La géographie à l’écran. Un géographe projette une mise en scène du territoire ou la mise en mouvement d’une géomatique humaniste

ACTIVITÉS HUMAINES

« C’est de l’homme que naît la volonté créatrice qui construit et reconstruit le monde»

E. Reclus, L’homme et la terre, p. 103.

Notre “pré-occupation”, notre “souci” premier et probablement dernier, est de conserver présente à l’esprit, de réinterroger et d’explorer “notre” condition d’être lié à la Terre, d’(homme-)habitant, condition inséparable et à l’origine des activités humaines. Repérer et organiser ces activités, comprises comme un reflet de ce statut d’habitant, devrait nous permettre d’appréhender quelques enjeux (scientifiques, géographiques, techniques ?) du temps présent (» activité scientifique,» activité géographique, » activité informatique) .

Les activités humaines peuvent être regroupées, selon les formulations d’Hannah Arendt, dans deux grandes rubriques : la vie active et la vie de l’esprit. Ces deux rubriques ne s’opposent pas. « Il est toujours possible d’introduire des distinctions à des fins d’analyse mais il ne faudrait pas prendre les concepts que l’on vient de forger pour des régions de l’être radicalement séparées ». Leur distinction réside dans le fait que les activités de la “vie active” sont des manifestations extérieures de la vie humaine tandis que les activités de la “vie de l’esprit” demeurent invisibles et ne se manifestent pas d’elles-mêmes. (» vie active, » vie de l’esprit) .

“Vie active” et “vie de l’esprit”, activités pratiques (visibles) et activités mentales (invisibles) sont inséparables, indissociables : les catégories de la pensée ont leur source dans et sont le reflet de notre expérience sensible, la “vie active” tire son sens de la “vie de l’esprit” et les catégories de la pensée (ré)organise notre expérience sensible. (» activités humaines : réunion) .

Vie active

La “vie active” dont il est question ici n’est pas la vie active au sens habituel de vie professionnelle, elle est plutôt à rapprocher d’expressions de la “vieille langue”, telles “vie d’ici bas”, “vie terrestre”, “vie séculière” ou de la formule plus contemporaine de “vie quotidienne”. Cette vie active là regroupe à la suite d’Hannah Arendt trois activités humaines : le travail, l’œuvre, l’action (» travail, » œuvre, » action).

Importance de l’enjeu

Une réflexion sur le travail (m’)apparaît importante. Les êtres humains ne consacrent autant de temps à aucune autre activité, sinon au sommeil qui n’est pas vraiment une activité et le chômage est actuellement une préoccupation centrale de la société. Deux remarques (et autant d’enjeux) ont retenu notre attention :
– « le développement de la pratique de la connaissance aboutit au développement de la pratique de pratiques dépourvues de connaissances ! » (» connaissance).
– « c’est une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté » .

Deux idées contradictoires du travail

Le travail est une activité. Une activité humaine, « l’activité productrice par excellence, sans laquelle l’humanité ne serait pas ce qu’elle est devenue », d’après “Les mots de la géographie Dictionnaire critique”. Cette ouvrage mentionne également l’étymologie. Elle est ici indispensable à notre réflexion si « nous nous devons d’aborder maintenant tous les problèmes dans un éclairage qui est celui de la contradiction des événements, à en considérer les aspects positifs et négatifs dans des dimensions diverses » (» problème). Travail : du gallo-romain “Tripalium”, soit un instrument de torture constitué de trois pieux. L’idée n’est pas des plus réjouissantes. Comme le suggère le dictionnaire critique, il existe bien « des rapports culturels distincts à l’idée de travail ». Et quelle distinction entre “l’activité productrice par excellence” et “l’instrument de torture constitué de trois pieux” ! Les connotations des deux idées sont opposées, contradictoires.

Dès lors, comment trouver : « a) le méta-point de vue qui relativise la contradiction »; « b) l’inscription dans une boucle qui rende productive l’association des notions antagonistes devenues complémentaires ». La réflexion d’Hannah Arendt dans “la condition de l’homme moderne” nous permet d’entrevoir une réponse, de préciser chacune des deux idées, chacune des deux représentations, de reconnaître la disjonction ou alternative (» représentation).

Le travail reconnu, nécessaire et insuffisant

Aussi, afin de mieux connaître le travail et si « le véritable problème de la connaissance est de savoir distinguer et relier, d’éviter de disjoindre et confondre », comment transformer notre « disjonction ou alternative, … irréductible sur le terrain de la pensée simplifiante en liaison ou unité complexe ». Car si cette disjonction « a conduit à la simplification ou à la mutilation…, la distinction, elle, était et demeure absolument nécessaire ». En fait, « le renversement moderne suppose comme la hiérarchie traditionnelle que la même préoccupation humaine centrale doit prévaloir dans toutes les activités des hommes, aucun ordre ne pouvant s’établir sans un principe compréhensif unique ». Or, « tout concept doit renvoyer à d’autres concepts, et ne peut devenir éclairé/éclairant que dans une intercommunication de concept ». Et ici les réflexions d’Hannah Arendt sont pour nous décisives : elle nous « propose le terme de vita activa pour désigner trois activités humaines fondamentales : le travail, l’œuvre, l’action », nous rappelle que « dans la tradition, la vita activa tire son sens de la vita contemplativa », et nous affirme que « l’énorme prestige de la contemplation dans la hiérarchie traditionnelle a estompé les distinctions à l’intérieur de la vita activa elle-même ». Et nous sommes avertis que « c’est là où commandent les paradigmes, donc à la racine des idéologies, que s’opèrent les distinctions/disjonctions/liaisons/confusions premières et fondamentales ».

Imprudences et limites 

Il est imprudent de réduire l’œuvre au travail, de considérer les produits de l’œuvre en produits du travail, en biens consommables, éphémères et périssables car leur confusion nous empêche de distinguer la stabilité du monde et de la vie humaine comme en jeu. Il est tout aussi imprudent de définir strictement l’être humain comme homo faber. La fabrication d’objets, le processus du faire est déterminée par les catégories des fins et des moyens, et parmi les objets fabriqués, il y a les outils et les outils à fabriquer les outils : « le rapport entre les moyens et la fin… ressemble fort à une chaîne dont chaque fin peut servir de moyen…, dans un monde strictement utilitaire, toutes les fins seront de courte durée et se transformeront en moyens en vue de nouvelles fins » .

La “réduction” de l’être humain à un fabriquant d’objets et/ou d’outils a pour enjeu «la généralisation de l’expérience de la fabrication dans laquelle l’utile, l’utilité sont posés comme normes ultimes de la vie et du monde des hommes… l’instrumentalité productive et limitée de la fabrication se change en instrumentalisation illimitée de tout ce qui existe ». Cette réduction comme cette généralisation trouvent leur limite dans leur incapacité à distinguer entre l’utile et le sens. L’œuvre est alors comprise comme « l’activité qui correspond à la non-naturalité de l’existence humaine, qui n’est pas incrustée dans l’espace et dont la mortalité n’est pas compensée par l’éternel retour cyclique de l’espèce… La condition humaine de l’œuvre est l’appartenance-au-monde » . Les normes de l’œuvre gouvernent la création du monde mais ne saurait gouverner le monde : « afin d’être ce que le monde est toujours censé être, patrie des hommes durant leur vie sur terre, l’artifice humain doit pouvoir accueillir l’action et la parole » .

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Table des matières

INTRODUCTION
1 ACTIVITÉS HUMAINES
1.1.VIE ACTIVE
1.1.1.Travail
1.1.1.1. Importance de l’enjeu
1.1.1.2. Deux idées contradictoires du travail
1.1.1.3. Le travail reconnu, nécessaire et insuffisant
1.1.2. Œuvre
1.1.2.1. L’activité productive, la fabrication, les enjeux
1.1.2.2. Imprudences et limites
1.1.3. Action
1.1.3.1. Deux appréciations au cœur de la vie active
1.1.3.2. Oubli
1.1.3.3. Confusion
1.1.3.4. Une action plus vaste ?
1.1.4. Lier le tout
1.2.VIE DE L’ESPRIT
1.2.1. Éviter un malentendu. Précisions préalables
1.2.2. Contemplation
1.2.2.1. Étonnante faculté
1.2.2.2. Limites et/ou illusions de la contemplation
1.2.3. Pensée
1.2.3.1. Dévoiler quelques caractéristiques
1.2.3.2. La pensée dérape, la pensée déformée
1.2.3.3. Pensée non-discursive
1.2.3.4. Et pensée collective
1.2.4. Cognition
1.2.4.1. Entre pensée et raisonnement : quels paradigmes pour la cognition ?
1.2.4.2. Facultés cognitives
1.2.4.3. Hésitations et projet
1.2.4.4. Fond de l’air, air du temps
1.2.4.5. Limites et enjeux de la cognition
1.2.5. Raisonnement
1.2.5.1. Raisonnement et logique
1.2.5.2. Raisonnement et mathématique
1.2.5.3. Raisonnement logico-mathématique et logique mathématique
1.2.5.4. Raisonnement et calcul
1.2.5.5. Raisonnement et raison/rationalité : vous avez dit “activité mentale”?
1.2.5.6. Raisonnement, mémoire et esthétique
1.2.6. Vie de l’esprit, un tout
1.2.6.1. Origine des distinctions
1.2.6.2. Rapprochement, mise en relation
1.3.ACTIVITES HUMAINES : REUNION
1.3.1. Réunion
1.3.2. Travail et raisonnement
1.3.3. Œuvre et cognition
1.3.4. Action et pensée
1.3.5. Remarques complémentaires
2 ÉLÉMENTS DU PROBLÈME DE LA REPRÉSENTATION DE LA CONNAISSANCE
2.1. PROBLEME
2.2. REPRESENTATION
2.3. CONNAISSANCE
3 ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE
3.1. MISE EN PRATIQUE DES CONCEPTIONS
3.1.1. Questions
3.1.2. Réponses/définitions
3.1.3. Observateur observé
3.1.4. Raisonneur raisonné (1)
3.1.5. Raisonneur raisonné (2)
3.1.6. Organisation à réorganiser
3.2. MISE EN CONCEPT DES PRATIQUES
3.2.1. Des approches opposées
3.2.2. Des approches opposées mais reliées
3.2.3. Des approches complémentaires, reliées sans oppositions
3.3. LE LANGAGE SCIENTIFIQUE : UN COUPLE (CONCEPTION, PRATIQUE)
3.3.1. Le langage : un lieu de rencontres
3.3.2. L’empreinte de la logique
3.3.3. Couplage structurel
3.4. PRE-SCIENCE, CRISE, MUTATION, POST-SCIENCE ?
3.4.1. Stupeur !?
3.4.2. Premier contexte
3.4.3. Deuxième contexte
3.4.4. Troisième contexte : des lieux de réflexions
3.5. TROISIEME CONTEXTE : DES CRITIQUES /INTERROGATIONS CONVERGENTES
3.5.1. Un contenu implicite à expliciter
3.5.2. Le contenu en question (1)
3.5.3. Brève histoire du sujet
3.5.4. Le contenu en question (2)
3.5.5. Bilan
3.5.6. Le contenu en question (3)
3.5.7. Des limites-liens
3.6. UNE CONCEPTION ENTRE-OUVERTE ET PLURIELLE
3.6.1. Contenu et éléments possibles du troisième contexte
3.6.2. Un enjeu possible du troisième contexte
3.6.3. Débordements
3.6.4. Activité scientifique et activités humaines : quelques liens
3.6.5. Risque-limite et seuil-limite
CONCLUSION

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