LA LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE

Habitudes alimentaires inappropriées

               Bien que Madagascar soit une île disposant de potentialités agro-pastorales et halieutiques importantes, la ration alimentaire reste déséquilibrée, monotone et peu diversifiée : trop riche en glucides, déficitaire en protéines et pauvre en lipides, avec carence en vitamines et minéraux. Les pratiques de l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants ne sont pas conformes à la politique nationale de nutrition et aux recommandations de l’OMS. Les aliments de complément au lait maternel sont non seulement introduits trop tôt mais plus de deux tiers des enfants de moins de 3 ans reçoivent une alimentation de complément insuffisante en qualité et en quantité. La mauvaise pratique de l’allaitement maternel et l’inadéquation de l’alimentation de complément expliquent l’augmentation progressive des niveaux de malnutrition chez les enfants de moins de 2 ans. De plus les tabous et interdits, touchant particulièrement les groupes nutritionnellement vulnérables tels que les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes, aggravent les carences alimentaires.

Insécurité alimentaire des ménages

              Notons d’abord que la sécurité alimentaire est, selon le sommet mondial de l’alimentation en 1996, l’accès de tous les êtres humains, à tout moment, à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Cette définition largement acceptée au niveau mondial est centrée sur les aspects suivants de la sécurité alimentaire:
1. la disponibilité des aliments consiste en l’existence d’aliments en quantité suffisante et d’une qualité appropriée pour satisfaire les besoins des individus. L’approvisionnement est assuré par la production nationale ou les importations, y compris les aides alimentaires.
2. l’accès à la nourriture dépend principalement des revenus de la population. La faiblesse ou l’inexistence de revenu pour s’acquérir les biens alimentaires nécessaires est signe d’insécurité alimentaire.
3. la stabilité des approvisionnements qui est négligée par la plupart des intervenants en matière de sécurité alimentaire constitue une dimension très importante qui peut faire basculer une population vivant dans la sécurité alimentaire vers l’insécurité alimentaire. En effet, afin de parvenir à la sécurité alimentaire une population ou un ménage ou une personne doit avoir un accès permanent à une nourriture adéquate. Cet accès à la nourriture ne doit être menacé ni par l’émergence de chocs soudains, par exemple une crise économique ou un choc climatique, ni par des évènements cycliques, par exemple une insécurité alimentaire saisonnière. Le concept de stabilité peut donc concerner à la fois la disponibilité et l’aspect lié à l’accès à la sécurité alimentaire.
4. l’utilisation de la nourriture doit se faire dans le cadre d’une diète adéquate, des besoins en eau potable, en assainissement et en soins de santé de façon à obtenir un état de bien-être nutritionnel permettant de satisfaire tous les besoins physiologiques. Tous ces éléments soulignent le rôle des facteurs non alimentaires dans la sécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire des ménages est largement répandue. La proportion de ménages victimes de l’insécurité alimentaire, dont la consommation alimentaire est inférieure à l’apport énergétique minimal de 2300 kcal par personne par jour, a augmenté de 59% en 1993 à 65% en 2001.7 Pour l’ensemble de Madagascar, 75% des dépenses totales des ménages sont consacrées à l’alimentation, et la faiblesse du revenu contribue fortement à l’insécurité alimentaire. La disponibilité de viande et produits de pêche par habitant reste faible : 4,4 et 7 kg par an par habitant respectivement. Face à l’accroissement de la population, cette faible performance du secteur agricole associée à une diminution des importations de céréales, a eu pour conséquence la diminution de la disponibilité alimentaire par habitant. Les rendements agricoles restent faibles malgré les actions entreprises en matière d’encadrement et de vulgarisation. Le bas niveau de la production agricole, qui est à 90% une agriculture de subsistance10, provient des méthodes culturales inappropriées, des exploitations de petites tailles, des problèmes d’accès à la terre, du faible niveau d’épargne et de non-accès au crédit, ainsi que de la détérioration des infrastructures rurales. Une forte proportion de la production est donc destinée à l’autoconsommation.

