La gestion communautaire des ressources naturelles forestieres

De plus en plus de superficies forestières, environ 100.000 à 200.000 Hectares  partent chaque année pour ainsi dire en fumée. Cette destruction par le feu a notamment pour origine les activités anthropiques de subsistance comme les défrichements suivis de brûlis. Il a été reconnu assez tôt que ce sont pour des raisons légitimes de subsistance que généralement les populations riveraines des divers massifs forestiers se sentaient dans l’obligation de mener leurs activités qualifiées de néfastes pour l’environnement. Mais peu de solutions ont pu être avancées en guise d’alternative à la fois techniquement faisable, pratiquement adoptée par les gens, et économiquement effectivement rentable. Tout ceci malgré le fait que des techniciens et chercheurs se soient penchés sur la question voici déjà un bon nombre d’années. Le contexte écologique assez contrasté sous différentes latitudes à Madagascar aidant, en des sites estimés respectivement représentatifs de chaque variante écologique, des stations de recherches ont été installées dans le but entre autres de pouvoir proposer un palliatif à ce mode préoccupant de culture sur brûlis. Pour ce faire, diverses orientations ont été prises par les techniciens et chercheurs. Après des tentatives de recherche d’alternatives purement techniques, force a été de constater que les scénarios proposés, techniquement acceptables n’ont pas eu les résultats escomptés. Les principaux concernés n’étant pas associés au dispositif, ils constituaient un blocage important dans la mise en application des techniques. C’est ainsi qu’est apparu le concept de gestion communautaire, lequel devait non seulement permettre d’associer les premiers concernés, mais aussi de diminuer les coûts d’intervention que ne pourraient plus supporter les pouvoirs publics. En effet, cette composante humaine directement en relation avec les ressources s’est trop longtemps placée dans un contexte de simple usufruitier. Ceci n’a pas permis le développement d’un sentiment de propriété vis-à-vis des ressources. Il a été maintes fois constaté que la population rurale n’entretenait avec la forêt qu’une relation à sens unique. Et effectivement, la quasi-totalité de l’ensemble des activités anthropiques a toujours été menée au détriment de la pérennité de ces ressources naturelles.

Les forêts naturelles qui subsistent encore sur la côte orientale de l’île, localisées sur la deuxième falaise, font partie des formations denses humides de moyenne altitude. Cette zone, compte tenu de l’état actuel des ressources, a été décrétée comme région prioritaire, en matière de maintien de la biodiversité écologique (Séminaire de formation en DEA, promotion 1994/95). A un contexte plus localisé, la forêt classée d’Ankeniheny(7), un massif encore assez dense, n’échappe pas à ce mode d’utilisation que les habitants ruraux lui attribuent: le lieu où les ruraux peuvent encore assurer et couvrir leurs besoins en produits forestiers ligneux ou non ligneux. Les activités des gens qui vivent de cette forêt ont été exécutées et menées intuitivement, spontanément et délibérément, sans trop de souci de pérennisation de la ressource. Cette situation est malheureusement presque encore généralisée à Madagascar. Néanmoins l’on commence à ressentir la nécessité de devoir trouver un mode de gestion qui soit à la fois bénéfique à la population riveraine, mais aussi, non préjudiciable à la pérennité de la ressource. Et c’est précisément ce détail qui milite en faveur du schéma d’aménagement qui a été proposé tout récemment à l’endroit de cette forêt classée.

Le milieu physique

Localisation géographique 

La région dans laquelle les travaux ont été effectué est située sur la côte Est de Madagascar . Faisant partie intégrante du Faritany de Toamasina, elle est incluse dans le Fivondronana de Moramanga. Une vue plus focalisée révèle un territoire dont le cadre est matérialisé géographiquement par les coordonnées suivantes: entre 19°02′ et 19°18′ de latitude Sud, puis entre 48°12′ et 48°23′ de longitude Est. (cf. situation globale et carte géographique de la région).

