LA LIBERTE ET L’INTERPRETATION DE LA CONSCIENCE MORALE

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Les trois types de la conscience morale

Avant d’aborder ces trois interprétations, il nous semble nécessaire de donner quelques explications pour nous aider à l es saisir avec plus de facilité.
D’après ce que nous venons de voir, l’homme est un être libre. Sa liberté est composée par les trois grands aspects la: liberté enracinée dans le non-libre qui est son archè, ensuite, la liberté autonome et enfin la liberté pour un but ou telos. Voilà donc les trois grandes dimensions de la lib erté humaine. Pour vivre moralement, il faut tenir compte de ces trois dimensions. Car, « une morale ignorant ces aspects de la liberté serait inhumaine à force d’être angélique ».
Nous ne sommes pas de purs esprits comme les anges. Mais nous sommes plutôt une liberté incarnée, c’est-à-dire une liberté enfoncée dans la chair. Autrement dit, la liberté dont nous jouisson est une liberté finie. Nous devons donc tenir compte de notre condition humaine.
Certes, notre liberté est une liberté finie, limitée, mais cela n’empêche pas que nous ayons un désir illimité ounfini. C’est pour cela qu’il est qualifié comme un être de désir. Mais à artp cela, il est nécessaire aussi de nous informer que pour des êtres doués deraison que nous sommes, notre choix n’est jamais purement gratuit. Dans tout ce que nous faisons, nous avons toujours un but, un intérêt à viser. Etcette fin doit être toujours de valeur pour nous. Pour une personne normale, c’est-à-dire équilibrée psychiquement, dans tout ce qu’elle fait, elle agit toujours en raison d’un but qu’elle pose comme valeur. Cela peut se passer d’un e manière consciente ou inconsciente. Que signifie alors le terme valeur ?
La valeur au sens subjectif
Subjectivement, le terme valeur se définit
comme le « caractère des choses consistant en ce qu’elles sont plus ou moins estimées ou désirées »par un sujet et lui fournissent ainsi un motif d’agir. Cette première approche de la valeur est purement subjective et se situe uniquement sur le terrain du fait. C’est ainsi que les timbres-poste usagés sont une valeur pour les sujets qui s’y intéressent de fait »1.
Nous remarquons donc à travers cette définition que le terme valeur détermine tout d’abord un caractère de chose. Maiselle précise très bien que ce terme ne se rapporte pas à n’importe quel caract ère de chose. Il appartient un caractère de chose qui possède une certaine qualité ou une qualité particulière. Et c’est cette qualité qui attire l’attention de l’homme à la désirer ou à l’estimer. Ensuite, ce qu’il faut retenir aussi, c’est que, quelquefois, la valeur d’une chose dépend de la valeur que le sujet lui attribue. Et c’est le cas pour le sens subjectif que nous sommes en train de voir. Au moment où le sujet a besoin de cet objet, il devient pour lui un objet de valeur. En dehors de cela, cet objet ne lui offre aucune attirance. Normalement, un timbre-poste qui a été déjà employéne sert plus à rien. Mais pour une personne qui veut, par exemple, faire une collection de timbres, cela lui est encore nécessaire. En effet, pour une personne qui ne veut pas faire une collection de timbres, elle n’accorde aucune valeur à des timbres-poste usagés une valeur particulière.
La valeur d’une chose dépend donc à la fois d’un sujet et aussi de la situation ou d’un fait auquel le sujet se trouve en face. En effet, dans cette manière de voir, une chose ne possède aucune valeuren-soi. Tout dépend du sujet, mais non pas de l’objet. L’homme reste toujo urs la mesure de toute chose. La valeur des choses dépend de l’appréciation que l’homme leur donne.
La valeur au sens objectif
La seconde définition que nous allons voir maintenant est la définition objective.
Il s’agit du ‘ caractère des choses consistant en ce qu’elles méritent plus ou moins d’estime »1. Nous avons déjà vu la définition de ce qu’est la valeur à travers la définition subjective. Mais la différence c’est que, pour cette dernière, la valeur de l’objet est en soi. Elle ne dépend pas de l’appréciation que le sujet individuel lui accorde. Car, ici on quitte le plan de ce qui simplement intéresse de fait et subjectivement certaines personnes pour aborder un niveau où en droit et objectivement, toute personne doit  accorder de prix à telle réalité ».
