La gestion du risque de contrepartie

INTRODUCTION

La thรฉorie bancaire a considรฉrablement รฉvoluรฉ ces derniรจres annรฉes avec la prise en compte de la notion dโ€™asymรฉtrie dโ€™informations. Une grande importance a รฉtรฉ ainsi attribuรฉ ร  la production dโ€™informations contribuant ร  lโ€™รฉvaluation des dรฉbiteurs, ร  leur sรฉlection et ร  leur contrรดle tout au long de la relation dโ€™affaires. Dans le cadre dโ€™une relation de crรฉdit, lโ€™engagement dโ€™une banque repose gรฉnรฉralement sur lโ€™optimisation du couple ยซ rentabilitรฉ et risque ยป auquel elle est prรชte ร  saisir. Dโ€™ailleurs sous le contrainte des coรปts de surveillance et des procรฉdures dโ€™รฉvaluation des emprunteurs et des projets risquรฉs, les banques sont souvent amenรฉes ร  sรฉlectionner les emprunteurs auxquels elles veulent sโ€™allier, dโ€™oรน la notion de rationnement de crรฉdit. Un autre moyen utilisรฉ par certains รฉtablissements financiers pour maitriser les risques et ร  crรฉer un mรฉcanisme dโ€™incitation aux emprunteurs consiste ร  la prise de garanties.

Nรฉanmoins, lโ€™usage de ce moyen comporte des inconvรฉnients selon lesquels il peut jouer un rรดle pernicieux en rendant moins vigilant lโ€™examen de la solvabilitรฉ future de lโ€™emprunteur ou le problรจme de leur valorisation dans le temps. Dans ce mรชme contexte de maitrise des risques de crรฉdit, les accords de Bรขle II stipulent la bonne apprรฉciation du risque et de la qualitรฉ des emprunteurs afin dโ€™assurer la pรฉrennitรฉ des activitรฉs des banques. Cette rรฉforme trouve sa nรฉcessitรฉ dans le contexte de la crise des subprimes, impactant lโ€™รฉconomie mondiale depuis 2007.

Certains รฉconomistes ont annoncรฉs ainsi que parmi les รฉlรฉments conduisant ร  cette crise, on pourrait mettre au premier rang le rรฉsultat des dรฉcisions peu judicieuses en matiรจre de crรฉdit prises par les acteurs financiers. Ces derniers nโ€™ont pas seulement รฉtรฉ aveuglรฉs par la course effrรฉnรฉe aux profits mais ont รฉgalement procรฉdรฉs ร  une mauvaise gouvernance des risques. Ce dรฉrapage financier avait procurรฉ tant de leรงons aux banquiers et financiers que la maitrise du risque de contrepartie nโ€™est pas seulement un besoin mais une nรฉcessitรฉ vitale. Dans le cadre du marchรฉ bancaire malgache, le secteur rรฉcolte des bรฉnรฉfices importants malgrรฉ la prรฉsence des instabilitรฉs conjoncturelles. Nonobstant la complexitรฉ de lโ€™environnement des affaires crรฉรฉe par les crises politiques cycliques, la gestion des incertitudes sur le marchรฉ et lโ€™environnement reste un grand dรฉfi ร  relever pour les banquiers. De leur cรดtรฉ, lโ€™effondrement des revenus sur le marchรฉ monรฉtaire (BTA, TCNโ€ฆ) ou lโ€™amplification du jeu de la concurrence ne font quโ€™accentuer la complexitรฉ de la gestion des ressources bancaires.

La marge de manล“uvre se trouve alors de plus en plus serrรฉ, poussant ainsi les banques ร  chercher les meilleurs solutions dans lโ€™allocation de ses surliquiditรฉs, qui proportionnellement ร  sa volume, gรฉnรจrent des coรปts de gestion. Dans le marchรฉ du crรฉdit malgache, contrairement aux rรฉalitรฉs dans certains pays dรฉveloppรฉs, les revenus gรฉnรฉrรฉs par les opรฉrations de crรฉdit constituent le premier pourvoyeur des produits nets bancaires. Malgrรฉ ce fait, lโ€™octroi de crรฉdit constitue un processus risquรฉ et la rรฉussite commerciale de lโ€™activitรฉ requiert aux dรฉcideurs une capacitรฉ de mesure et de gestion du risque plus appropriรฉe.

Le risque de contrepartie : dรฉfinition et origines

Comme toutes prestations de services, les opรฉrations bancaires ont un coรปt qui est fonction de la rรฉmunรฉration et des charges liรฉes ร  la collecte des ressources, mais รฉgalement de divers risques pris par le banquier. Les banques sont alors confrontรฉes ร  une multitude de risques inhรฉrente ร  leur activitรฉ (le risque de contrepartie, celui de taux, de liquiditรฉ, de marchรฉ ainsi que le risque opรฉrationnel), et peuvent avoir de lourds problรจmes lorsque lโ€™un dโ€™entre eux se matรฉrialise. Considรฉrรฉ souvent comme synonyme du risque de crรฉdit ou de non remboursement, le risque de contrepartie peut apparaitre sous diverses origines et prรฉsente souvent des graves consรฉquences.

i. Dรฉfinition du risque de contrepartie
Le risque de contrepartie est le type de risque ร  la fois le plus courant et celui qui met le plus la banque en danger. Il se dรฉfinit par lโ€™incapacitรฉ ou le non respect par un client dโ€™honorer son engagement financier ร  son banquier. Dโ€™ailleurs, le risque de contrepartie reprรฉsente รฉgalement la perte potentielle rรฉalisรฉe par la banque dans lโ€™hypothรจse dโ€™une dรฉfaillance future de sa contrepartie (lโ€™emprunteur). Ce risque est souvent associรฉ au risque de crรฉdit qui peut รชtre dรฉfini comme la perte totale enregistrรฉe sur une opรฉration suite ร  la dรฉfaillance de la contrepartie. On lโ€™appelle aussi parfois risque de non remboursement car dans la majoritรฉ des cas, il se caractรฉrise par le non remboursement des รฉchรฉances de prรชts contractรฉes par lโ€™emprunteur. Il est courant dโ€™employer le terme de risque de contrepartie pour dรฉsigner exclusivement le risque de crรฉdit.

ii. Les diffรฉrentes origines du risque de contrepartie
Plusieurs raisons possibles peuvent amener le client ร  ne pas respecter ses engagements : une malhonnรชtetรฉ รฉvidente, un รฉvรฉnement indรฉpendant de la volontรฉ du client (les รฉvรฉnements oรน se prรฉsentent des cas de force majeur comme la guerre ou les catastrophes naturellesโ€ฆ) et le plus souvent, la dรฉfaillance รฉconomique ou financiรจre de la contrepartie. En effet, des mesures visant ร  limiter la portรฉe de ce type de risque consiste ร  la bonne apprรฉciation au prรฉalable des risques, ร  la limitation des engagements financiers pour un emprunteur et ร  la recherche dโ€™รฉventuelles garanties correspondant au prรชt octroyรฉ.

iii. La gravitรฉ de ses consรฉquences
La matรฉrialisation du risque de contrepartie peut conduire ร  lโ€™รฉtablissement qui le subirait, ร  de grave consรฉquence. De mรชme, elle pourrait รฉgalement, par le phรฉnomรจne de contagion, crรฉer des dysfonctionnements sur lโ€™ensemble du systรจme bancaire. A titre individuel, la rรฉalisation de ce type de risque bancaire influe directement son compte de rรฉsultat, donc sa performance, par le biais des provisions pour risques. A fortiori, cette situation pourrait conduire ร  un rรฉsultat dรฉficitaire ou des pertes, et va absorber de ce fait le fonds propre de la banque. La conscience de la portรฉe de ce danger conduit les banquiers ร  mettre les dispositifs adรฉquats afin de mieux contrรดler et de limiter son apparition. En outre, lโ€™interdรฉpendance entre les banques aggrave considรฉrablement le risque provenant de lโ€™un dโ€™entre eux. Par lโ€™effet de contagion, les pertes subites suite ร  la dรฉfaillance dโ€™une banque pourront รชtre supportรฉes par le systรจme bancaire tout entier. Ce type de risque est qualifiรฉ de systรฉmique vu quโ€™il pourrait mettre en pรฉril le systรจme bancaire et financier en absence de mesures rigoureuses.

Lโ€™histoire nous a montrรฉ comment se sont transformรฉes les crises bancaires ร  des crises financiรจres majeures pour ne pas citer que ceux des subprimes survenues en 2007. La propagation dโ€™une telle crise, accรฉlรฉrรฉe par lโ€™interdรฉpendance accrue des systรจmes bancaires, a considรฉrablement touchรฉ le systรจme รฉconomique des pays occidentaux. Cโ€™est dans ce contexte que des mesures de contrรดles prudentielles ont รฉtรฉ collectivement adoptรฉes dans le but de limiter la portรฉe de ces risques sur le systรจme bancaire et financier. Pour ne pas citer que celui du Comitรฉ de Bรขle oรน des reformes ont toujours รฉtรฉ apportรฉes (Bรขle I, II, et III), les idรฉes ne manquent pas pour mettre en place un cadre rรฉglementaire prudentiels ainsi que de nouveau systรจme de rรฉgulation financiรจre dโ€™envergure international.

Aperรงu thรฉorique sur le crรฉdit et la gestion du risque de contrepartie

Si le risque de contrepartie se prรฉsente comme un danger sur lโ€™exercice du mรฉtier bancaire, sa bonne gestion saurait alors un impรฉratif au dรฉveloppement des activitรฉs bancaires. Selon les littรฉratures, les thรฉories sur le crรฉdit bancaire se sont dรฉveloppรฉes avec lโ€™รฉvolution de la microรฉconomie et de la thรฉorie dโ€™asymรฉtrie dโ€™information. Le risque de crรฉdit provient dโ€™une asymรฉtrie dโ€™information entre la banque et son client. Ainsi, pour mieux gรฉrer le risque, cette thรฉorie sโ€™est appuyรฉe sur le rรดle de production dโ€™information des banques dans leur activitรฉ dโ€™octroi de crรฉdit. Cette facultรฉ confรจre au banquier lโ€™expertise particuliรจre dans lโ€™รฉvaluation des entreprises, le rendant plus apte ร  sรฉlectionner les emprunteurs sur le marchรฉ et ร  contrรดler les risques inhรฉrents.

i. Lโ€™รฉvaluation du risque de contrepartie et lโ€™asymรฉtrie dโ€™information
La thรฉorie moderne de lโ€™intermรฉdiation financiรจre a mis lโ€™asymรฉtrie dโ€™information sur le marchรฉ financier au cล“ur de ses analyses. En effet, il existe une asymรฉtrie dโ€™information entre emprunteurs potentiels et banquier selon laquelle la qualitรฉ dโ€™un emprunteur nโ€™est pas connue a priori. Toutefois, en absence dโ€™informations suffisantes, la relation est confrontรฉe ร  un certain niveau dโ€™incertitudes (donc de risques) dont la portรฉe nโ€™est plus nรฉgligeable. Un intermรฉdiaire financier comme une banque joue un rรดle essentiel visant ร  rรฉduire cette asymรฉtrie en produisant lโ€™information concernant la qualitรฉ des emprunteurs potentiels. Il sโ€™agit dโ€™un examen prรฉalable pour distinguer la vraie qualitรฉ ex-ante des bons et des mauvais emprunteurs, ou dโ€™une prรฉvention des ses comportements opportunistes pendant la rรฉalisation du projet. De nombreux auteurs ont soulignรฉ les bรฉnรฉfices associรฉs ร  lโ€™existence dโ€™une relation bancaire de long terme. Pour Y. Chan, et al. 3, les informations recueillies lors des opรฉrations de prรชt prรฉcรฉdentes peuvent รชtre rรฉutilisรฉes par la banque pour รฉvaluer les nouvelles demandes de crรฉdit des derniรจres nouvelles demandes de crรฉdit.

Par ailleurs, le fait de traiter avec un grand nombre d’emprunteurs permet ร  la banque de recouper les informations entre elles et dโ€™en tirer des enseignements pour l’รฉvaluation des nouveaux clients. Selon certains auteurs, l’analyse des mouvements des comptes d’un client permet ร  la banque de dresser un profil de la capacitรฉ de celui-ci ร  rembourser un prรชt. En outre, une fois le prรชt accordรฉ, la surveillance des comptes permet ร  la banque dโ€™apprรฉhender lโ€™รฉvolution de la situation de son client. Plus gรฉnรฉralement, la multiproduction et la distribution de services engendrent une vรฉritable synergie ร  la fois quantitative (par la masse et les recoupements dโ€™informations), et qualitative (par leur complรฉtude et leur fiabilitรฉ).Si les banques ont la capacitรฉ de produire des informations sur les emprunteurs, ces avoir reste toutefois limitรฉ et imparfait. Malgrรฉ tous ses efforts, la banque reste sous informรฉe par rapport ร  lโ€™emprunteur. Lโ€™information transmise par ce dernier est souvent partielle et nโ€™exclut pas les รฉventuelles manipulations. Lโ€™avantage informationnel des banques peut รฉgalement changer selon le stade de la relation de prรชt. Dโ€™ailleurs, lโ€™acquisition d’information รฉtant couteux pour la banque mais elle est sans doute moins coรปteuse chez un ancien client que chez un nouveau. La production dโ€™information nโ€™est cependant pas le seul moyen dont dispose le banquier pour rรฉduire les incertitudes. Dโ€™autres auteurs, soulignent les vertus incitatives des contrats bancaires sur le comportement des emprunteurs.

ii. La rรฉduction des risques de contrepartie par le mรฉcanisme dโ€™incitation
Des ล“uvres ont largement รฉtudiรฉ les รฉlรฉments incitatifs des contrats de prรชts bancaires du point de vue du dรฉbiteur. Les banques ont recours ร  diffรฉrents mรฉcanismes contractuels pour limiter les tentatives dโ€™opportunisme des emprunteurs : par les conditions du crรฉdit et les instruments de couverture au risque.

๏‚ท Les conditions de crรฉdit
Selon certains auteurs, lโ€™incapacitรฉ ร  distinguer ex ante le risque des emprunteurs dรฉbouche sur une uniformisation des conditions de crรฉdit. Ces derniers sont constituรฉs essentiellement par la caractรฉristique du produit, le taux dโ€™intรฉrรชt. Ainsi, lโ€™augmentation des taux dรฉbiteurs sur un client peut provoquer lโ€™รฉviction des emprunteurs les moins risquรฉs et dรฉboucher sur la sรฉlection des entreprises les plus fragiles [J.E. Stiglitz, A. Weiss 1981]. En consรฉquence, les banques sont amenรฉes sous certaines conditions ร  rationner la demande de crรฉdit, notamment sur la population des petites et moyennes entreprises. Par ailleurs, lโ€™effet incitatif des clauses restrictives est รฉgalement envisageable. La banque peut assortir des clauses restreignant la libertรฉ dโ€™action des emprunteurs dans les contrats de crรฉdits [M. Berlin,L. Mester 1992 ; M. Carey et al. 1993]. Une violation peut conduire la banque ร  un ยซ durcissement ยป (rรฉduction des concours, augmentation des taux dโ€™intรฉrรชt ou des garanties) vis- ร -vis du dรฉbiteur.

๏‚ท Les garanties
La prise de garanties constitue un autre moyen de maรฎtriser les problรจmes de risque moral. En rendant la dรฉfaillance plus coรปteuse pour l’emprunteur, elle incite celui -ci ร  rรฉduire le risque de ses projets, ร  augmenter son effort et ร  dรฉclarer les vรฉritables rรฉsultats de ses investissements. Par ailleurs, les banques peuvent utiliser des garanties ยซ internes ยป (portant sur les actifs de l’entreprise), mais aussi et surtout des garanties ยซ externes ยป (relatives aux actifs patrimoniaux du propriรฉtaire-dirigeant) pour sรฉparer des emprunteurs de risques diffรฉrents mais indiffรฉrenciables a priori. Dans cette approche des contrats sรฉparant, les emprunteurs acceptent dโ€™offrir un niveau de garantie d’autant plus รฉlevรฉ (en contrepartie d’un taux d’intรฉrรชt d’autant plus faible) que leur risque de dรฉfaillance (de perdre le collatรฉral) est faible a priori.

Lโ€™apprรฉciation de la qualitรฉ de lโ€™emprunteur

Ce prรฉsent volet de la rรฉalisation dโ€™un diagnostic dโ€™une entreprise aborde le domaine qui donne toute sa place aux paramรจtres humains soit le jugement se portant sur la personne physique lui reprรฉsentant. Si les prรฉcรฉdents constats rappellent lโ€™importance du paramรจtre dans lโ€™apprรฉciation de la contrepartie, le choix des รฉlรฉments permettant de dรฉchiffrer la qualitรฉ de lโ€™emprunteur demeure complexe et nรฉcessite une analyse rigoureuse et plus durable. Toutefois, lโ€™รฉvaluation de lโ€™historique de relation quโ€™avait la banque avec lโ€™emprunteur et lโ€™appartenance socio-รฉconomique de celui permettent au banquier de saisir et dโ€™apprรฉcier la qualitรฉ de la contrepartie.

i. Lโ€™appartenance socio-รฉconomique de lโ€™emprunteur
La compรฉtence du dirigeant ou son expรฉrience figurent des qualitรฉs quantifiables essentielles ร  la rรฉussite dโ€™une entreprise. Ainsi, lโ€™unanimitรฉ des personnes interrogรฉes montre leur prรฉfรฉrence ou mรชme leur exigence au profil intellectuel composรฉ ร  la fois de la compรฉtence (ou le niveau dโ€™รฉtude) et de lโ€™expรฉrience du dirigeant. De plus, nous apercevons รฉgalement ร  travers lโ€™enquรชte sur terrain lโ€™existence dโ€™une liaison entre lโ€™appartenance sociale du demandeur de crรฉdit et la notation subjective quโ€™il pourrait encaisser.

ii. Lโ€™historique de la relation
Certes, les rรฉsultats confirment la place non nรฉgligeable de lโ€™historique de lโ€™emprunteur sur le processus dโ€™examen de son dossier. Avec les 89% des propos recueillis, environ 36% dโ€™entre eux notent quโ€™elle est ยซ assez important ยป dans lโ€™analyse de la demande de crรฉdit, les 42% restants jugent ce critรจre ยซ trรจs important ยป.Compte tenu de cette rรฉalitรฉ, les banques soumettent souvent aux demandeurs de crรฉdit des dรฉlais dโ€™observation plus ou moins longue selon la nature du crรฉdit ou le catรฉgorie-client. En effet, selon la nรฉgociation entre les deux parties, ce dรฉlai peut aller du dรฉbut de la relation (c’est-ร -dire sans dรฉlai) ร  plus dโ€™une annรฉe : en moyenne, le dรฉlai dโ€™observation dโ€™un client quelconque varie dโ€™un trimestre ร  une annรฉe. Les personnes interrogรฉes issus des grandes banques soulignent par ailleurs la flexibilitรฉ de ce paramรจtre vu lโ€™hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ des clients dont elles disposent. Chaque catรฉgorie ou portefeuille possรจde leurs propres dรฉlais dโ€™observation requis, font-elles encore remarquer. Est-il nรฉcessaire toutefois de noter que, selon lโ€™enquรชte, les banquiers nโ€™ignorent jamais ce critรจre au cas oรน ils ne disposent pas les informations requises ร  lโ€™apprรฉciation de lโ€™historique de la contrepartie.

Leur moyen dโ€™en obtenir consiste donc ร  le rรฉclamer auprรจs du client (reprรฉsentant 85% des citations) ou demander aux autres banques (rapportant 72% du total des citations).De ces points de vue, le rapport de notre enquรชte donne une place prรฉpondรฉrante de lโ€™apprรฉciation des emprunteurs potentiels dans le processus de gestion du risque de contrepartie. Des rรฉalitรฉs financiรจres de lโ€™entreprise, en passant par celle de lโ€™รฉconomique et aux jugements de valeurs, nombreux aspects entrent dans le dรฉcryptage de la vraie qualitรฉ de la contrepartie. Dorรฉnavant, lโ€™รฉvaluation de lโ€™emprunteur ne consiste pas ร  une collection des bons paramรจtres. Cโ€™est dans ce sens que lโ€™assemblage des indicateurs semble รชtre plus pertinent dans le modรจle dโ€™apprรฉciation du risque.

La manipulation des paramรจtres dโ€™รฉvaluation dans la dรฉcision de crรฉdit

Selon notre premiรจre constatation lors de lโ€™enquรชte, les banquiers associent la cause du problรจme de non remboursement ร  des dysfonctionnements liรฉs ร  lโ€™activitรฉ de lโ€™entreprise. Outre les autres facteurs dรฉpendants de la banque, les paramรจtres opรฉrationnels, รฉconomiques, financiers et managรฉriaux reprรฉsentent des poids significatifs dans lโ€™รฉvaluation des emprunteurs. Toutefois, la place de la garantie bancaire, qui fait partie intรฉgrante des paramรจtres conditionnant la dรฉcision de crรฉdit nโ€™est plus รฉgalement nรฉgligeable. Les interrogations qui doivent susciter lโ€™attention seront donc de savoir sur quels couplets ou combinaisons de paramรจtres faut il privilรฉgier dans une dรฉcision de crรฉdit ? Dans quelle mesure le banquier devrait il choisir un tel ou tel indicateur ? Dans ce sens, nous allons recouper notre analyse selon le type de crรฉdit octroyรฉ par la banque.

a. Pour les crรฉdits dโ€™investissements
Selon notre analyse de lโ€™existant, il nous semble รชtre absurde dโ€™รฉvaluer le risque de contrepartie sur la base des indicateurs pris sรฉparรฉment. Ainsi, les trois indicateurs principaux (รฉconomiques, financiers et managรฉriaux) constituent les enjeux majeurs de lโ€™apprรฉciation du risque de contrepartie. Certes, les diagnostics opรฉrationnels et รฉconomiques de lโ€™emprunteur (son activitรฉ et sa perspective dโ€™รฉvolution) disposentย  dโ€™une importance particuliรจre tandis que lโ€™apprรฉciation de la garantie reste minime, a montrรฉ notre enquรชte. Ces observations sont dโ€™autant confirmรฉes lorsque nous nous apercevons sur les รฉventuels critรจres de rejet des dossiers de crรฉdit par le banquier. Selon ce dernier, ces critรจres sont souvent dโ€™ordre รฉconomique c’est-ร -dire liรฉ ร  lโ€™activitรฉ et ร  son รฉvolution de lโ€™entreprise.ย  Si lโ€™apprรฉciation du risque de contrepartie semble รชtre plus orientรฉe dans lโ€™analyse des paramรจtres รฉconomiques dans les crรฉdits dโ€™investissements, est ce รฉgalement le cas dans les crรฉdits de trรฉsorerie ?

b. Pour les crรฉdits de trรฉsorerie
Dโ€™une premiรจre vue, lโ€™รฉvaluation des emprunteurs nโ€™est pas toujours identique dans les diffรฉrents types de crรฉdits octroyรฉs par la banque, a rapportรฉ notre enquรชte. Ainsi, la perception des paramรจtres dโ€™analyse peut changer dโ€™une maniรจre ou dโ€™une autre, selon lโ€™objet du crรฉdit. Comme dans le financement des investissements, lโ€™analyse de lโ€™activitรฉ et la perspective dโ€™รฉvolution de lโ€™emprunteur tient toujours le plus lโ€™attention des 79% des banquiers interrogรฉs dans lโ€™octroi de crรฉdit de trรฉsorerie. De mรชme, lโ€™importance de la garantie bancaire reste encore non significative dans le processus dโ€™รฉvaluation. Nous pouvons alors constater que le couplet diagnostic รฉconomique – apprรฉciation du management de lโ€™emprunteur, constitue lโ€™indicateur le plus pertinent dans lโ€™รฉvaluation des entreprises pour les crรฉdits ร  court terme. En dโ€™autre terme, il semble รชtre les รฉlรฉments lourds constituant la base dโ€™une dรฉcision de crรฉdit. Toutefois, si lโ€™รฉvaluation du futur dรฉbiteur est indispensable, ce processus ne constitue pas une condition suffisante dans le cadre de la maitrise du risque. Sโ€™avรจre t-il nรฉcessaire, comme le suggรจre les thรฉories, dโ€™apprรฉhender le cรดtรฉ en amont du pilotage du risque : celui des produits offerts.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
CHAPITRE I : MATERIELS ET METHODE
Section 1 : Matรฉriels et considรฉrations thรฉoriques
I.1.1 โ€“ Approche thรฉorique de la gestion du risque de contrepartie
a. Le risque de contrepartie : dรฉfinition et origines
i. Dรฉfinition du risque de contrepartie
ii. Les diffรฉrentes origines du risque de contrepartie
iii. La gravitรฉ de ses consรฉquences
b. Aperรงu thรฉorique sur le crรฉdit et la gestion du risque de contrepartie
i. Lโ€™รฉvaluation du risque de contrepartie et lโ€™asymรฉtrie dโ€™information
ii. La rรฉduction des risques de contrepartie par le mรฉcanisme dโ€™incitation
I.1.2 โ€“ La gestion du risque de contrepartie : cas de la BM Madagascar
a. Prรฉsentation de la zone dโ€™รฉtude : la BM Madagascar
b. Aperรงu sur la politique des risques de crรฉdit de la BMM
i. Le financement des entreprises : le positionnement de la banque
ii. Les dispositifs de limites en matiรจre de crรฉdit
c. Procรฉdures dโ€™apprรฉciation du risque de contrepartie
i. Le traitement local du dossier de crรฉdit
ii. La contreโ€analyse et la prise de dรฉcision
Section 2 : Objectifs et mรฉthodologie de lโ€™analyse empirique
Iโ€2โ€1โ€ Objectifs, mรฉthodologie et moyens mis en ล“uvre
a. Objectif et approche de lโ€™analyse
b. Outils matรฉriels et รฉquipement utilisรฉs
i. Les matรฉriels et รฉquipements utilisรฉs
ii. Les sujets ร  enquรชter
c. Limite de lโ€™approche
Iโ€2โ€2. Les รฉtapes de mis en ล“uvre des procรฉdures dโ€™analyses
a. La conception du questionnaire
b. La recherche des personnes ร  enquรชter
c. Le test ou la prรฉโ€enquรชte

d. La rรฉalisation de lโ€™enquรชte proprement dite
CHAPITRE II : LES PRINCIPAUX RESULTATS
Section 1 : Lโ€™รฉvaluation a priori de la contrepartie
IIโ€1โ€1โ€ Les principaux paramรจtres dโ€™รฉvaluation de lโ€™entreprise
a. Lโ€™รฉvaluation du risque financier
b. La mesure du risque รฉconomique
c. Lโ€™apprรฉciation de la qualitรฉ de lโ€™emprunteur
i. Lโ€™appartenance socioโ€รฉconomique de lโ€™emprunteur
ii. Lโ€™historique de la relation
IIโ€1โ€2โ€ La manipulation des paramรจtres dโ€™รฉvaluation dans la dรฉcision de crรฉdit
a. Pour les crรฉdits dโ€™investissements
b. Pour les crรฉdits de trรฉsorerie
Section 2 : Gestion du risque de contrepartie et choix des offres de crรฉdits
II.2.1. Les choix des banques dans les objets de financement
a. Financement des investissements
b. Le financement de la trรฉsorerie
II.2. 2โ€ Financement sectoriel et risque de contrepartie : qui finance quoi ?
II.2.3. Risque de contrepartie et degrรฉ de lโ€™engagement
a. Degrรฉ dโ€™engagement des banques
b. Crรฉdits aux startโ€up
CHAPITRE III : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Section 1 : Analyses critiques et validation des hypothรจses
III.1.1. Analyse critique de la gestion a priori du risque de contrepartie
a. Lโ€™รฉvaluation des emprunteurs : ร  chacun sa mรฉthode
i. Remise en cause de lโ€™รฉvaluation du risque financier
ii. Le diagnostic opรฉrationnel et รฉconomique dโ€™une entreprise
iii. Lโ€™apprรฉciation sur le management, lโ€™organisation et la qualitรฉ de lโ€™emprunteur
b. La limitation des offres de crรฉdits
i. Lโ€™offre de crรฉdit selon le secteur dโ€™activitรฉ
ii. Des disparitรฉs par typologie dโ€™affectation de crรฉdit
III.1.2. Validation des hypothรจses
a. Lโ€™รฉvaluation a priori des emprunteurs
b. Limitation et choix des offres de crรฉdit
Section 2 : Analyse critique de la gestion du risque de contrepartie : cas de la BM Madagascar

III.2. 1. Les opportunitรฉs et forces de la banque
a. Des opportunitรฉs ร  exploiter
i. Le dรฉveloppement du marchรฉ du risque de crรฉdit
ii. Perspective รฉconomique favorable
b. Les atouts de lโ€™organisation
a. Les intรฉrรชts de lโ€™appartenance au groupe BPCE
b. Politique risque dรฉfensive
III.2. 2 – les menaces et faiblesses de la banque
a. Les menaces externes
i. La place de la concurrence
ii. Les incertitudes crรฉรฉes par la conjoncture รฉconomique
b. . Des dรฉficiences internes
i. Une structure organisationnelle non adaptรฉe au besoin de lโ€™analyse
ii. La composition et la tendance du portefeuille de crรฉdit
Section 3 : Recommandations et suggestions
III.3. 1 : Les conditions nรฉcessaires ร  la bonne รฉvaluation du risque de contrepartie
a. Evaluation de lโ€™emprunteur : avec quel paramรจtre ?
b. Combinaison des paramรจtres dโ€™รฉvaluation de lโ€™emprunteur
โ€ Pour les crรฉdits dโ€™investissements
โ€ Pour les crรฉdits de trรฉsorerie
III.3.2 : Offres de crรฉdit : pour quelles stratรฉgies et quelle politique ?
a. Lโ€™adaptation et orientation des offres
b. Segmentation des offres
Approche par typologie de crรฉdit
Lโ€™approche sectorielle
Approche par type dโ€™entreprise
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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