La gestion du chantier : personnel, livraison, aléas, sécurité

Lectures des documents du marché

   Comme évoqué précédemment, la première partie de mon stage a été consacrée à la phase préparatoire du chantier de réhabilitation de la voie verte de la Vie. Pour étudier ce projet, j’ai tout d’abord récupéré les documents concernant ce chantier que j’ai trié et rangé dans le classeur du chantier destiné au conducteur de travaux. Ce classeur contient notamment les documents du dossier de consultation c’est-à-dire :
– Le règlement de la consultation : document permettant de fixer les règles particulières lors de la consultation des entreprises (4)
– L’acte d’engagement : document « signé par un candidat à un accord cadre ou à un marché public dans laquelle le candidat présente son offre ou sa proposition dans le respect des clauses du cahier des charges qui déterminent les conditions dans lesquelles le marché est exécuté. Cet acte d’engagement est ensuite signé par le pouvoir adjudicateur » (4)
– La lettre de commande
– Le Cahier des Clauses Administratives Particulières (CCAP) : document fixant les différentes règles administratives spécifiques à chaque marché ; il permet de compléter le CCAG (Cahier des Clauses Administratives Générales) (4)
– Le Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP) : sur le même principe que le CCAP, le CCTP complète le CCTG (Cahier des Clauses Techniques Générales) afin de définir les dispositions techniques propres au marché (4)
– Le détail estimatif : ce document informe sur les quantités des différents travaux à réaliser
– Le bordereau des prix : il complète le détail estimatif en apportant des précisions sur les travaux désignés dans le détail estimatif et en indiquant le coût unitaire
– Le mémoire technique : il présente les différents produits qui seront utilisés au cours du chantier.
Pour s’imprégner du projet, la lecture de ces différents documents est indispensable. Ils évoquent le cas général donc il est d’abord difficile de le visualiser dans le cas précis du projet. Par la suite, on se rend compte que ces documents servent à répondre aux questions que l’on se pose quant à la manière de réaliser les travaux ou aux matériaux à utiliser par exemple. En effet, le CCTP regroupe toutes les informations nécessaires concernant les formules et les caractéristiques des matériaux à appliquer. Il y avait également plusieurs plans ou coupes pour d’une part repérer les travaux à effectuer et d’autre part pour expliquer certains points spécifiques comme la zone d’enrochement ou bien les traversées agricoles sur la voie. Une demande bien précise du client était : sur environ 6 km de voie, il devait y avoir une largeur de 2,5m en enrobé et une bande d’un mètre en 0/20 pour satisfaire les joggeurs ou les promeneurs à cheval. Une pente en toit était prévue pour cette partie de la voie avec comme point haut la jonction entre l’enrobé et la piste en 0/20. Cette particularité nous a poussés à fabriquer des lames spécifiques pour la niveleuse. En effet, pour ne pas repasser avec les engins une fois l’enrobé réalisé, il fallait donc préparer la piste d’un mètre avant l’application des enrobés. Nous avons donc en quelques sortes découpé le profil de la voie dans la lame de la niveleuse. Etant chargé de réaliser un schéma à l’échelle pour le donner aux mécaniciens de l’atelier, j’ai contacté le chauffeur de niveleuse afin d’échanger nos idées et qu’il m’apporte son expérience avant de découper définitivement les lames.

Evaluation des quantités et demande de devis

  Après avoir lu les principaux documents du dossier ainsi que le détail estimatif, il faut évaluer les quantités des matériaux principaux nécessaires à la réalisation des travaux. En s’appuyant sur les quantités chiffrées lors de l’étude, auxquelles il faut être vigilent sur les unités utilisées, nous démarchons plusieurs fournisseurs afin d’obtenir les prix de chacun et ainsi faire jouer la concurrence. Lors de la réception des devis, là aussi il faut être vigilent sur ce qui est chiffré. En effet certains fournisseurs ont un prix unitaire pour le mètre linéaire d’autres pour une unité, c’est le cas pour des buses par exemple. De même, pour du géotextile le prix peut être donné au m² ou bien au mètre linéaire (ml). Une fois les devis reçus, il faut donc comparer les prix et vérifier que les matériaux demandés initialement sont bien les mêmes que ceux chiffrés par le fournisseur et en accord avec le CCTP. En ce qui concerne les granulats nous en avions besoin de plusieurs types : des blocs d’enrochement, du 0/60, du 0/20, du gravier 3/6 pour l’imprégnation etc. (figure 4). Nous avons donc choisi deux carrières différentes car chacune offrait un avantage financier seulement sur quelques matériaux. Le processus était le même pour le choix du géotextile, des buses (figure 5). Cependant, pour les enrobés il n’était pas nécessaire de faire une demande de devis car l’agence de Blainville-surOrne possède sa propre centrale à enrobé.

Planning, agréments, PAQ (Plan d’Assurance Qualité)

  Une fois les matériaux choisis par l’entreprise, il est nécessaire d’avoir l’accord du client avant de commander et d’appliquer les fournitures. Il faut donc envoyer pour chaque matériau une demande d’agrément (Annexe 1). Les demandes d’agréments doivent informer sur les différentes caractéristiques du matériau notamment grâce à sa Fiche Technique Produit (FTP), sur les normes qu’il respecte ainsi que d’autres informations comme sa provenance par exemple. Les demandes d’agréments peuvent être refusées par le client pour diverses raisons. Dans ce cas il faut trouver une alternative au matériau proposé. Aussi, pour chaque chantier, un PAQ (Plan d’Assurance Qualité) doit être réalisé dans le but de prendre les mesures nécessaires avant et pendant le chantier pour réaliser conformément au CCTP et en toute sécurité les travaux demandés. Le PAQ est réalisé à l’aide d’un logiciel dans lequel on sélectionne les travaux à réaliser et on choisit les mesures adaptées à prendre pour chaque opération. La réalisation de ce document permet d’appréhender des situations qui sont susceptibles de se réaliser sur le chantier. Enfin, avant de démarrer tous travaux il est essentiel d’avoir un planning. Le planning est à faire sur un logiciel nommé « planning KHEOPS ». Dans ce planning il faut découper en plusieurs ateliers les travaux à réaliser. Sur le chantier de la voie verte de la Vie, 14 ateliers principaux ont été définis :
– Installation du chantier
– Le grattage de la voie existante
– Le curage de fossé
– Le terrassement
– Les purges
– Mise en œuvre de 0/20
– Mise en œuvre de 0/60
– Maçonnerie et busage
– Enrochement
– Imprégnation
– Mise en œuvre d’enrobés
– Mise en œuvre de bicouche
– Travaux de finition
– Nettoyage et repli de matériel
Pour chacun des ateliers précédents, doivent être indiquées la quantité et la durée nécessaire des engins, des matériaux ainsi que le nombre d’ouvriers et de véhicules adéquat pour réaliser l’atelier. Les coûts de chaque item du planning sont référencés dans la base de données du logiciel ce qui permet d’estimer le coût fonctionnel du chantier à l’entreprise. Le planning prévisionnel donne aussi un ordre d’idée sur la durée du chantier.

Repérage des différents travaux à réaliser

   Une fois les documents administratifs et documents d’études lus, vient l’étape de visualisation des travaux à réaliser sur le terrain. Le premier travail a été de visiter la totalité du chantier en se repérant à l’aide du plan fourni par le commanditaire. Cette visite a permis de rendre compte de la nature du terrain qui sur environ la moitié de la voie à réhabiliter était en état correct puisqu’une bonne structure était déjà en place. Cette structure date de l’époque où il y avait encore des rails et des traverses sur cette portion ainsi que d’une première réhabilitation qui avait été faite une fois les rails déposés il y a environ trente ans. Cependant l’autre portion, celle se rapprochant de Livarot était de moins bonne qualité en termes de structures car certains endroits étaient directement sur le terrain naturel. De plus, la voie verte étant près du cours d’eau de la Vie certaines zones étaient humides. Cette même portion était également plus difficile d’accès pour les véhicules et par conséquent pour les engins. Il faut donc prévoir du matériel de taille adaptée pour ces parties étroites. Pendant cette visite je me suis focalisé sur les différents accès permettant de rentrer sur la voie verte. Certains étaient assez étroits et dangereux donc une bonne signalisation était nécessaire. Par ailleurs les accès étaient espacés les uns des autres : entre 650m et 1660m entre eux. La voie étant large d’environ 3m à 3.5m, il est donc difficile de se croiser ou de faire demi-tour. De longues marches arrières seront nécessaires, ce qui aura un impact sur la durée des travaux (figure 6). Enfin cette première visite m’a aussi permis de rencontrer les premiers riverains et usagers de cette voie verte dont la réhabilitation fait débat. Cette information nous avait été communiquée auparavant par le commanditaire. En effet cette réhabilitation avait déjà fait l’objet d’un projet 3 ans plus tôt. Cependant suite à de nombreuses oppositions l’étude du projet a été renouvelée afin de trouver un compromis entre les différents partis. À la suite de cette visite, j’ai réalisé un diaporama avec les photos que j’avais prises des points importants du chantier que j’ai annoté de précisions ou de questions. Ce livret m’a été utile lors des premières réunions de chantier pour me repérer, éclaircir les points flous et noter les exigences du client.

Table des matières

INTRODUCTION
I] PRÉSENTATION DE L’ENTREPRISE
1) EUROVIA en chiffres 
2) Activité et fonctionnement de l’entreprise
II] Matériel et méthodes
1) La phase préparatoire du chantier
a) Présentation du chantier
b) Lectures des documents du marché
c) Evaluation des quantités et demande de devis
d) Planning, agréments, PAQ
2) Phase préparatoire du chantier sur site
a) Repérage des différents travaux à réaliser
b) Recherche de lieux nécessaires au fonctionnement du chantier
c) Réalisation de métrés
3) Phase de suivi de chantier
a) Approvisionnement en matériel et matériaux
b) La gestion du chantier : personnel, livraison, aléas, sécurité
c) Les réunions de chantier
d) Les attachements ou situations financières
III] Résultats et discussion
1) La différence entre la théorie et la pratique
a) Les quantités de matériaux, la durée des travaux
b) Ajouts de travaux supplémentaires
2) Mise en œuvre des enrobés
3) Relations humaines
a) Sur le chantier
b) Avec le maître d’ouvrage
c) Avec les fournisseurs
d) Au bureau
IV] Suppléments
1) Réalisation de métrés et de devis pour le marché d’entretien de la ville de Colombelles
2) Visite de la centrale d’enrobé
CONCLUSION

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