Ici donc, c’est la loi elle-même qui intervient pour accorder à une chose une valeur particulière. Devant la loi, tout le monde doit accepter une telle chose, une telle valeur. C’est la loi qui fixe donc la valeur d’une chose. En effet, ce qui entre en jeu pour fixer la valeur d’une chose est la chose elle-même et aussi le droit.
Voilà donc ce que signifie le terme valeur. Mais il est bon aussi de souligner qu’il existe plusieurs espèces de valeurs telles que les valeurs économiques, sociales, intellectuelles, spirituelles, religieuses ou morales, etc. En ce qui concerne la valeur morale, quand un acte est jugé moralement bon ou mauvais, il faut savoir en fonction de quelle règle cet acte est jugé. C’est ce que nous allons analyser dans notre prochaine réflexion.
La valeur morale et la norme de la conscience morale
Nous allons déterminer rigoureusement, en envisageant toutes les possibilités, l’essence de la valeur morale, c’est-à-dire son critère : en fonction de quelle règle jugeons-nousdu caractère moralement positif ou négatif d’un comportement » .
Il est bon de souligner qu’il existe plusieurs sortes de règle morale. Pour ceux qui privilégient la liberté qui s’enracin dans le non-libre, ils ont leurs règles morales propres. Et c’est la même chose pour ceux qui privilégient l’autonomie de la liberté et ceux quiprivilégient la liberté qui est faite pour une finalité ou telos. On peut dire donc qu’il existe trois grandes valeurs morales qui correspondent à trois grandes r ègles bien distinguées. On mentionne aussi qu’il y a une liaison étroite entre la norme de la conscience et la valeur morale. Car pour un acte jugé moralement bon, il faut qu’il soit conforme aux normes de la conscience morale. La norme prescrit la conduite qu’on doit suivre. Et cette conduite est attachée à la valeur morale. Autrement dit, la norme est élaborée à partir de lavaleur morale posée. Mais il est bon aussi de faire une remarque que la norme et la règle désignent la même chose. Car au sens étymologique, la norme vient du latin « norma »2 qui signifie « règle »3. Alors, comme on vient de dire, c’est à l’aide de la norme de la conscience que le sujet humain juge qu’un acte est moralement bon ou mauvais. Mais que signifie la conscience morale ?
On appelle conscience morale le sujet humain en tant qu’il se rapporte à la valeur morale » 4.
La conscience morale n’est donc rien d’autre que le sujet humain. Mais plus précisément, elle est le sujet humain quise réfère à la valeur morale. En se référant à la valeur morale, la conscience morale a besoin de la norme. Cette norme est ce qu’on appelle la norme de la conscience morale. Celle-ci permet au sujet humain de juger la moralité de ses actes.
Voilà donc quelques explications qui nous aident à entrer dans notre prochaine réflexion. Et comme nous l’avons déjà dit auparavant, notre prochaine réflexion concerne la forte considérationqu’on donne à ces trois aspects majeurs de la liberté. Comme nous avons déjà souligné, c’est que la forte considération qu’on apporte sur un aspect de la liberté a des effets sur la valeur morale et sur la conscience morale. Abordons-la donc maintenant.

L’interprétation archéologique de la conscience morale

Dans la première dimension de la liberté, nous avons remarqué la relativité qu’on a attribuée à la liberté. Nous avons vu que la liberté est limitée par une série de conditionnements.
Si on privilégie cet aspect de la liberté, la normede conscience morale et la valeur morale trouvent leur fondement dans l’un ou l’autre des conditionnements empiriques de la liberté tels que les conditionnements psychologiques, biologiques et sociaux. Autrement dit, l’accentuation qu’on donne à la première dimension de la liberté fonde la valeur morale sur l’archè de la liberté. On voit donc que la valeur morale est fondée sur quelque chose qui est moins que la liberté. C’est pour cette raison que Léonard fait une remarque en disant :
Cette première voie cherchera pour l’essentiel le critère de la valeur morale et la norme de la conscience en deçà de la liberté » 1.
Cette première interprétation est désignée comme endeçà de la liberté parce que comme on vient de le dire, dans cette interprétation, la valeur morale et la norme de la conscience morale se fondent sur des conditionnements empiriques. Or tout cela se trouve en deçà de la clé de la morale qui n’est autre que l’âme de la morale. Voic i ce qu’affirme Léonard en expliquant cela :
Il s’agira de l’interprétation la plus pauvre de la moralité puisqu’on prétend en trouver la clé en deçà de la liberté qui en est l’âme »2.
Le critère de la valeur morale et la norme de la conscience morale ne doivent donc pas être en deçà de l’âme de la morale qui est la liberté. Et c’est pour cette raison que cette interprétation est qualifiée comme étant la plus pauvre.
En portant un jugement à partir de cette interprétation, on constate qu’elle met beaucoup l’accent sur la liberté qui s’enracine dans le non-libre, dans l’archè. En effet, cette interprétation de la conscience morale engendre ce qu’on appelle « l’interprétation archéologique de la conscience morale ». Alors que signifie « archéologique ? ». « Archéologique » est bien sûr, pris ici dans un sens technique (« ce qui a rapport à l’ archè ») et non dans l’acception courante du terme » 1. Cela nous dit donc qu’ici le terme archéologique n’a rien à voir avec le terme archéologique dans le sens courant, qui est l’étude de la civilisation passée .Mais c’est plutôt conçu à partir du terme archè. Il y a quelques doctrines morales qui sont dans ce courant tels que l’hédonisme, l’eudémonisme, l’utilitarisme, le psychologisme, le sociologisme moral. Pour nous aider à bien saisir ce qu’est vraiment l’interprétation archéologique de al conscience morale, nous allons voir un exemple parmi ces exemples que nous venons de citer. Il s’agit de l’hédonisme.
L’hédonisme
Du point de vue étymologique, l’hédonisme est d’origine grecque hedonê, plaisir. Les hédonistes trouvent le principe de l’agir dans la recherche du plaisir. C’est bon de souligner qu’il s’agit ici du plaisir sensible. Pour eux,
est moralement bon ce qui contribue à nous assure r le plaisir le plus grand et le plus durable »2.
Les hédonistes considèrent donc qu’une action est morale quand elle arrive à nous procurer le plus de plaisir possible. Cela nous révèle que dans les doctrines morales hédonistes, le souverain bienn’est autre chose que la jouissance des sens, le plaisir sensible. En effet, dans ce cas-là, l’acte moral doit trouver sa motivation dans la recherche de ce qui procure le plus de plaisir, plus précisément dans la recherche du plaisir qui perdure longtemps. Vis-à-vis de cela, l’acte moral peut se définir donc comme la recherche de la satisfaction des besoins sensibles ou des plaisirs sensibles.
Dans sa doctrine morale, Epicure est classé aussi comme partisan de cette voie, car voici ce qui est dit : « La morale d’Epicure est un  hédonisme ». Mais ce qu’on doit mentionner, c’est que même s’il met l’accent sur le plaisir sensible comme les autres hédonistes, c’est qu’à la fin de son itinéraire,
Epicure aboutit à une éthique austère de tempérance, jugeant que, pour obtenir un plaisir durable et digne de l’homme, le sage doit faire preuve d’une rigoureuse tempérance ».
