LA GESTION DE LA BIODIVERSITÉ À L’ÉPREUVE DU TOUT ÉCOLOGIQUE 

LA GESTION DE LA BIODIVERSITÉ À L’ÉPREUVE DU TOUT ÉCOLOGIQUE 

La mise en place des orientations internationales à Madagascar

La problématisation de l’urgence écologique à Madagascar : forêts et dégradation

Ce n’est pas pour le nombre des espèces présentes sur son territoire que Madagascar est connu mais plutôt pour l’endémicité de celles-ci. En effet, si sa biodiversité est considérée comme unique c’est pour son taux d’endémisme des espèces végétales et animales lié à son insularité ; taux pouvant atteindre jusqu’à 95% (Christie et Crompton, 2003). L’île abrite d’autre part un quart des espèces africaines et 5% des espèces du monde et quelques 8000 espèces endémiques, qui en font un joyau de la planète aux yeux de la communauté internationale (Goedefroit S, 2000). Ces caractéristiques ont fait du pays l’un des plus importants en termes de biodiversité à l’échelle internationale, si bien que Conservation International (CI), le classe parmi « les sept pays les plus importants en terme de conservation de la biodiversité et dont le poids écologique est comparable au poids économique du G7 », énoncé plus dogmatique que scientifique justifiant la multiplication des actions de conservation dans le pays.
Et sachant que la majorité des espèces naturelles malgaches sont dépendantes du milieu forestier (Lourenço, 1996), la conservation des forêts constitue le point d’orgue des actions de conservation de la biodiversité à niveau national.
Le discours d’une rapide déforestation, pas toujours démontrée scientifiquement cependant, et d’une dégradation des milieux naturels malgaches, participe d’une problématisation de l’urgence écologique à Madagascar. Le taux annuel de déforestation y atteint, selon les estimations par la FAO, les 1,6% soit 200 000 hectares (Myers, 1990). Ces dernières estimations sont cependant à relativiser.
L’émergence d’une médiatisation autour de la déforestation à Madagascar n’est pas récente.Déjà les premiers explorateurs, à l’image de Grandidier au XXème siècle signalaient les conséquences catastrophiques de la déforestation liée à l’action de l’homme (Carrière, 2006).
Cependant, les nombreuses estimations de la couverture forestière ne concordent pas avec celles de la déforestation. Selon l’Office national pour l’environnement, les forêts couvraient entre 14 à 16 millions d’hectares en 1950, la couverture actuelle est estimée à 12 millions d’hectares (Rapport sur l’état de l’environnement à Madagascar, cité par Aubert et Razafiarison, 2003). Ces chiffres ne correspondent pas avec les estimations du taux annuel de déforestation qui serait égal de 10 millions d’hectares de forêts disparues en 50 ans.
Et si la validité scientifique de telles données n’est pas certaine, ces éléments sont relayés par les ONG conservationnistes, à travers des discours catastrophistes de la dégradation des espaces naturels comme facteur de la déperdition des espèces et contribuent à la définition de l’urgence écologique (Carrière, 2006). Ceux ci servent d’argumentaire aux acteurs de la conservation, bailleurs de fonds et ONG de conservation pour souligner l’urgence des actions de protection des forêts tropicales. A cela s’ajoute aujourd’hui l’urgence guidée par les déclarations du président à Durban en 2004, comme nous le verrons plus loin.
D’autre part, la contradiction entre les estimations, vient certainement de la difficulté à caractériser l’objet forêt. Ainsi, à Madagascar, la forêt est pensée comme un « sanctuaire » non perturbé par la main de l’homme, et dont le caractère primaire justifierait la conservation (Carrière, 2006). Et s’il n’en est rien au vu de l’ancienneté de l’occupation humaine du territoire qui a contribué à la transformation du paysage forestier, cette image d’une forêt primaire et vierge d’activité de l’homme appuie l’argumentaire d’une dégradation dont les populations sont les premières responsables.
Dans cette analyse, le paysan malgache serait au vu des acteurs politiques et des ONG de la conservation le principal responsable du recul de la forêt. Cette représentation contribue ainsi à jeter la culpabilité sur les systèmes de production paysans, basés sur l’agriculture sur brûlis, et qui seraient les seuls à la base du problème écologique. Si les conséquences des pratiques de culture sur brûlis (localement appelées « tavy ») sur les espaces forestiers sont indéniables, les sources de dégradation sont nombreuses : exploitation du bois d’œuvre, prélèvement du bois de construction, production de charbon sont autant de facteurs qui pèsent sur les ressources forestières comme le montre le tableau ci-dessous. (Minten et Moser, 2003).

Mise en place et évolution du Plan d’action environnemental : la conservation comme urgence politique

L’émergence de l’ensemble des normes internationales concernant la gestion des ressources renouvelables s’applique à niveau national, sous la pression des bailleurs de fonds et s’allie à l’objectif de développement économique du pays.
Dès 1990, Madagascar est ainsi l’un des premiers pays à adopter le Plan d’Action Environnemental prôné par la communauté internationale. Avec l’adoption de celui-ci, le pays s’inscrit dans l’orientation internationale qui souligne que la préservation des ressources doit permettre, par la voie de l’implication des populations locales, d’insuffler aux PED une dynamique de développement économique et social (Andriamahefazafy, Meral, 2004). Cette adoption a pour conséquence la mise en place de tout un réseau d’opérateurs de gestion et d’institutions dédiées à la conservation des ressources naturelles. Avec la mise en place du Plan Environnemental 1 (PE1) et du Plan Environnemental 2 (PE2), le pays opère alors une mise à niveau institutionnelle et développe son réseau d’aires protégées.
L’Agence Nationale pour la Gestion des Aires Protégées (ANGAP), supervisée par l’Office National pour l’Environnement (ONE), créées au cours de la première phase du PE permettent au pays de structurer son réseau d’aires protégées, dont l’ANGAP est seul gestionnaire. Les bailleurs de fonds et les ONG de conservation jouent un rôle prépondérant dans le financement et la promotion des aires protégées (Andriamahefazafy, Meral, 2004).
Aujourd’hui, l’île compte 1 million 700 mille hectares d’aires protégées (carte annexe 1). La conférence de Rio de 1992, puis l’adoption de la Convention sur la Diversité Biologique en 1995 contribuent à orienter les actions de conservation vers une plus grande implication des populations. L’application de lois permettant une gestion décentralisée des ressources en établissant des contrats avec les communautés locales, au cours du PE2 en sont l’expression (Chaboud et al, 2007).
La mise en place de ce réseau n’a cependant peu de conséquences au niveau local, malgré l’attention portée à la gestion dite participative dans le PE2. L’ensemble des réserves présentes sur le territoire sont des réserves intégrales n’admettant aucunes activités humaines.
Et cette action fait face à la critique internationale ; notamment par les ONG conservationnistes, dont le poids dans la construction du discours devient de plus en plus important.
La Conférence de l’UICN organisée à Durban contribue à stigmatiser l’action de conservation mise en place à Madagascar. Les aires protégées malgaches mises en place aux premières années du Plan d’action environnementale sont jugées obsolètes et non-conformes aux orientations définies par l’UICN (Chaboud et al, 2007). Le ralliement du pays aux six catégories d’aires protégées définies par l’UICN (annexe) est jugé nécessaire. D’autre part, si l’UICN préconise que 10% du territoire national dans les pays riches en biodiversité devrait être consacré à la conservation, Madagascar n’en compte que 3% à cette époque (Carrière, 2006).
C’est au cours du Congrès mondial des Aires protégées de Durban en 2003, que le président malgache, Marc Ravalomanana réaffirme la volonté de son gouvernement de contribuer à la préservation des ressources naturelles. Il s’engage ainsi durant cette réunion à multiplier la surface des aires protégées afin d’atteindre les six millions d’hectares dans les cinq années à venir. La mise en place des nouvelles aires protégées doit d’autre part permettre, selon les vœux du président, le développement économique et social des populations locales et « favoriser l’utilisation durable des ressources naturelles pour contribuer à la réduction de la pauvreté »
Cette déclaration a pour conséquences le développement d’autant plus important du réseau des aires protégées ; établies cette fois selon les catégories définies par l’UICN. « Le classement des aires protégées malgaches selon les catégories de gestion de l’UICN permet d’intégrer un système international qui peut être adapté aux réalités nationales » (Annexe 2).
C’est à la suite de cette conférence que sera crée le groupe d’appui technique « Vision Durban », constitué de représentants de plus de quarante organisations nationales et internationales dont un nombre important d’ONG conservationnistes œuvrant à Madagascar.

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Table des matières
INTRODUCTION 
1. LA GESTION DE LA BIODIVERSITÉ À L’ÉPREUVE DU TOUT ÉCOLOGIQUE 
1.1 DEVELOPPEMENT DURABLE ET BIODIVERSITE
1.2 LES FORETS TROPICALES : RESERVES DE LA BIODIVERSITE ET ENJEU DE LA CONSERVATION
1.3 DE LA CONSTRUCTION DU « PROBLEME ECOLOGIQUE » SUR LA SCENE INTERNATIONALE
2. LA MISE EN PLACE DES ORIENTATIONS INTERNATIONALES À MADAGASCAR 
2.2 LA PROBLEMATISATION DE L’URGENCE ECOLOGIQUE A MADAGASCAR : FORETS ET DEGRADATION
2.3 MISE EN PLACE ET EVOLUTION DU PLAN D’ACTION ENVIRONNEMENTAL : LA CONSERVATION COMME URGENCE POLITIQUE
2.3 VERS UNE CONSERVATION « INTEGREE » ?
3. LE PROJET BAMACO ET L’ÉTUDE DES USAGES ET REPRÉSENTATIONS DU BAOBAB
3.1 L’ETUDE DES BAOBABS : ENJEUX ET DEFIS
3.2 LA REGION DU MENABE COMME LABORATOIRE
3.3 MATERIEL ET METHODES
4. SYSTÈMES PAYSANS ET USAGES DES RESSOURCES LIGNEUSES
4.1 SYSTEMES DE PRODUCTION LOCAUX
4.2 PLACE DES ARBRES DANS LES SYSTEMES DE PRODUCTION
4.3 LE BAOBAB : ARBRE MULTIFONCTIONNEL
5. LA CONSERVATION PAR ET POUR LES ACTEURS LOCAUX ? : LE CAS DE L’ALLÉE DES
BAOBABS 
5.1 LE PROJET DE CONSERVATION DE L’ALLEE DES BAOBABS
5.2 CONSEQUENCES LOCALES ET DIFFICULTES D’ADAPTATION
5.3 LA PATRIMONIALISATION DES ESPECES SYMBOLIQUES : LE BAOBAB COMME PATRIMOINE LOCAL /PATRIMOINE NATIONAL / PATRIMOINE SCIENTIFIQUE
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES 
ANNEXE 1 : CARTE DES AIRES PROTÉGÉES ACTUELLES À MADAGASCAR 
ANNEXES 2: CATÉGORIES DES AIRES PROTÉGÉES DÉFINIES PAR L’UICN 
ANNEXE 3 : CARTE DES ZONES RÉSERVÉES POUR LA PROTECTION DÉFINIES PAR LE
GROUPE « VISION DURBAN » 
ANNEXE 4 : LISTE DES PLANTES MALGACHES INSCRITES SUR LA « RED LIST » DE L’UICN
ANNEXE 5 : GUIDE D’ENTRETIEN
ANNEXE 6 : LE MADAGASCAR ACTION PLAN (MAP) : « MADAGASCAR NATURELLEMENT »

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