La Politique Nationale de Nutrition (PNN)

                Compte tenu de l’ampleur de la malnutrition et de ses conséquences sur le développement humain et socio-économique, la politique nationale de nutrition a été élaborée afin de fixer les objectifs à atteindre, et de créer un cadre de référence pour toutes les actions à entreprendre en matière de nutrition. Elle a été adoptée par le Gouvernement le 20 Avril 2004 par le Décret No. 2004-496.

Les instruments de collecte et d’analyse d’informations nutritionnelles

              Il existe plusieurs instruments de collecte et d’analyse d’informations nutritionnelles ayant pour but de fournir des informations sur la situation nutritionnelle. Les différents instruments en place sont :
– L’ INSTAT à travers la Direction de la Démographie et des Statistiques Sociales (DDSS). La Direction Statistique des Ménages (DSM) fournit la plus grande base de données sur la situation nutritionnelle et alimentaire au niveau national à partir des enquêtes périodiques et ponctuelles qu’il mène en collaboration avec divers ministères et partenaires. Parmi les plus importants sont l’Enquête Démographique et de Santé (EDS), l’Enquête Permanente auprès des Ménages (EPM), l’Enquête à Indicateurs Multiples (MICS) et l’enquête anthropométrique.
– Le PNSAN au sein du MENRS a été conçu au départ pour faire l’analyse et synthèse des données disponibles des différentes sources en vue de faire le suivi de l’impact du programme d’ajustement structurel sur l’état nutritionnel de la population. Malheureusement à cause des faiblesses internes et des problèmes d’agencement aux autres instruments de collecte de données, cette mission n’a pu être réalisée et à présent l’effort du PNSAN se concentre sur la surveillance nutritionnelle au niveau des sites de nutrition à assise communautaire.
– Le SAP a été conçu pour identifier les communes à risques en matière de pénurie alimentaire suite aux sécheresses.
– Le SICIAV a été mis en place en vue de fournir des informations sur les personnes et zones victimes ou exposées au risque de l’insécurité alimentaire.
– Les données de routine des services techniques du MinSan-PF, du MAEP, du MEFB, et qui sont utiles dans l’analyse de la situation nutritionnelle et alimentaire, leur problématique et évolution.
– Les données des sites de nutrition communautaire sur l’état nutritionnel des enfants et les interventions.