Le climat

Le climat qui sévit dans la zone d’études présente les caractéristiques propres à la région Est. Il est du type tropical humide et chaud. A la limite entre la région des Hauts-plateaux et la région Est de l’île, les saisons constatées sur les lieux présentent des variantes. La saison sèche est bien marquée si l’on se réfère uniquement au paramètre température, celle-ci étant basse à cette période de l’année (Mai à Octobre). La saison pluvieuse coïncide avec une nette montée de la température (Décembre à Mars). On ne rencontre presque pas sur la zone un mois sans pluies. C’est la durée et l’intensité de la pluie qui peut varier, donnant un semblant de saison sèche de Mai à Octobre. La hauteur de pluie ne va guère loin de 50 mm par mois. La région est pratiquement constamment humidifiée, par des crachins persistants en hiver, et par des pluies torrentielles de Décembre à Mars. Les pluies sont notamment diluviennes, lors de passages de cyclones (fréquents, en saison des pluies). Quelques paramètres climatiques sont disponibles, pour illustrer le climat de la région:
-limites de la fourchette pluviométrique: 1790 mm au Nord Est et 2190 mm au Sud de la forêt..
-mois le plus arrosé: Janvier, 360 mm et 340 mm respectivement au Nord et au Sud.
-mois le plus sec: Septembre et Octobre, avec 45 mm de pluie au minimum.
-mois le plus chaud: Février, avec 26.2°C.
-mois le plus froid: Juillet-Août, avec 10.1°C.

Lors de passages de cyclones, il vente à plus de 80 Km.h-1, avec une pointe de 250 Km.h-1, et les précipitations peuvent atteindre 125 mm (01/03/93) voire 293 mm (14/03/86) en 24 heures.

Le réseau hydrographique 

Typiquement à la région orientale de l’île, le réseau hydrographique est des plus denses. Le relief accidenté visible sur la première falaise de la côte Est contribue à l’existence de multitudes de ramifications partant des hauteurs, se déversant dans des cours d’eaux qui vont en grandissant, à mesure que l’on s’approche de la mer.

La topographie

Le milieu physique, d’un relief très disséqué, présente rarement des pentes inférieures à 40% pouvant permettre le travail de la terre sur une grande étendue. Les bas-fonds sont rares, mais existants.

La végétation 

En rapport au climat de la zone, la végétation présente un caractère climacique-climatique. La luxuriance de la végétation est généralisée, tant que les activités anthropiques ne viennent pas amoindrir la présence du végétal. La bibliographie (7) fait mention de l’existence de trois types de forêts:
-la forêt des collines et falaises (en dessous de 800 mètres de moyenne d’altitude), dominée par des espèces comme Ocotea sp., Ravensara sp., Gambeya sp., Canarium madagascariensis, Symphonia sp., Uapaca sp., Dalbergia sp., Sarcolaena cadomoclamys, Leptolaena bernieri …
-la forêt des plateaux (800 à 1.100 mètres d’altitude), au sous-bois dense et difficilement pénétrable, forêt à une seule strate supérieure, assez riche floristiquement avec des genres comme Tambourissa, Weinmannia, Symphonia, Dombeya, Dilobeia, Dalbergia, Canarium, Eugenia…
-la sylve à lichens (1.100 à 2.000 mètres d’altitude), végétation sclérophylle où les futaies d’arbres sont très ramifiées dominant le sous-bois arbustif sans stratification bien nette. Les épiphytes, mousses et lichens sont particulièrement abondants.

Dans des parties peu affectées par l’Homme, il est possible de rencontrer des arbres de gros diamètre (plus de 1m de diamètre), dont la hauteur avoisine les 20 mètres. La richesse floristique est aussi à remarquer, avec environ 150 essences ligneuses, et fréquemment une prolifération de mousses, lichens et autres épiphytes. Mais l’inverse est aussi visible. Là où I’Homme a effectué son rôle d’usufruitier vis-à vis de la ressource, on observe des superficies de plus en plus dénudées et appauvries, envahies par des espèces caractéristiques de la végétation secondaire (bambous, arbres et arbustes comme Solanum auriculatum, Psiadia altissima, Philippia sp., Aframomum angustifolium, Harunga madagascariensis,), voire savanicole (Aristida barbicolis, Hyparrhenia rufa, Pennisetum sp.).

L’on peut même par endroits constater des débuts d’érosion, notamment sur les parties dénudées (digitations, rigoles, affaissements et éboulements), même si elles ne sont pas de grande envergure.

Voies d’accès 

Pour accéder sur les lieux depuis Antananarivo, il faut emprunter la Route Nationale numéro 2 qui relie Antananarivo et Toamasina. De Moramanga (environ à 110 km à l’Est d’Antananarivo), une quinzaine de kilomètres de la susdite ville amène au niveau de la bifurcation , où prend fin le bitume. La piste qui commence ici mène jusqu’au Firaisana de Lakato, une trentaine de kilomètres plus loin. II est aussi possible d’utiliser la piste qui relie Moramanga et Anosibe an’Ala en effectuant la même distance, mais on affronte ainsi la zone d’études par sa façade Ouest.

Le milieu humain

La population 

Le groupe ethnique le plus présent dans cette partie de l’île est le Betsimisaraka du sud. D’autres ethnies peuvent y être rencontrées, et forment une minorité submergée par le nombre (Betsileo, Merina…). Cette minorité ne tient d’ailleurs pas à s’affirmer sur le plan us et coutumes. Le brassage entre ces divers groupes se fait assez facilement, tant que l’on consent à se conformer aux lois et traditions des habitants originels de la zone.

Démographie et dépendance administrative 

Le plus récent chiffre communiqué à propos de l’effectif de la population signale environ une dizaine de milliers d’individus, toutes ethnies confondues (7). Cette approximation traduit une défaillance du système administratif à propos du recensement. Bon nombre de hameaux n’existent pas officiellement, ne possédant pas de cahier de recensement. Ainsi, les données pouvant refléter la dynamique de la population (natalité, mortalité, croissance) ne sont pas disponibles. Mais au cours des travaux effectués dans la zone, il a été remarqué le nombre élevé d’enfants de moins de 10 ans (aux environs de 20 à 25% de l’ensemble), ce qui permet de supposer l’importance de la natalité. Cependant, les jeunes occupant la tranche  d’âge des plus de 10 ans mais ne dépassant pas les 45 ans sont tout aussi nombreux (probablement dans les 60%). La population peut ainsi être a priori taxée de jeune. La zone comporte 31 villages et hameaux dont la concentration en individus fluctue par localité et au courant de l’année. Administrativement, 24 d’entre eux relèvent du Fivondronana de Moramanga, et 7 d’Anosibe an’Ala.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Cadre de l’étude
1. Le milieu d’études
1.1. Le milieu physique
1.1.1. Localisation géographique
1.1.2. Le climat
1.1.3. Le réseau hydrographique
1.1.4. La topographie
1.1.5. La végétation
1.1.6. Voies d’accès
1.2. Le milieu humain
1.2.1. La population
1.2.2. Démographie et dépendance administrative
1.2.3. Les types d’activités menés par les gens
1.2.4. L’Administration forestière
1.2.5. Institutions et autres entités déjà actives dans la région
1.2.5.1. Généralités
1.2.5.2. Le Projet « Terre-Tany »
1.2.5.3. PCDI Mantadia
1.2.5.4. L’ entreprise Fana1amanga
1.2.5.5. Chantiers-pilotes de Fiarenana
1.2.5.6. Les riverains
2. Méthodologie
2.1. Recherche d’informations
2.2. Formulation des grands problèmes actuels
2.3. Objectifs principaux
2.3.1. A quoi veut-on aboutir?
2.3.2. A l’aide de quoi?
2.3.3. Que faire et comment?
2.3.3.1. L’intégration des intéressés, une nécessité
2.3.3.2. L’encadrement des techniciens, incontournable
2.4. Méthode d’investigation
2.4.1. Détermination des entités à consulter
2.4.2. Les thèmes d’enquêtes
2.4.3. Les descentes sur terrain
2.4.3.1. Prise de contact avec les locaux et reconnaissance des lieux
2.4.3.2. Approche sur la socio-économie de la région (des plus proches loca1ités)
2.4.3.3. Visite de lots d’exploitations (privé, paysans) et des habitants des environs immédiats
2.4.3.4. Visite d’un organisme de développement opérant dans la région
2.5. Proposition de scénarios
2.6. Fiabilité et limites de l’étude
2.6.1. Sur les enquêtes
2.6.2. Sur les propositions
Partie 2 : Résultats et analyses
1- Description et analyse de la réalité
1.1. Historique du projet
1.2. Stade actuel du projet
1.2.1. Vision des entités cibles
1.2.2. Les réactions paradoxa1es
1.2.3. Le malentendu
1.2.4. Les situations origines de mécontentements
1.3. Les pratiques sociales courantes touchant la forêt
1.3.1. Le système de production
1.3.1.1. L’agriculture
1.3.1.2. L’élevage
1.3.1.3. La foresterie
1.3.2. Quelques coutumes
1.3.3. Autres utilisations des produits de la forêt, pour les besoins des ménages
1.3.3.1. Construction d’une habitation
1.3.3.2. Les vanneries pour l’usage courant
1.3.4. Le prélèvement de bois
1.3.4.1. Les paysans bûcherons
1.3.4.2. le simple bûcheron local
1.3.4.3. Les bûcherons enrôlés par les exploitants privés
1.4. Le système économique local
1.4.1. La production
1.4.2. Les débouchés pour les producteurs
1.4.3. Le marché
2- Analyse des bases technique, socio-économique et légale
2.1. Aspects techniques et socio-économique
2.1.1. En matière d’exploitation forestière
2.1.1.1. Mode et technique actuels d’exploitation
2.1.1.2. Nouvelles techniques inculquées
2.1.1.3. Structure et organisation de la Filière Bois locale
2.1.1.3.1. La sylviculture
2.1.1.3.2. L’exploitation
2.1.1.3.3. Les transformations
2.1.1.3.4. La commercialisation
2.1.2. Cueillette et chasse
2.1.2.1. La cueillette
2.1.2.1.1. Mode et technique actuels
2.1.2.1.2. Destination des produits prélevés
2.1.2.1.3. Importance de ces activités
2.1.2.2. La chasse
2.1.2.2.1. Animaux nuisibles aux cultures et à l’élevage
2.1.2.2.2. Animaux propres à la consommation
2.1.2.2.3. Animaux de mauvaise augure, ou tout simplement tabous
2.1.2.2.4. Importance de ces activités
2.1.3. Sur le plan agricole
2.1.3.1. Mode et technique actuels
2.1.3.2. Types de culture (produits) et rendements respectifs
2.1.3.3. Destination des produits (autoconsommation ; vente ; troc…)
2.1.4. En élevage
2.1.4.1. Nature
2.1.4.2. Mode et technique actuels
2.1.4.3. Destination des produits (autoconsommation ; vente ; troc…)
2.1.4.4. Importance de ces activités
2.1.5. Les réalisations des techniciens
2.1.5.1. La formation au métier de bûcheron
2.1.5.2. Formation de charbonniers
2.1.5.3. Fourniture de quelques matériels de travail pour bûcherons
2.1.5.4. Ouverture d’une voie de desserte de la piste au lot d’exploitation
2.1.6. Les contraintes techniques pour bien gérer les ressources
2.1.6.1. Principe de la durabilité
2.1.6.2. Principe de la production soutenue
2.1.6.3. Les rôles des techniciens sur le plan technique
2.2. Aspect légal
2.2.1. L’organisation traditionnelle (coutumière)
2.2.1.1. La structure sociale traditionnelle existante
2.2.1.2. Quelques traits caractéristiques
2.2.2. Les rôles tenus par les techniciens sur le plan réglementaire
2.3. La contrepartie locale
2.3.1. L’idéal
2.3.2. Le modèle réel
3- Sur la participation effective des gens
Partie 3 : Les propositions en perspective
1. Introduction
2. Aspects techniques d’un contrat en matière de concession communautaire
3. Quelques mesures d’accompagnement
4. Destination des produits de la concession communautaire
Conclusion

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