La genèse d’un crime

Introduction générale
PREMIERE PARTIE : L’AUTEUR ET SA VISION DU MONDE 
CHAPITRE I – LA VIE DE FRANÇOIS MAURIAC 
1-L’enfance
a-La naissance
b-Ses études
2-La carrière littéraire de François Mauriac
a-Ses débuts littéraires
b-François Mauriac : romancier, essayiste, critique littéraire et chroniqueur
3-François Mauriac et son combat politique
CHAPITRE II – LA CONCEPTION LITTERAIRE DE FRANÇOIS MAURIAC 
1-Le roman chrétien
2-L’influence de Pascal sur la création littéraire de François Mauriac
DEUXIEME PARTIE : LES CAUSES EXTERIEURES 
CHAPITRE I – LA FRUSTRATION DE L’ENFANCE  
1-Son père
2-Tante Clara
3-La famille
a-La belle-famille
b-Anne
c-Marie
5-Sa vie de couple
a-L’angoisse de Thérèse
b-La justice de Bernard
CHAPITRE II – SON ENTOURAGE 
1-Les compagnes du couvent
2-Jean Azévédo
CHAPITRE III – LES LIEUX 
1- Les Landes ou la solitude heureuse
2- La maison des Desqueyroux à Argelouse
3-Paris
a-Idéalisation de Paris
b- L’illusion de Paris
La solitude dans Thérèse Desqueyroux de François Mauriac
TROISIEME PARTIE : LES CAUSES INTERIEURES DE LA SOLITUDE DE THERESE 
CHAPITRE I – LE MONSTRE  
1-La genèse d’un crime
2-Une triste expérience
3-La cruauté de Thérèse
CHAPITRE II – LA SEXUALITE DES EPOUX 
1-Rapport sexuels entre les époux
2–Mensonges et songes
CHAPITRE III – LA RELIGION  
1-Manque de principes religieux
2-La recherche de Dieu
CHAPITRE IV – LE SENTIMENT DE L’ABSURDE ET PERTE D’IDENTITE 
1-Une existence absurde pour Thérèse
2-Du sentiment de malaise à la véritable angoisse
3-La perte progressive de son identité
Conclusion générale

LA CONCEPTION LITTERAIRE DE FRANÇOIS MAURIAC

Le roman chrétien

François Mauriac est sans doute l’un des écrivains le plus profondément influencé par le réveil spiritualiste et idéaliste qui s’est épanoui à côté du courant positiviste et pacifiste socialisant de la première moitié du XX e siècle. Si Bergson s’apprête à la proclamation de la faillite du scientisme pour pouvoir dégager la valeur de l’intuition personnelle, Charles Péguy, dans les Cahiers de la Quinzaine qu’il a dirigé de 1900 à 1914 passe à l’attaque du positivisme anticlérical du parti intellectuel de l’université.

Certes, le siècle a débuté par une renaissance religieuse marquée par la conversion au catholicisme des écrivains comme Paul Claudel et Huysmans.

Cette renaissance religieuse résulte surtout de ce réveil spiritualiste étroitement lié au nationalisme. “ Catholiques et Français toujours, en dépit des persécutions de l’Etat républicain, les bourgeois parisiens passés du rationalisme au spiritualisme comme les paysans bretons ou basques restés fidèles à l’antique Foi, répondront à l’appel au soldat avec la même ardeur que les disciples des instituteurs laïques et anticléricaux. ”

Ce courant d’idées, accordant beaucoup d’importance aux principes religieux, s’est toujours développé pour permettre vers 1928 l’apparition d’un véritable renouveau du roman chrétien, avec les écrivains comme Julien Green, Bernanos et François Mauriac.

L’influence de Pascal sur sa création littéraire

Les pensées de Pascal ont beaucoup influencé la création littéraire de François Mauriac. Cet écrivain et philosophe du XVIIe siècle est, par rapport à ses contemporains, celui qui a le plus hésité entre le rationalisme et le scepticisme, pour reconnaître la supériorité de la foi sur la raison. La lutte qu’il a menée contre l’emprise spirituelle des Jésuites a trouvé le soutien des couches progressistes de la société française. Certaines idées de Pascal portant sur la place de l’homme dans le monde sont considérées comme une anticipation de l’existentialisme religieux.

Avec Pascal, François Mauriac “ a sondé profondément la misère de l’homme sans Dieu ” 22 pour fonder avec Baudelaire, sa création littéraire sur l’existence inévitable dans tout homme et à toute minute de “ deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan ” 23 . Mauriac est un lecteur assidu de Pascal chez qui la tâche principale de l’artiste est de chercher à atteindre par- delà les apparences du monde sensible, une réalité transcendante, tâche non réalisable sans l’intuition et la perception du visible en une plongée dans l’invisible.

L’homme est défini par Pascal comme un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, et un milieu entre le néant et l’infini.

François Mauriac lui aussi perçoit le visible en une plongée dans l’invisible. Et il combine l’attitude de Pascal avec sa conviction religieuse pour sonder l’abîme du mystère humain du salut, et combler le « manque » du divin qu’il ressent au fond de lui-même et qui demande toujours à être comblé.

LES CAUSES INTERIEURES DE LA SOLITUDE DE THERESE

La solitude dans Thérèse Desqueyroux de François Mauriac 54 Nous avons donc vu dans cette deuxième partie que les “ monstres ” sont en fait Bernard, la belle famille et même son père dans leur égoïsme et leur incompréhension. Toutefois, ces constatations ne nous dispensent pas d’analyser la part de responsabilité de Thérèse. Dans quelle mesure peut on dire que Thérèse est aussi un monstre ?

LE MONSTRE

Thérèse, qui était une petite fille modèle, par son intelligence et son calme, devient de plus en plus étrangère à son entourage. La petite fille docile qui aimait la solitude disparaît et cède la place à une femme imprévisible et “ monstrueuse ”. Thérèse a essayé d’empoisonner son mari sans qu’elle sache vraiment pourquoi. Autrement dit, elle semble être possédée par des forces maléfiques qui, en paralysant sa lucidité, la poussent à des actes inconsidérés.

La genèse d’un crime

Rappelons encore que Thérèse a été mal aimée dans son enfance. Ce début solitaire dans la vie l’amène à se méfier de tout son entourage. “ Mal dans sa peau ”, elle dirige son agressivité sur sa belle famille :
“ Où est le commencement de nos actes ? Notre destin, quand nous voulons l’isoler, ressemble à ces plantes qu’il est impossible d’arracher avec toutes les racines. Thérèse remontera-t-elle jusqu’à son enfance ? Mais l’enfance est elle-même une fin, un aboutissement. ”

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