L’aquifère semi profond ou nappe phréatique
La nappe phréatique se situe à des profondeurs variables suivant les secteurs et la topographie. Au niveau de la communauté rurale son exploitation est très limitée vue l’adduction en eau potable de la presque totalité des villages par les forages. La nappe de captage des puits est la nappe superficielle, encore appelée Continental terminal. Elle est de 8m à Darou Dia, Baal Gueye et Ndame Lô ; 50m vers Taïba Ndiaye, Taïba Mbaye, Thiallé. Elle est d’une formation sablonneuse avec des épaisseurs ou des profondeurs qui varient de 0 à 120m. Les teneurs en flore de l’eau de cette nappe ne sont pas importantes. C’est une eau de qualité acceptable. La nappe n’est pas entièrement protégée contre les pollutions de surface. Cette vulnérabilité de la nappe est renforcée par la texture sableuse de la zone. Le niveau de cette nappe phréatique ne cesse de baisser et cela est dû aux multiples usages des industries minières, extractives, agricoles ajouté à la faiblesse de la réalimentation. Elle est en grande partie exploitée par les puits villageois environnants, les industries d’extraction de phosphate.
La réalisation du deuxième forage en 1999
En 1999, la JICA lance le projet de construction d’un deuxième forage à Taïba Ndiaye estimé sur une valeur de cent cinquante millions pour mieux répondre aux attentes des populations. Les raisons de la construction d’un deuxième forage sont nées de la destruction du premier vue l’atteinte de sa durée de vie par les japonais. Les travaux n’ont duré que quelques mois et l’approvisionnement proprement dit, a démarré vers la fin de l’an 2000. Il a été réalisé en 1999, avec une profondeur atteignant 404,80m, reposant sur l’aquifère du Maestrichtien, avec un débit d’exploitation de 47,0m3/h, avec un château d’eau de 100m3/15m de hauteur. Une fois l’exploitation commencée, la demande est devenue forte au niveau de la localité vue les grandes réalisations faites par les japonais mais aussi et surtout la performance et la forte capacité adductive. Le nombre de villages s’est accru entre 2000 et 2010 atteignant vingt-cinq voire vingt-sept villages. Les villages mentionnés en rouge dans le tableau ci-dessous appartiennent à la communauté rurale de Darou Khoudoss. Ils sont approvisionnés par les forages de la communauté rurale de Taïba Ndiaye.
Consommation en eau des ménages
L’étude des sources d’approvisionnement nous conduit aussi à s’interroger sur la consommation quotidienne au niveau de la communauté rurale.Dès lors, une comparaison s’impose entre la consommation journalière des usagers et les normes établies par l’OMS. Dans le rapport d’un séminaire international sur « l’Etat des lieux des secteurs de l’eau potable en Afrique du Nord, Centrale et de l’Ouest », des indicateurs ont été révélés sur la consommation journalière. A cette époque, la couverture en eau potable du milieu rural sénégalais avait atteint 69% des populations durant les années 2006-2008 et les perspectives sont fixées pour 82% d’ici 2015. Beaucoup de ces objectifs posés ont, en grande partie, été atteints mais de grandes disparités existent toujours entre les régions et la qualité de l’eau (fluor, salinité) reste des préoccupations majeures notamment dans les zones centre du pays. La consommation journalière, qui était de 28l/jour/habitant était assez élevée par rapport aux moyennes de la sous-région, mais restait en dessous des recommandations de l’OMS (35 l/jour/habitant). La fonctionnalité des services, qui variait de 92 à 95% était particulièrement élevée par rapport aux moyennes de la sous-région.Près de la moitié des personnes enquêtées 47,9% avouent une consommation moyenne journalière de 20 à 30 litres ; 30%utilisent 35 litres ; 13% utilisent 10 à 20 litres et 10% utilisent au-delà de 35 litres par jour. Comparée à la consommation journalière au niveau national et sous régional (Cf passage ci- dessus), la communauté rurale, dans certains endroits, dépasse la moyenne nationale et avoisine, dans certains villages (c’est-à-dire ceux situés dans un rayon de deux kilomètres voire moins), celle de l’OMS. L’étude des sources d’approvisionnement en eau et la consommation journalière dans la communauté rurale nous pousse à diagnostiquer l’accessibilité de la ressource vis à vis des usagers. Les modes d’accès à l’eau potable des populations villageoises diffèrent selon les niveaux de vie des ménages, la position des habitations par rapport aux points de desserte des forages mais aussi de la disponibilité des moyens pour accéder aux branchements privés. Les branchements privés cités précédemment, constituent, à 99%, les principales sources d’approvisionnement des populations. Cependant, la mauvaise répartition et la vétusté du matériel devant assurer l’adduction des différents villages restent des défis à relever pour pérenniser davantage la distribution d’eau. Selon l’OMS, une eau est dite potable quand sa consommation est sans danger pour la santé. Pour que l’eau soit qualifiée de potable, elle doit satisfaire à des normes relatives aux paramètres organoleptiques (couleur, turbidité, odeur, saveur) physico-chimiques (température, pH etc.), microbiologiques (coliformes fécaux et totaux, streptocoques fécaux etc.) et à des substances indésirables et toxiques (nitrates, nitrites, arsenics, plomb, hydrocarbures etc.) Mme Diouf Edméecours Master II Accès à l’eau potable).
Les distances entre villages et source d’approvisionnement
Conventionnellement, la distance est exprimée en kilomètres ou en temps, mais des variables telles le coût ou l’énergie peuvent être utilisées. Les villages situés à des distances un peu ou très éloignées de la source sont, dans la plupart du temps, confrontés à des adductions d’eau temporaires. Approvisionnés à 99% de branchements privés ou robinets à domicile, les populations de la communauté rurale n’éprouvent pas le besoin de fréquenter les bornes fontaines publiques, les potences ou les abreuvoirs des animaux pour s’approvisionner. L’essentiel de l’approvisionnement en eau potable de ces villages se fait à domicile. Outre ces branchements privés individuels, l’ASUFOR s’attèle avec les populations à faire des installations dites branchements communautaires. Ils sont gratuits, essentiellement constitués des branchements effectués au niveau des lieux de culte à savoir les mosquées, les écoles, les lycées, les centres et cases de santé des villages approvisionnés. La consommation de ces lieux de culte et les différentes pertes enregistrées au niveau du réseau sont évaluées à plus d’un million mensuellement. Tous ces dons et pertes sont supportés par l’ASUFOR à travers les ressources générées par l’eau.
La gestion proprement dite du comité de gestion villageois
L’accès à l’eau potable en quantité et en qualité a été, depuis l’indépendance, un défi pour les autorités publiques. On ne dira jamais assez que l’accès à une eau saine et potable est indispensable pour le bien-être des populations, car l’eau est certes source de vie, mais principal vecteur de maladie. Le 10 Novembre 1980, l’Assemblée générale des Nations Unies désigna la période 1981-1990 comme la décennie internationale de l’eau potable et de l’assainissement. Le principal objectif était de garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement à tous les habitants des pays en développement avant 1990. En 1981, lors d’une visite du chef de l’Etat dans l’ancienne région de Sine Saloum, les populations ont exprimé des vœux pour une institutionnalisation de leur participation à la gestion des forages ruraux. Ainsi le 09 janvier 1984, une circulaire interministérielle venait de préconiser la création des forages ruraux. Le comité de gestion ainsi créé a pour principal objectif de pallier les insuffisances et retards d’approvisionnement en carburant et lubrifiant au bon fonctionnement des forages. La communauté rurale de Taïba Ndiaye, par l’intermédiaire de son comité de gestion villageois, avait très tôt compris les défis à relever pour satisfaire sa population. Faisant siennes les recommandations issues de cette assemblée, elle avait mis en place une structure en charge de l’approvisionnement et de la maintenance des ouvrages hydrauliques. L’usage des forages se résumait essentiellement à la consommation directe des populations et du bétail en particulier mais aussi du maraîchage dans une moindre mesure en général. Les travaux du premier forage comme cités dans la deuxième partie avaient démarré en 1979 mais l’exploitation proprement dite avait débuté en 1981 sous la supervision d’un haut fonctionnaire d’Etat pour enfin revenir au comité de gestions villageois. Le comité de gestion s’est fixé des ambitions plus élargies. Il est « une association à but non lucratif d’utilité publique constituée par l’ensemble des usagers d’un forage rural, il a pour but d’assurer au niveau local la gestion des forages et de prendre en charge les coûts de fonctionnement (carburant et lubrifiant, entretien moteur, de la pompe et du réseau d’adduction), du remplacement des pièces d’usures ainsi que les motivations de l’équipe et du conducteur des forages. Il était constitué au départ d’un bureau restreint avec à sa tête un président du nom de Mafall Ndiaye. Ce dernier est natif du village de Taïba Ndiaye et cadre aux Industries Chimiques du Sénégal. Il a dirigé avec son équipe le comité de gestion de 1981 à 2008. Il était assisté dans cette lourde tâche par une équipe dynamique et compétente composée de neuf membres actifs et les différents encaisseurs et releveurs des différents villages. Contrairement aux autres comités de gestion des autres communautés rurales, le comité de gestion de Taïba Ndiaye était épargné à certaines tâches par la JICA. La prise en charge du renouvellement des infrastructures et des équipements comme prévu par la Réforme de la Gestion des Forages (REGEFOR) devrait être prise en charge par le comité de gestion villageois. Toutes ces charges étaient supportées par la JICA vue le professionnalisme et l’engouement de l’équipe dans la gestion des affaires locales. Des distinctions ont même été décernées à certains membres de l’équipe à l’image de Mme Maguette Ndiaye. Elle était la trésorière et a été déployée un peu partout à travers le Sénégal par la JICA pour appliquer le modèle de Taïba Ndiaye en matière d’organisation et de gestion des forages ruraux.
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Table des matières
Introduction
Présentation de la problématique de recherche
Contexte de l’étude
Situation géographique
Les objectifs de recherche
L’objectif général
Les objectifs spécifiques
Les hypothèses de recherche
Justification du choix de la zone d’étude
Discussion des concepts
Méthodologie de recherche
La recherche documentaire
Les entretiens exploratoires
La constitution de l’échantillon
La collecte d’informations sur le terrain
L’échantillonnage
Le traitement de l’information
Conclusion
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN
Chapitre I : Le milieu physique
I. Présentation de la zone d’étude
I.1 Situation géographique
II. Relief et la typologie des sols
1. Le relief
2. La typologie des sols
III Le climat
A. Les facteurs aérologiques
1. L’alizé maritime
2. L’harmattan
3. La mousson
B. Les facteurs thermiques
1. Les températures
2. Les précipitations
3. L’évaporation
4. L’humidité relative
IV. Les caractéristiques géomorphologiques
IV.1 L’hydrologie
V. La flore et la faune
V.1 Les formations végétales
V.2 La faune
Conclusion Partielle
Chapitre II : Le cadre humain
I. Le profil historique
II. Les données sociodémographiques de la communauté rurale
II.1 Répartition de la population
II.2 La structure de la population
III. La dynamique organisationnelle de la communauté rurale de Taïba Ndiaye
III.1 Le conseil rural
III.2 Diagnostique du tissu associatif
1. Les groupements de production féminine
2. Les organisations des producteurs
3. Les groupements d’intérêt économique
4. Les dahiras
5. Les associations sportives et culturelles
6. La mutuelle d’épargne et de crédit
Conclusion Partielle
Chapitre III : Les activités socioéconomiques
1. L’agriculture
2. Le maraîchage
3. L’élevage
4. La foresterie
5. Le commerce
6. L’artisanat
7. Crédit et épargne
8. Le transport
Conclusion Partielle
DEUXIEME PARTIE : LES POLITIQUES D’APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE DANS LA COMMUNAUTE RURALE DE TAÏBA NDIAYE
Chapitre I : L’approvisionnement en eau potable dans la communauté rurale
I. Les sources d’approvisionnement en eau de la communauté rurale
I.1 L’aquifère semi profond ou nappe phréatique
I.2 L’aquifère profond ou nappe du maestrichtien
II. Historique des forages de la communauté rurale de Taïba Ndiaye
II.1 La réalisation du premier forage en 1981
II.2 La réalisation du deuxième forage en 1999
II.3 La réalisation du troisième forage en 2011
Chapitre II : La diffusion de l’image des forages et la perception des populations
I. La diffusion de l’image des forages
II. La perception des populations sur les forages
II.1 Etude bivariée des caractéristiques sociodémographiques des usagers
1.1 Genre des personnes enquêtées
1.2 Ethnies d’appartenance des enquêtés
1.3 Situation matrimoniale des enquêtés
1.4 Professions des enquêtés
1.5 Sources d’approvisionnement des ménages
1.6 Consommation en eau des ménages
III. Etude bivariée sur l’accessibilité de l’eau et la distance par rapport à la source
III.1 L’accessibilité de l’eau
III.2 Les distances entre villages et source d’approvisionnement
Conclusion Partielle
TROISIEME PARTIE : STRATEGIES D’AMELIORATION ET DE BONNE GESTION DANS LA ZONE ET LE STATUT DE LEADER DE LA C.R
Chapitre I : La gestion des forages et du matériel hydraulique par le comité de gestion
I. Les stratégies mises en place par le comité de gestion
I.1 La gestion proprement dite du comité de gestion
II. Les acquis et les limites
II.1 Les acquis
II.2 Les limites
Chapitre II : La gestion des forages et du matériel hydraulique par l’asufor
I. Statut juridique et mise en place de l’asufor
II. Le mode de fonctionnement de l’asufor
II.1 Le comité directeur
II.2 Le bureau exécutif
II.3 Fonctionnement et responsabilité des membres du bureau exécutif
III. La gestion comptable et technique de l’asufor
III.1 La gestion comptable
III. 2 La gestion technique
IV. Les acquis et les limites de l’asufor
IV. 1 Les acquis
IV.2 La gestion du matériel hydraulique
IV.3 Les perspectives sur les dépenses de fonctionnement : électricité et carburant
V. Les limites
Chapitre III : Rôles des principaux intervenants
I. Les institutions nationales
II. Les institutions internationales
III. Le statut de leader
Conclusion Partielle :
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Questionnaires
ANNEXES
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