultures irriguées, la culture du riz représente entre un quart et un tiers de la consommation mondiale d’eau douce (Bouman et al., 2007). La maitrise d’eau a par conséquent une place prépondérante dans l’amélioration de la productivité du riz pour les pays producteurs qui sont eux-mêmes souvent des grands consommateurs. C’est pourquoi, le présent chapitre aura pour objectif de montrer de manière théorique la place de l’infrastructure hydroagricole en tant qu’outil de maitrise d’eau dans l’amélioration de la production rizicole. Pour ce faire, voyons en premier l’agriculture en générale pour pouvoir ensuite parler de la riziculture, et après expliquons pourquoi l’infrastructure hydroagricole est si important pour la riziculture.
L’agriculture dans la littérature économique
L’agriculture est l’une des activités économiques la plus vieille de l’histoire de l’humanité. Elle a été au début considérée comme une exploitation pour l’autosubsistance, mais au fur et à mesure que le temps passe, elle commençait à avoir de considération économique. Dans l’histoire de la pensée économique, l’apparition de la pensée physiocratie fut l’un des premiers grands événements qui faisaient marquer l’agriculture. Et ce n’est qu’après que toutes les théories sur cette dernière viennent renforcer cette réputation.
La pensée physiocratie et l’agriculture
La pensée physiocratie
Etymologiquement, le mot physiocratie est la contraction des deux mots qui sont : «phusis qui signifie nature et kratos, qui veut dire pouvoir» . La physiocratie signifie littéralement « Gouvernement de la nature ». Le chef de file de cette pensée est François Quesnay (1694 – 1774). Cette école, originaire de France, s’est développée au cours de la moitié XVIIIème siècle en réaction au mercantilisme par le fait de soutenir que la terre est la source de toute la richesse. Elle reflète surtout une économie dominée par l’agriculture tout en donnant une première représentation globale du circuit économique, et s’est caractérisée par ses doubles principes : sur le plan philosophique son fondement est dans l’idée de l’ordre naturel, et sur le plan économique, l’analyse de la production pour satisfaire les besoins.
L’agriculture pour les physiocrates
D’après les physiocrates, seule l’agriculture est productrice de richesses. Il y a aussi les physiocrates contemporains de la « révolution agricole » précédant immédiatement la Révolution industrielle, très attachés aux propriétaires fonciers qui considèrent que seule l’agriculture est capable de fournir un « produit net », c’est-à-dire d’accroître le montant de richesses par rapport aux richesses « avancées ». La notion du produit net est un terme au cœur de l’analyse des physiocrates. Selon cette théorie le produit net est le prix attribué au propriétaire pour autorisation de se servir de son champ pour y établir une activité économique telle que l’agriculture. A contrario, la même pensée pense que l’industrie, les arts et les manufactures sont stériles. Ils ne font que transformer les richesses (transformer les « valeurs d’usage ») et ne créent pas de surplus.
Après l’époque de la physiocratie, des tas de théories sur l’agriculture se sont élaborées et apparues. L’agriculture est depuis devenue une activité essentielle pour des nombreux pays. Pour des pays en développement et surtout les pays à vocation agricole, l’agriculture joue un rôle énorme dans leur développement économique. Pour Madagascar comme beaucoup de pays, l’économie demeure largement agricole, avec plus de 80% de la population totale vivent en milieu rural et 73,2% dépendent de l’activité agricole . C’est pourquoi l’agriculture ne doit pas être une chose négligeable pour l’économie malgache. Cela sous entend qu’elle tient une place importante dans l’économie du fait de la multiplicité de ses rôles.
La place de l’agriculture dans l’économie
L’agriculture peut jouer des rôles importants dans l’économie d’un pays. Si l’agriculture est performante, elle peut conduire à la croissance économique voire au développement économique. En d’autres termes, elle ne reste pas sur la fourniture des denrées alimentaire pour la population, elle peut même être un fournisseur de capitaux, un réservoir de main d’oeuvre, un débouché pour les produits industriels, et une des sources de devises pour le pays.
Les rôles joués par l’agriculture
L’agriculture : fournisseur de produits alimentaires
Le rôle principal de l’agriculture doit être la fourniture des produits assez pour l’autosubsistance des agriculteurs et la commercialisation. Si la production est insuffisante, cela peut entraîner une forte augmentation des prix des produits et par suite, une hausse des salaires nominaux et une baisse des profits et des investissements industriels. A l’inverse, si la production agricole est élevée, les salaires nominaux seront réduits et cette baisse permet aux autres secteurs l’accumulation de capitaux. L’effet de cette forte productivité se fait également ressentir sur le PIB, surtout si l’agriculture représente une part importante dans le PIB.
L’agriculture : réservoir de main d’œuvre
L’agriculture est également un réservoir de main d’œuvre. L’un des principaux transferts possibles du secteur agricole vers les autres secteurs d’activité est la main d’œuvre. D’après Arthur Lewis, « l’agriculture contient une masse importante de main d’œuvre essentiellement improductive qui peut fournir des travailleurs au secteur industriel, sans provoquer une baisse de la production agricole. ». Ce transfert des travailleurs agricoles, qui est dû à la mécanisation agricole, vers d’autres activités à forte productivité permet le développement de ces secteurs. Les paysans les plus pauvres, lésés par l’introduction des nouvelles techniques, sont les premiers à migrer. Il faut quand même des politiques agricoles adéquates pour que la migration ne soit pas transformée en exode rural excessif.
L’agriculture : débouché pour les produits industriels
L’agriculture peut être aussi un débouché pour les produits industriels dans le cas où les agriculteurs peuvent écouler normalement leur production et que par la suite ils sont en mesure de se procurer des produits industriels. La modernisation de l’agriculture favorise également l’achat de moyens de production d’origine industrielle tels que les machines, les engrais, etc.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’IMPORTANCE DE L`INFRASTRUCTURE HYDROAGRICOLE
Chapitre I- La maitrise d’eau, une source de l’amélioration de production rizicole
Section I- L’agriculture dans la littérature économique
Section II- L’infrastructure hydro agricole et la riziculture
Chapitre II- Infrastructure hydro agricole en tant que capital public
Section I- L’infrastructure hydro agricole, une forme de capital public
Section II- L’importance du capital public dans la croissance agricole
PARTIE II : APPROCHE EMPIRIQUE: INFRASTRUCTURE HYDRO AGRICOLE ET PRODUCTION DE RIZ A MADAGASCAR
Chapitre I- Le paysage de la production de riz à Madagascar
Section I- Réalité des infrastructures hydroagricole
Section II- Analyse du volume de la production rizicole
Chapitre II- Analyse descriptive de la production rizicole issue de la riziculture irriguée à Madagascar
Section I : Production rizicole selon les types de riziculture
Section II- La riziculture irriguée et la maitrise d’eau
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
