LA LITTERATURE ET LE TRAGIQUE

La littérature et le tragique

La notion du tragique est l’une des notions littéraires les plus difficiles à définir et son utilisation d’une façon maladroite dans nos altercations quotidiennes ne fait qu’accentuer son ambiguïté sémantique. En effet, le mot tragique est souvent utilisé pour rendre compte d’une situation dont la mort s’impose comme un élément fondamental, à titre illustratif la presse écrite a souvent recours à ce genre de titres : accident tragique, mort tragique, ou vie tragique etc. Si ce genre de titres attire les lecteurs, cependant c’est au détriment du sens de la notion du tragique. L’emploi archaïque et inadéquat du mot tragique a comme conséquence la banalisation et surtout la confusion de cette notion avec d’autres notions. Dés le départ, nous sommes confronté à un obstacle de taille qui est de déchiffrer l’énigme définitionnelle du tragique. En outre, la position qu’occupe le tragique qui est à mi-chemin entre les deux genres la tragédie et le roman ne peut nous laisser indifférents et nous incite à méditer sur les rapports que peut entretenir le tragique avec ces deux genres littéraires. Dans ce chapitre théorique qui est un état de la question, nous nous intéresserons de prime abord au genre de la tragédie. Ensuite, nous tenterons de définir la notion tant controversée du tragique et particulièrement du tragique romanesque. Puis nous serons amenés à donner un aperçu des structures de l’écriture tragique et en ayant comme référence principale l’ouvrage critique de Barthes1. Par la suite, nous nous intéresserons au tragique dans la littérature maghrébine et aux causes et conséquences du jaillissement du tragique dans cette même littérature.

La tragédie antique

De prime abord, intéressons nous à la tragédie grecque, ce genre dramatique est apparu vraisemblablement vers le 4 siècle av. J-C à Athènes. Selon l’étymologie du mot tragédie : tragodia viendrait de « tragos »qui signifie le bouc et « odé » qui veut dire chant. C’est donc le chant des hommes-boucs ou les « trogodi », ces derniers chantent des liturgies en l’honneur du dieu Dionysos1. Ces célébrations accompagnaient les concours tragiques annuels qu’on organisait dans cette capitale grecque. La tragédie est née donc de la musique ou du moins des chants des choeurs tragiques et c’est la thèse héritée de la Tradition : « cette tradition nous apprend […] que la tragédie est issue du choeur tragique, et était à son origine choeur et rien que choeur »2. C‘est la thèse que soutient Nietzsche selon laquelle la tragédie descend de la musique et qu’elle est la synthèse et le résultat de l’opposition des deux entités que représente le dionysiaque et l’apollonien, en d’autres termes la tragédie est issue d’Apollon qui est le dieu de l’art plastique et de Dionysos qui est le dieu de l’art non plastique et de la musique, tout comme l’artiste tragique est l’ « artiste de l’ivresse et l’artiste du rêve »3. Les plus grands auteurs de la tragédie grecque : Eschyle, Euripide et Sophocle se sont inspirés de la mythologie grecque.

La tragédie est un genre dramatique et mimétique d’hommes de hautes valeurs morales ou de rang élevé. Ce qu’il faut comprendre par «action complète» c’est une action qui a un début, un milieu et une fin. Ensuite l’accent est mis sur l’étendu de la tragédie qui est limitée, la tragédie dure l’espace d’une révolution de soleil c’est-à-dire une journée. L ‘étendue idéale d’une tragédie et celle qui rend possible une série d’événements qui se succèdent en respectant la vraisemblance et la nécessité et en réalisant le passage du héros d’une situation de bonheur à celle du malheur. D’autre part Aristote distingue six parties constitutives de la tragédie, la première d’entre elles est « l’ordonnance du spectacle »1. Car ce sont les personnages , en action qui font l’imitation et par voie de conséquence ce sont eux qui assurent le spectacle .Aristote attacha une importance considérable « à la plus importante de ces parties »2 qui est l’assemblage des actions accomplies ou la fable ,en ce sens la tragédie n’imite pas les hommes mais « leurs actions, leurs vies »3c’est-à-dire pour Aristote le bonheur et le malheur sont le résultat des actions des hommes, si bien qu’il ne peut y avoir de tragédie sans action. C’est pourquoi l’action est l’âme de la tragédie.

La tragédie classique

Au seizième siècle l’Europe a découvert des textes antiques comme l’Art poétique d’Horace et le théâtre de Sénèque. Dés lors La tragédie humaniste a connu un très grand succès dans la deuxième moitié du seizième siècle avec des tragédies telles que Cléopâtre captive d’Etienne Jodelle et Abraham sacrifiant son fils de Théodore de Bèze. Mais c’est au dix-septième siècle avec l’avènement du classicisme français que la tragédie classique a eu son âge d’or, s’inspirant de l’antiquité gréco-latine dont elle est l’héritière elle est selon le dictionnaire des littératures de langue française : une oeuvre dramatique ,écrite en alexandrins, disposée en cinq actes ,dont les héros de rang élevé et de stature morale médiocre, se trouvent menacés par un péril grave, qui éveille chez le spectateur des sentiments de pitié et de terreur ;il peuvent succomber à ces périls où être sauvés in extremis ;le déroulement de l’action doit être continu à l’intérieur de chacun des actes ,les principaux personnages et les éléments essentiels de la situation doivent être présentés des le début de la tragédie, les sujets doivent être tirés du « vrai » 1.Le grand érudit du dix-septième siècle Chapelain a théorisé et a fixé les règles ce de cette tragédie classique .Cette dernière se caractérise par une construction en cinq actes, la bienséance qui impose à tout dramaturge de ne pas représenter sur scène ce qui pourrait choquer les spectateurs. C’est pourquoi il n’y a point de sang et de scènes violentes. La vraisemblance va de pair avec la bienséance : « les sujets doivent être tirés du vrai » c’est à dire que ces sujets doivent être réalistes, tirés de la tradition gréco-latine ou des sujets historiques. L’unité d’action, telle qu’elle a été expliquée par Corneille dans son Troisième Discours, consiste en l’unité de péril. Il y a toujours une action principale qui doit être complète et s’achève avec le dénouement. Autour de cette action principale, gravitent des actions secondaires qui dépendent toutes de l’action principale et elles sont liées entre elles.

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Table des matières

Sommaire
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre 01 : LA LITTERATURE ET LE TRAGIQUE
Introduction
1.La tragédie
1.1. La tragédie antique
1.2. La tragédie classique
1.3. De la tragédie au tragique
Qu’est-ce que le tragique
2.Le tragique romanesque
3.Les structures de l’écriture du tragique
4.Le tragique dans la littérature maghrébine
4.1. De l’ethnographique au tragique
4.2. Quête identitaire et acculturation
4.3. La Religion
4.4. Terre et Cité et l’impossible harmonie
Conclusion
Chapitre02 : ETUDE DES STRUCTURES DE L’ECRITURE TRAGIQUE
Introduction
I Un tragique antique
1.La culpabilité tragique
1.1. La faute tragique
1.1.1. De la faute originelle
1.1.3. De Mme Bovary à Ouiza
1.1.2. La faute des pères
2.1. L’homme coupable et innocent
2.1.1. La jalousie
2.1.2. De l’innocence à la culpabilité
2.1.3. Faillibilité et inconscience
3.1. La démesure
3.1.1. Apollon et Dionysos
3.1.2. Quête d’absolu
3.1.3. Beauté démesurée
3.1.4. Transgressions du sacré
2.De l’éros au revirement
2.1. L’éros tragique
2.1.1. Le coup de foudre
2.1.2 . La scène érotique
2.1.3. L’éros rétrospectif
2.2. La fatalité tragique
2.2.1. Le fatum
2.2.2. Prédestination au malheur
3.1. Le revirement tragique
3.1.1. De l’ignorance à la reconnaissance
Un tragique moderne
une transcendance sociohistorique
1.1. Détour par l’Histoire
1.1.1. Précarité sociale
1.1.2. L’émigration
1.1.3. Et un titre métaphorique
2.1. Une fatalité sociale
2.1.1. Le code de l’honneur
2.1.2. Le tragique c’est les autres
2.1.3. La fatalité en mots
2.3. Une double identité
2.3.1. Déchirement tragique
2.3.2. L’ambiguïté tragique
2.3.3. De l’ambiguïté tragique à la crise du langage
2.3.3.1. Le dilemme
2.3.3.2. La division
2.Le tragique moderne et sa thématique
2.1. La solitude
2.2. Désespoir et mélancolie
2.3. Plainte et utopique rédemption
Conclusion
Chapitre03 : ESTHETIQUE ET MISE EN RECIT TRAGIQUE
Introduction
Une intrigue tragique
Etude de l’intrigue du roman
Mise en intrigue tragique
Analyse sémiologique de l’intrigue du roman
3.1. Etude du schéma actantiel de l’intrigue
3.2. Triangle conflictuel
3.3. Triangle psycho socio idéologique
Eléments de dramatisation du récit tragique
Une structure dramatique
1.1. Début in medias res
1.2. D’une tension dramatique à une intensité tragique
1.3. Un récit pathétique
2.Etude narratologique
2.1. Une structure polyphonique
2.2. Une narration analeptique
2.3. Le retour du choeur tragique
3.La spatiotemporalité
3.1. L’espace tragique, de la clôture au conflit
3.2. Etirement du temps et restriction de l’espace
3.3. Espace tragique, espace circulaire
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie

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