Conclusion

                 D’après les analyses effectuées dans cette étude on peut dire que la malnutrition des enfants de moins de cinq ans dans la commune rurale d’Itaosy est encore loin d’être éradiquée. Et la principale cause majeure détectée du problème étant la pauvreté de la population cible. Mais il y a aussi la démotivation de cette population cible, ainsi que le manque de sites SEECALINE implantés dans tous les fokontany de la commune pour que tous les enfants de moins de cinq ans puissent être suivis nutritionnellement. L’inexistence de centres CRENAS et CRENAM dans la commune rend aussi difficile cette lutte contre la malnutrition parce que ces centres sont des lieux de récupération nutritionnelle. Les femmes enceintes, allaitantes et mères d’enfants de moins de cinq ans doivent être motivées pour rejoindre mensuellement ces sites : des distributions de vivres venant de PAM seront les bienvenues à cet effet parce qu’ainsi il y aura plus d’envie d’être présent dans les sites. De même ces familles cibles doivent aussi être informées par l’ACN qu’ elles sont remboursées et prises en charge gratuitement au niveau du CRENI, les traitements y sont tous gratuits. Les revenus de la population cible pourront être améliorés grâce aux activités génératrices de revenu telles que l’entretien routier, les travaux de réhabilitation de micropérimètres irrigués, les greniers communautaires villageois, l’utilisation du crédit obtenu auprès des institutions de micro-finance pour l’acquisition de petits matériels agricoles, le développement du secteur « petit métier et service », l’acquisition en location-vente de matériels dans le cadre d’une exploitation familiale ou individuelle. L’octroi de petits prêts à des groupements de bénéficiaires permet le démarrage d’une activité qui procurera des revenus aux bénéficiaires, ou augmentera leurs revenus. Les prêts servent à acheter des moyens de production comme les bœufs de labour, les charrues, les décortiqueuses, etc… ; ou à acheter de quoi démarrer une nouvelle activité, par exemple semences ou poussin ; ou encore à constituer une trésorerie donnant aux paysans la possibilité de se libérer des collecteurs, permettant par exemple le stockage de riz après la récolte quand les prix sont au plus bas, pour le revendre après quelques mois quand les prix augmentent. La production rizicole pourrait être améliorée en construisant des vannes à l’intérieur des canaux des rizières pour mieux faire circuler l’eau d’irrigation. Il faut aussi couvrir la partie supérieure de la vanne principale conduisant l’eau du fleuve Sisaony vers les canaux d’irrigation des rizières. Dans le cadre de la promotion du développement local où il est surtout question de faire développer une localité par ses propres forces, il est nécessaire de favoriser la création d’entreprises dans la commune rurale d’Itaosy. De plus la commune est une grande productrice de légumes, et il serait très bénéfique pour la population locale de travailler dans des usines de traitement de ces légumes où toutes les chaînes de production sont présentes afin qu’il y ait une chaîne de valeurs concernant la filière. Quand les bailleurs de fonds de ONN refinanceront le projet alors il sera mieux d’implanter des sites d’extension dans les autres fokontany de la commune car plus il y aura de sites alors les habitants dans les fokontany autrefois dépourvus de sites ne seront plus contraints de débourser de l’argent pour les frais de transport ou bien d’effectuer de longues marches à pied pour aller rejoindre un site. Par contre il serait mieux que les ONG effectuant les encadrements, suivi-supervision, et gestion des fonds du fonctionnement des sites se retirent petit à petit du projet SEECALINE. En effet certaines de ces ONG n’utilisent pas à bon escient l’argent destiné pour le fonctionnement du projet, et même dans le cas où il n’y a pas d’enfants malnutris alors on doit toujours les donner de l’argent. Ces ONG pratiquent aussi de l’influence politique sur les responsables au sein du projet SEECALINE. C’est pourquoi il faut transférer les responsabilités de ces ONG à l’Office Régional de Nutrition ; et il suffit d’augmenter le nombre de personnel pour effectuer les travaux, et de leur effectuer un renforcement de capacités pour bien mener leur mission. La commune rurale d’Itaosy doit lancer une offre de partenariat pour que des organisations viennent y implanter des centres CRENAM, et envoyer une demande auprès de UNICEF pour que ce dernier installe un centre CRENAS au sein du CSB de la commune.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
PARTIE 1 : Causes de la malnutrition
Chapitre I ) Etude des causes de la malnutrition
Section 1. Habitudes alimentaires inappropriées
Section 2. Environnement insalubre et accès inadéquat aux services de santé
Section 3. Insécurité alimentaire des ménages
Section 4. Causes profondes de la malnutrition
Section 5. Le cycle de la malnutrition et de la pauvreté
Section 6. Le cycle intergénérationnel de la malnutrition
Chapitre II ) Structuration des axes stratégiques de lutte contre la malnutrition
Section 1. La Politique Nationale de Nutrition (PNN)
Section 2. Les objectifs de la Politique Nationale de Nutrition
Section 3. Les axes stratégiques de la Politique Nationale de Nutrition
3.1 Le Plan National d’Action pour la Nutrition (PNAN) et ses axes stratégiques
Section 4. L’ Office National de Nutrition (ONN)
Section 5. Historique sur le projet SEECALINE et l’ONN
Section 6. Présentation générale de quelques axes stratégiques de lutte contre la malnutrition
6.1 Intervention de nutrition au niveau communautaire
6.2 Prise en charge des enfants sévèrement malnutris
6.3 Préparation à l’urgence et réponse aux urgences nutritionnelles
6.4 Intervention de nutrition scolaire
PARTIE 2 : Etude d’efficacité des quatre axes stratégiques
Chapitre I ) Intervention de nutrition au niveau communautaire
Chapitre II ) Prise en charge des enfants sévèrement malnutris
Section 1.Procédure de création de Centre de REabilitation Nutritionnelle pour la malnutrition Aiguë Modérée
Chapitre III ) Préparation à l’urgence et réponse aux urgences nutritionnelles
Chapitre IV ) Intervention de nutrition scolaire
Conclusion
Annexes
Annexe 1 : Graphique d’appréciation de l’insuffisance pondéral de l’enfant
Annexe 2 : Abaque des niveaux de malnutrition aiguë modérée et sévère
Références bibliographiques

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *