La question de la diversité, et notamment la diversité culturelle, a toujours étéet est encore présente dans les débats de notre société ces dernières années. D’ailleurs, les phénomènes récents, tels que des attaques terroristes partout dans le monde, montrent l’impact de revendications identitaires sur l’humanité. C’est un thème au cœur des enjeuxsociaux, politiques et culturels et s’impose de fait aux élèves puisque l’école est unlieudeconfrontation entre différentes opinions et idées. Ainsi, à travers l’enseignement des languesvivantes, il s’agit, pour l’enseignant, de faire dépasser aux élèves les différences culturellesafin de tendre vers le respect universel. Mes premières expériences en milieu scolaire m’ont amenée à rencontrer diverses situations reflétant le besoin d’accompagnement de certainsélèves dans une démarche de compréhension de la différence culturelle.
En effet, lors de séances visant notamment à enseigner les langues vivantes, j’ai eul’occasion de constater que certains élèves tenaient des propos discriminants à l’égarddecultures qu’ils ne connaissaient pas ou peu. En guise d’exemple, j’ai pu entendreuneconversation entre un élève qui affirmait « ne pas aimer l’anglais » et un autre qui répondait àcela que lui non plus, « n’aimait pas les anglais ». Dans cette situation, l’élève associeungroupe de personnes à une langue, et ne semble pas distinguer ce qui relève d’une culture, d’un individu, et de l’idiome. Au cours de mes observations, cet élève ne fut pas le seul àtenirce genre de propos. Outre cette confusion entre une discipline scolaire et une culture, j’ai également été témoin de paroles d’élèves porteuses de préjugés et de stéréotypes ausujet d’autres cultures, ce ce qui traduit évidemment une méconnaissance du monde qui les entoure, conséquence d’un contact rare avec d’autres modes de fonctionnement.
Les enjeux de l’ Éducation à la diversité culturelle à l’école aujourd’hui
Le cadre institutionnel français
Avant d’être une préoccupation ministérielle et scolaire, la question de la diversitéaavant tout été une préoccupation nationale puis mondiale. En effet, la Déclaration Universelledes Droits de l’Homme de 1948 rappelle que, « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » . Rappelons que la devise de la République Française «Liberté, Égalité, Fraternité », illustre les valeurs fondamentales auxquelles s’ajoute la laïcité et parconséquent, le refus de tout type de discrimination. De plus, la loi d’orientation sur l’éducationde 1989 réaffirme la mission de l’école de « faire acquérir à tous les élèves le respect del’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité » . Ainsi, il semble que l’école ait clairement un rôle à jouer dans cette compréhension et acceptationd’autrui auprès des élèves. Plus récemment, le Ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer arappelé les 4 priorités de l’éducation Nationale destinées à renforcer la maîtrisedesfondamentaux afin d’amener tous les élèves à la réussite scolaire : lire, écrire, compter, respecter autrui.
Enfin, La Conférence générale de l’UNESCO a adopté en 2001 la Déclarationuniverselle de la diversité culturelle. Les États membres s’engagent notamment à coopérerafin de « susciter, à travers l’éducation, une prise de conscience de la valeur positivedeladiversité culturelle ».
L’éducation à la diversité culturelle dans les programmes scolaires aujourd’hui – Le cas des Langues Vivantes
L’enseignement des langues vivantes à l’école fait l’objet de préoccupationministérielle dans la mesure où, depuis 2007, les programmes prévoient qu’à l’issue de l’écoleprimaire, les élèves devront atteindre le premier niveau du Cadre Européen CommundeRéférence pour les Langues, le niveau «A1», voir le niveau « A2 » pour les plus avancés. L’enseignement des langues vivantes à l’école facilite de surcroît l’ouvertureauxcultures étrangères. Il amène également l’élève à être conscient de la diversité culturelle afin de pouvoir se confronter à une société de plus en plus cosmopolite. Cette discipline scolaireforme aussi l’élève aux rencontres, aux échanges, à sa coopération avec autrui à l’échellemondiale dans une perspective professionnelle future par exemple. Enfin, selon le Ministèrede l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche dans «Ancrerl’apprentissage dans la culture », « l’apprentissage des langues vivantes joue un rôle essentiel dans la formation des esprits critiques et de futurs citoyens aptes à faire face aumondecomplexe d’aujourd’hui » (Mars 2016). Cette donc dans cette perspective que s’inscrit madémarche de recherche.
