La gestion et la résolution des conflits entre pairs à l’école primaire

« Dans tout conflit, aucune solution n’est possible si chacun des adversaires est incapable de prendre sérieusement en considération le point de vue de l’autre. » (Bruno Bettelheim)

Dans la pratique de notre métier d’enseignant du premier degré, mis à part le défi que représente en soi cette profession, l’un des aspects qui génère le plus de préoccupations et de stress se trouve être le maintien d’un cadre favorable au sein du groupe classe. De ce cadre dépendent, à la manière d’un cercle vertueux, les apprentissages, les progrès et les réussites de nos élèves. Notre entrée dans le métier s’est certes faite avec appréhension, mais aussi et surtout beaucoup de bonne volonté : la volonté de bien faire, d’être des enseignants bienveillants. Très vite, nous nous sommes donc heurtés à certaines situations conflictuelles, dans lesquelles les connaissances et la bonne volonté ne suffisent définitivement pas. Ces situations se manifestant quotidiennement et tout au long de la journée, elles affectent grandement le climat de la classe mais aussi notre moral d’enseignant débutant. Malgré l’écart d’âge de nos classes respectives et les milieux différents desquels proviennent nos élèves, ce constat a été flagrant : les enfants ont des difficultés à gérer leurs conflits par le dialogue sans user de violence ou sans l’aide d’un adulte.

Cadre de l’étude

Cadre professionnel

Cette étude porte sur des élèves de niveaux de classe et de provenance socio-économique différents.

– Eve est affectée à l’Ecole Elémentaire de l’Estaque Plage dans le 16ème arrondissement de Marseille, classée REP, qui comprend 14 classes, dont 1 ULIS soit 284 élèves. L’école ayant un nombre d’élèves important, il y a deux services de récréation répartis sur deux cours de récréation, afin de limiter les possibilités de conflits. Elle enseigne dans une classe de CE1 composée de 21 élèves (10 garçons et 11 filles), et deux élèves d’ULIS en inclusion pour certaines séances. Le niveau est très hétérogène, six élèves présentent d’importantes difficultés et sont pris en charge par le RASED, parmi lesquels une non-lectrice.

Plusieurs élèves ont des comportements violents : incivilités, insultes, bousculades, bagarres, provocations. Plus particulièrement 6 garçons et une fille, qui ont du mal à respecter les règles de la classe, à se mettre au travail et alimentent un climat d’affrontement permanent. Ces conflits (verbaux et physiques) entre les élèves peuvent commencer dans la cour, souvent lors de la mise en rang et du temps cantine, et se prolonger dans la classe mais ils peuvent également commencer dans la classe lors des apprentissages. A cause d’une fréquence élevée des conflits en classe, la gestion de l’hétérogénéité des élèves est problématique car l’enseignante doit veiller en permanence aux comportements des élèves, régler les conflits, remettre les élèves au travail. Les séances d’apprentissage sont donc trop souvent interrompues.

– Maxime est affecté au sein du groupe scolaire Marcel Pagnol à Marignane qui comprend 5 classes de maternelle et 9 classes d’élémentaire. Il enseigne dans une classe de grande section, comptant 22 élèves issus de milieux mixtes, 7 filles et 15 garçons. Deux élèves ont un PAI, un cas d’allergie lourde et un cas d’asthme léger. Une élève en particulier est en attente d’une décision quant à la prise en charge par une AVS, en raison d’un retard comportemental et de langage. L’arrivée d’un enfant « agité » à la rentrée des vacances d’automne a relativement détérioré le climat de classe. En effet les enfants l’ont rapidement stigmatisé comme « perturbateur » et viennent souvent se plaindre de lui. De plus, certains élèves profitent de leur avance dans la maîtrise du langage pour intimider les autres dans la cour, voir même mentir pour s’arroger les faveurs du maître en se posant en victimes. Plus généralement, les types de conflits sont semblables à ceux observés dans la classe d’Eve (bousculades, insultes, provocations et coups), mais avec une fréquence et un degré de violence moindre. La classe bénéficie de la présence d’une ATSEM le matin de 10h45 à 11h45 et l’après midi de 14h à 15h, soit un total de deux heures par jour au moins (ATSEM partagée avec une des classes de PS-GS).

– Flavia est affectée à l’école maternelle d’Ensuès-la-Redonne, qui compte sept classes multi-niveaux : petite, moyenne et grande section. Cette école située sur
la côte bleue accueille 220 élèves, elle est considérée comme une école à public
favorisé.

Flavia enseigne dans une classe à double niveau, petite et moyenne section accueillant 28 élèves, 15 garçons et 13 filles, dont l’âge varie entre 3 et 5 ans. Certains élèves peinent à communiquer et s’expriment ainsi par la violence physique. Les conflits en classe comme lors de la récréation sont nombreux et s’articulent notamment autour du manque de prise de conscience de l’autre en tant qu’être différencié, et d’un défaut de communication. Les conflits les plus fréquents sont les bousculades, les coups, la violence orale et les jeux violents (bagarre, jeux de la fessée, étranglement etc). La classe bénéficie de la présence d’une ATSEM tout au long de la journée, de 8h20 à 16h30. Globalement, les élèves de nos classes ont un déficit de vocabulaire avec des difficultés d’expression, et peinent à exprimer leurs émotions. Les enfants ont donc tendance à agir plutôt qu’à mettre en mots. Ainsi, les climats d’école et de classe sont plutôt tendus et cela impacte les apprentissages. En effet, même si la majorité des conflits concernent seulement un petit groupe d’élèves dans chaque classe, cela influence cette dernière dans sa totalité. Dès que l’enseignant est sollicité pour gérer un conflit il n’est plus disponible pour mener d’autres apprentissages.

Cadre institutionnel

La place de l’enseignant

Selon le référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation (BO du 25-7-2013), nous nous devons d’« agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques », et donc de «contribuer à assurer le bien-être, la sécurité et la sûreté des élèves, à prévenir et à gérer les violences scolaires, à identifier toute forme d’exclusion ou de discrimination ». L’enseignant se doit donc d’être attentif à ces situations et de les juguler le plus tôt possible tout en gardant une posture objective et juste. Le professeur des écoles a pour mission d’accompagner ses élèves dans le « vivre ensemble ».

Pour le cycle 2

L’apprentissage des messages clairs permet un travail essentiellement sur deux domaines du socle commun de connaissances, de compétences et de culture de 2016 :
– le domaine 1 : « Les langages pour penser et communiquer » : Les élèves doivent être capables de verbaliser des émotions et des sentiments et de respecter des émotions et des sentiments exprimés par leurs pairs.
– le domaine 3 « La formation de la personne et du citoyen » : L’élève apprend à résoudre les conflits sans agressivité, à éviter le recours à la violence grâce à sa maîtrise de moyens d’expression, de communication et d’argumentation.

Le programme d’enseignement moral et civique (BO n° 30 du 26-7-2018) s’articule en 4 domaines pour former les futurs citoyens : la sensibilité, la règle et le droit, le jugement, l’engagement. La culture de la sensibilité permet d’identifier et d’exprimer ce que l’on ressent, comme de comprendre ce que ressentent les autres. Elle permet de se mettre à la place de l’autre. Ainsi, d’après le Bulletin officiel n°30 du 26-7-2018, les attendus de fin de cycle 2 sont :

« Le respect d’autrui (respecter autrui, accepter et respecter les différences, respecter les engagements pris envers soi-même et envers les autres, adopter un comportement responsable par rapport à soi et à autrui, s’estimer et être capable d’écoute et d’empathie, accepter le point de vue des autres). Identifier et partager des émotions, des sentiments (Identifier et exprimer en les régulant ses émotions et ses sentiments, connaître le vocabulaire des sentiments et des émotions abordés en situation d’enseignement).

Le deuxième domaine portant sur la culture du droit et de la règle, unit le respect des règles de la vie commune et la compréhension du sens de ces règles.  La culture du jugement, troisième domaine, est une culture du discernement. Elle s’articule autour de débats et favorise le développement de l’esprit critique et du jugement moral. Enfin, la culture de l’engagement, par la participation à un projet collectif et la prise de responsabilité, favorise l’action collective et l’initiative. Elle développe chez l’élève le sens de la responsabilité par rapport à lui-même et par rapport aux autres et à la nation. »

Les programmes d’enseignement moral et civique enseignent aux enfants comment vivre ensemble, sans violence et développent les compétences de futur citoyen.

Pour le cycle 1

« Au fil du cycle, l’enseignant développe la capacité des enfants à identifier, exprimer verbalement leurs émotions et leurs sentiments. » (extrait du BO 2015)

Les programmes d’enseignement de 2015 pour le cycle 1 définissent l’école maternelle comme « une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble ». Ici, l’enjeu pour l’enfant réside dans la construction progressive d’une posture d’élève. La construction de cette posture, indispensable pour sa scolarité future, est rendue possible lorsque l’enfant apprend à entrer dans un rythme collectif qui l’oblige à renoncer à ses désirs immédiats, où il distingue son comportement à la maison de son comportement à l’école. L’école maternelle est aussi un des lieux où l’enfant « se construit comme une personne singulière au sein d’un groupe », proposant ainsi une première sensibilisation aux expériences de groupe et au développement de valeurs morales telles que le sentiment d’empathie ou la notion de juste et d’injuste. Le domaine 1 « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » précise l’importance de développer au plus vite les compétences langagières afin de se faire comprendre de l’adulte et des autres enfants. Du point de vue des attendus de fin de cycle, les enfants en fin de grande section doivent donc être capable de :

• « Communiquer avec les adultes et avec les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre » (Eduscol). Donc s’exprimer dans un langage syntaxiquement correct et précis.
• « Pratiquer divers usages du langage oral : raconter, décrire, évoquer, expliquer, questionner, proposer des solutions, discuter un point de vue » (Eduscol). Ici, l’apprentissage du message clair permet d’évoquer une action avec ses conséquences tout en exposant son point de vue et son ressenti.

Le cycle 1 est donc une étape charnière du développement personnel et social de l’élève en devenir.

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Table des matières

Introduction
I – Cadre de l’étude
I.1 – Cadre professionnel
I.2 – Cadre institutionnel
I.2.1. La place de l’enseignant
I.2.2. Pour le cycle 2
I.2.3. Pour le cycle 1
I.3 – Cadre théorique et scientifique
I.3.1 Violence, conflit et autres termes : définitions
I.3.1. Climat scolaire et prévention de la violence
I.3.2. La compétence émotionnelle
I.3.4. La communication non-violente (CNV)
I.3.5. Les messages clairs
II – Démarche et hypothèses
II.1 – Proposition du dispositif
II.1.1 Objectifs et progressivités
II.1.2 Présentation des dispositifs selon les niveaux
II.1.3 Objectifs détaillés par domaines
II.2 – Méthodologie
II.2.1 Modalités de mise en œuvre du dispositif
II.2.2 Outils d’observation
III. Analyse des résultats
III. 1. Premier recueil de données
III. 2. Deuxième recueil de données
III. 3. Comparaison entre les deux recueils de données
III. 4. Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Table des annexes

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