La LEO dans la presse romande

La LEO dans la presse romande

Introduction

  Il était une fois une votation, une votation sur une loi scolaire dans le canton de Vaud. On l’avait baptisée LEO pour Loi sur l’enseignement obligatoire. Elle faisait figure de contre-projet à une initiative déposée quelque temps plus tôt, en janvier 2008, nommée « Ecole 2010 : sauver l’école ». L’initiative et le contre-projet des autorités cantonales suscitèrent un débat vif dans le pays de Vaud. Et le 4 septembre 2011, le peuple trancha refusant l’initiative par 55,4% des voix et acceptant la LEO avec 52% des suffrages. Fin du conte ? Pas tout à fait. Si la votation contribua à enterrer la hache de guerre scolaire, celle-ci effleure toujours la surface. Cinq ans après la votation et à l’heure où la première volée d’élèves de l’ère LEO entrera au gymnase, dans les écoles professionnelles ou en apprentissage à la rentrée prochaine, le débat refait surface. « Les acteurs de l’école voient des problèmes », « les élèves de la voie la moins exigeante manquent de coaching » relève 24 Heures1 qui estime arrivée l’heure « d’un bilan sans fard ». La LEO, une fois de plus, est au cœur des débats. Mais pourquoi cet acharnement ? Le conte ne se termine-t-il pas par un dénouement heureux ? « Le peuple trancha et la guerre scolaire fut enterrée », disait l’histoire. Mais qu’est-ce qu’un conte dans le fond ? Un conte est une forme imagée de discours sur le monde. Le loup du Petit chaperon rouge figure ainsi les dangers que la vie réserve à la jeune-fille et particulièrement la tentation sexuelle qu’elle représente ; Cendrillon révèle les aléas de la vie familiale et les jalousies fraternelles ; l’histoire des Trois petits cochons est, selon les psychanalystes, un moyen de faire passer l’enfant du principe de plaisir au principe de réalité2. Si la LEO n’est certes pas un conte de fées, le débat autour de sa mise en place met en évidence au moins deux visions, deux perceptions différentes de ce qu’est l’école. En ce sens, il est aussi discours sur le monde. Qu’est-ce que l’école et quel est son rôle ? Pourquoi les Vaudois n’arrivent-ils pas à se mettre d’accord sur une vision commune de l’école ? L’institution scolaire est le théâtre privilégié de représentations de toutes sortes. D’abord, parce qu’elle est un objet social commun. Chaque société humaine possède son système de formation construit au fil de l’histoire et de l’évolution de cette société. Ensuite, parce que chacun a expérimenté l’institution scolaire. L’école « est une expérience partagée », comme le souligne Dominique Gros3. Chacun a donc un avis basé, en partie, sur sa propre expérience de la scolarité. « Que ce soit comme élève ou comme ancien élève, comme parent ou comme futur parent, comme enseignant ou comme formateur, comme employeur ou comme décideur politique, soit encore tout simplement comme contribuable, chaque personne a des images de l’école et des représentations normatives, plus ou moins explicites ou conscientes, de ce que l’enseignement obligatoire, les programmes scolaires, les aptitudes des enseignants ou encore une «bonne» éducation devraient être ».

La LEO dans la presse romande

  Pour des raisons évidentes de faisabilité dans le cadre d’un mémoire professionnel, nous nous sommes limités dans notre analyse de la presse romande à quatre titres (24 Heures, Le Temps, Le Matin, L’Hebdo) et aux neuf mois précédant la votation du 4 septembre 2011. Entre le 1er janvier et le jour de la votation, le débat sur l’adoption de la LEO dans le canton de Vaud a ainsi généré 53 publications dans le quotidien 24Heures, 19 dans Le Temps, 6 dans Le Matin et 2 dans le magazine L’Hebdo. Ce simple décompte nous permet d’attester une évidence : la LEO représente d’abord et avant tout un enjeu cantonal. C’est le quotidien régional de référence des Vaudois, 24 Heures qui, de loin, ouvre le plus largement ses colonnes à ce sujet. Il faut dire que la formation obligatoire en Suisse est de la responsabilité des cantons. Dans le système fédéraliste qui caractérise notre pays, il y a, de fait, vingt-six systèmes scolaires différents. Il apparaît donc assez naturel que l’intérêt pour une votation qui veut changer une loi scolaire se cantonne peu ou prou à la région où la loi sera appliquée. Comment dès lors comprendre l’intérêt du journal Le Temps, quotidien à l’époque encore «édité à Genève» cette mention figurait d’ailleurs sur sa Une centré essentiellement sur l’actualité du canton-ville ? Avant tout par une minorité importante de lecteurs vaudois. Le Temps compte en effet un tiers de lecteurs de ce canton (33,7%)6. Ce lien entre intérêt journalistique et lectorat se confirme si l’on intègre dans l’analyse le quotidien régional valaisan Le Nouvelliste. Celuici ne consacre qu’un seul article, et encore il s’agit d’une chronique d’un fonctionnaire… vaudois ! à la LEO. Son intérêt est ailleurs puisque seuls 2,4 % de ses lecteurs se trouvent en terre vaudoise. Plus surprenant peut-être est le cas du quotidien Le Matin qui lui aussi compte de nombreux lecteurs vaudois (en moyenne 33% entre Le Matin et Le Matin Dimanche) maisqui ne consacre que six articles à ce sujet. Le manque d’intérêt de ce média tient certainement à son positionnement rédactionnel. En effet, quotidien populaire, Le Matin se concentre davantage sur des sujets plus émotionnels, liés par exemple aux faits divers ou au sport. N’étant pas affilié à un canton en particulier mais journal des Romands, le quotidien orange a certainement jugé que la votation vaudoise autour de l’école n’était pas suffisamment polémique ou suffisamment émotionnelle pour susciter l’intérêt de ses lecteurs.

Deux perceptions de l’école

  L’ensemble de la production journalistique dans les quatre titres retenus renvoie dos à dos deux visions différentes de l’école : celle des défenseurs de l’initiative « Ecole 2010 : sauver l’école » et celle des partisans de la nouvelle LEO. Cela peut paraître une lapalissade mais la remarque a le mérite de montrer qu’aucun des articles consultés ne cherche, par exemple, à rassembler partisans et opposants de la LEO. Tous mettent en évidence ce qui sépare la vision des uns de celle des autres. En se focalisant sur ce qui divise, ce que l’on comprend puisque le lecteurvotant devra au final faire un choix dans l’alternative qui lui est proposée , le traitement journalistique de cette votation tend, d’une part, à affirmer les différences et, d’autre part, en les affirmant, à renforcer la perception de ces différences puisque l’on ne met l’accent que sur celles-ci pour finalement ne voir plus qu’elles. Emblématique de ce traitement est la manière choisie par les différents journaux de titrer ou d’introduire la thématique sur la LEO. «Les Vaudois choisissent entre deux visions de l’école», explique Le Temps du 2 septembre 2011. «Filières scolaires, une guerre de religion», titre le même quotidien le 29 août. « L’école à l’ancienne ou celle du futur ?», s’interroge Le Matin du 23 août. «Les Vaudois sont appelés à voter entre deux visions antagonistes de l’école obligatoire», estime quant à lui L’Hebdo le 25 août. Le quotidien 24 Heures voit, le 27 août, «Le choc de deux visions de l’école » après avoir analysé «Deux visions pour changer l’école vaudoise» le 23 août.

Des représentations mais quelles représentations ?

Définition
Les représentations sociales sont des outils mentaux pour nous aider à comprendre le monde qui nous entoure et nous permettre d’y évoluer. « Elles nous guident dans la façon de nommer et définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours»25, analyse Denise Jodelet. L’homme est un animal social. Pour être capable de se mouvoir et de communiquer dans ce monde complexe fait d’interactions, il doit pouvoir identifier les objets, les personnes, les relations, les idées. Il doit pouvoir se représenter le monde qui l’entoure. Et ce monde est un monde déjà là mais aussi déjà pensé par d’autres. L’enfant qui grandit va appréhender l’univers qui l’entoure avec les outils que l’on va lui donner : des signes, un langage qu’il va peu à peu décoder et lui aussi appliquer. C’est pourquoi les représentations sont éminemment sociales. « Chaque sujet élabore donc ses représentations sociales en fonction de ses catégories cognitives, de son inscription socioculturelle et aussi de son histoire événementielle personnelle, remarque Pierre Mannoni. L’ensemble de cette expérience constitue pour lui une connaissance idiosyncrasique du monde qui donne ou refuse une signification à la situation rencontrée » En ce sens, chacun possède aujourd’hui une représentation très complexe de l’école, une représentation à la fois personnelle et évidemment socialement partagée puisque tout en chacun a expérimenté l’institution scolaire. La représentation de l’école est de ce fait assez différente de celle du pouvoir politique par exemple. Chacun en a également une représentation qui est, d’une part, très différente si vous vivez en Suisse ou en Corée du Nord et, d’autre part, distincte de la représentation que l’on peut avoir de l’école car il n’y a pas ou peu d’expérience concrète du pouvoir politique. A moins d’être soi-même un élu, chacun aura certes l’expérience du pouvoir politique par l’expression de ses droits citoyens mais aucune expérience de la pratique du pouvoir politique. La force des représentations de l’école, qui s’exprime à travers la masse des courriers de lecteurs reçus par le quotidien 24 heures, tient au fait que chacun se sent habilité à avoir un avis éclairé sur la question pour avoir fréquenté au moins dix ans l’institution scolaire. Les représentations sociales sont ainsi pour Pierre Moscovici « des univers consensuels, socialement créés et communiqués, qui aident les membres de la société à construire la réalité sociale »27. Alors quelles réalités sociales évoquent les représentations de l’école que l’on peut observer dans notre corpus de sources ? Et d’où émanent ces représentations qui, comme le remarque Pierre Mannoni, constituent des connaissances desquelles chacun va tirer le principe de ses actes?

Une école théâtre d’enjeux importants
En premier lieu, force est de constater que le thème de l’école apparaît comme un enjeu important. En effet, on observe les membres du Conseil d’Etat in corpore militer en distribuant des flyers en faveur du contre-projet à la gare de Lausanne, affublés d’un T-shirt blanc affichant le slogan « Oui à la LEO ». Le fait est suffisamment rare pour être relevé et cela montre l’importance du projet et de la thématique aux yeux des autorités. De même, leDépartement de la formation innove en proposant une permanence téléphonique pour informer la population avec la ministre en charge qui répond elle-même aux appels, ainsi que le chef du service, Alain Bouquet. Du côté du gouvernement, on considère donc cette votation comme un enjeu crucial29. Cette attention s’avère somme toute assez naturelle puisque la formation représente le deuxième poste le plus important des dépenses des collectivités publiques en Suisse (35 milliards en 27 Pierre Moscovici, cité dans MOGOS, Andreea Alina, Réalités sociales médiatisées, thèse de doctorat, Paris L’enjeu est aussi personnel pour la cheffe du Département de la formation. Beaucoup d’observateurs lient sa réélection au résultat de cette votation sur la LEO. Ceci explique peut-être aussi en partie  l’engagement prononcé du Département. Anne-Catherine Lyon sera réélue dans la foulée en 2012. Mais cet intérêt marqué tient certainement aussi à la vision que la société se fait du rôle de l’école. Si l’on en croit le Plan d’études romand (PER), l’école a pour mission « l’instruction et la transmission culturelle » et assume « des missions d’éducation et de transmission de valeurs sociales ». Elle doit ainsi inculquer « le respect des règles de la vie en communauté », amener à « la correction des inégalités de chance et de réussite », favoriser « l’intégration, le développement du sens de la responsabilité, le développement d’une personnalité équilibrée » et assurer « le développement de connaissances et de comportements de citoyen et d’acteur social ». C’est dire que l’école doit à la fois instruire et éduquer, mais aussi réduire les inégalités sociales, assurer l’autonomie des élèves et les « intégrer dans la vie sociale, professionnelle et civique ». Le système de formation est ainsi, comme le remarque Dominique Gros, « systématiquement associé à des interrogations et à des enjeux sociaux, économiques, culturels, politiques et pédagogiques considérables ». Dès le moment où l’on prête à l’école de si larges missions on comprend qu’elle soit le théâtre de farouches empoignades puisqu’on n’y voit rien moins que la reproduction de notre société. Elle devient, dès lors, un enjeu idéologique : quelle société voulons-nous produire ou reproduire ? Tout en gardant à l’esprit que le système scolaire lui-même est le produit d’une société et d’une époque.Ce rôle multiple de l’école n’est pas remis en cause par les uns et les autres dans le débat autour de la LEO. Il n’est, de manière un peu surprenante, même pas questionné ! On ne s’oppose pas sur le rôle de l’école mais sur la manière de fonctionner du système scolaire, sur son organisation. C’est au détour des représentations de l’institution scolaire que véhiculent les différents acteurs du débat que l’on peut percevoir des nuances quant au rôle défini à l’école.

Une école unanimement perçue comme inefficace
Dans les représentations de l’école qui émergent autour de la LEO, une composante n’est pratiquement jamais remise en cause: le fait que l’école est vue comme inefficace. Les défenseurs de l’initiative « Ecole 2010 » en font même un argument de campagne. « Les élèves sortant de l’école vaudoise présentent de graves lacunes, notamment en français, en calcul ainsi qu’au niveau comportemental. L’initiative «Ecole 2010» y répond », explique ainsi le comité d’initiative dans une lettre de lecteur publiée par 24 Heures33. Les partisans de la LEO s’obstinent « à perpétuer des méthodes inefficaces »34, écrit un lecteur de Pully dans le même quotidien, alors qu’un abonné de Cossonay déplore « une baisse graduelle du niveau scolaire depuis dix ans »35. Le plus étonnant est de constater que les défenseurs de la LEO ne remettent pas vraiment en question ce jugement et ne cherchent jamais à le contredire. Pourtant, les initiants ne fournissent aucune étude qui atteste de la baisse de niveau. A peine se réfèrent-ils parfois aux tests PISA qui placent les élèves vaudois derrière les Fribourgeois ou les Valaisans mais cela ne dit encore rien d’une supposée baisse de niveau. Celle-ci apparaît comme un fait établi quand bien même rien dans les éléments proposés aux lecteurs ne l’atteste scientifiquement. C’est comme si tout le monde avait intégré et accepté comme une vérité le fait que le niveau des élèves était plus bas qu’auparavant.
La « crise » d’une institution scolaire jugée peu opérante est d’ailleurs une sorte de leitmotiv dans la représentation de l’école depuis vingt ans. L’initiative « Ecole 2010 » se place en droite ligne de cette tendance puisqu’elle prétend vouloir « sauver l’école ». Ainsi l’on peut appliquer sans autre au cas vaudois la remarque de l’historien Christian Alain Muller à propos du système d’enseignement genevois. «
Dire que l’école est “en crise” est une banalité prononcée et nrépétée quotidiennement depuis quinze ans dans les discours publiques, politiques et professionnels de tous les pays [occidentaux], y compris la Suisse. Précisons que ce que nous qualifions de “crise” part du constat que tous peuvent faire à la seule lumière de la presse quotidienne à savoir que le système éducatif genevois, à l’instar de nombreux autres, est en quasi permanence questionné à la fois sur son fonctionnement et sur son efficience parce qu’il est perçu comme jamais véritablement en adéquation avec l’état social présent». Quant à la réalité de cette crise, le chercheur genevois rappelle que l’école n’a jamais occupé une place aussi importante dans la société que celle qu’elle tient aujourd’hui. « Sous le rapport de l’éducation scolaire, les deux derniers siècles peuvent être lus comme la constitution et le développement de ces systèmes éducatifs, constituant en soi un phénomène rapide et sans précédent historiquement.»

Qui se représente quoi ?
Quels sont les acteurs en présence et qui dit quoi sur l’école ? On l’a vu, le quotidien Le Temps essaie de s’extirper du débat à travers le discours de spécialistes. On l’a également souligné, 24 Heures a fait le choix inverse, soit s’immerger complètement dans le débat au point d’en devenir la tribune. Mais qui s’exprime dans ce quotidien au nom des deux visions qu’on oppose ?Le contre-projet LEO est porté par les autorités politiques. C’est un projet du gouvernement, élaboré par le Département de la formation et amendé par le parlement vaudois. L’ensemble des partis politiques s’y est rallié à l’exception de l’UDC. C’est donc essentiellement la voix du Conseil d’Etat qui s’exprime dans 24 Heures pour soutenir le contre-projet LEO. Le quotidien donne largement la parole à la cheffe du Département de la formation Anne-Catherine Lyon, dans trois longs articles. Quatre autres papiers offrent un écho aux propos de membres du parlement et notamment au président de la commission parlementaire ad hoc, le radical MarcOlivier Buffat mais aussi à certains de ses membres le vert-libéral Jacques André Haury ou le socialiste Grégoire Junod. Le Conseiller d’Etat Pierre Yves Maillard (PS) intervient également dans un article alors que le président du Conseil d’Etat Pascal Broulis (PLR) se fend d’un texte dans la rubrique « Opinions ». Trois membres du gouvernement s’expriment donc directement dans les colonnes du journal pour défendre le contre-projet LEO. Et dans les autres voix qui s’expriment favorablement dans la rubrique « Opinions », on retrouve, une conseillère nationale, Josiane Aubert (PS), une députée, Christine Chevalley (PLR) et une municipale de Rolle, Joséphine Byrne Garelli (PLR). Ce sont donc très largement des personnalités politiques qui portent le discours.

Des représentations historiques
De fait, ces deux représentations de l’école ne tombent pas de nulle part mais trouvent leur origine dans l’histoire du système scolaire. A partir du XIXe siècle, le lien entre scolarisation et débouché professionnel s’impose peu à peu comme une représentation majeure. « Les crises économiques, en particulier la Grande Dépression (1873-1895) et la contribution croissante des savoirs et des techniques à l’expansion capitaliste et industrielle […] sont les deux principaux traits historiques qui favorisent le recours à l’éducation scolaire pour former les individus au travail. »47 Jusque-là, ce lien n’allait de loin pas de soi. Mais dès la fin du XIXe « la reconnaissance socioéconomique des diplômes n’a fait que croître en Occident ». L’école laïque et obligatoire devient le moyen de s’intégrer dans la vie professionnelle mais aussi une manière de potentiellement s’élever dans la hiérarchie sociale. La massification des études qui s’ensuit commence en 1930 selon l’historien Christian Alain Muller et explose vingt  ans plus tard. « Dans les années 1950, l’inouïe prospérité économique et l’expansion du secteur tertiaire conjuguées aux exigences montantes d’une « démocratisation » des études amènent à la massification complète de l’enseignement secondaire inférieur. » Nécessité fait loi en somme puisque le boom économique des Trente Glorieuses exige une armée de travailleurs de plus en plus qualifiés d’un côté et que, de l’autre, les mouvements socialistes souhaitent voir les classes populaires intégrer davantage les filières d’études longues dans le but de favoriser une certaine promotion sociale. Cette représentation de l’école comme productrice d’intégration professionnelle et sociale a donc une très longue histoire même si le mythe d’une école facteur d’égalisation sociale a très rapidement été battu en brèche par Pierre Bourdieu .Parallèlement, avec les révolutions culturelles de 1968 et le développement de nos sociétés modernes, une autre vision du rôle de l’école se développe. « Dans cette société, l’instruction et l’autonomie des personnes sont valorisées, analyse Dominique Gros. Il est attendu de l’école qu’elle favorise l’épanouissement de l’élève, son objectif devient l’individualisation. Les discours et les pratiques pédagogiques cherchent à rendre l’élève plus actif. »

Du compromis à l’opposition
Attachons nous un instant à la manière dont le discours évolue autour de la LEO dans les colonnes de 24 Heures. Si l’on relit les premiers articles consacrés au projet, on constate que le quotidien vaudois met surtout l’accent, au départ, sur le compromis qu’il représente. « On a un projet équilibré avec des concessions réciproques », remarque ainsi le président de la commission d’examen dudit projet, Marc-Olivier Buffat, le 2 février 2011. « Anne-Catherine Lyon décroche un début de consensus sur la loi scolaire », titre le journal le 23 février, « Evolution mais pas révolution », précise-t-on un mois plus tard. « Le parlement se rallie à une école « au meilleur point d’équilibre » », titre encore 24 Heures le 11 mai. On est loin de l’opposition entre deux visions contradictoires de l’école mais plutôt dans la célébration du point de rencontre de ces deux visions. Même la députée UDC Fabienne Despot, favorable à l’initiative, reconnait des qualités au contre-projet : « Tout n’est pas mauvais dans la loi révisée », admet-elle. Même son de cloche lorsque le parlement adopte le projet de loi et rejette l’initiative « Ecole 2010 ». La même élue, dans son discours, « commence par concéder que le compromis sur la LEO s’est un peu rapproché de l’initiative, notamment en réintroduisant les notes dès la 3e», rapporte le journal vaudois le 8 juin. En fait, ce n’est qu’à partir du 1er juillet 2011, lancement véritable de la campagne autour de la votation, que les fronts se séparent. Désormais, on ne met plus en évidence les points de convergence mais uniquement les points de divergence. Alors que le contre-projet est, dans les faits, un compromis qui s’est rapproché de la vision défendue par l’initiative, peu à peu, au fil des articles et à travers cette position de tribune dans laquelle s’est placé le quotidien vaudois, émerge une image différente. Les nuances disparaissent à mesure que l’on se rapproche de la date de la votation et la réalité présentée s’apparente à deux projets totalement contradictoires qui semblent sous-tendre deux visions complètement opposées de la société. On voit donc que le choix du traitement de l’information par le quotidien a un effet direct sur les représentations de l’école que le journal véhicule.

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Table des matières

1. Introduction
2. La LEO dans la presse romande
3. Deux perceptions de l’école

3.1 L’Hebdo : séparer vs intégrer
3.2 Le Matin : école à l’ancienne vs école du futur
3.3 24 Heures : une bataille idéologique massive
3.4 Le Temps : au-delà des idéologies
4. Des représentations mais quelles représentations ?
4.1 Définition
4.2 Une école théâtre d’enjeux importants
4.3 Une école unanimement perçue comme inefficace
4.4 Qui se représente quoi ?
4.5 Des représentations historiques
4.6 Du compromis à l’opposition
5. Conclusion
6. Bibliographie
7. Résumé

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