Mais aussi, l’apprentissage de langues étrangères peut être un moyen de faciliter larencontre avec autrui en créant des liens à échelle internationale avec d’autres élèves. Bienque chaque langue possède ses spécificités, le plaisir de comprendre l’autre devrait prouveraux élèves que la différence n’est finalement plus à considérer comme un obstacle mais peut finalement s’avérer être une richesse. En effet, par le biais de cette discipline, la différencelinguistique et culturelle ne tend plus à être perçue comme une entrave mais plutôt commeunlevier d’apprentissage pour l’ensemble des apprenants. De ce fait, la prise en comptedeladimension culturelle dans l’apprentissage des langues vivantes peut contribuer à l’inclusiondel’élève allophone ainsi qu’à la compréhension mutuelle des élèves pour former des futurscitoyens. De ce fait, ce domaine peut apporter des solutions face à l’hétérogénéité linguistiqueet culturelle au sein même d’une classe, d’une école. En effet, il s’agit ici de considérer leterme « langues vivantes » au sens large et non de le réduire à une seule et même langueenseignée, mais bien de prendre en compte la diversité des langues présentes au seind’uneclasse, si c’est le cas, de contribuer au développement de compétences culturelles des élèves. Tout ceci peut alors permettre à l’élève de donner un sens particulier à l’apprentissaged’unelangue étrangère, ou encore à l’étude et la découverte de certains pays. D’ailleurs, nousconsidérerons l’apprentissage comme « un ensemble des processus de mémorisationmisenœuvre par l’animal ou l’homme pour élaborer ou modifier les schèmes comportementaux spécifiques sous l’influence de son environnement et de son expérience » (dictionnaireLarousse). En ce sens, l’enseignant accompagne l’élève dans un processus de décentrationenlui permettant de prendre connaissance de la diversité linguistique et culturelle qui s’offre à lui.
L’éducation à la diversité culturelle et l’interdisciplinarité
Anne Lalanne, dans Enseignement moral et civique : le défi toujours renouvelédel’école (2017), définit l’école comme « un lieu de vie qui permet à l’élève de structurer sonidentité tout en apprenant à développer son écoute et son empathie face à autrui ». Enoutre, Alain Bentolila, dans L’école face à la dif érence (1999), explique que « face àunesociété qui s’est rapidement urbanisée en mélangeant les populations, l’école sedoit d’accueillir tous les élèves dans son parcours scolaire ». Dans le même ouvrage, HélèneAhrweiler, présidente de l’Europe, affirme que « respecter l’autre, c’est d’abordprendreconscience que l’autre a sa propre histoire et sa propre filiation culturelle ». Quant àAxel Kahn, directeur de recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, il soutient dans ce même recueil que l’école a un rôle prépondérant dans cette lutte contrelerefus de la diversité. Marie-Danielle Pierrelée, dans Les dif érences : un immense gisement derichesses, rejoint cette idée et affirme que « l’égalité ne peut pas se construire dans la négationde la différence, mais dans l’égale dignité accordée immédiatement à chacun » (Ibid). Ainsi, bien que l’expérience de la différence culturelle soit parfois vécue comme un obstacle, il convient ici de la faire dépasser aux élèves pour penser des relations équilibrées entrepersonnes. La sensibilisation de l’élève à une culture autre que la sienne peut également permettre aux enseignants d’introduire et d’illustrer la notion de respect d’autrui, commelepréconisent les programmes, d’éviter les dérives et toute forme de discriminations, aumoinsau sein de l’école. C’est pourquoi le rôle du professeur des écoles est essentiel dans cettedémarche qui consiste à faire face à une hétérogénéité culturelle des élèves de plus enplusgrandissante et faire en sorte que ces différences culminent en un échange fructueux.
Aussi, le Plan national d’actions du 17 Avril 2015 met en place la semaine d’éducationet d’actions contre le racisme et l’antisémitisme et invite ainsi l’ensemble de la communautééducative et pédagogique, dont les parents d’élèves et les personnels des établissementsscolaires, à promouvoir les valeurs et les principes fondamentaux de la République, durespect de l’égale dignité des êtres humains quelles que soient leurs origines, leurs conditions ouleursconvictions. Selon le site pédagogique Eduscol, « son objectif est de sensibiliser les élèvesdesécoles, collèges et lycées, à la prévention du racisme, de l’antisémitisme et de touteslesformes de discriminations ».
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Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME