La gestion des risques associés à la préparation des molécules anticancéreuses

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RETOURS D’EXPERIENCE A L’ECHELLE NATIONALE

Comme nous l’avons vu dans la première partie, les recommandations nationales et internationales placent la formation du personnel reconstituant des anticancéreux dans les prérequis du bon fonctionnement des URC [2,9]. Ces recommandations sont vraisemblablement très largement appliquées, mais le contenu et les modalités précises de la formation et de l’habilitation n’étant pas détaillés, cela laisse une grande latitude aux responsables d’URC pour définir le « fond » et la « forme » de cette formation. Sur certains aspects, cette flexibilité présente des avantages : ajustements réguliers, adaptation au contexte et aux ressources locales, développement d’initiatives innovantes, etc. Néanmoins, ce manque de cadre soulève de nombreuses questions : validité pédagogique et pérennité dans le temps de la formation, équité d’accès à une formation efficace, réponse aux attentes des PPH, réactivité face au risque de dérive des bonnes pratiques, etc.
Différents outils et modèles de formations ont pu être mis en évidence dans la revue de la littérature. Un intérêt des équipes pour la simulation confirme l’importance des nouvelles formes de pédagogie, en parallèle d’autres outils tels que la réalisation de préparations fictives. Il a également été constaté que les formats d’habilitation sont peu décrits.
Afin de dresser une photographie la plus exhaustive possible des outils et modalités pédagogiques utilisés pour la FPDP, l’HPDP, la FC et la RH, une enquête nationale paraissait indispensable. En parallèle, il semblait pertinent de mettre en regard cette photographie avec les besoins exprimés à la fois par les PPH et les pharmaciens responsables d’URC.

OBJECTIFS DE L’ENQUETE

Afin de pouvoir proposer un programme de formation continue / habilitation adapté à l’ensemble des préparateurs travaillant au sein des URC en France, une enquête auprès des équipes pharmaceutiques des ES était nécessaire.
En effet, de nombreuses questions devaient être posées et discutées : comment s’organise la FPDP des PPH au sein des établissements ? Qui encadre et valide cette formation ? A quel moment se fait-elle et combien de temps dure-t-elle ? Une habilitation est-elle réalisée ? Une réhabilitation a-t-elle lieu ? Si oui, à quelle fréquence est-elle réalisée et selon quelles modalités ? Quelles sont les pratiques habituelles de formation continue ? Quels outils / supports sont utilisés et à quel moment ?
L’objectif principal de cette étude était d’identifier le système de formation / habilitation actuellement utilisé pour les PPH exerçant en URC.
L’objectif secondaire était d’évaluer les besoins actuels de formation / habilitation au travers d’un modèle de « formation idéale » auprès des PPH exerçant en URC et des pharmaciens responsables d’URC.
Afin de répondre à ces objectifs, il paraissait pertinent d’auditer en parallèle les PPH et les pharmaciens (figure 8) et de vérifier les points de convergence et de divergence entre :
– la formation reçue et la formation « idéale » des PPH,
– la formation proposée et la formation « idéale » des responsables d’URC,
– la formation reçue des PPH et celle proposée par les responsables d’URC,
– la formation « idéale » des PPH et celle des responsables d’URC.
Figure 8 : mise en parallèle du point de vue des pharmaciens et des PPH sur la formation actuelle et la formation idéale.
L’analyse de ces données permettrait de proposer un modèle qui satisferait l’ensemble des apprenants et formateurs par :
– l’ajout des formats manquants aux formations actuelles,
– le retrait des formats jugés peu / pas utiles,
– l’articulation optimisée entre les différents outils et phases de la formation/habilitation,
– l’adaptation des durées et fréquences d’utilisation des formats pédagogiques.
Pour s’assurer de la représentativité des différentes organisations d’URC en France, il était primordial de solliciter des unités avec des volumétries de production variées et l’ensemble des types d’ES impliqués dans la manipulation des anticancéreux : CHU, CLCC, CHG et structures privées d’intérêt collectif ou à but lucratif.

MATERIELS ET METHODES

Contenu du questionnaire

Deux questionnaires ont été élaborés selon la même trame, en cinq parties distinctes, l’un destiné aux PPH, l’autre aux pharmaciens (annexes 3 et 4) :
– données démographiques,
– formation réalisée avant la prise de poste,
– habilitation réalisée avant la prise de poste,
– formation continue réalisée,
– modèle global de formation / habilitation idéal.
La durée moyenne de remplissage du questionnaire a été estimée à environ une vingtaine de minutes.

Validation du questionnaire

Les deux questionnaires ont été relus, corrigés et complétés par neuf pharmaciens : deux exerçant en CHU, deux en CHG, quatre en CLCC et un en établissement de santé privé d’intérêt collectif (ESPIC). Deux PPH ont également participé à la relecture : un exerçant en CHU et un en CLCC.

Création du questionnaire en ligne

Les questionnaires ont été élaborés sur la plateforme en ligne « Framaforms ». Ce choix s’explique par une maniabilité aisée de l’outil pour la conception du questionnaire par l’auteur, en particulier la possibilité de créer très facilement des liens conditionnels entre les questions mais également des sous parties.
Concernant la perception de l’outil par les participants, il semblait facile d’utilisation, intuitif et lisible, avec un affichage au fil de l’eau, partie par partie, sans surcharger l’écran. La création de liens conditionnels leur permettait également de ne voir apparaitre que les questions auxquelles ils devaient répondre, évitant les questions où ils étaient « non concernés ».
Enfin, contrairement à certaines plateformes en ligne, celle choisie s’engage à ne pas conserver les données après la fin de validité du questionnaire.

Diffusion

L’objectif était de pouvoir diffuser ces questionnaires grâce à un lien internet envoyé par mail aux PPH exerçant en URC ainsi qu’aux pharmaciens responsables d’URC.
Les pharmaciens et PPH ont pu participer à l’enquête du 15 octobre au 15 février, soit quatre mois au total. Pour ce faire, les questionnaires ont été envoyés par différents canaux :
– Diffusion du questionnaire destiné aux PPH via à l’Association Nationale des Préparateurs en Pharmacie Hospitalière (ANPPH),
– Diffusion des deux questionnaires (l’un destiné aux PPH et l’autre destiné aux pharmaciens) via trois organismes : l’Association pour le Digital et l’Information en Pharmacie (ADIPh), la Société Française de Pharmacie Clinique (SFPC) et la SFPO. Le GERPAC a également été sollicité mais n’a pu répondre à la demande pour des raisons de modification de modalités de fonctionnement en cours lors de la période de l’enquête. Les pharmaciens recevant les deux questionnaires par mail ont ainsi pu rediriger le questionnaire à la fois au pharmacien responsable d’URC et aux PPH de l’équipe.
Des relances ont été réalisées à trois mois du premier envoi pour chacun des canaux de communication.

RESULTATS / DISCUSSION : ENQUETE AUPRES DES PPH ET PHARMACIENS RESPONSABLES D’URC

Pour simplifier l’analyse, rendre les effectifs comparables et faciliter la lecture, des regroupements de classes ont eu lieu et les catégories suivantes ont été définies :
– Concernant l’expérience des PPH, ceux ayant une expérience de moins de 5 ans ont été classés « PPH débutants », ceux travaillant en URC depuis 5 à 10 ans « PPH confirmés » et ceux travaillant depuis plus de 10 ans « PPH experts »,
– Concernant les volumétries de production de chimiothérapies, les URC produisant moins de 10 000 poches par an ont été définies à « faible volumétrie », les URC produisant entre 10 000 et 30 000 poches à l’année à « volumétrie intermédiaire » et celles produisant plus de 30 000 poches à l’année à « volumétrie importante / élevée ».

Données démographiques PPH / pharmaciens

Au total, 133 PPH ont répondu au questionnaire, âgés en moyenne de 36 ± 8 ans.
Parmi les PPH, 72% avaient bénéficié de la formation hospitalière, soit par réalisation d’une troisième année hospitalière en formation initiale (63%), soit par VAE (9%).
La majorité des participants exerçait en CHG (51%), les autres en CHU (30%), en CLCC (9%) et en clinique privée (6%). Quatre participants ont mentionné travailler dans une autre structure étant un ESPIC (figure 9).
Presque la moitié des PPH (45%) travaillaient en URC à volumétrie intermédiaire, environ un tiers (35%) en URC à faible volumétrie et 20% en URC à volumétrie élevée.
Les PPH ayant répondu travaillaient principalement à temps plein (89%) et la grande majorité de ceux à temps partiel étaient à 80%. Concernant le temps de travail des PPH spécifiquement consacré à l’activité d’oncologie, environ la moitié exerçait entre 50% et 100% du temps en URC. A noter que parmi l’ensemble des PPH ayant répondu à l’enquête, 23% ont une activité dédiée uniquement à l’URC.
Parmi l’ensemble des PPH, 46% exerçaient en URC depuis moins de 5 ans, 29% depuis 5 à 10 ans et 25% depuis plus de 10 ans (figure 9).

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : préparation des anticancéreux : état des lieux de la formation / habilitation des préparateurs en pharmacie en établissements de santé français
I. Le cancer en France
1) Le circuit des anticancéreux injectables
2) Les risques associés aux molécules anticancéreuses
a) Risques pour le patient
b) Risques pour l’environnement
c) Risques pour les soignants
d) Risques financiers
3) La préparation des anticancéreux injectables
4) La gestion des risques associés à la préparation des molécules anticancéreuses
5) La formation / habilitation des PPH
a) Formation initiale
b) Formation / habilitation
II. Formation et habilitation des préparateurs en pharmacie à la préparation des anticancéreux : état des lieux des outils pédagogiques utilisés en établissements de santé français
1) Objectifs / contexte
2) Matériels et méthodes
3) Résultats et discussion
a) Publications analysées
b) Établissements de santé concernés
c) Schéma global de formation / habilitation
d) Outils de formation
e) Outils d’évaluation / habilitation
f) Outils de réhabilitation
g) Évaluation de l’efficacité pédagogique des outils
4) Conclusion
Partie 2 : enquête nationale sur la formation / habilitation actuelle et attendue des préparateurs en pharmacie pour la préparation des anticancéreux
I. Retours d’expérience à l’échelle nationale
II. Objectifs de l’enquête
III. Matériels et méthodes
1) Contenu du questionnaire
2) Validation du questionnaire
3) Création du questionnaire en ligne
4) Diffusion
IV. Résultats / discussion : enquête auprès des PPH et pharmaciens responsables d’URC
1) Données démographiques PPH / pharmaciens
2) Formation des préparateurs à la prise de poste en URC
a) Formateurs et supports de FPDP
b) Bilan pré-prise de poste
c) Outils pédagogiques utilisés pour la FPDP
d) Évaluation des acquis en fin de formation
3) Habilitation des préparateurs à la prise de poste en URC
a) État des lieux de l’habilitation
b) Outils pédagogiques utilisés pour l’habilitation
c) Qui habilite les PPH ?
4) Formation continue des préparateurs
a) Outils pédagogiques utilisés pour la formation continue
5) Renouvellement d’habilitation des préparateurs en URC
a) Outils pédagogiques utilisés pour le renouvellement d’habilitation
b) Fréquence de renouvellement d’habilitation
6) Temps consacré à la formation continue
7) Freins au modèle « idéal » de formation
Partie 3 : proposition d’un modèle standardisé de formation / habilitation des préparateurs en pharmacie pour la préparation des anticancéreux
I. Création d’un modèle standardisé de formation / habilitation
1) Élaboration d’un modèle « idéal » de formation / habilitation standardisé pour les PPH travaillant en URC
2) Description du modèle « idéal » élaboré
a) Bilan des connaissances / compétences
b) Formation à la prise de poste
c) Habilitation à la prise de poste
d) Formation continue
e) Réhabilitation au long cours
3) Planification du modèle de formation / habilitation
a) Formation à la prise de poste
b) Formation continue
II. Évaluation multicentrique de la faisabilité du modèle standardise de formation / habilitation en vue d’une optimisation globale
1) Contexte / objectif
2) Méthodologie
3) Résultats et discussion
a) Évaluation globale du modèle
b) Évaluation du modèle ét ape par étape
4) Conclusion / ouverture
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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