Certes, même si Epicure prône le plaisir sensible, pour lui, il faut aussi avoir le sens de la mesure. Il faut savoir mesurer ce qui est nécessaire. Il recommande au sage la maîtrise de soi face aux plaisirs sensibles, puisque pour lui, cela est la condition nécessaire pour obtenir le plaisir durable et digne de l’homme. Autrement dit, pour Epicure, la pratique de la tempérance ou la maîtrise de soi face aux besoins sensibles est le meilleur moyen pour atteindre le but de la morale hédoniste, qui est le fait de jouir d’un plaisir durable possible.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA MORALE KANTIENNE PAR RAPPORT AUX AUTRES MORALES ET SA THEORIE DE LA CONNAISSANCE
CHAPITRE I : LA LIBERTE ET L’INTERPRETATION DE LA CONSCIENCE MORALE
I.- Les aspects de la liberté
1.- La liberté et son archè
2.- La liberté et son autonomie
3.- La liberté et son telos
II.- Les trois types de la conscience morale
La valeur
La valeur morale et la norme de la conscience morale
1.- L’interprétation archéologique de la conscience morale
L’hédonisme
2.- L’interprétation tautologique de la conscience morale
A.- La liberté du moi
B.- La liberté universelle de la raison
3.- L’interprétation téléologique de la conscience morale
CHAPITRE II : LE PROCESSUS OU LE PROGRES ET LA CONCEPTION KANTIENNE DE LA CONNAISSANCE
I.- Kant et la philosophie des lumières
II.- La connaissance et ses deux formes
1.- La connaissance a posteriori
A.- La raison et l’entendement
B.- La sensibilité
C.- L’intuition
D.- L’expérience au sens philosophique
2.- La connaissance a priori
A.- La connaissance pure et la connaissance a priori
B.- Les facultés de connaître de la connaissance a priori
a.- La raison pure
b.- La raison pratique
CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE LA LEGITIMITE DU POUVOIR DE NOS FACULTES DE CONNAISSANCE
I.- La sensibilité
1.- La matière
2.- La forme
A.- L’espace
B.- Le temps
II.- Le phénomène et la chose en soi
1.- Le phénomène
2.- La chose en soi
III.- La métaphysique et la possibilité de la morale
1.- La révolution copernicienne chez Kant
2.- La métaphysique
3.- La possibilité de la morale
DEUXIEME PARTIE : LE DEVOIR MORAL
CHAPITRE I : LA MAXIME ET LA LOI MORALE
I.- La maxime
– La maxime et la règle objective
II.- La loi morale
1.- La loi au sens juridique
2.- La loi au sens scientifique
– Les sciences expérimentales
3.- La loi au sens moral
III.- L’auteur de la loi morale
IV.- La loi morale dans son universalité
CHAPITRE II : LE DEVOIR ET SES FORMES
I.- Le devoir chez Emmanuel Kant
II.- L’impératif
1.- Les impératifs hypothétiques
A.- Les impératifs de l’habileté
B.- Les impératifs de la prudence
2.- L’impératif catégorique
A.- La formule-mère
B.- Les formules-dérivées
– La première formule-dérivée
– La seconde formule-dérivée
– La troisième formule-dérivée
CHAPITRE III : L’AUTONOMIE DE LA VOLONTE
I.- L’hétéronomie de la volonté
– L’inclination
– L’inclination et l’hétéronomie de la volonté
II.- L’impératif catégorique et l’autonomie de la volonté
– L’obéissance à l’impératif de la raison et l’autonomie de la volonté
TROISIEME PARTIE : LA CONCEPTION KANTIENNE DE LA MORALITE DE L’ACTION ET SON RAPPORT AVEC LE SOUVERAIN BIEN
CHAPITRE I : LES FACTEURS DE LA MORALITE
I.- L’objet de l’acte
II.- La circonstance objective
III.- L’intention
CHAPITRE II : LA MORALE KANTIENNE ET LA METAPHYSIQUE
I.- La morale du bonheur et la morale du mérite
1.- La morale du bonheur
A.- Le bonheur
B.- La valeur morale
C.- La vertu
a.- La réduction de la valeur morale au bonheur
b.- L’identification de la vertu au bonheur
2.- La morale du mérite
II.- La récompense de l’action morale
1.- Postulats de la raison pratique
2.- Le souverain bien
A.- Définition
B.- L’accomplissement parfait de la moralité
– L’immortalité de l’âme
C.- L’union de la moralité parfaite et la félicité
– L’existence de Dieu
CHAPITRE III : LES ACTIONS VERITABLEMENT MORALES
I.- L’action conforme au devoir
II.- L’action accomplie par devoir
La morale formelle
III.- Remarques
1.- La bonne volonté et la velléité
2.- L’intention et le simple rêve
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
I.- OUVRAGES DE L’AUTEUR
II.- OUVRAGES SUR KANT
III.- AUTRES OUVRAGES
IV.- DICTIONNAIRES
V.- WEBGRAPHIE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *