Au Sรฉnรฉgal, le sous-secteur de lโรฉlevage occupe une place importante dans lโรฉconomie nationale avec 35 % de la valeur ajoutรฉe du secteur agricole et 7,5 % dans la formation du PIB national. Lโรฉlevage composรฉ dโune grande variรฉtรฉ dโespรจces animales connaรฎt un taux de croissance dโenviron 6 % par an. Au sein de lโรฉlevage, lโaviculture (surtout moderne) constitue une activitรฉ porteuse de croissance. Sa contribution socio-รฉconomique en milieu rural, nโest plus ร dรฉmontrer. De plus, elle joue un rรดle extrรชmement important, par son apport en protรฉine (viande, ลuf) dans la lutte contre les malnutritions . Le systรจme dโรฉlevage avicole dit moderne, emploie de faรงon directe plus de dix mille personnes, et procure ร lโรฉconomie nationale un chiffre dโaffaire annuel de prรจs de quarante milliards de francs. Le secteur avicole rural, avec un effectif estimรฉ ร prรจs de 1,5 milliard de sujets constitue sans doute lโactivitรฉ agricole la mieux rรฉpartie dans le pays . De ce fait, pour nourrir correctement la population qui croit rapidement et faire contribuer largement lโaviculture รก la production de richesse, il faut enrayer toutes les contraintes ร son dรฉveloppement. Au nombre des contraintes, il convient de citer les problรจmes liรฉs รก lโalimentation et les maladies. En effet, les maladies aviaires sont une contrainte majeure, surtout dans des zones รฉcologiquement chaudes et humides. En particulier la grippe aviaire, qui constitue une prรฉoccupation mondiale de nos jours, est un frein et une menace majeurs pour le dรฉveloppement dโune filiรจre aussi dynamique et prometteuse. Les consรฉquences socio-รฉconomiques dโune panzootie et dโune pandรฉmie grippales seraient considรฉrables. Cโest pourquoi, tous les acteurs de la filiรจre avicole se sont mobilisรฉs pour protรฉger le Sรฉnรฉgal de ce flรฉau ou ร dรฉfaut, maรฎtriser son impact et rรฉduire ses consรฉquences. A cet effet, les efforts sont concentrรฉs sur les programmes de contrรดle et de prรฉvention des foyers de la maladie. En pratique, il sโagit dโabord dโidentifier et de caractรฉriser les principaux types biologiques de ce pathogรจne, car du degrรฉ de prรฉcision du diagnostic et de la caractรฉrisation prรฉcoce du pathogรจne responsable, dรฉpendra lโefficacitรฉ des moyens de luttes engagรฉs.
LA GRIPPE AVIAIRE : ETAT DES CONNAISSANCES
DEFINITION
Lโinfluenza aviaire (IA) communรฉment appelรฉ grippe aviaire, est une affection virale cosmopolite ร tropisme respiratoire, entรฉrique ou nerveux; atteignant les oiseaux domestiques et sauvages. Elle est due ร des virus grippaux de type A hautement pathogรจne. Elle sรฉvit sous diffรฉrentes formes, avec des symptรดmes trรจs variรฉs. La forme la plus grave se manifeste par une maladie aiguรซ et gรฉnรฉralisรฉe, causant une trรจs forte mortalitรฉ chez les oiseaux. Cette mortalitรฉ peut aller jusquโร 100%. Cette forme grave est appelรฉe ยซ peste aviaire ยป en raison dโune mortalitรฉ รฉlevรฉe rappelant les pestes humaines . Cโest une zoonose virale et une zoo-anthroponose, car elle affecte aussi bien les animaux que les hommes et est transmissible de lโanimal ร lโhomme. On parle dโรฉpizootie (รฉpidรฉmie chez lโhomme) de grippe aviaire, lorsque la maladie touche brutalement un grand nombre dโanimaux ร la fois dans une rรฉgion donnรฉe. On parle de panzootie (pandรฉmie chez lโhomme), lorsque la maladie se propage un peu partout dans le monde.
HISTORIQUE
Swayne et Halvorson รฉcrivent dans la 11e รฉdition de โDiseases of Poultryโ, que la peste aviaire a รฉtรฉ observรฉe et dรฉcrite pour la premiรจre fois, comme une maladie grave de la volaille par Perroncito en Italie, en 1878. Lโorigine virale de la peste aviaire a รฉtรฉ dรฉcouverte en 1901 par Centanni et Savunozzi, mais ce nโest quโen 1955 que les agents ont รฉtรฉ caractรฉrisรฉs et identifiรฉs comme รฉtant des virus influenza de type A. La distribution des virus de lโIA est clairement liรฉe ร ce lle des oiseaux domestiques et sauvages, ร lโemplacement des installations dโรฉlevage, aux parcours migratoires des oiseaux, et aux saisons. Partout dans le monde, il nโest pas rare quโon trouve des virus de lโinfluenza aviaire chez des oiseaux aquatiques migrateurs, des oiseaux de rivage et des oiseaux marins apparemment en bonne santรฉ . Lโincidence รฉpidรฉmiologique de ce phรฉnomรจne, en rapport avec les flambรฉes survenant chez la volaille domestique, semblerait indiquer que les oiseaux aquatiques et certains autres oiseaux migrateurs sont un rรฉservoir dโIA et contribue ainsi ร la dissรฉmination de la maladie .
Ce qui signifie que le Sรฉnรฉgal nโest pas ร lโabri dโune contamination, car le pays abrite dโimportants parcs et rรฉserves oรน les oiseaux migrateurs provenant de zones ร risques sรฉjournent saisonniรจrement. Ces parcs qui peuvent รชtre des portes dโentrรฉe de la maladie au Sรฉnรฉgal sont : le parc de Djoudj et le parc de la langue de Barbarie (dans la rรฉgion de St-Louis), la rรฉserve de Guembel, la dรฉpression du Ngaรฉl, la rรฉserve dโavifaune de Maka Diama (dans la rรฉgion de Saint Louis รฉgalement), le Ferlo, la rรฉserve de biosphรจre du delta du fleuve Saloum (dans la rรฉgion de Fatick), la lagune de Somone (dans le dรฉpartement de Mbour), le parc zoologique de Hann et le parc des รฎles de la Madeleine (ร Dakar) et le parc de la Basse Casamance, la rรฉserve de Kalisaye (ร Ziguinchor).
Rappelons que le Comitรฉ National de Prรฉvention et de Lutte contre la Grippe Aviaire (CONAGA), entre autres mesures, a en charge la surveillance รฉpidรฉmiologique permanente de ces zones.
Une infection directe de lโhomme par le virus de la grippe aviaire de type A (H5N1), a รฉtรฉ constatรฉe pour la premiรจre fois au cours de la flambรฉe qui a sรฉvi en 1997 ร Hong Kong en Chine. Depuis 2003, la propagation de la grippe aviaire sโest faite de maniรจre inexorable, avec des consรฉquences humaines et รฉconomiques souvent catastrophiques : plus de 19 pays touchรฉs et plus de 150 millions de poulets et de canards tuรฉs ou abattus.
ETIOLOGIE
CLASSIFICATION DE LโAGENT CAUSAL DE LA GRIPPE AVIAIRE
Lโagent causal appartient au rรจgne des virus. Ce sont des virus ร ARN simple brin et ร polaritรฉ nรฉgative. Il fait parti des virus,
– de la famille des Orthomyxoviridae,
– au genre Influenzavirus de type A. Ce taxon est subdivisรฉ en sous-types de H1 ร H16, dont les plus pathogรจnes sont H5, H7 et H9. Rappelons dans la famille des Orthomyxoviridae, on trouve les genres Influenzavirus de types B et C.
STRUCTURE ET ORGANISATION DES INFLUENZAVIRUS DE TYPE A
Les virus influenza A ont une forme sphรฉrique ou filamenteuse, leur diamรจtre variant de 80 ร 120 n m. Les particules virales sont constituรฉes dโune matrice protรฉique, qui entoure huit nuclรฉocapsides de symรฉtrie hรฉlicoรฏdale, constituรฉes de lโassociation dans la particule virale des huit segments gรฉnomiques, chacun entourรฉ par la nuclรฉoprotรฉine virale notรฉe NP (Figure 3). On distingue, au sein de la particule virale des protรฉines M1 et M2. Les M1 sont des protรฉines de matrice : on parle รฉgalement de gรจne M1 par extension au gรจne codant ces protรฉines. Les M2 sont des protรฉines constituant les canaux ioniques : on parle comme prรฉcรฉdemment de gรจnes M2 par extension aux gรจnes de ces protรฉines. Lโextรฉrieur de la matrice protรฉique est enveloppรฉ par une membrane lipidique, dont la surface externe est couverte de deux types dโantigรจnes constituรฉes, lโun dโune glycoprotรฉine virale dotรฉe dโune activitรฉ hรฉmagglutinante et dโune activitรฉ de fusion (ou hรฉmagglutinine, notรฉe HA ou H), lโautre dโune glycoprotรฉine virale dotรฉe dโune activitรฉ neuraminidase (ou neuraminidase, notรฉe NA ou N) . Lโhรฉmagglutinine (HA) est une glycoprotรฉine antigรฉnique prรฉsente ร la surface du virus de la grippe, et est responsable de la fixation de la particule virale ร u n rรฉcepteur situรฉ sur la cellule cible. Le nom hรฉmagglutinine provient donc de la facultรฉ de la protรฉine ร agglomรฉrer les รฉrythrocytes. La neuraminidase est une classe d’enzymes de type glycoprotรฉine. Cโest un antigรจne trouvรฉ sur la surface des virus de l’influenza A. Elle fait partie de la famille des glycosilases et de la sous-famille des glycosidases qui comprend aussi les amylases (enzymes humaines digestives dรฉcomposant les longues chaines glycosรฉes comme l’amidon). Ce sont ces antigรจnes qui sont utilisรฉs pour la classification des diffรฉrents sous-types. Seize sous-types de HA (H1 ร H16) et neuf sous-types de NA (N1 ร N9) ont รฉtรฉ identifiรฉs. Ces antigรจnes peuvent avoir toutes les combinaisons possibles. Ainsi, 16 hรฉmagglutinines multipliรฉs par 9 neuraminidases donnent 144 combinaisons possibles . Ce qui tรฉmoigne de lโextrรชme variabilitรฉ antigรฉnique, qui caractรฉrise les Influenzavirus de type A. Pour exemple, lโappellation H5N1 fait rรฉfรฉrence ร deux sous-types dโantigรจnes prรฉsents ร la surface du virus, lโhรฉmagglutinine (HA) de type 5 et la neuraminidase (NA) de type 1.
VIRULENCE DE LโAGENT ETIOLOGIQUE
La virulence est lโaptitude dโun agent infectieux ร se multiplier dans un organisme vivant et ร y entraรฎner des manifestations morbides. Elle traduit le pouvoir invasif de lโagent pathogรจne. Il existe une grande variabilitรฉ dans la virulence des virus Influenza de type A. Leur degrรฉ de pathogรฉnicitรฉ dรฉpend de la souche virale et de lโespรจce aviaire en jeu. La virulence des Influenzavirus A, est dรฉterminรฉe ร lโaide du test de lโindice de pathogรฉnicitรฉ intraveineuse (IPIV). Lโindice de pathogรฉnicitรฉ est obtenu par inoculation par la voie intraveineuse, ร des poussins รขgรฉs de 4 ร 8 semaines, dโune solution physiologique stรฉrile de liquide allantoรฏdien frais, infectรฉ par le virus ร รฉtudier. Selon le degrรฉ de la rapiditรฉ de lโรฉvolution vers la mort de ces poussins, un index de pathogรฉnicitรฉ est calculรฉ. Le virus est hautement pathogรจne (IAHP) si cet index est supรฉrieur ou รฉgal ร 1,2. Sโil est infรฉrieur ร cette valeur, le virus est dit faiblement pathogรจne (IAFP). Toutes les flambรฉes dโinfluenza aviaire signalรฉes depuis 1955 รฉtaient causรฉes par des virus de sous-type H5 ou H7 . Cependant toutes les souches des sous-types H5 et H7 ne sont pas hautement pathogรจnes, mais la plupart peuvent potentiellement le devenir : du fait que les virus grippaux sont .gรฉnomiquement trรจs instables.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRPHIQUE
I – LA GRIPPE AVIAIRE : ETAT DES CONNAISSANCES
1.1. DEFINITION
1.2. HISTORIQUE
1.3. ETIOLOGIE
1.3.1. CLASSIFICATION DE LโAGENT CAUSAL DE LA GRIPPE AVIAIRE
1.3.2. STRUCTURE ET ORGANISATION DES INFLUENZAVIRUS DE TYPE A
1.3.3. VIRULENCE DE LโAGENT ETIOLOGIQUE
1.3.4. RESISTANCE DU VIRUS AUX AGENTS PHYSIQUES ET CHIMIQUES
1.4. EPIDEMIOLOGIE
1.4.1. LES HOTES
1.4.2. LA TRANSMISSION
1.4.3. SOURCE DU VIRUS
1.5. PREVENTION – TRAITEMENT
1.5.1. PROPHYLAXIE SANITAIRE
1.5.2. PROPHYLAXIE MEDICALE
1.5.3. TRAITEMENT
1.6. DIAGNOSTIC DE LA MALADIE
1.6.1. SIGNES CLINIQUES DE LA MALADIE
1.6.2. LES LESIONS
II – DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE DE LA MALADIE
2.1. AUTOPSIE
2.1.1. TECHNIQUE DโAUTOPSIE
2.1.2. MODE OPERATOIRE
2.2. PRELEVEMENT
2.2.1. DISPOSITION GENERAL
2.2.2. TECHNIQUES DE PRELEVEMENT
2.2.2.1. CHEZ LES OISEAUX
2.2.2.2. CHEZ LโHOMME
2.3. TRANSPORT ET CONSERVATION DES ECHANTILLONS
2.4. LES METHODES Dโ ANALYSE AU LABORATOIRE
2.4.1. LA SEROLOGIE
2.4.1.1. LE TEST AGID
2.4.1.2. ELISA
2.4.2. LA VIROLOGIE
2.4.3. LA TECHNIQUE PCR
2.4.3.1. LA METHODE PCR STANDARD
2.4.3.1.1. PRINCIPE
2.4.3.1.2. LES DIFFERENTES ETAPES DE LA PCR
2.4.3.2. LA RT-PCR : UNE VARIANTE DE LA PCR STANDARD
DEUXIEME PARTIE : APPLICATION DE LA RT-PCR AU DIAGNOSTIC DE LA GRIPPE AVIAIRE A PARTIR Dโ ECHANTILLONS ANIMAUX SUSPECTS
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODES
1.1. EXTRACTION
1.1.1. MATERIELS
1.1.2. METHODE
1.2. REALISATION DE LA RT-PCR
1.2.1. SYNTHESE DE LโADNc
1.2.1.1. MATERIELS
1.2.1.2. METHODE
1.2.2. AMPLIFICATION DES cDNA
1.2.2.1. MATERIELS
1.2.2.2. MODE OPERATOIRE
1.2.3. IDENTIFICATION DES AMPLICONS PAR ELECTROPHORESE EN GEL DโAGAROSE
II RESULTATS
III. DISCUSSIONS
3.1. EXTRACTION
3.2. RT-PCR
CONCLUSION- PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE